Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
De la fin du VIIe à celle du IVe siècle avant J.-C., la Babylonie fut le siège de grands travaux hydrauliques: à l’initiative des monarques néo-babyloniens puis achéménides, le cours des fleuves fut régularisé, de nouveaux canaux furent creusés et le réseau d’irrigation fut restauré et développé. L’administration royale prêtait une attention particulière à la répartition de l’eau, non seulement sur les domaines de la Couronne, mais aussi sur ceux des grands sanctuaires. Sous les Achéménides, la prise à ferme, par des entrepreneurs privés, de terres royales impliquait même la location de l’eau d’irrigation, pratique non encore attestée jusqu’alors. Un contrôle administratif s’exerçait également sur le trafic fluvial, par le biais des postes de péage et des ports fluviaux où les bateaux devaient acquitter une taxe de circulation et d’appontement. Cette taxation n’était pourtant pas systématique; des entrepreneurs privés, qui prenaient en charge le transport et la commercialisation des produits issus des domaines royaux, passaient des accords avec les chefs des postes de péages et bénéficiaient de franchises; de même, les sanctuaires n’acquittaient pas de droits pour le transport des produits agricoles destinés aux offrandes. L’attention royale montrée à la gestion du système hydraulique en Babylonie fut ensuite réinterprétée et amplifiée dans les descriptions des auteurs de l’Antiquité classique, qui en ont fait l’un des thèmes caractéristiques de leurs descriptions de la Mésopotamie.
From the end of the Seventh Century to the end of the Fourth Century B.C., Babylonia was the center of great hydrological works: upon the initiative of the neo-Babylonian and afterwards the Achaemenid monarchs, the course of rivers was regularized, new canals dug, and the irrigation network restored and developed. The royal administration devoted particular attention to the distribution of water, non only on the Crown’s estates but also on those belonging to the major sanctuaries. Under the Achaemenids, for private entrepreneurs to lease royal lands even implied renting the water for irrigation, a practice that has not been documented until then. Administrative control also existed on the river traffic through toll stations and river ports where boats had to pay a fee for circulation and landing. This taxation was nonetheless not systematic: private entrepreneurs, who were responsible for transporting and commercializing goods produced on royal estates, made deals with the chiefs of the toll stations and enjoyed franchises; likewise, sanctuaries did not pay rights for the transportation of agricultural goods intended for offerings. The royal attention given to the management of the hydraulic system in Babylonia was afterwards reinterpreted and amplified in the descriptions made by the authors of the classical Antiquity, who made it one of the characteristic themes of their descriptions of Mesopotamia.
1 - Cf. Cole, Steven W., «Marsh Formations in the Borsippa Region and the Course of the Lower Euphrates», Journal of Near Eastern Studies, 53, 1994, pp. 81–109 CrossRefGoogle Scholar.
2 - Aménagements dont témoignent le creusement d’un large fossé autour des murailles de la ville, de quais le long de l’Euphrate dans sa traversée de Babylone et l’édification d’un double système de digues-murailles, en amont et en aval de la capitale, évoquée par Nabuchodonosor II dans ses inscriptions, et dont la partie septentrionale, qui correspond vraisemblablement au «mur de Médie» mentionné par Hérodote, a fait l’objet d’une recherche archéologique approfondie: cf. Gasche, Hermann, « Habl as-Sahr 1986, nouvelles fouilles. L’ouvrage défensif de Nabuchodonosor II au nord de Sippar», Northern Akkad Project Reports [NAPR], 2, 1989, pp. 23–70 Google Scholar.
3 - Cette dénomination est antérieure à l’époque néo-babylonienne pour certaines parties de ce qui devint un canal unique. Les rois de Babylone cherchèrent en effet à en faire un ensemble continu, à partir de la fin du VIe siècle, pour relier la région de Sippar à celle d’Uruk.
4 - Roi de Babylone de la fin du VIIe siècle, plus connu sous la forme biblique de son nom: Merodach-baladan.
5 - Zadok, Ran, Geographical Names According to New- and Late-Babylonian Texts, Wiesbaden, L. Reichert, 1985 Google Scholar.
6 - Van Laere, Ralf, «Techniques hydrauliques en Mésopotamie ancienne», Orientalia Lovaniensa Periodica, 11, 1980, pp. 11–53 Google Scholar.
7 - Stol, Marten, « Kanal(isation)», Reallexikon der Assyriologie und vorderasiatischen Archäologie, t. V, Berlin-New York, De Gruyter, 1980, pp. 355–365 Google Scholar.
