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Globaliser l’Europe

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2022

David Motadel*
Affiliation:
London School of Economics and Political Scienced.motadel@lse.ac.uk

Globaliser l’europe

Cet essai propose une réflexion sur l’étude historique des liens entre l’Europe moderne et contemporaine et le reste du monde. Il explore les manières dont l’histoire européenne peut être intégrée à l’histoire globale, en considérant l’Europe non seulement comme un moteur, mais aussi comme un produit des transformations mondiales. À partir d’un large aperçu historiographique, l’auteur discute de l’influence du « tournant global » sur différents domaines de l’histoire européenne moderne et contemporaine, notamment l’histoire politique, économique, sociale, intellectuelle et environnementale. Il soutient que l’histoire globale représente tant un défi qu’une opportunité considérable pour les européistes d’ouvrir l’histoire européenne moderne. Cette approche nous aidera finalement à remodeler notre compréhension des frontières de l’Europe – et du domaine de l’histoire européenne lui-même. En d’autres termes, cela nous permettra de déprovincialiser l’Europe. De manière plus générale, l’essai aborde également des questions plus larges sur les continents (et d’autres unités spatiales) en tant que catégories ontologiques dans les études historiques.

Globalizing europe

Globalizing Europe

This essay offers a reflection on the historical study of modern Europe’s entanglements with the wider world. It explores the ways in which European history can be integrated into global history, considering Europe as not only an engine but also a product of global transformations. Providing a broad historiographical overview, the author discusses the impact of the “global turn” on different fields of modern European history, including political, economic, social, intellectual, and environmental history. He argues that global history represents not only a challenge but also a huge opportunity for Europeanists to open up modern European history. This will ultimately help us reshape our understanding of the boundaries of Europe—and the field of European history itself. In other words, it will allow us to deprovincialize Europe. More generally, the essay also engages with broader questions about continents (and other spatial units) as ontological categories in historical studies.

Type
L’histoire européenne après le tournant global
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

*

Je remercie Paul Betts, Houchang E. Chehabi, Christof Dejung, Geoff Eley, Richard J. Evans, N. Piers Ludlow, Kiran Klaus Patel, Pascale Siegrist et Paul Stock pour leurs commentaires sur une version antérieure de ce texte.

Traduction d’Antoine Heudre

References

1 Lucien Febvre et François Crouzet, Nous sommes des sang-mêlés. Manuel d’histoire de la civilisation française, éd. par D. Crouzet et É. Crouzet, Paris, Albin Michel, 2012 ; sur le contexte et l’histoire singulière de cet ouvrage, voir Denis Crouzet et Élisabeth Crouzet-Pavan, « Avant-propos » et « Postface », in L. Febvre et F. Crouzet, Nous sommes des sang-mêlés, op. cit., respectivement p. 7-15 et 295-392.

2 Ibid., p. 289.

3 D. Crouzet et É. Crouzet-Pavan, « Postface », art. cit., p. 335. Sur le projet de l’UNESCO, voir Paul Betts, « Humanity’s New Heritage: Unesco and the Rewriting of World History », Past & Present, 228, 2015, p. 249-285, et Gabriela Goldin Marcovich et Rahul Markovits, « Editing the First Journal of World History: Global History from Inside the Kitchen », Journal of Global History, 14-2, 2019, p. 157-178.

4 Une version abrégée a été publiée en allemand en 1953 : voir Lucien Febvre et François Crouzet, « Der internationale Ursprung einer Kultur. Grundegedanken zu einer Geschichte Frankreichs », Internationales Jahrbuch für Geschichtsunterricht, 2, 1953, p. 5-31. Des copies non publiées de trente-deux pages en français et en anglais de cette version abrégée sont conservées dans les archives de l’UNESCO, voir Paris, Archives de l’UNESCO Archives, UNESCO/ED/TB/10, WS/031.101 REV, Lucien Febvre et François Crouzet, « Origines internationales d’une civilisation. Éléments d’une histoire de France », 18 déc. 1951, et Paris, Archives de l’UNESCO, UNESCO/ED/TB/10, WS/031.101 REV, Lucien Febvre et François Crouzet, « International Origins of a National Culture: Experimental Materials for a History of France », 28 déc. 1951.

5 Patrick Boucheron (dir.), Histoire mondiale de la France, Paris, Éd. du Seuil, 2017. Pour un travail plus récent et tout aussi important sur le sujet, voir Quentin Deluermoz (dir.), D’ici et d’ailleurs. Histoires globales de la France contemporaine (xviii e-xx e siècle), Paris, La Découverte, 2021.

6 Pierre Nora, « Histoire mondiale de la France », L’Obs, 2734, 28 mars 2017 ; Alain Finkielkraut, « La charge d’Alain Finkielkraut contre ‘les fossoyeurs du grand héritage français’ », Le Figaro, 25 janv. 2017.

7 Éric Zemmour, « Dissoudre la France en 800 pages », Le Figaro, 19 janv. 2017. Sanjay Subrahmanyam a formulé une critique conceptuelle plus sérieuse dans deux entretiens, l’un avec Gilles Wullus et Pouria Amirshahi, « Sanjay Subrahmanyam : ‘L’histoire nationale tyrannise les historiens’ (entretien) », Politis, 25 juill. 2018, et l’autre avec Charles Jaigu, « Colère d’un historien contre Mme Taubira (entretien) », Le Figaro, 19 sept. 2019.

8 Robert Darnton, « A Buffet of French History: ‘Histoire mondiale de la France’ edited by Patrick Boucheron », New York Review of Books, 64-8, 11 mai 2017.

9 L’ouvrage d’Andrea Giardina (dir.), Storia mondiale dell’Italia, Rome, Laterza, 2017 célèbre de manière patriotique une Italie globale.

