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L'image du Noir dans l'art européen

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Ignacy Sachs*
Affiliation:
École Pratique des Hautes Études, VIe Section

Extract

La « découverte » en 1905 de la statuaire africaine par Vlaminck et Matisse suit de près l'intérêt éveillé par l'art de l'Extrême-Orient et des peuples d'Océanie et fut en quelque sorte préparée par la vogue dont jouissait, depuis l'Exposition universelle de 1867, l'art japonais pour lequel s'engouèrent les impressionnistes, Gauguin, Van Gogh et les créateurs de l'Art nouveau. L'écart différentiel ressenti au contact d'un art « primitif », dont l'on soupçonnait mal l'existence, fut néanmoins beaucoup plus grand que dans le cas des cultures de l'Extrême- Orient, à la réputation bien établie aux yeux des Européens depuis l'antiquité. C'est pourquoi cette « découverte » marqua d'une profonde empreinte les grands courants artistiques à la veille de la Première Guerre mondiale.

Type
Art et Société
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1969

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References

page 883 note 1. Voir sur|cer*dernier,'point Wallis, M., Secesia, Varsovie, 1967, pp. 268273.Google Scholar

page 883 note 2. Quelques missionnaires, pourtant avaient bien essayé d'éveiller l'intérêtfdes Européens pour l'art africain, comme en témoigne par exemple la collection de statuettes de Congo, assemblée par A. Kirchner, S.J. à la fin du XVIIe siècle et figurant actuellement au musée Pigorini à Rome (voir l'article de M. Leiris dans Le Courrier de /'Unesco, décembre 1965, pp. 10-12).

page 883 note 3. Voir les schémas généalogiques de l'art moderne préparés par Baye, A. H. Jr., Cubism and Abstract Art, New York, 1936 Google Scholar, reproduits dans A. Kotula, P. Krakowskllkronika Nowej Sztuki, Cracovie, 1966, pp. 256-260.

page 884 note 1. Le premier ouvrage important est celui de Cari Einstein intitulé Negerplastik, Leipzig, 1915. Parmi les nombreuses études qui suivirent nous nous permettons de signaler l'admirable volume de M. Leiris et J. Delange qui vient d'être publié au moment où nous rédigeons ce texte: L'Afrique Noire, la création plastique, Paris, 1967.

page 884 note 2. Voir sur ce point Jakimowicz, A., Zachôd a Sztuka Wschodu, Varsovie, 1967, p. 73.Google Scholar

page 884 note 3. H. Moore, A View of Sculpture (1930), reproduit dans Sylvester, D., Henri Moore. I. Sculpture and Drawings 1921-1948, Londres, 1957.Google Scholar

page 884 note 4. La monographie la plus récente à notre connaissance sur l'Africain dans l'art européen ( Kunst, Hans-Joachim, Der Afrikaner in der Europâischen Kunst, Bad Godesberg, 1967 Google Scholar) procède plus à un inventaire qu'à une analyse idéologique des figurations du nègre par les artistes européens depuis l'antiquité jusqu'à nos jours.

page 884 note 5. Przeworski, Stefan, « Typy afrykanskie na zabytkach kretenskich », in Opéra selecta. Wroclaw, 1967, pp. 1735.Google Scholar Il est bien entendu que l'emploi symbolique d'un brun foncé par les peintres ne permet pas d'identifier en général le type anthropologique par la couleur donnée ainsi à la peau. La même remarque s'applique à l'art égyptien, puis à l'art chrétien de la Nubie qui a continué, sous cet aspect, les canons de l'art égyptien (cf. Michalowski, Kazimierz, Me tylko piramidy, Varsovie, 1966, p. 263 Google Scholar).

page 885 note 1. Pari Beni, Saggi di storia antica e di archeologia offert/ a Giulio Beloch. 1910, cité par S. Przeworski, op. cit., p. 30.

page 885 note 2. Homère, Iliade, traduction de R. Flacelière (Bibliothèque de la Pléiade), p. 104. Voir aussi p. 493,

page 885 note 3. Homère, Odyssée, traduction de V. Bérard (Bibliothèque de la Pléiade), p. 561.