8 - Van Driel, Govert, « Neo-Babylonian Agriculture», Bulletin of Sumerian Agriculture, 4, 1988, pp. 121–159 Google Scholar.
9 - Jursa, Michael, Die Landwirtschaft in Sippar in neubabylonischer Zeit, Vienne, « Archiv für Orientforschung, Beiheft-25 », 1995 Google Scholar.
10 - M. Jursa, Die Landwirtschaft..., op. cit., pp. 184-188. Je reprends ici le sens établi par M. Jursa: le musˇannitu est une digue partant à angle droit d’un canal d’irrigation et établissant une séparation entre portions de champs, pour permettre de réguler longitu- dinalement le flot de l’eau d’irrigation et de compartimenter son utilisation.
11 - Cf. Briant, Pierre, « Travaux hydrauliques et contrôle de l’eau dans l’empire achéménide», in Menu, B. (dir.), Les problèmes institutionnels de l’eau en Égypte ancienne et dans l’Antiquité méditerranéenne, Le Caire, IFAO, 1992, pp. 91–102 Google Scholar.
12 - Publié et commenté dans M. Jursa, Die Landwirtschaft..., op. cit., p. 182, texte n° 65.
13 - Le texte date du début de l’automne, moment précédant les labours.
14 - La carrière de cet individu a fait l’objet d’un travail récent ( Waerzeggers, Caroline, Het Archive van Marduk-rêmanni, thèse de l’université de Gand, 2001 Google Scholar), qui précise clairement sa situation d’intermédiaire entre l’administration royale et celle du temple de Šamaš sous le règne de Darius Ier.
15 - Fait à Babylone, le 8 Ulûlu de l’an 12 de Nabonide (= 544). Le terme kâru désignant à la fois le quai et l’ensemble du port, on ne peut déterminer plus précisément le but de ce travail. La présence de vantaux de portes et de dispositifs de fermeture évoquée dans le texte peut cependant indiquer qu’il s’agirait plutôt d’un port fluvial à aménager. ( Ungnad, Arthur, Vorderasiatische Schriftdenkmäler, Neubabylonische Kontrakte, Heft VI, Leipzig, 1908, texte n° 84 Google Scholar).
16 - Deux raqqatu, nommés d’après le dieu Šamaš, ont ainsi fait l’objet de mise en valeur dans la région de Sippar et dans celle d’Uruk-Larsa.
17 - C’est probablement cette végétation qui est désignée par le terme akkadien de sapîtu et l’on voit que certains exploitants doivent acquitter aux autorités un droit qui porte ce nom, allusion au service rendu en débarrassant les berges des canaux des plantes parasites. Voir également la mention, dans le texte d’Uruk, de « la main-d’œuvre chargée de briser les branchages (tumbu) au bord du canal du roi » ( Dougherty, Raymond Philip, Archives from Erech, time of Nebuchadrezzar and Nabonid, New Haven, Goucher College Cuneiform Inscriptions 1, 1923 Google Scholar, texte n° 36).
18 - La nature des travaux entrepris n’est pas toujours claire, car le verbe akkadien herû signifie à la fois « creuser [un canal] » et « curer [un canal] ». Le second sens apparaît clairement dans un contrat de fermage: « (le fermier) devra curer le canal principal avec (les moyens fournis par) l’Eanna » ( Contenau, Georges, Contrats néo-babyloniens, t. II, Achéménides et Séleucides , Paris Google Scholar, « Textes Cunéiformes du Louvre-13 »: texte n° 182, 1. 26).
19 - Mais aussi de sels minéraux dissous: il était donc exclu de « noyer » les terres sous une trop grande quantité d’eau, qui aurait entraîné leur dépôt dans le sol, puis leur remontée par capillarité, provoquant une salinisation de la terre et l’arrêt des cultures.
20 - Herodote, Enquête, I, 189.
21 - Rollinger, Robert, Herodots babylonischer Logos: eine kritische Untersuchung der Glaubwürdigkeitsdiskussion an Hand ausgewählter Beispiele, Innsbruck, Verlag des Institut für Sprachwissenschaft der Universität Innsbrück, 1993 Google Scholar.
22 - Hérodote, Enquête, I, 181.
23 - Même atmosphère de fête inconsciente chez Hérodote, Enquête, I, 192, et Xénophon, Cyropédie, II, VII, 5.