10 Lex Heerma van Voss et al. (dir.), Wereldgeschiedenis van Nederland, Amsterdam, Ambo/Anthos uitgevers, 2018 ; Xosé M. Núñez Seixas (dir.), Historia Mundial de España, Madrid, Ediciones Destino, 2018 ; Giuseppe Barone (dir.), Storia mondiale della Sicilia, Bari, Laterza, 2018 ; Marnix Beyen et al. (dir.), Wereldgeschiedenis van Vlaanderen, Kalmthout, Polis, 2018 ; Andreas Fahrmeir (dir.), Deutschland. Globalgeschichte einer Nation, Munich, C. H. Beck, 2020 ; Carlos Fiolhais, José Eduardo Franco et José Pedro Paiva (dir.), História Global de Portugal, Lisbonne, Temas e Debates, 2020. Voir également le projet pionnier de Sebastian Conrad et Jürgen Osterhammel (dir.), Das Kaiserreich Transnational. Deutschland in der Welt, 1871-1914, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprech, 2004.

11 S’il n’existe pas de tentatives similaires pour d’autres pays, notamment la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Russie et la Pologne, il faut tout de même mentionner quelques travaux intéressants en la matière : voir Martin Aust (dir.), Globalisierung Imperial und Sozialistisch. Russland und die Sowjetunion in der Globalgeschichte, 1851-1991, Francfort, Campus, 2013 et Niall Whelehan (dir.), Transnational Perspectives on Modern Irish History, New York, Routledge, 2015. Pour quelques pistes de réflexion sur l’histoire globale de la Grande-Bretagne, voir Tehila Sasson et al., « Britain and the World: A New Field? », Journal of British Studies, 57-4, 2018, p. 677-708.

12 Pour une des premières discussions sur ce sujet, voir Dominic Sachsenmaier, « Recent Trends in European History: The World beyond Europe and Alternative Historical Spaces », Journal of Modern European History, 7-1, 2009, p. 5-25. Pour d’autres interventions importantes, voir Sebastian Conrad et Shalini Randeria, « Geteilte Geschichten. Europa in einer postkolonialen Welt », in S. Conrad, S. Randeria et R. Römhild (dir.), Jenseits des Eurozentrismus. Postkoloniale Perspektiven in den Geschichts-und Kulturwissenschaften, Francfort, Campus, 2002, p. 31-70 ; Andreas Eckert, « Europäische Zeitgeschichte und der Rest der Welt », Zeithistorische Forschungen, 1-3, 2004, p. 416-421 ; Christof Dejung et Martin Lenwiler, « Eineitung. Ränder der Moderne. Neue Perspektiven auf die Europäische Geschichte », in C. Dejung et M. Lenwiler (dir.), Ränder der Moderne. Neue Perspektiven auf die Europäische Geschichte (1800-1930), Cologne, Böhlau Verlag, 2016, p. 7-35.

13 Hans-Ulrich Wehler, Deutsche Gesellschaftsgeschichte, Munich, C. H. Beck, 5 vol., 1987-2008 ; Christophe Charle, Histoire sociale de la France au xix e siècle, Paris, Éd. du Seuil, 1991.

14 Robert Tombs, The English and Their History, Londres, Allen Lane, 2014, dont le livre rappelle celui du leader de l’extrême droite allemande, Alexander Gauland, Die Deutschen und ihre Geschichte. Eine nationale Erzählung, Berlin, WJS Verlag, 2009. Voir également Pierre Nora, Présent, nation, mémoire, Paris, Gallimard, 2011, qui s’inscrit dans la continuité de l’ouvrage de Fernand Braudel, L’identité de la France, vol. 3, Les hommes et les choses, deuxième partie, Paris, Arthaud/Flammarion, 1986, et de sa promotion de l’idée d’une « France profonde ».

15 Pour une très bonne synthèse au sujet des études sur l’histoire de l’Europe, voir Richard J. Evans, « What Is European History? Reflections of a Cosmopolitan Islander », European History Quarterly, 40-4, 2010, p. 593-605. Voir aussi William Robertson, The History of the Reign of the Emperor Charles V, Dublin, W. and W. Strahan, 3 vol., 1769. On peut considérer qu’il s’agit de la première histoire de l’Europe, plus complète que des travaux précédents, comme Pier Francesco Giambullari, Historia dell’Europa, Venise, F. Senese, 1566.

16 Pour des histoires de l’Europe plus réflexives, voir Leopold von Ranke, Geschichten der romanischen und germanischen Völker von 1494 bis 1514, Leipzig, Duncker und Humblot, 1824 ; Gabriel Monod et Charles Bémont, Histoire de l’Europe et en particulier de la France de 395 à 1270, Paris, F. Alcan, 1891 ; John Emerich Edward Dalberg-Acton, First Baron Acton, Lectures on Modern History, Londres, Macmillan, 1906. Au tournant du siècle, Lord Acton, un personnage cosmopolite qui se méfiait du nationalisme, lança un vibrant appel en faveur d’une histoire de l’Europe commune dans son plan pour l’ouvrage de John Emerich Edward Dalberg-Acton, The Cambridge Modern History, éd. par A. W. Ward, G. W. Prothero et S. M. Leathes, Cambridge, Cambridge University Press, 13 vol. et un Atlas, 1902-1912 : voir Roland Hill, Lord Acton, New Haven, Yale University Press, 2000, p. 394.

17 Pour des ouvrages rédigés dans le sillage de la Première Guerre mondiale, voir Henri Pirenne, Histoire de l’Europe. Des invasions au xvi e siècle, Paris, F. Alcan, 1936 (dont la rédaction date de 1917/1918) ; George Peabody Gooch, History of Modern Europe, 1878-1919, Londres, Cassel and Company, 1923 ; Arthur James Grant et Harold William Vazeille Temperley, Europe in the Nineteenth Century, Londres, Longmans, Green and Co., 1927 ; Arnold Toynbee, A Study of History, Londres, Oxford University Press, 12 vol., 1934-1961. Pour des ouvrages publiés après la Seconde Guerre mondiale, voir Lucien Febvre, L’Europe, genèse d’une civilisation. Cours professé au Collège de France en 1944-1945, Paris, Perrin, 1999 ; John Bowle, The Unity of European History: A Political and Cultural Survey, Londres, Jonathan Cape, 1948 ; Oscar Halecki, The Limits and Divisions of European History, Londres, Sheed and Ward, 1950 ; Albert Mirgeler, Geschichte Europas, Fribourg, Herder, 1953 ; Christopher Dawson, Understanding Europe, Londres, Sheed and Ward, 1952 ; Denys Hay, Europe: The Emergence of an Idea, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1957 ; Carlo Curcio, Europa. Storia di un’Idea, Florence, Vallecchi Editore, 1958 ; Geoffrey Barraclough, European Unity in Thought and Practice, Oxford, Basil Blackwell, 1963.

