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Le roi-saint : Un problème d'idéologie féodale1

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Karol Gorski*
Affiliation:
Université de Torun, Pologne

Extract

La formation des monarchies féodales a impliqué non seulement certaines structures sociales, mais des complexes idéologiques qui diffèrent selon qu'on envisage les territoires qu'avait dominés Charlemagne ou les pays de l'Est et du Nord de l'Europe.

Dans les États du Nord, les légendes insistent surtout sur le caractère héroïque du roi, sans qu'il y ait eu cependant contamination avec les cultes païens des dieux de la guerre (voisinant avec les cultes des dieux de la fécondité). Lorsque le christianisme eut détruit les cultes guerriers et se fut assimilé les cultes rustiques, le modèle idéal du roi guerrier s'imposa et reçut l'appui de l'Église; car chez les Slaves Polabes par exemple, devins et magiciens cherchaient à miner le pouvoir des princes; en faisant du roi le représentant de Dieu, le christianisme favorisait la consolidation des monarchies féodales.

Le christianisme exerça une influence grandissante sur les conceptions monarchiques et, dans toute une partie de l'Europe, le caractère sacré de la royauté eut force d'institution. Mais il en alla différemment dans l'Europe du Nord et dans celle de l'Est.

Type
Mises au Point
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1969

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Footnotes

1

Cet article reproduit pour l'essentiel une intervention de l'auteur au Colloque international de Varsovie (7-13 septembre 1965), consacré aux Origines des États européens entre les IXe et XIe siècles.

References

page 371 note 1. Fedotov, G., Sviatyje drevnej Rusi, Paris, 1931 Google Scholar ; Fedotov, G., The Russian Religions Mind. Kievan Christianity. Harvard Univ. Press, Cambridge, Mass. 1946 Google Scholar. Fr. Graus, Volk, Herrscher und Heiliger im Reich der Merovinger, Praha, 1965, pp. 428-430, propose un autre classement : 1. Le roi-moine ; 2. Le roi qui trouve la mort dans un combat contre les païens ; 3. Le roi trahi et tué ; 4. A partir du VIe siècle : le roi qui gouverne saintement son pays. T. GAD, Legenden i dansk middelalder, Kobenhavn, 1961, pp. 152-155, identifie le roi-saint avec le roi martyr. Ces deux derniers auteurs ne tiennent pas compte des données russes ; Cherniavsky, M., Tsar and People. Studies in Russian Myths. Yale Univ. Press, 1961 Google Scholar. L'auteur pense que le culte de Boris et de Gleb s'est élaboré à partir de la notion de prince saint en tant que prince, conception qui n'apparaît qu'aux XVe et XVIe siècles. Cette thèse est en contradiction avec les Vies des deux saints.

page 371 note 2. D'après le compte rendu du livre de John Mooney, St. Magnus, Earl of Orkney, Kirkwall, 1935 dans : Analecta Bollandiana, vol. LV, fasc. I-II, Bruxelles, 1937, pp. 148-149.

page 371 note 3. Kologrivof, I., Essai sur la sainteté en Russie, Bruges, 1953, pp. 3132 Google Scholar. L'auteur rapproche cette attitude des paroles qu'on lit dans la première épître de saint Pierre : « Christus passus est pro nobis relinquens nobis exemplum ut sequamur vestigia eius » (I Pet. 2 ,21).

page 372 note 1. ADAM, II, 59 dans Monumenta Historica Noroegiae, éd. Gustav STORM, Kristiania, 1880, pp. 127-182 ; Monumenta Germaniae Historica, VII, p. 827.

page 372 note 2. Scriptores Rerum Suecicarum, vol. II, Upsala, 1828, pp. 270-277, 322, 825, 827. Pour l'évolution du culte de saint Eric en rapport avec l'organisation de l'Église de Suède, voir l'étude récente de Kjell KUMLIEN, « Sveriges kristnande i slutskedetspôrmal om vittnesbord och verlighet », dans Historisk Tidskrift (Svensk), Stockholm, 1962, pp. 288-294.

page 372 note 3. Fedotov, op. cit., p. 20-32.

page 372 note 4. Vitae sanctorum Danorum, éd. M. Cl. Gebtz, Kobenhavn, 1910-1912, fasc. 1, pp. 69-129 ; voir l'article de Hal Koch dans Schultz Danmarks Historié, vol. I, Kobenhavn, 1941, pp. 573-582.

page 372 note 5. Skyum-Nielsen, N., Kirkekampen i Danmark 1241-1290, Kobenhavn, 1968, pp. 2457 Google Scholar (Niels Stigsen kamp 1245-1249).

page 373 note 1. Brunonis, , « Vita quinque fratrum », dans Monumenta Poloniae Historica, vol. VI, Krakow, 1893, pp. 414417 Google Scholar. Christinus, qui se défendit contre les brigands jusqu'au moment où le prieur lui ordonna d'accepter la mort, fut enterré à part, « quia talem sanctitatem non habuit et cum ligno se defendere voluit ». A la suite de miracles il fut transféré dans la sépulture des autres ermites.

page 373 note 2. Kologrivof, op. cit., p. 29.

page 373 note 3. Poul Joh. Joroensen, Dansk Retshistorie, 2 udg., Kobenhavn, 1947, pp. 225-228.

page 373 note 4. Pravda Russkaja, Art. 1. Texte traduit en allemand : K. L. GOETZ, DOS russische Recht (Russkaja Pravda, vol. I-IV, Stuttgart, 1910-1913 ; vol. I, pp. 7, 13, 19, commentaire pp. 81-82,111,150-157 ; vol. III, pp. 10-54). L'auteur pense que déjà Vladimir avait aboli le droit de vengeance. Autres opinions dans Pravda Russkaja, vol. II, Kommentarii, Moskva, 1947, pp. 15-24.

