Published online by Cambridge University Press: 23 January 2012
The purpose of this study is to consider some of the changes that have taken place in the positions of political officials and in the administrative hierarchy of the Temne of Sierra Leone, British West Africa. The time period under concern extends from approximately 1880, towards the end of the ‘tribal wars’, as they are called by the Temne, through the establishment of the Protectorate and the later introduction of the Native Administration system, to the ‘disturbances in the Provinces’, November 1955 to March 1956.
MODIFICATIONS DU SYSTÈME POLITIQUE DES TEMNE
Le système politique des Temne a subi des modifications importantes depuis la décade 1880–1890, à la suite de l'établissement du Protectorat, de l'introduction du système de l'administration par les indigènes, jusqu'aux ‘troubles ’ de novembre 1955, qui ont duré jusqu'en mars 1956. Cet article étudie ces modifications, surtout en ce qui concerne la partie sud-est du pays Temne oú les ‘Paramount chiefs ’ sont installés par les sociétés secrètes: Pɔro, Ramena, et Ragbenle.
Traditionnellement, les Temne considèrent leur ‘Paramount chief’ d'une façon ambivalente: comme un ‘père ’ indulgent et comme un tyran. Lors de l'établissement du Protectorat, le Paramount est devenu un agent du Gouvernement aussi bien qu'un symbole représentant sa chefferie. L'équilibre entre les prérogatives du Paramount et les espérances de ses sujets a été détruit par divers changements. Au sein de la hiérarchie administrative, les sous-chefs (chefs kapr) ont perdu beaucoup de leur influence sur le Paramount, puisque le greffier de la chefferie est devenu le principal conseiller du Paramount chief et ‘directeur de la chefferie ’, et que les chefs de village ont joué un rôle plus important. Les Paramounts commencèrent à ne plus tenir compte de leurs interdits traditionnels (məsəm) ou à les tourner, perdant vis-à-vis de leurs sujets leur caractère ‘sacré’. La menace de la force, moyen traditionnel de tenir l'autocratie en échec, a été supprimée lorsque l'influence des soldats et des chefs guerriers fut neutralisée par le Gouvernement, en même temps que diminuait le risque d'assassinat par les sous-chefs lorsqu'un chef impopulaire tombait malade. Le rôle du chef, en tant que juge, était réduit, et celui de médiateur tombait en désuétude, mais, d'un autre côté, en tant que complément du Gouvernement, le Paramount remplissait plusieurs fonctions nouvelles.
La question de l'éligibilité au rang de chef est réglée par la filiation, soit que deux ou plusieurs lignages (aŋkunte) d'une tribu dirigeante (ambuna) fournissent le Paramount à tour de rôle, soit que les lignages de deux tribus distinctes fournissent alternativement le dirigeant. A l'heure actuelle, un très grand nombre de candidats se disputent le rang de chef, et ceux qui ne sont pas éligibles tentent d'entrer en compétition au moyen de fausses généalogies obtenues par corruption. Le changement d'attitude envers le rang de chef résulte, dans une large mesure, de l'accroissement des occasions qui se présentent pour l'élu d'accumuler des richesses. Les émoluments traditionnels — cadeaux, amendes infligées par les tribunaux, paiements à la suite d'une violation d'interdit, prestations de travail, et ainsi de suite — ont été augmentés par des revenus extra-légaux, à la fois pour les termes du droit indigène et pour ceux des ‘accords’ signés avec le Gouvernement. Depuis ces dernières années, certains chefs ont extorqué de l'argent, des terrains et de la main-d'œuvre de diverses façons dans l'exercice de leurs tribunaux, concernant la répartition et la perception des impôts, et par menue corruption. Les moyens traditionnels de tenir en échec l'autocratie dans le système politique des Temne ont été en grande partie supprimés: comme il n'existait aucun mécanisme juridique pour permettre à un chef d'obtenir le revenu nécessaire pour maintenir sa position traditionnelle et remplir ses nouvelles fonctions, même les Paramounts les plus bienveillants augmentaient leurs revenus par des mesures extra-légales. Leurs sujets, frustrés dans leurs efforts pour obtenir des réformes, recoururent à la violence contre les plus coupables en novembre 1955.