18 Parmi les exemples les plus remarquables d’histoires de l’Europe moderne et contemporaine produits depuis les années 1990, on peut citer Norman Davies, Europe: A History, Oxford, Oxford University Press, 1996 ; John Merriman, A History of Modern Europe from the Renaissance to the Present, New York, W. W. Norton, 1996 ; Asa Briggs et Patricia M. Clavin, Modern Europe, 1789-1989, Londres, Longman, 1997 ; Hagen Schulze, Phoenix Europa. Die Moderne, von 1740 bis heute, Berlin, Siedler, 1998 ; Mark Mazower, Dark Continent: Europe’s Twentieth Century, Londres, Allen Lane, 1998 ; Wolfgang Schmale, Geschichte Europas, Stuttgart, Utb Für Wissenschaft, 2001 ; Richard Vinen, A History in Fragments: Europe in the Twentieth Century, Londres, Little, Brown & Company, 2000 ; Harold James, Europe Reborn: A History, 1914-2000, New York, Longman, 2003 ; Tony Judt, Postwar: A History of Europe since 1945, Londres, W. Heinemann, 2005 ; Konrad Jarausch, Out of the Ashes: A New History of Europe in the Twentieth Century, Princeton, Princeton University Press, 2015 ; Pío Moa Rodriguez, Europa. Una introducción a su historia, Madrid, La Esfera de los Libros, 2016. Pour d’autres exemples importants de cette vague, voir la collection de Jacques Le Goff aux éditions du Seuil, « Faire l’Europe » (publiée simultanément en cinq langues en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne), qui comprend des volumes de J. Le Goff, Peter Burke, Umberto Eco, Jack Goody et Charles Tilly, et la collection de David Cannadine, « The Penguin History of Europe Series », avec notamment les volumes de Chris Wickham, William Chester Jordan, Tim Blanning, Richard J. Evans et Ian Kershaw. Parmi les plus importantes revues d’histoire de l’Europe créées pendant cette période, on peut mentionner European History Quarterly (1984), Contemporary European History (1990), European Review of History/Revue européenne d’histoire (1994), Jahrbuch für Europäische Geschichte (2000) et Journal of Modern European History (2003).

19 Michael Geyer, « Historical Fictions of Autonomy and the Europeanization of National History », Central European History, 22-3/4, 1989, p. 316-342 fournit un brillant aperçu de l’européanisation de l’histoire de l’Europe. Pour une discussion sur certaines des implications pratiques, voir également Johannes Paulmann, « Internationaler Vergleich und interkultureller Transfer. Zwei Forschungsansätze zur europäischen Geschichte des 18. bis 20. Jahrhunderts », Historische Zeitschrift, 267-3, 1998, p. 649-685. Pour des discussions plus approfondies de l’européanisatioon de l’histoire du continent, voir les contributions de Deborah Cohen et Maura O’Connor (dir.), Comparison and History: Europe in Cross-National Perspective, New York, Routledge, 2004 ; Konrad H. Jarausch et Thomas Lindenberger (dir.), Conflicted Memories: Europeanizing Contemporary Histories, New York, Berghahn Books, 2007 ; ainsi que Martin Conway et Kiran Klaus Patel (dir.), Europeanization in the Twentieth Century: Historical Approaches, New York, Macmillan, 2010. Pour un article programmatique plaidant en faveur de ce tournant historiographique du point de vue de l’histoire de l’Allemagne, voir Ute Frevert, « Europeanizing German History », Bulletin of the German Historical Institute, 36, 2005, p. 9-24 et la réponse apportée par David Blackbourn, « Europeanizing German History: Comment », Bulletin of the German Historical Institute, 36, 2005, p. 25-31.

20 M. Mazower, Dark Continent, op. cit. ; T. Judt, Postwar, op. cit. ; Ian Kershaw, To Hell and Back: Europe, 1914-1949, Londres, Allen Lane, 2015 ; id., Roller-Coaster: Europe, 1950-2017, Londres, Allen Lane, 2018. Il en va de même pour la plupart des grandes enquêtes mentionnées supra, n. 18.

21 Eric Hobsbawm, The Age of Revolution: Europe, 1789-1848, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1962 ; id., The Age of Capital, 1848-1875, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1975 ; id., The Age of Empire, 1875-1914, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1987 ; id., The Age of Extremes: The Short Twentieth Century, 1914-1991, Londres, M. Joseph, 1994.

22 Christopher Bayly, The Birth of the Modern World, 1780-1914: Global Connections and Comparisons, Malden, Blackwell Publishing, 2004 ; Jürgen Osterhammel, Die Verwandlung der Welt. Eine Geschichte des 19. Jahrhunderts, Munich, C. H. Beck, 2009.

23 Quelques historiens pionniers ont comparé, par exemple, le service du travail en Allemagne et aux États-Unis, les cultures de la mémoire d’après-guerre au Japon et en Allemagne, ou encore l’activisme révolutionnaire en Russie et en Chine, voir Sebastian Conrad, Auf der Suche nach der verlorenen Nation. Geschichtsschreibung in Westdeutschland und Japan, 1945-1960, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1999 ; Kiran Klaus Patel, Soldiers of Labor: Labor Service in Nazi Germany and New Deal America, 1933-1945, Cambridge, Cambridge University Press, 2005 ; Stephen Anthony Smith, Revolution and the People in Russia and China: A Comparative History, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.

