Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Formulés timidement il y a une quinzaine d'années, les Concepts de « nation algérienne », « patrie algérienne », constituent les thèmes favoris des discours électoraux et des articles des journaux indigènes d'aujourd'hui. Sans rechercher s'ils expriment ou non une réalité profondément ressentie, nous voudrions pour l'instant analyser les circonstances dans lesquelles ils ont pu apparaître et s'affirmer. Ainsi serons-nous fidèles aux méthodes des Annales : le présent ne se juge, ou mieux, ne se comprend jamais seul.
page 464 note 1. « Le Musulman algérien, écrit le docteur A. Khaldi, depuis qu'il a senti le péril, a l'ait une adhésion plus consciente à sa religion qu'il aura enracinée plus profondément dans son âme. »
(le Problème algérien devant la Conscience démocratique. Éditions En Nahda, Alger, 1016, p. 34.)
page 465 note 1. L'abrogation du détret Régnier, la suppression du Code de l'Indigénat et des juridictions spéciales sont des faits récents.
page 465 note 2. Par mesure d'économie, en 1908, fut décidée la création d'écoles auït liaires confiées à des moniteurs (pourvus du certificat d'études iprimaires.
page 465 note 3. Gsell, , Marçats, , Yver, , Histoire d'Algérie,Paris, Boivin et Cie, p. 307.Google Scholar
page 466 note 1. Voir a ce sujet les nombreux articles publié" dans le Bulletin du Comité de l'Afrique française par J. Desparmet, L. Mohandis, A.-G. Bouvreuil, à partir de 1933.
page 467 note 1. Cette dernière formule, Ben Badis devait la développer, en 1936, dans sa revue Ech Chihab : « Nous avons constaté que la nation algérienne «'est formée comme toutes celles de la terre. Elle a son histoire, illustrée des plus hauts faits. Elle a son unité religieuse et linguistique, sa culture, ses traditions. Nous disons que cette nation algérienne musulmane n'est pas la France, ne peut pas être la France et ne veut pas être la France. »
page 467 note 2. Pareillement, à la séance des Délégations financières du 20 mai 1938, le président de la Fédération des Élus musulmans, le docteur Ben Djelloul, ne craint pas de déclarer : « Nous rendant parfaitement compte de l'oeuvre admi rable accomplie jusqu'ici par la France et notre assemblée, comme’ de colle qud lui reste à achever, nous sommes d'accord avec vous pour reconnaître que l'union entre ses membres est plus indispensable que jamais […] Nous voua faisons ainsi connaître notre véritable pensée et notre désir de maintenir une unanimité plus indispensable que jamais à l'essor économique de ce pays et à l'avenir grandiose de l'Algérie française. »
page 468 note 1. « Dans son journal Égalité, le e janvier 1948, il déclare (l'article S'intitula « La Patrie algérienne, gage essentiel de notre sécurité ») : « L'Algérie doit orienter sa politique comme son économie vers la formation d'une entité positive : la patrie algérienne, la nation algérienne, qui prendra, un jour ou l'autre, rang dans le concert des nations civilisées. »
page 468 note 2. Le Manifeste dix Peuple algérien retrace cette évolution : « Le refus sys tématique ou déguisé de donner son accès dan» la cité française aux Algériens musulmans a découragé tous les partisans de la politique d'assimilation étendue aux autochtones. Cette politique apparaît aujourd'hui aux yeux de tous comme une réalité inaccessible, une machine dangereuse mise au service de la colonisation. L'heure est passée où un Musulman algérien demandera autre chose que d'être un Algérien musulman. Le Manifeste, dit un des signataires, a étt écrit fin in'12, dans un moment où certaines puissances étrangères paraissaient disposées a se partager l'Afrique du Nord, ou tout au moins à y établir de larges zones d'influence. Dans l'invraisemblable atmosphère de trahison et de vénalité qui régnait alors dans les sphères politiques dirigeantes d'Alger, le prestige de la France baissait de jour en jour. Il y avait tan d'incertitude pour le lendemain ! IN'ous ne voulions pas que le sort de 8 millions de Musulmans algériens fût réglé sans eux et en dehors d'eux. »
page 468 note 3. Le Manifeste Algérien dans le. Presse française. Textes recueillis par (A. Mimouni, Alger, p. 61.)
page 469 note 1. Voir ces textes dans A. Khaldi, Le problème algérien devant la conscience démocratique, Alger, p. 57 et suiv. — Lé Manifeste du Peuple algérien s'abrita derrière « li déclaration faite au nom des Alliés par le président Roosevelt qui a donné l'asuranee que, dans l'organisation du monde nouveau, les droits de tous les peuples, petits et grands, secraient respectés ».
page 470 note 1. Présentation par Égalité du livre de Saiili, Le message de Yougourtha. Alger, 1947.
page 470 note 2. A Sétif, les scouts organisèrent une manifestation que le journal Égalité du 2 janvier 1948 décrit en ces termes : « La salle fut plongée dans l'obscurité totale ; spontanément, toute l'assistance se leva et observa une minute de reoueillement dans une atmosphère d'indicible ferveur patriotique, cependant qu'un routier découvrait un cadre lumineux plaqué au mur, représentant le Héros National et une carte de notre patrie qu'il a honorée par son combat incessant contre la servitude. Le chant Hayou Ifrikya, exécuté sur de mâle» accents immédiatement après, marque “bien la ferme détermination de notre jeunesse de recouvrer le plus cher des bien? qui lui ont été enlevés : la liberté. »
page 470 note 3. Ben Badis, dans El Bassaïr du ier octobre 1937.
page 471 note 1. Et encore : « Ce peuple ne voudra pas refuser aujourd'hui l'appui de son idéal national au Peuple algérien musulman qui veut assurer la formation d'un État algérien démocratique et libéral, sa résurrection, son droit à la vie, sa sécurité et sa grandeur. » Ainsi, « au droit de conquête se substituera un véritable contrat social, spontanément accepté ». Le peuple algérien comprendra tes Européens et les Indigènes
page 472 note 1. Enfin, dans son rapport moral au Congres National de l'U. D. M. A. tenu les 26, 26 et 27 septembre 1968 à Sétitf, Ferhat. Abbas rappelait encore la doctrine intangible de son parti : « L'Algérie, déclarait-il, doit évoluer dans le cadre naturel d'un État algérien et non dans celui étriqué et (factice, de trois départements français. Mais cet État ne devra être ni un Sultanat érigé au profit des Musulmans, ni un Dominion monopolisé par les Européens. Oe sera une République démocratique et sociale unissant fraternellement tous les Algériens, quelles que soient leurs races et leurs religions, et donnant a chacun d'eux la .parcelle de souveraineté a laquelle il peut légitimement prétendre. »
page 473 note 1. Dans une interview accordée au journal- El Katia, Abd ol Krim, toul en rejetant l'hypothèse d'une friction avec la Ligue arabe, reconnaît que « l'attitude de Ja Ligue aurait pu être différente pour couper court à toute rumeur sur un désaccord entre eux ».