Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Le premier souci auquel répond ce travail est celui de mieux cerner la place d'où parle l'historien, afin si possible d'échapper à ses contraintes, c'est-à-dire d'accroître délibérément la part de jeu qui permet l'invention. Le second souci est né au hasard de difficultés rencontrées dans une étude particulière, mais sa portée reste générale : à l'occasion d'une étude sur l'ensemble des religions de la Syrie romaine, a surgi la difficulté de les nommer. Dans la recherche des documents dont disposaient les savants qui ont créé ce domaine d'étude, s'est précisée une forme de nouage entre l'historiographie et l'objet étudié, nouage qui excède la simple question du progrès des connaissances, telle qu'elle est souvent posée au départ des études historiographiques.
In this article, nouns and locutions that historical language deals with in a realistic way, i.e. as representing real objects, when they in fact turn out to be concepts which have created a field of study, are systematically examined in accordance with their spatial and temporal use. The example analyzed here is that of “Oriental religions in the Roman Empire”, a concept developed by F. Cumont in the absence of Oriental documents, but which was introduced by Renan and Duruy at the very moment that French troops were invading Syria and creating an empire in Africa. With this new expression, Cumont was able to resist the former conceptualization of “mystery religions” as well as a problematic informed by the crisis of Catholicism.
* Ces réflexions ont été présentées à la rencontre du 9 février 1987 dédiée à la mémoire de Michel de Certeau.