24 Pour une critique intéressante de l’exceptionnalisme eurocentrique, voir Jack Goody, The East in the West, Cambridge, Cambridge University Press, 1996 ; id., The Theft of History, Cambridge, Cambridge University Press, 2006 ; id., Renaissances: The One or the Many?, Cambridge, Cambridge University Press, 2010. La littérature exceptionnaliste décrivant, sur la base de comparaisons sélectives, le caractère unique des développements historiques européens est vaste : voir notamment Eric Jones, The European Miracle: Environments, Economies and Geopolitics in the History of Europe and Asia, Cambridge, Cambridge University Press, 1981 ; Henri Mendras, L’Europe des Européens. Sociologie de l’Europe occidentale, Paris, Gallimard, 1997, qui met l’accent sur l’Europe occidentale ; Michael Mitterauer, Warum Europa ? Mittelalterliche Grundlagen eines Sonderwegs, Munich, C. H. Beck, 2004 ; plus récemment, Niall Ferguson, Civilisations. L’Occident et le reste du monde, trad. par P.-M. Deschamps, Paris, Perrin, [2011] 2020. Cet exceptionnalisme eurocentrique reposant sur des comparaisons sélectives marque également les sciences sociales et ce, depuis ses origines. Parmi les exemples classiques, on peut citer, sur le plan culturel, l’« éthique du protestantisme » de Max Weber, « Die protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismus », Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, 20-1, 1904, p. 1-54 ; id., « Die protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismus », Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, 21-1, 1905, p. 1-110 ; sur le plan économique, le « modèle asiatique de production » de Karl Marx, Zur Kritik der politischen Ökonomie, p. vi, Berlin, Verlag von Franz Duncker, 1859, et ses travaux ultérieurs, notamment Das Kapital ; sur le plan politique, inspiré de Montesquieu et K. Marx, le « despotisme oriental » de Karl August Wittfogel, Le despotisme oriental. Étude comparative du pouvoir total, trad. par M. Pouteau, Paris, Éd. de Minuit, [1957] 1977.

25 Pour une critique percutante du diffusionnisme eurocentrique, voir James Morris Blaut, The Colonizer’s Model of the World: Geographical Diffusionism and Eurocentric History, New York, The Guilford Press, 1993, p. 1-49. La littérature diffusionniste, décrivant une européanisation (occidentalisation) triomphante du monde est également très riche : voir notamment Frank Clayton Darling, The Westernization of Asia: A Comparative Political Analysis, Boston, G. K. Hall, 1979 ; Theodore Hermann von Laue, The World Revolution of Westernization: The Twentieth Century in Global Perspective, New York, Oxford University Press, 1987 ; voir aussi, dans une certaine mesure, Benjamin R. Barber, Jihad vs. McWorld: How the Planet Is Both Falling Apart and Coming Together and What This Means for Democracy, New York, Crown, 1995.

26 Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, vol. 3, Les événements, la politique et les hommes, Paris, Armand Colin, 1949, p. 149.

27 Pour des ouvrages essentiels sur l’histoire atlantique, voir Marcus Rediker et Peter Linebaugh, The Many-Headed Hydra: Sailors, Slaves, Commoners, and the Hidden History of the Revolutionary Atlantic, Boston, Beacon Press, 2000 ; Bernard Bailyn, Atlantic History: Concept and Contours, Cambridge, Harvard University Press, 2005 ; ainsi que le classique C. L. R. James, The Black Jacobins: Toussaint L’Ouverture and the San Domingo Revolution, New York, The Dial Press, 1938. Pour l’histoire nord-océanique de l’Europe, voir Jørgen Ole Bærenholdt, Coping with Distances: Producing Nordic Atlantic Societies, Oxford, Berghahn Books, 2007 ; John McCannon, A History of the Arctic: Nature, Exploration and Exploitation, Londres, Reaktion Books, 2012 ; ainsi que les contributions de Michael Bravo et Sverker Sörlin (dir.), A Cultural History of Nordic Scientific Practices, Canton, Science History Publications, 2002.

28 Alfred J. Rieber, The Struggle for the Eurasian Borderlands: From the Rise of Early Modern Empires to the End of the First World War, Cambridge, Cambridge University Press, 2014.

29 Sam White, The Climate of Rebellion in the Early Modern Ottoman Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 ; de manière plus générale, Geoffrey Parker, Global Crisis: War, Climate Change and Catastrophe in the Seventeenth Century, New Haven, Yale University Press, 2013.

30 Alexander von Humboldt, Kosmos. Entwurf einer physischen Weltbeschreibung, vol. 2, Stuttgart, J. G. Cotta, 1847, p. 150.

31 Philipp Johann von Strahlenberg, Das nord-und ostliche Theil von Europa und Asia, in so weit solches das gantze Russische Reich mit Siberien und der grossen Tatarey in sich begreiffet, in einer historisch-geographischen Beischreibung…, Stockholm, Verlegung des Autoris, 1730.

32 Leopold von Ranke, Geschichte der Romanischen und Germanischen Völker von 1494 bis 1535, Leipzig, G. Reimer, 1824, p. xxxix.

33 Karl Krüger, Weltpolitische Länderkunde. Die Länder und Staaten der Erde, Berlin, Safari-Verlag, 1953, p. 119-121.

34 O. Halecki, The Limits and Divisions of European History, op. cit.

35 N. Davies, Europe, op. cit., p. 9.

36 A. J. P. Taylor, contribution au forum « What Is European History? Historians Grapple with a Difficult Subject », History Today, 36-1, 1986, p. 46-50, ici p. 46.

