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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
La thèse — et l'intention provocatrice — du livre de Michael Camille se lisent dès le titre : l'« idole gothique » s'oppose à l” image gothique », expression ayant servi de titre à la version anglaise de l'ouvrage qu'Emile Mâle consacra à l'art du xme siècle. Or, il s'agit pour M. Camille de montrer que l'image n'est pas seulement une représentation, et moins encore le sage reflet de l'œuvre encyclopédique d'un Vincent de Beauvais : s'il est vrai qu'elle est aussi une force agissante, alors l'iconographie doit faire place à l'analyse du « pouvoir des images ». Tel est bien l'objet du livre : étudier la puissance des images dans l'Occident gothique, entre le milieu du XIIe et la fin du XIVe siècle.
* A propos de l'ouvrage de Camille, Michael, The Gothic Idol. Ideology and Image-Making in Médiéval Art, Cambridge, Cambridge University Press, « Cambridge New Art History and Criticism », 1989, XXXII–407 p., 181 fig.Google Scholar
1. Signalons, en complément à ce livre, le volume collectif consacré à L'idolâtrie, Rencontres de l'École du Louvre, Paris, La Documentation française, 1990. On verra en particulier, en écho aux problèmes traités ici, J.-C. Schmitt, « Les idoles chrétiennes », pp. 107-118, et I. Marchesin, « Iconographie de l'idolâtrie dans les enluminures médiévales : les manuscrits de la Cité de Dieu», pp. 119-132, qui analyse finement, à partir d'un corpus précis, les manipulations et les implications du thème de l'idolâtrie.
2. Comme le souligne J.-C. SCHMITT (« Les idoles chrétiennes », op. cit., p. 107), le terme d'idolâtrie sert toujours à dénoncer la religion des autres, non à caractériser la sienne propre
3. Sur l'apparition de ce type d'images, voir Schmitt, J.-C., « L'Occident, Nicée II et les images du VIII e au XIII e siècle », dans Nicée II, 787-1987. Douze siècles d'images chrétiennes, Boesflug, F. et Lossky, N. éds, Paris, 1987, pp. 271–301.Google Scholar
4. Le chapiteau végétal est si vigoureusement épanoui que le rapprochement avec l'arbre en est encore renforcé. En outre, on peut se demander si une telle image de la Nativité ne vise pas à légitimer typologiquement celle de l'arbre de Jessé, qui fait de la prophétie d'Isaïe (11, 1-3) une annonce de l'Incarnation.
5. Wirth, J., L'image médiévale. Naissance et développements (VIe-XVe siècles), Paris, Klincksieck, 1989, 395 p., en particulier pp. 91-93 et 283.Google Scholar