24 - Beaulieu, Paul Alain, « An Episode in the Fall of Babylon to the Persians», Journal of Near Eastern Studies, 52, 1993, pp. 241–261 CrossRefGoogle Scholar.
25 - Hérodote, Enquête, I, 193: « [...] il faut irriguer les champs avec l’eau du fleuve pour que les céréales croissent et donnent une récolte, et si, en Égypte, le Nil se répand de lui-même dans les campagnes, il n’en est pas de même ici où l’arrosage se fait à la main ou à l’aide de machines. »
26 - Elles utilisent le verbe dalû « arroser »; un contrat des archives des Murašû (traduit plus loin) distingue ainsi les terres irriguées par écoulement des eaux (bît mê, littéralement: « domaine d’eaux ») de celles qui sont arrosées à la main (bît dalû, littéralement: « domaine d’arrosage»): Clay, Albert Tobias et Hilprecht, Hermann Vollrat, Business Documents of Murashû Sons of Nippur Dated in the Reign of Artaxerxes I (464-424 B.C.), Philadelphie Google Scholar, « Babylonian Expedition-9 », 1907, texte n° 7. Cf. également Ibid., texte n° 3, ll. 9-10: « Nous ferons, dans ces champs, le travail d’arrosage » (dullu dalûtu ina libbi nippuš), et le règne de Nabonide: « Ils arroseront ensemble le domaine arrosé à la main » (bît dâlu itti ahâmeš idalû) ( Beaulieu, Paul Alain, Legal and Administrative Texts from the Reign of Nabonidus, New Haven, Yale University Press, « Yale Oriental Series-19 », 2000 Google Scholar, texte n° 69, l. 4: « Ils arroseront ensemble le domaine arrosé à la main. »
27 - La proposition de Cardascia, Guillaume (Les archives des Murašû. Une famille d’hommes d’affaires babyloniens à l’époque perse (455-403 av. J.-C.), Paris, Imprimerie nationale, 1951, p. 132 Google Scholar, note 1) de lire le sumérogramme giš-apin: nartâbu et d’en faire une noria mue par des bœufs a été réfutée par les dictionnaires. Voir en particulier Von Soden, Wolfram, « Bezeichnet giš-apin im Sumerischen auch ein Bewässerungsgerät?», Orientalia, 16, 1947, pp. 169–171 Google Scholar.
28 - A. T. Clay et H. V. Hilprecht, Business Documents..., op. cit., texte n° 45, ll. 8-14.
29 - Surtout pour les palmiers en phase de croissance; les arbres adultes disposaient de racines suffisamment profondes pour atteindre la nappe phréatique: voir à ce sujet les observations du fouilleur de Babylone, Koldewey, Robert, The Excavations at Babylon, Londres, Macmillan, 1914, p. 19 Google Scholar.
30 - A. T. Clay et H. V. Hilprecht, Business Documents..., op. cit., texte n° 55. Le § 3 des Lois néo-babyloniennes sur les inondations dans la propriété privée reprend les mêmes termes et prévoit une peine équivalente.
31 - Voir note 10, supra.
32 - Contenau, Georges, Contrats néo-babyloniens, I, Téglath-Phalasar III à Nabonide , Paris, « Textes Cunéiformes du Louvre-12 », 1927, texte n° 90 Google Scholar: fait à Uruk, en l’an 8 de Nabonide (= 548). Les deux termes bitqu et kiriktu ont été compris ici comme désignant des parties construites du système servant à l’irrigation. Mais il n’est pas exclu qu’on évoque là des phénomènes accidentels comme une brèche (bitqu) ou un blocage (kiriktu) des eaux à la suite de l’obstruction du canal.
33 - Unger, Eckhard, Babylon. Die heilige Stadt nach der Beschreibung der Babylonier, Berlin, W. de Gruyter, 1931 CrossRefGoogle Scholar, texte n° 26.
34 - Dilbat: Ungnad, Arthur, Vorderasiatische Schriftdenkmäler, Neubabylonische Kontrakte, vol. V, Leipzig, 1908 Google Scholar, texte n° 104 (daté de 491); Kiš: Ewan, Gilbert Mac, Late Babylonian Texts in the Ashmolean Museum, Oxford, « Oxford Editions of Cuneiform Texts-10 », 1984, texte n° 150 (daté de 497)Google Scholar; Babylone: George Bertin, Copies of Terra-cotta Dated Tablets Principally Contracts (manuscrit non publié), 1883, texte n° 2618 (daté de 496), et British Museum [BM], tablette 39106 (datée de 498); Sippar: M. Jursa, Die Landwirtschaft..., op. cit., p. 182, texte n° 65 (daté de 498) et n° 30 (daté de 502-492). Cf. Wunsch, Cornelia, Die Urkunden des babylonischen Geschäftsmannes Iddin-Marduk, Groningue, Styx, «Cuneiform Monographs-3», 1993, p. 302 Google Scholar.