37 Sur les concepts (physiques et socioculturels) de l’Europe, voir les contributions à l’ouvrage de Kevin Wilson et Jan van der Dussen (dir.), The History of the Idea of Europe, Londres, Routledge, 1995 ; Bo Stråth (dir.), Europe and the Other and Europe as the Other, New York, Peter Lang, 2000 ; Anthony Pagden (dir.), The Idea of Europe: From Antiquity to the European Union, Cambridge, Cambridge University Press, 2002 ; Hans-Åke Persson et Bo Stråth (dir.), Reflections on Europe: Defining a Political Order in Time and Space, New York, Peter Lang, 2007. Pour une discussion sur les idées au sujet de l’Europe parmi les historiens européens, voir Susan Rößner, Die Geschichte Europas schreiben. Europäische Historiker und ihr Europabild im 20. Jahrhundert, Francfort, Campus, 2009. Pour des vues d’ensemble concises, voir Jan Nederveen Pieterse, « Fictions of Europe », Race and Class, 32-3, 1991, p. 1-10 ; Gerald Stourzh, « Europa, aber wo liegt es ? », in G. Stourzh (dir.), Annäherungen an eine europäische Geschichtsschreibung, Vienne, Österreichische Akademie der Wissenschaften, 2002, p. ix-xx ; Paul Stock, « Towards a Language of ‘Europe’: History, Rhetoric, Community », The European Legacy, 22-6, 2017, p. 647-666. Pour un point de vue extérieur, voir les chapitres des parties I et III dans Michael Wintle (dir.), Imagining Europe: Europe and European Civilisation as Seen from its Margins and by the Rest of the World, in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Bruxelles, Peter Lang, 2008.

38 Peter Burke, « Did Europe Exist before 1700? », History of European Ideas, 1-1, 1980, p. 21-29, ici p. 21.

39 Edward Said, L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, trad. par C. Malamoud et C. Wauthier, Paris, Éd. du Seuil, [1978] 2005. Pour un historique de cette image remontant à l’Antiquité, voir Hans-Joachim Gehrke, « Gegenbild und Selbstbild. Das europäische Iran-Bild zwischen Griechen und Mullahs », in T. Hölscher (dir.), Gegenwelten zu den Kulturen Griechenlands und Roms in der Antike, Munich, K. G. Saur, 2000, p. 85-109.

40 J. Osterhammel, Die Verwandlung der Welt, op. cit., p. 1058.

41 Kiran Klaus Patel, « The Making of Homo Europaeus: Problems, Approaches and Perspectives », Comparativ, 25, 2015, p. 15-31 ; voir également les contributions de l’ouvrage de Lorraine Bluche, Veronika Lipphardt et Kiran Klaus Patel (dir.), Der Europäer, ein Konstrukt. Wissensbestände Diskurse, Praktiken, Göttingen, Wallstein Verlag, 2009.

42 Pour des classiques sur ce sujet, voir Alfred Worcester Crosby, The Columbian Exchange: Biological and Cultural Consequences of 1492, Westport, Greenwood Publications Company, 1973 et, pour une perspective inversée, id., Ecological Imperialism: The Biological Expansion of Europe, 900-1900, Cambridge, Cambridge University Press, 1986.

43 Richard Drayton, Nature’s Government: Science, Imperial Britain, and the “Improvement” of the World, New Haven, Yale University Press, 2000.

44 William Hardy McNeill, Plagues and Peoples, New York, Anchor Books, 1976.

45 Richard J. Evans, Death in Hamburg: Society and Politics in the Cholera Years, 1830-1910, Oxford, Clarendon Press, 1987.

46 Cité dans ibid., p. 312-313.

47 Gillen D’Arcy Wood, L’année sans été. Tambora, 1816 : le volcan qui a changé le cours de l’histoire, trad. par P. Pignare, Paris, La Découverte, [2014] 2016.

48 Pour un aperçu, voir Jan Lucassen et Leo Lucassen, « The Mobility Transition Revisited, 1500-1900: What the Case of Europe Can Offer to Global History », Journal of Global History, 4-3, 2009, p. 347-377. Pour des travaux plus détaillés, voir Pieter C. Emmer et Magnus Mörner (dir.), European Expansion and Migration: Essays on the Intercontinental Migration from Africa, Asia, and Europe, New York, Berg, 1992 et Stephen Castles et Mark J. Miller, The Age of Migration: International Population Movements in the Modern World, Londres, Macmillan, 1993.

49 Peter Fryer, Staying Power: The History of Black People in Britain, Londres, Pluto Press, 1984 ; Marc Matera, Black London: The Imperial Metropolis and Decolonization in the Twentieth Century, Berkeley, University of California Press, 2015 ; David Olusoga, Black and British: A Forgotten History, Londres, Macmillan, 2016 ; Miranda Kaufmann, Black Tudors: The Untold Story, Londres, Oneworld, 2017 ; Tiffany Nicole Florvil, Mobilizing Black Germany: Afro-German Women and the Making of a Transnational Movement, Urbana, University of Illinois Press, 2020 ; Olivette Otele, African European: An Untold History, Londres, Hurst and Company, 2020 ; Johny Pitts, Afropean: Notes from Black Europe, Londres, Penguin Books, 2020 ; ainsi que les contributions dans Ulrich van der Heyden (dir.), Unbekannte Biographien. Afrikaner im deutschsprachigen Europa vom 18. Jahrundert bis zum Ende des Zweiten Weltkrieges, Berlin, Homilius, 2008 ; Marianne Bechhaus-Gerst et Reinhard Klein-Arendt (dir.), AfrikanerInnen in Deutschland und schwarze Deutsche. Geschichte und Gegenwart, Münster, Lit, 2004.

50 Pour des éclairages selon différentes perspectives, voir James Belich, Replenishing the Earth: The Settler Revolution and the Rise of the Anglo-World, 1783-1939, Oxford, Oxford University Press, 2009 ; ainsi que Dirk Hoerder et Leslie Page Moch (dir.), European Migrants: Global and Local Perspectives, Boston, Northeastern University Press, 1996.