page 885 note 4. Hérodote, Histoires, livre III.

page 885 note 5. Homère, Iliade, tr. citée, p. 134.

page 885 note 6. Sherwin-white, A. N., Racial Préjudice in Impérial Rome. Cambridge, 1967.Google Scholar

page 885 note 7. Voir sur ce point notamment Baltrusaitis, J., Le Moyen Age Fantastique; Paris, 1955.Google Scholar

page 885 note 8. Baranowski, B., Pozegnanie z diablem i czarownica, Lodz, 1965, p. 33.Google Scholar

page 885 note 9. Tuwim, J., Czary i czarty po/skie, Varsovie, 1960, pp. 1617 Google Scholar et 154-155.

page 886 note 1. Bystron, J., Megalomania narodowa Varsovie 1935, pp. 6669.Google Scholar

page 886 note 2. Ainsi le diable est tour à tour appelé le cavalier noir, le Grand Nègre (surnom aussi réservé à Léonard, maître de la magie noire), l'homme noir, le Jéhovah noir. (Cf. Toudrian, J., Villeneuve, R., Dictionnaire du diable et de la démonologie, Verviers, 1968, pp. 6364 Google Scholar et 110).

page 886 note 3. Voir Chanson de Roland, strophes LXXII et CCXXIX pour la description de l'émir; CXLIII et CXLIV pour les vitupérations contre les nègres.

page 886 note 4. Nous tenons à remercier ici le professeur Enrico Cerulli qui, dans une lettre du 19 novembre 1966 au professeur S. Strelcyn, a bien voulu faire connaître son interprétation de ce tableau. Le professeur Cerulli, en faisant remarquer qu'il s'agit bien de Vlmproperium et non de la Flagellation comme il est couramment admis, ne souscrit pas aux opinions des historiens d'art qui soulignent l'importance formelle de la tache noire dans la composition du tableau, ou bien parlent d'influences byzantines. Pour lui le problème reste insoluble. Le professeur Jacques le Goff pencherait pour une interprétation prenant en compte l'existence d'esclaves noirs en Italie medieval

page 886 note 5. Voir, par exemple, Mario [Bussagli, Bosch, Firenze, 1966, p. 26. Par contre, Fraengler, W. ﹛le Royaume millénaire de Jérôme Bosch, Paris, 1966 Google Scholar) y voit le paradis retrouvé par les Adamites.

page 886 note 6. RÉAU, Louis conographie de ‘'Art Chrétien Paris, 1955, vol. III-2, p. 937.Google Scholar

page 887 note 1. Voir en particulier l'effigie de l'évêque Petros protégé par saint Pierre (975) et dont on a pu examiner les os déposés dans la tombe (K. Michalowski, op. cit., p. 262).

page 887 note 2. Voir Doresse, Jean, L'Empire du Prêtre-Jean, L'Ethiopie Médiévale, vol. II, pp. 211 231, Paris, 1957.Google Scholar Les interprétations de détail varient d'auteur à auteur. Voir par exemple l'excellente étude de Baudet, H., Paradise on Earth. Some Thoughts on European Images of Non- European Man, London, 1965.Google Scholar

page 887 note 3. Baudet, op. cit.. p. 18.

page 888 note 1. Encore une fois nous tenons à remercier le professeur Cerulli d'avoir'fait connaître (dans ses lettres du 19 novembre 1966 et du 2 décembre 1966 au professeur Strelcyn) de nombreux détails concernant la légende des saints Cosme et Damien. Elle naît à Rome au Moyen Age : la jambe transplantée provient d'un cadavre de nègre récemment décédé; il la recouvrera miraculeusement grâce à la greffe de la jambe amputée du chanoine (gangrenée et par conséquent noire). Mais dans l'art espagnol la légende a une interprétation plus tragique : un nègre vivant et hurlant de douleur est amputé d'une jambe qui doit servir à guérir le malade. Le thème a été traité entre autres par les Italiens Beato Angelico, Lorenzo di Bicci, Saco di Pietro, les Espagnols Pedro Berruguete et Fernando Gallego et le Flamand Ambrose Franken. A Valladolid, au collège de Santa Cruz, il constitue le sujet d'un relief en bois doré et coloré.