page 373 note 5. Pedotov, op. cit., p. 251.

page 373 note 6. Broby-Johansen, R., Den Danske Billedbibel, Kobenhavn, 1948, pp. 21, 44, 45Google Scholar.

page 373 note 7. Kologrivof, op. cit., p. 31.

page 374 note 1. Scriptores Berum Hungaricarum tempore ducum regumque stirpis Arpadianae gestarum, vol. II , Budapestini, 1938, pp. 289-320 (Chronicon Hungarico-Polonicum), pp. 363-440 (Legenda S. Stephani régis maior et minor), pp. 443-460 (Legenda S. Emerici ducis), pp. 507-527 (Legenda S. Ladislai régis).

page 374 note 2. Fontes Rerum Bohemicarum, Prameny dejin ceskyeh, vol. I, Praha, 1873, pp. 125-227 ; voir aussi Svatovaclavsky Sbornik, vol. I, II, Praha, 1934, 1937.

page 374 note 3. Voir note 1.

page 374 note 4. Kologbivof, op. cit., pp. 75-77.

page 374 note 5. Kologbivof, op. cit., pp. 77-85.

page 374 note 6. Voir ci-dessus note 1.

page 374 note 7. L. Pavlovic, « Kultovi lica kod Srba i Makedonaca. Istorijsko-etnografska rasprava », dans Narodni Muzej Smederevo. Posebno izdanije, kn. 1, Smederevo, 1965, pp. 255-260, surtout pp. 256-257, où l'auteur analyse les causes politiques du culte des rois-saints.

page 374 note 8. Adamus, J., O monarchii Gallowej, Warszawa, 1952, pp. 127135 Google Scholar ; Adamus, J., « Ideologia feudalna w Polsce X-XII w », dans Studia wczesnosredniowieczne, vol. IV, Warszawa-Wroclaw, 1958, pp. 140141 Google Scholar ; Ekkehard Kaufmann', «Aequitatis iudicium. Kônigsgericht und Billigkeit in der Rechtsordnung des frùhen Mittelalters », dans Frankfurter wissenschaftliche Beitrâge. Bechts-und Wirtschaftswissenschaftliche Beihe, 18, Frankfurt, 1959.

page 374 note 9. « Thietmari Chronicon », dans Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, Nova Séries, IX, 1935 ; IV, 57, p. 36.

page 374 note 10. Ibidem, IV, 58, p. 37. Voir aussi St. Zakrzewski, Boleslam Chrobry Wielki, Lwow, 1925, pp. 353-367. Pour le culte inauguré dans la cathédrale de Gniezno au XIVe siècle.qui avait un caractère politique et peu de diffusion : R. GANSINIEC, « Nagrobek Boleslawa Chrobrego », dans Przeglad Zachodni, r. VII, Poznan, 1951, n” 7/8, pp. 359-577, spécialement pp. 445, 449, 503, 509-510, 533-537 ; R. GANSINIEC, « Grobowiec Boleslawa Chrobrego », dans Archeologia Polski, vol. VIII, Warszawa- Wroclaw, 1952, pp. 161-168.

page 375 note 1. « Thietmari Chronicon », IV, 55-56, p. 35, Dlugossii Historia Poloniae, éd. A. Przezdziecki, vol. I, Krakow, 1873, p. 130.

page 375 note 2. Dlugossii Historia, vol. I, pp. 314-315 ; St. Szczygielski, Aquila Polono-Benedùtina, Krakow, 1663, pp. 99-100 ; St. Szczygielski, Calendarium Benedictinum, Krakow, 1663, p. 246 (IV Kal. Deeembris, 28 Novembris) ; St. Szczygielski, Tinecia, Krakow, 1668, pp. 7-24.

page 375 note 3. Sawicki, W., « Zapoznane zrodlo ikonoficzne do dziejow i ustroju Polski sredniowiecznej », dans Zeszyty Naukowego Katolickiego Unioeersytetu Lubelskiego, roczmk VIII, zeszyt 1, Lublin, 1965, pp. 2136 Google Scholar.

page 375 note 4. Olrik, J., dans Schultz Danmarks Historié, vol. II, Kobenhavn 1941, pp. 1012, 103-106Google Scholar ; Vitae sanctorum Danorum, fasc. III, pp. 425-445.

page 375 note 5. Skyum-Nielsen, N., Kirkekampen i Danmark 1241-1290, Kobenhavn, 1963 Google Scholar.

page 375 note 6. Hal KOCH, dans Schultz Danmarks Historié, vol. I, pp. 38-41 ; Kumlien, op. cit., pp. 252-253.

page 375 note 7. Sur l'histoire du culte de saint Stanislas, voir Borawska, D., « Z dziejow jednej legendy », dans Prace Instytutu Historycznego Uniwersytetu Warszawskiego, vol. IV, Warszawa, 1950 Google Scholar.

page 376 note 1. Adamus, J., O monarchii Gallowej, pp. 127135, 80-112Google Scholar, touche à ce prob ème. A la place de la sainteté de l'ancêtre, ce fut le charisme de la nature royale, celui des « domini naturales » qui fut propagé; Adamus, J., Ideologia feudalna, p. 149 Google Scholar.

page 376 note 2. Voir Pavlovic, op. cit., pp. 256-257, Le problème de la structure de la notion de sainteté au Moyen Age n'a pas été étudié comme il l'aurait mérité. Il semble qu'il y aurait dans les temps modernes un glissement vers l'ascèse et vers la casuistique.