51 Pour un aperçu, voir George Marsh Fredrickson, Racism: A Short History, Princeton, Princeton University Press, 2002. Pour une des meilleures histoires intellectuelles du racisme, voir George L. Mosse, Toward the Final Solution: A History of European Racism, New York, H. Fertig, 1978.

52 On doit cette étrange analyse à Peter Mandler, « Race and Nation in Mid-Victorian Thought », in S. Collini, R. Whatmore et B. W. Young (dir.), History, Religion, and Culture: British Intellectual History 1750-1950, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 224-244.

53 Eric Hobsbawm, Industry and Empire: From 1750 to the Present Day, Londres, Weidenfeld and Nicholson, 1968. Pour une perspective comparative (européenne et globale), voir Robert Carson Allen, The British Industrial Revolution in Global Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 2009. Pour une réfutation du caractère essentiel de l’impérialisme pour l’industrialisation de l’Europe, voir la deuxième partie de l’ouvrage de Paul Bairoch, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde du xvi e siècle à nos jours, Paris, Gallimard, 3 vol., 1997.

54 Anne Goldgar, Tulipmania: Money, Honor, and Knowledge in the Dutch Golden Age, Chicago, The University of Chicago Press, 2007 ; Charles Poor Kindleberger, The World in Depression, 1929-1939, Berkeley, University of California Press, 1973.

55 Eric Williams, Capitalism and Slavery, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1944. Pour une histoire de l’essor du capitalisme plus générale et moins eurocentrée, voir Alexander Anievas et Kerem Nis¸ancog˘lu, How the West Came to Rule: The Geopolitical Origins of Capitalism, Londres, Pluto Press, 2015. Pour une évaluation critique, voir Patrick Karl O’Brien, « The Deconstruction of Myths and Reconstruction of Metanarratives in Global Histories of Material Progress », in B. Stuchtey et E. Fuchs (dir.), Writing World History, 1800-2000, Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 67-90.

56 Pour un exemple remarquable de cette littérature, voir Sven Beckert, Empire of Cotton: A Global History, New York, Knopf, 2014.

57 Sarah Abrevaya Stein, Plumes: Ostrich Feathers, Jews, and a Lost World of Global Commerce, New Haven, Yale University Press, 2008.

58 William G. Clarence-Smith, Cocoa and Chocolate, 1765-1914, Londres, Routledge, 2000 ; Marcy Norton, Sacred Gifts, Profane Pleasures: A History of Tobacco and Chocolate in the Atlantic World, Ithaca, Cornell University Press, 2008. Pour une histoire populaire de qualité, voir Sophie D. Coe et Michael D. Coe, The True History of Chocolate, Londres, Thames & Hudson, 1996.

59 Voir E. Jones, The European Miracle, op. cit., ainsi que les autres ouvrages sur l’exceptionnalisme européen mentionnés supra, n. 24. Pour des récits plus équilibrés, prenant également en compte l’importance des interconnexions globales et des crises non-européennes du point de vue de l’expansion impériale de l’Europe, voir William H. McNeill, The Rise of the West: A History of the Human Community, Chicago, The University of Chicago Press, 1963 ; Kenneth Pomeranz, The Great Divergence: China, Europe, and the Making of the Modern World Economy, Princeton, Princeton University Press, 2000 ; Ian Morris, Pourquoi l’Occident domine le monde… pour l’instant, trad. par J. Pouvelle, Paris, L’Arche, [2010] 2011 ; Prasannan Parthasarathi, Why Europe Grew Rich and Asia Did Not: Global Economic Divergence, 1600-1850, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 ; Philip T. Hoffman, Why Did Europe Conquer the World?, Princeton, Princeton University Press, 2015.

60 Janet L. Abu-Lughod, Before European Hegemony: The World System A.D. 1250-1350, Oxford, Oxford University Press, 1989 ; Kirti Narayan Chaudhuri, Asia before Europe: Economy and Civilisation of the Indian Ocean from the Rise of Islam to 1750, Cambridge, Cambridge University Press, 1990 ; J. M. Blaut, The Colonizer’s Model of the World, op. cit., p. 50-213 ; John M. Hobson, The Eastern Origins of Western Civilisation, Cambridge, Cambridge University Press, 2004.

61 Pour des réflexions pertinentes sur cette question, voir Ann Laura Stoler et Frederick Cooper, « Between Metropole and Colony: Rethinking a Research Agenda », in A. L. Stoler et F. Cooper (dir.), Tensions of Empire: Colonial Cultures in a Bourgeois World, Berkeley, University of California Press, 1997, p. 1-56.

62 Michael Goebel, Anti-Imperial Metropolis: Interwar Paris and the Seeds of Third World Nationalism, Cambridge, Cambridge University Press, 2015.

63 David Motadel, « Qajar Shahs in Imperial Germany », Past & Present, 213, 2010, p. 191-235.

64 R. R. Palmer, The Age of the Democratic Revolution: A Political History of Europe and America, 1760-1800, Princeton, Princeton University Press, 2 vol., 1959-1964 ; Jacques Godechot, Les Révolutions. 1770-1799, Paris, PUF, 1963.

65 Sebastian Conrad, Globalisierung und Nation im Deutschen Kaiserreich, Munich, C. H. Beck, 2006.

66 Quinn Slobodian, Third World Politics in Sixties West Germany, Durham, Duke University Press, 2012 ; Timothy Scott Brown, West Germany and the Global Sixties: The Antiauthoritarian Revolt, 1962-1978, Cambridge, Cambridge University Press, 2013 ; Christoph Kalter, Die Entdeckung der Dritten Welt. Dekolonisierung und neue radikale Linke in Frankreich, Francfort, Campus, 2011.

67 Karl Dietrich Bracher, Zeit der Ideologien. Eine Geschichte politischen Denkens im 20. Jahrhundert, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1982 ; M. Mazower, Dark Continent, op. cit. ; Jan-Werner Müller, Contesting Democracy: Political Ideas in Twentieth-Century Europe, New Haven, Yale University Press, 2003.