page 889 note 1. Hallett, R., Pénétration of Africa to 1815, London, 1965, p. 38.Google Scholar

page 889 note 2. Voir Hazard, Paul, La Pensée Européenne au XVIIIe siècle, de Montesquieu à Lessing. Paris, 1946.Google Scholar J. Kott n'a donc pas raison lorsqu'il écrit dans Szkola Klasykow (Varsovie, 1955 p. 51 ) que, depuis le fameux Essai sur les]Cannibales de Montaigne jusqu'à l'Ingénu de Voltaire, aucun nègre n'a jamais joué le rôle noble du bon sauvage. Bien entendu il ne s'agit que d'une exception à la règle que Kott formule bien : « Les nègres ne se prêtaient pas du tout aux rôles héroïques, ils travaillaient durement sur les plantations de canne à sucre et étaient vendus comme bêtes de somme dans toutes les colonies… »

page 889 note 3. Kott, J., Szkice o Szekspirze, Varsovie, 1961, p. 233.Google Scholar

page 889 note 4. Voir l'excellente étude de E. Jones, Othello's Countrymen. The Atrican in English Renaissance Drama, London, 1965.

page 890 note 1. Lozinski, Wladyslaw, Zycie polskie w dawnych wiekach, Cracovie, 1954 Google Scholar, str. 94. Déjà le roi Stefan Batory avait un garçon noir parmi ses serviteurs ( Baranowski, B., Znajomosc wchodu w danwej Polsce do XVIII w, Lodz, 1950, p. 203 Google Scholar).

page 890 note 2. Voltaire, , Essai sur les Moeurs et l'Esprit des Nations. (Paris, 1963, éd. Garnier). T. 2, p. 939.Google Scholar

page 890 note 3. Rheims, M., La Vie étrange des objets, Paris, 1959, p. 163.Google Scholar

page 891 note 1. Valéry, Paul, Regards sur le monde actuel. Paris, 1945, pp. 200201.Google Scholar

page 891 note 2. Voir notamment la collection Monumenta Ethnographica Africae où figurent entre autres les fameux dessins de Draper.

page 891 note 3. Buffon, , œuvres complètes, vol. IX (De l'homme), Paris, 1833, p. 233.Google Scholar

page 891 note 4. Encyclopédie (extraits), éd. J'ai lu, Paris, 1963, p. 367 (article Humaine espèce).

page 891 note 5. Voltaire, Essai sur les Moeurs, op. cit., vol. Il, p. 805.

page 891 note 6. Cité par Hallet, op. cit., p. 37.

page 891 note 7. Long, History of Jamaica, cité par Little, K. L., Race and Society, Paris, 1958, p. 15.Google Scholar

page 892 note 1. Rousseau, J.-J., Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Paris, Éditions Sociales, p. 166.Google Scholar

page 892 note 2. Curtin, P. D. (The Image of Africa, British Ideas and Action, 1780-1850, Madison, 1964, p. 36 Google Scholar) remarque que vers la fin du XVIIIe siècle plusieurs auteurs commencent à présenter une double image des Africains, assez bienveillante envers les individus mais hostile à la collectivité.

page 892 note 3. Voir l'étude de F. Ausprenger, L'Afrique et l'Allemagne publiée dans l'Afrique Contemporaine, nos 28 et 29 (novembre-décembre 1966 et janvier-février 1967), pp. 19-23 et 14-19.

page 892 note 4. Voir à ce propos l'étude récente de Léon Fanoudh-sieger, , Le Mythe du Nègre et de l'Afrique Noire dans la littérature française (de 1800 à la Deuxième Guerre mondiale), Paris, 1968.Google Scholar

page 892 note 5. Voir Jefferson, T., « Notes on the State of Virginia », in The Life and Selected Writings of Thomas Jefferson, Modem Library, 1944, p. 258.Google Scholar