35 - Voir l’étude de Cocquerillat, Denise, Palmeraies et cultures de l’Eanna d’Uruk (559-520), Berlin, Gbr. Mann Verlag, 1968 Google Scholar.
36 - Dougherty, Raymond Philip, Records from Erech, time of Nabonid (555-538 B.C.), New Haven, Yale University Press, « Yale Oriental Series-6 », 1920 Google Scholar, texte n° 103.
37 - Le roi Nabonide se trouve à cette époque en Arabie.
38 - G. Contenau, Contrats néo-babyloniens, t. II, op. cit., texte n° 150: fait à Uruk, en l’an 2 du règne de Cambyse.
39 - On observe non seulement que le travail à accomplir concerne un canal, mais que le responsable des redevances est défini par la voie d’eau qui traverse le domaine dont il a la charge.
40 - D’où le qualificatif de « collecteur garde-messier » par lequel D. Cocquerillat, Palmeraies et cultures..., op. cit., traduit le terme gugallu.
41 - Voir Strassmaier, Johann Nepomucen, Inschriften von Nabuchodonosor, König von Babylon (604-561 v. Chr.), Leipzig, 1889, texte n° 63, ll. 3–5 Google Scholar: « Rêmût, fils de Kudurru, irrigateur-gugallu (dépendant) du mašennu ».
42 - Tremayne, Arch, Records from Erech, Time of Cyrus and Cambyses (538-521 B.C.), New Haven, Yale University Press, « Yale Oriental Series-7 », 1925 Google Scholar, texte n° 38: fait à Uruk, en l’an 4 de Cyrus.
43 - Le texte est lacunaire à cet endroit et ne permet pas de reconstituer un terme compréhensible. Il s’agit, d’après le contexte, d’une obligation pesant sur la terre du fait de son statut (tenure administrative), à payer en métal précieux, d’après la forme verbale utilisée (itter).
44 - J. N. Strassmaier, Inschriften von Nabuchodonosor..., op. cit., texte no 184.
45 - Les mentions de t axe-gugallûtu perçue sur des terres à céréales se rapportent cependant à des exploitations mixtes où voisinent palmiers et terre arable. La culture de l’orge est dans ce cas un complément de la culture principale.
46 - M. Jursa, Die Landwirtschaft..., op. cit., p. 52.
47 - Stolper, Matthew Wolfgang, Entrepreneurs and Empire. The Murasû Archive, the Murasû Firm, and Persian Rule in Babylonia, Leyde, Publications de l’Institut historique archéologique de Stamboul, 1985, pp. 36–51 Google Scholar.
48 - Ils apparaissent tantôt sous la forme sa muhhi sûti sa nâr..., plus un nom de canal, tantôt sous celle de pâhâtu sa nâr..., « administrateur du canal... ».
49 - Arthur Ungnad, Vorderasiatische..., op. cit., vol. III, texte no 188: fait à Hummânu en l’an 21 d’Artaxerxès Ier (= 444).
50 - A. Ungnad, Vorderasiatische..., op. cit., vol. V, texte n° 22: fait à Nippur en l’an 2 de Darius II (= 422).
51 - Voir M. W. Stolper, Entrepreneurs..., op. cit., p. 231, texte n° 1: fait à Nippur, en l’an 34 d’Artaxerxès Ier (= 431).
52 - J. N. Strassmaier, Inschriften von Nabuchodonosor..., op. cit., texte n° 166.
53 - Stassmaier, Johann Nepomucen, Inschriften von Darius, König von Babylon (521-485 v. Chr.), Leipzig, 1897, p. 49 Google Scholar, texte n° 381; l’attribution au règne de Darius Ier est hypothétique: le texte porte à la fin seulement la mention « an 16 ».
54 - Pinches, Theophilus Goldringe, « Water Rate in Babylonia», Proceedings of the Society of Biblical Archaeology, 17, 1895, p. 278 Google Scholar.
55 - Strassmaier, Johann Nepomucen, Inschriften von Cambyses, König von Babylon (529-521 v. Chr.), Leipzig, 1890 Google Scholar, texte n° 240: fait à Sippar, en l’an 4 de Cambyse (= 526). Republié, avec collations, par M. Jursa, Die Landwirtschaft..., op. cit., texte n° 53.