68 Sur les révolutions atlantiques, voir R. R. Palmer, The Age of the Democratic Revolution, op. cit. ; Jacques Godechot, Les institutions de la France sous la Révolution et l’Empire, Paris, PUF, 1951 ; David Armitage et Sanjay Subrahmanyam (dir.), The Age of Revolutions in Global Context, c. 1760-1840, New York, Macmillan, 2010 ; Suzanne Desan, Lynn Hunt et William Max Nelson (dir.), The French Revolution in Global Perspective, Ithaca, Cornell University Press, 2013. Sur les répercussions de 1848 au-delà de l’Europe, voir Miles Taylor, « The 1848 Revolutions and the British Empire », Past & Present, 166, 2000, p. 146-180 ; Kurt Weyland, « The Diffusion of Revolution: ‘1848’ in Europe and Latin America », International Organization, 63-3, 2009, p. 391-423. Sur celles de 1917 au-delà de l’Europe, voir Silvio Pons, The Global Revolution: A History of International Communism 1917-1991, trad. par A. Cameron, Oxford, Oxford University Press, [2012] 2014, p. 7-42. Pour un exposé général, voir David Motadel (dir.), Revolutionary World: Global Upheaval in the Modern Age, Cambridge, Cambridge University Press, 2021.

69 Sur cette histoire entremêlée, voir les contributions dans Christof Dejung, David Motadel et Jürgen Osterhammel (dir.), The Global Bourgeoisie: The Rise of the Middle Classes in the Age of Empire, Princeton, Princeton University Press, 2019.

70 Voir Catherine Hall, Civilising Subjects: Metropole and Colony in the English Imagination, 1830-1867, Chicago, The University of Chicago Press, 2002 ; Catherine Hall (dir.), Cultures of Empire: Colonizers in Britain and the Empire in the 19th and 20th Centuries, A Reader, New York, Routledge, 2000 ; Catherine Hall et Sonya O. Rose (dir.), At Home with the Empire: Metropolitan Culture and the Imperial World, Cambridge, Cambridge University Press, 2006. Sur la France, voir Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire (dir.), Culture coloniale 1871-1931. La France conquise par son Empire, Paris, Autrement, 2003. Sur les Pays-Bas, voir Susan Legêne, Spiegelreflex. Culturele sporen van de koloniale ervaring, Amsterdam, Bert Bakker, 2010. Sur la Belgique, voir Guy Vanthemsche, La Belgique et le Congo. L’impact de la colonie sur la métropole, Bruxelles, Éd. Complexe, 2007 ; Vincent Viaene, David Van Reybrouck et Bambi Ceuppens (dir.), Congo in België. Koloniale Cultuur in de Metropool, Louvain, Leuven University Press, 2009. Sur l’Allemagne, voir Markus Seemann, Kolonialismus in der Heimat. Kolonialbewegung, Kolonialpolitik und Kolonialkultur in Bayern 1882-1943, Berlin, Ch. Links, 2011 ; David Ciarlo, Advertising Empire: Race and Visual Culture in Imperial Germany, Cambridge, Harvard University Press, 2011. Sur l’Italie, voir Patrizia Palumbo (dir.), A Place in the Sun: Africa in Italian Colonial Culture from Post-Unification to the Present, Berkeley, University of California Press, 2003. Sur le Portugal, voir Margarida Calafate Ribeiro et Ana Paula Ferreira (dir.), Fantasmas e fantasias imperiais no imaginário português contemporâneo, Porto, Campo das letras, 2003. Pour une perspective comparative, voir John M. MacKenzie (dir.), European Empires and the People: Popular Responses to Imperialism in France, Britain, the Netherlands, Belgium, Germany and Italy, Manchester, Manchester University Press, 2011.

71 Elizabeth Buettner, Europe after Empire: Decolonization, Society, and Culture, Cambridge, Cambridge University Press, 2016. Pour des études sur une sélection de pays, voir Todd Shepard, The Invention of Decolonization: The Algerian War and the Remaking of France, Ithaca, Cornell University Press, 2006 ; Gert Oostindie, Postkoloniaal Nederland. Vijfenzestig jaar vergeten, herdenken, verdringen, Amsterdam, Bert Bakker, 2010 ; Elleke Boehmer et Sarah De Mul (dir.), The Postcolonial Low Countries: Literature, Colonialism, and Multiculturalism, Lanham, Lexington Books, 2012 ; Jordanna Bailkin, The Afterlife of Empire, Berkeley, University of California Press, 2012 ; Britta Schilling, Postcolonial Germany: Memories of Empire in a Decolonized Nation, Oxford, Oxford University Press, 2014 ; ainsi que les ouvrages cités dans la note précédente.

72 Todd Shepard, Sex, France, and Arab Men, 1962-1979, Chicago, The University of Chicago Press, 2017.

73 J. Goody, Renaissances, op. cit.

74 Sebastian Conrad, « Enlightenment in Global History: A Historiographical Critique », The American Historical Review, 117-4, 2012, p. 999-1027.

75 Kapil Raj, Relocating Modern Science: Circulation and the Construction of Knowledge in South Asia and Europe, 1650-1900, Basingstoke, Macmillan, 2007. Pour une perspective plus générale, voir les contributions dans Kapil Raj et al. (dir.), The Brokered World: Go-Betweens and Global Intelligence, 1770-1820, Sagamore Beach, Science History Publications, 2009 ; ainsi que Kris Manjapra, Age of Entanglement: German and Indian Intellectuals across Empire, Cambridge, Harvard University Press, 2014.

76 Pour une bonne synthèse, voir Sandra Ponzanesi et Adriano José Habed (dir.), Postcolonial Intellectuals in Europe: Critics, Artists, Movements, and their Publics, Londres, Rowman & Littlefield International, 2018.

77 Victoria de Grazia, Irresistible Empire: America’s Advance through Twentieth-Century Europe, Cambridge, Harvard University Press, 2005 ; voir également Nicholas Hewitt, « Black Montmartre: American Jazz and Music Hall in Paris in the Interwar Years », Journal of Romance Studies, 5-3, 2005, p. 25-31.

