Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Dans la perspective d'une étude longue sur les fortunes bourgeoises à Genève au XVIIe siècle et sur l'utilisation des profits, la première question qui s'est posée a été l'identification des tenants de la richesse, leur nombre et l'origine de leur capital.
Qui sont les riches et de quoi tirent-ils leurs fortunes ? Problème certes peu original. Chaque historien de la société a tenté de le résoudre, qui pour Beauvais, pour la Provence, pour Amiens, pour Paris, pour Toulouse, Milan et ailleurs. Innombrables sont les travaux qui apportent leur contribution au dossier si important de l'accumulation du capital en période préindustrielle.
On sait que, dans une économie de type ancien, les détenteurs de capital, en définitive les seuls qui ont la possibilité d'opter entre la consommation et l'investissement (et c'est là le cœur du problème), ne constituent qu'un petit nombre. Seule une minorité a la faculté de disposer d'un revenu disponible; aux autres, le choix ne se présente pas, ils dépensent immédiatement leur gain en denrées de première nécessité.
page 453 note 1. Jules VUY, Essai sur la taxe des gardes, Genève" 1838.
page 453 note 2. A.E.G. (Archives d'État de Genève), Finances MM (depuis 1645).
page 453 note 3. A.E.G., Finances KK 3. C'est mon collègue Alfred Perrenoud qui m'a signalé ce registre.
page 453 note 4. Système équivalant aux capitoulats et dizaines toulousains. Cf. M. Thoumas-Schapira, « La bourgeoisie toulousaine à la fin du XVIIe siècle », in Anna/es du Midi, 67 (1955), p. 313.
page 453 note 5. Cette géographie sociale peut déjà être esquissée grâce aux listes nominatives de la collecte des pauvres conservées dans les Archives hospitalières depuis 1685.
page 453 note 6. A.E.G., Registre du Conseil (RC) 190, 16 août 1690, fol. 234.
page 453 note 7. Ibid.. 20 août 1690, fol. 242.
page 454 note 1. Deyon, Pierre, Amiens, capitale provinciale. Étude sur la société urbaine au XVIIe siècle. Paris-La Haye 1967, p. 241 Google Scholar et note; François Furet, « Structures sociales parisiennes au XVIIIe siècle. L'apport d'une série fiscale », in Annales, E.S.C., 16 (1961), p. 948.
page 456 note 1. Luthy, Herbert, La Banque protestante en France de la Révocation de l'Êdit de Nantes à la Révolution, t. I. Dispersion et regroupement (1685-1730), Paris, 1959 Google Scholar (École pratique des Hautes Études, VIe Section. Centre de recherches historiques. Coll. Affaires et gens d'affaires, XIX), p. 38 sq.
page 456 note 2. RC 189, fol. 155.
page 456 note 3. RC 218, fol. 425.
page 457 note 1. Chaunu, Pierre, La civilisation de l'Europe classique, Paris, 1966 Google Scholar (Coll. Les grandes civilisations), p. 352.
page 457 note 2. A livrer au dossier toujours ouvert d'une ancienne controverse : frustrations de la bourgeoisie « écartelée » des monarchies ou réussites delà bourgeoisie triomphante des républiques; Robert Mandrou a suggéré l'un des termes, dans La France auxXVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1967 (Coll. Nouvelle Clio, 33), p. 93. Voir aussi p. 163.
page 457 note 3. Choisy, Albert, Généalogies genevoises. Familles admises à la Bourgeoisie avant la Réforme, Genève 1947;Google Scholar Henry, Louis, Anciennes familles genevoises, Paris 1956 Google Scholar ﹛Travaux et documents de l'Institut national d'études démographiques, cahier n° 26). Important de noter que le groupe des familles, décrites par A. Choisy et dont le comportement démographique reflète, selon L. Henry, celui de la bourgeoisie genevoise, n'a pas été constitué selon le même critère que le nôtre. Ici on tente de montrer les caractères principaux des plus riches familles; A. Choisy a voulu « donner un tableau des familles historiques qui ont dirigé la République dans les Conseils, dans l'Église et dans l'Académie, constituant une aristocratie de fait sinon de droit », p. VIII. Ces dix-neuf familles sont les Butini, Dansse, de Chapeaurouge, de la Rive, des Arts, Du Pan, Fabri, Favre, Galiffe, Gallatin, Gautier, Lect, Lullin, Mestrezat, Naville, Pictet, Rigot Rilliet Roset.
page 457 note 4. Paris, Archives du ministère des Affaires étrangères. Correspondance politique, Genève 7, fol. 320 et 352.
page 458 note 1. RC 190, 12 novembre 1690, fol. 349.
page 458 note 2. RC 190, passim. Les estimations par les taxateurs sont probablement basées sur les signes extérieurs des richesses. En 1692, à propos d'une nouvelle imposition, on lit au RC 192, fol. 104, lors de la discussion d'une contribution : « il a été rapporté dans les opinions… » L'estimation est plus « parlante » encore si on procède à quelques additions révélatrices : Pierre Perdriau est le fils unique et l'associé de sa mère dans leur grande entreprise de dorures; si l'on additionne les taxes imposées à la mère et au fils, on arrive à 1 125 florins, soit au montant exigé de Jean-Antoine Lullin, le plus riche; ce qui en dit long sur la capacité d'entreprise d'Elisabeth Baulacre. Cf. notre étude, « Un aspect de l'économie genevoise au XVIIe siècle, la fabrique de dorures d'Elisabeth Baulacre », in Mélanges offerts à M. Paul-E. Martin, Genève, 1961, pp. 523-540.
page 458 note 3. RC 190, 16 avril 1690, fol. 111. Ce qui porterait la fortune moyenne par habitant à 375/500 écus, soit en livres courantes genevoises 1 125/1 500. A cette date, la livre courante genevoise s'échange au pair avec la livre tournois.
page 458 note 4. Larges et décevants sondages dans le fonds Jr. civ. aux A.E.G.
page 459 note 1. Gregorio LETI, Historia genevrina o sia Historia délia Città, e Republica di Geneva, t. IV, Amsterdam, 1686, pp. 612-613.
page 461 note 1. L. Bulferetti, in Actes du XIIe Congrès international des Sciences historiques Vienne 1965, t. V, p. 182.
page 461 note 2. Goubert, Pierre, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, Paris, 1960, p. 328;Google Scholar Louis XIV et vingt millions de Français, Paris, 1966, p. 37 ; Pierre Deyon, op. cit., chap. 21 et 22!
page 461 note 3. H. Luthy, op. cit.. chap. I.
page 461 note 4. Ibid., p. 48.
page 461 note 5. PIUZ, Anne-Marie, Affaires et politique. Recherches sur le commerce de Genève au XVIIe siècle, Genève, 1964, p. 374 Google Scholar sq. et pp. 387-395.
page 462 note 1. Gentil da Silva, José, « Richesse et enrichissement dans une économie précapitaliste », in Annales, B.S.C., 17 (1962), pp. 967–987.Google Scholar « Les meilleures réponses viennent peutêtre, sûrement, d'études précises et concrètes de micro-histoire », p. 968.
page 462 note 2. Ibid.. p. 986.
page 462 note 3. Sur l'aspect différentiel du marasme conjoncturel au XVIIe siècle, cf. Denis Richet, « Croissance et blocages en France du XVe au XVIIIe siècle », in Annales, E.S.C., 23 (1968), pp. 781-782.