56 - R. P. Dougherty, Records from Erech..., op. cit., 6, texte n° 122: fait à Uruk, en l’an 9 de Nabonide (= 547).
57 - Une autre dénonciation, datée du même jour, vise un dénommé Nergal-nûrî, oblat du dieu Nergal d’origine égyptienne. Les deux braconniers devaient agir de conserve, Ibid., texte n° 148.
58 - Clay, Albert Tobias, Business Documents of the Murashû Sons of Nippur Dated in the Reign of Darius II (424-404 B.C.), Philadelphie, « Babylonian Expedition-10 », 1904, texte n° 54Google Scholar: fait à Nippur, en l’an 1 de Darius II (= 423).
59 - A. Ungnad, Vorderasiatische..., vol. VI, op. cit., texte n° 66: fait à Babylone, en l’an 2 de Nabonide (= 554).
60 - A. T. Clay et H. V. Hilprecht, Business Documents..., op. cit., texte n° 7: fait à Ridimhu, près de Nippur, en l’an 26 d’Artaxerxès Ier (= 439).
61 - Bêl-nâsir, fils de Bêl-ušêzib, est attesté à cette époque comme responsable des redevances.
62 - M. W. Stolper, Entrepreneurs and Empire..., op. cit., p. 51: la redevance est beaucoup plus élevée lorsque le tenancier reçoit des Murašû une terre, des attelages et l’accès au canal mitoyen que lorsque le contrat porte uniquement sur le sol nu. Voir Ibid. pp. 131-132, les tableaux comparatifs indiquant une valeur pratiquement double des terres fournies avec un canal d’irrigation par rapport à celles où seuls le sol et les attelages sont indiqués.
63 - Certains des « canaux » étaient en fait des bras secondaires de l’Euphrate, plus ou moins réaménagés.
64 - Par exemple: « Manœuvres pour le halage des bateaux (transportant) les fournitures destinées aux archers des oblats et des bergers de l’Eanna » (R. P. Dougherty, Archiv of Erech..., op. cit., texte n° 80, daté de 574); « 15 sicles d’argent pour les journaliers qui halent les bateaux jusqu’à Sippar » (Ibid., texte no 350, daté de 545); « rations des haleurs qui [tirent un bateau] jusqu’à la vanne d’accès du canal Kebar» ( Abraham, Katleen, « Susan in the Egibi Texts from the Time of Marduk-nasir-apli», Orientalia Lovaniensa Periodica, 28, 1997, p. 73 Google Scholar): « Kirkéens, haleurs de bateau jusqu’au quai (du port), relevant d’Edarni’-Bêl, le commandant de la citadelle » (A. Ungnad, Vorderasiatische..., op. cit., VI, texte no 302: règne d’Artaxerxès Ier.
65 - Cf. Salonen, Armas, DieWasserfahrzeuge in Babylonien, Helsinki, Harrassowitz, 1939 Google Scholar; De Graeve, Marie-Christine, The Ships of the Ancient Near East, Louvain, Departement Oriëntalistik, « Orientalia Lovaniensia Analecta-7 », 1981 Google Scholar.
66 - Un temple comme l’Eanna d’Uruk utilisait surtout le réseau des canaux pour transporter les récoltes en ville et avait donc besoin de barges propres à cet usage, mais qui n’étaient pas forcément adaptées à la navigation sur l’Euphrate. Un texte ( Frame, Grant, « Some Neo-Babylonian and Persian Documents Involving Boats», Oriens Antiquus, 25, 1986, pp. 29–50 Google Scholar, texte no 7) énumère par exemple la cargaison de trois embarcations, remplies respectivement de 14 400, 14 868 et 9 360 litres de dattes, amenées des palmeraies du village de Kurbat jusqu’à Uruk: les contenances affichées sont de 1,5 à 2 fois moindres que celles des bateaux qui remontaient l’Euphrate d’Uruk à Babylone.
67 - La déposition du plaignant est explicite: « Mon maître Iddin-Marduk avait fai amener 86 400 litres de dattes de bonne qualité de la campagne jusqu’aux bateau d’Amurru-natan, le batelier, fils d’Ammaia, et l’avait fait se porter garant de la surveil lance des dattes; puis il a fait partir les bateaux vers Babylone. Sur le document qu m’avait transmis Iddin-Marduk, il y avait écrit: “86 400 litres de dattes”. Mais lorsqu j’ai vérifié les dattes, il y manquait 8 496 litres. Alors j’ai porté plainte contre Amurru natan à propos du déficit des dattes [...] » (P. A. Beaulieu, Legal and Administrativ Texts..., op. cit., texte n° 101).