78 Panikos Panayi, Spicing Up Britain: The Multicultural History of British Food, Londres, Reaktion Books, 2008.

79 David Motadel, « The Making of Muslim Communities in Western Europe, 1914-1939 », in G. Nordbruch et U. Ryad (dir.), Transnational Islam in Interwar Europe: Muslim Activists and Thinkers, Londres, Macmillan, 2014, p. 13-43.

80 Ruth Harris, « Rolland, Gandhi and Madeleine Slade: Spiritual Politics, France and the Wider World », French History, 27-4, 2013, p. 579-599.

81 On trouve des contributions importantes concernant ce phénomène dans Valeska Huber et Jürgen Osterhammel (dir.), Global Publics: Their Power and Their Limits, 1870-1990, Oxford, Oxford University Press, 2020. Pour une étude de cas pertinente, voir Heidi J. S. Tworek, News from Germany: The Competition to Control World Communications, 1900-1945, Cambridge, Harvard University Press, 2019. Jürgen Habermas, L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, trad. par M. Buhot de Launay, Paris, Payot, [1962] 2007, présente le contexte européen plus général.

82 Dipesh Chakrabarty, Provincialiser l’Europe. La pensée postcoloniale et la différence historique, trad. par O. Ruchet et N. Vieillescazes, Paris, Éd. Amsterdam, [2000] 2020. Pour une étude sur les similarités globales de certains concepts, voir Hajime Nakamura, Parallel Developments: A Comparative History of Ideas, éd. par R. Burr, New York, Kodansha, 1975.

83 Pour une démonstration convaincante de la nécessité de ce consensus, voir Dominic Sachsenmaier, « World History as Ecumenical History? », Journal of World History, 18-4, 2007, p. 465-489.

84 Sur la diversité à l’intérieur de l’Europe et au sein des États-nations européens, voir Celia Applegate, « A Europe of Regions: Reflections on the Historiography of Sub-National Places in Modern Times », The American Historical Review, 104-4, 1999, p. 1157-1182.

85 Des historiens de l’Afrique ont proposé des réflexions importantes sur la relation entre histoire continentale et histoire globale : voir Frederick Cooper, « What Is the Concept of Globalization Good For? An African Historian’s Perspective », African Affairs, 100, 2001, p. 189-213 ; Leslie Witz, « Africa (Not) in World History: A Review from the South (Part 1) [compte rendu] », Journal of World History, 27-1, 2016, p. 103-120 ; id., « Surveying Africa in World History: A View from the South (Part 2) [compte rendu] », Journal of World History, 27-4, 2016, p. 669-685. Pour des éclairages sur la relation entre histoire régionale et histoire globale, voir Matthias Middell et Katja Naumann, « Global History and the Spatial Turn: From the Impact of Area Studies to the Study of Critical Junctures of Globalization », Journal of Global History, 5-1, 2010, p. 149-170 ; ainsi que, de manière plus générale, Birgit Schäbler (dir.), Area Studies und die Welt. Weltregionen und neue Globalgeschichte, Vienne, Mandelbaum Verlag, 2007.

86 Martin W. Lewis et Kären E. Wigen, The Myth of Continents: A Critique of Metageography, Berkeley, University of California Press, 1997, p. 1. Cet ouvrage constitue un travail novateur, bien que je ne partage pas l’enthousiasme des auteurs pour les études régionales et l’histoire des régions du monde, qui incluent l’Europe comme catégorie. Sur la construction de « régions » (subcontinentales) comme catégories d’étude, voir Diana Mishkova et Balázs Trencsényi (dir.), European Regions and Boundaries: A Conceptual History, New York, Berghahn Books, 2017.

87 Jacques Revel, Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Éd. du Seuil, 1996.

88 Pour une des réflexions les plus intelligentes sur les espaces physiques, sociaux et mentaux, voir Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Éd. Anthropos, 1974. Pour une bonne synthèse des travaux d’intellectuels de premier plan sur l’espace, voir Phil Hubbard, Rob Kitchin et Gill Valentine (dir.), Key Thinkers on Space and Place, Londres, Sage Publications, 2004. Pour des analyses plus générales concernant l’espace dans les études historiques, dans le sillage du tournant spatial, voir Jürgen Osterhammel, « Die Wiederkehr des Raumes. Geopolitik, Geohistorie und historische Geographie », Neue Polititsche Literatur, 43, 1998, p. 374-397 ; Reinhart Koselleck, Zeitschichten. Studien zur Historik, Francfort, Suhrkamp, 2000, p. 78-96 ; Iris Schröder et Sabine Höhler, « Welt-Räume. Annährungen an eine Geschichte der Globalität im 20. Jahrhundert », in I. Schröder et S. Höhler (dir.), Welt-Räume. Geschichte, Geographie und Globalisierung seit 1900, Francfort, Campus, 2005, p. 9-47 ; ainsi que, de manière plus générale, Sebouh David Aslanian et al., « AHR Conversation: How Size Matters; The Question of Scale in History », The American Historical Review, 118-5, 2013, p. 1431-1472.

89 Oswald Spengler, Le déclin de l’Occident I et II. Esquisse d’une morphologie de l’histoire universelle, trad. par M. Tazerout, Paris, Gallimard, [1919-1922] 1948 ; Samuel P. Huntington, Le choc des civilisations, trad. par J.-L. Fidel et al., Paris, Odile Jacob, [1996] 2001 ; N. Ferguson, Civilisations, op. cit. ; D. Chakrabarty, Provincialiser l’Europe, op. cit. ; E. Said, L’orientalisme, op. cit.

90 Elspeth Graham, « What Is a Mental Map? », Area, 8-4, 1976, p. 259-262.

91 Richard Drayton et David Motadel, « The Futures of Global History », Journal of Global History, 13-1, 2018, p. 1-21.