Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'épisode des greenbacks, ouvert en 1862 avec l'émission par le Trésor de New York d'une monnaie de papier inconvertible destinée à financer la guerre de Sécession, marque le début d'une séquence de l'histoire monétaire et de sa théorie dont tous les observateurs s'accordent à reconnaître qu'elle est d'un intérêt majeur.
Si l'on va à l'essentiel, l'apport de cet épisode paraît fondé à double titre. A distance, c'est-à-dire aussi à la lumière des institutions et des débats contemporains relatifs à la monnaie, la période apparaît à la fois comme:
- un véritable laboratoire d’expérimentation en matière monétaire et financière, marqué dans ce domaine par un ensemble d’innovations institutionnelles majeures, qui vont imprimer au système monétaire et financier américain des traits particuliers et originaux qui pour certains, perdurent aujourd’hui encore.
un moment fécond de la théorie économique puisque la période des greenbacks voit naître sinon une « école » au sens strict, du moins une tradition d'études sur la question du cycle et de la théorie quantitative de la monnaie, qui associée aux États-Unis aux noms de Mitchell et Fisher, connaîtra d'importants développements ultérieurs.
This paper surveys the Greenbacks era initiated in 1862 when the Treasury of New York issued a non-convertible paper money intended to finance the Civil War. As regards institutions, the evolution towards a unified US monetary system is the consequence of a very complex social and economic, political and doctrinal process. This episode seems still to have an influence upon contemporaneous discussions of monetary policy. As regards theory, these years 1862-1913 played an important role in the emergence of an American school of economic thought. So W. Mitchell, starting from an institutional point of view, built the quantitative tools for analyzing business cycles. I. Fisher extended quantitative theory to credit money and its relations with the cycles. Could the Greenbacks be the remote origin in the shift from the English political economy to the American economic analysis ?
Les signataires tiennent à préciser que cet article résulte d'un travail éminemment collectif. La recherche sur le thème des greenbacks commencée occasionnellement en décembre 1983 et en groupe, a donné lieu à une première version écrite en mai 1984. Des remarques sur ce texte émanant des différents participants du groupe ont ensuite suscité des recherches complémentaires qui ont abouti à la version aujourd'hui proposée. Aussi les signataires, tout en prenant l'entière responsabilité des points de vue ici présentés, tiennent-ils à exprimer leur dette et leur gratitude à l'ensemble des participants du groupe de travail initial, c'est-à-dire à : Christine André, Nicole Azoulay, Fabienne Bock, Jérôme de Boyer, Suzanne de Brunhoff, Bernard Chavance, Annie Cot, Jean-Claude Debeir, Gérard Duchene, Daniel Hemery, Jérôme Lallement, Alain Lipietz, Michel Rosier, Ricardo Solis, Christian Tutin et Daniel Zajdenweber. Une version quasi définitive a bénéficié d'une nouvelle lecture de Suzanne de Brunhoff. Enfin, dans le cadre de la procédure de référé du Cepremap, les auteurs ont cherché à répondre aux remarques et critiques de Jean-Pierre Laffargue.