68 - Voir Lutz, Henry Frederick, Neo-Babylonian Administrative Documents from Erech t. II, San Francisco, « University of California Publications-9 », 1927 Google Scholar, texte n° 13 R. P. Dougherty, Archives from Erech..., op. cit., textes n° 73 et 82 pour le règne d Nabuchodonosor II; Dougherty, R. P., Archives from Erech. Neo-Babylonian and Persia Periods, New Haven, Yale University Press, «Goucher College Cuneiform Inscrip tions-2 », 1933, texte n° 79 Google Scholar, pour le règne d’Amêl-Marduk; R. P. Dougherty, Archive from Erech..., op. cit, textes n° 298, 384, 386, 404, et P. A. Beaulieu, Legal and Administra tive Texts..., op. cit., texte n° 248 pour le règne de Nabonide.
69 - Sur l’ambiguïté du terme karû, cf. la note 15.
70 - Clay, Albert Tobias, Legal and Commercial Transactions dated in the Assyrian, Neo-Babylonian and Persian Periods Chiefly from Nippur, Philadelphie, « Babylonian Expedition-8/1 », 1908 Google Scholar, texte n° 85: fait à Nippur en l’an 3 de Cambyse (= 527).
71 - P. A. Beaulieu, Legal and Administrative Texts..., op. cit., texte n° 132: daté de l’an 11 de Nabonide (= 545).
72 - Bêl-êtir, fils de Samaš-ah-iddin rab kâri ša Gubaru; voir J. N. Strassmaier, Inschrif ten von Cambyses..., op. cit., texte n° 96, l. 3.
73 - Spar, Irving et Von Dassow, Eva, Cuneiform Texts in the Metropolitan Museum of Art, III, New York, Private Archive Texts from the First Millenium B.C., 2000 Google Scholar, texte n° 74: fait à Bît-Tâbi-Bêl, en l’an 40 de Nabuchodonosor II (= 565). Cf. le commentaire de l’auteur, p. 148.
74 - Clay, Albert Tobias, Neo-Babylonian Letters from Erech, New Haven, Yale University Press, « Yale Oriental Series-3 », 1919 Google Scholar, texte n° 74.
75 - A. Ungnad, Vorderasiatische..., op. cit., vol. III, texte n° 159: fait à Damar, près de Borsippa, en l’an 25 de Darius Ier (= 497).
76 - Thompson, Reginald Campbell, Cuneiform Texts from Babylonian Tablets in the British Museum, 22, Londres, 1906 Google Scholar, texte n° 44.
77 - Bongenaar, Arminius C.V.M., The Neo-Babylonian Ebabbar Temple at Sippar: Its Administration and its Prosopography, Leyde, Publications de l’Institut historique-archéologique de Stamboul, 1997, p. 39 Google Scholar. G. Bertin (Copies of Terra-cotta..., ms. cit., texte n° 1235) distingue ainsi: la location des bateaux, les frais de transport depuis les palmeraies jusqu’à un centre de stockage, les frais de transport de l’entrepôt au bateau, la location des récipients, le salaire de quinze travailleurs-journaliers pour huit jours, des « frais annexes » (hizzâtu), un paiement au chef de quai, la taxe de sortie.
78 - Keiser, Clarence Elwood, Letters and Contracts from Erech written in the Neo-Babylonian Period, New Haven, Yale University Press, « Babylonian Inscriptions-1 », 1918 Google Scholar, texte n° 162: fait à Uruk en l’an 31 de Nabuchodonosor II (= 574).
79 - Ibid., texte n° 19.
80 - A. T. Clay, Neo-Babylonian Letters..., op. cit., texte n° 71.
81 - Ce dossier a fait l’objet d’une étude détaillée dans C. Waerzeggers, Het Archive..., thèse cit. L’un des apports majeurs de cette étude est de montrer que toutes les mentions de Suse actuellement connues dans les textes babyloniens désignent la seule métropole iranienne et non une bourgade de Babylonie, comme cela avait été postulé initialement: cf. Joannes, Francis, Archives de Borsippa: la famille Ea-ilûta-bâni, Paris-Genève, Droz, 1989, p. 153 Google Scholar, note 9, et K. Abraham, « Sušan in the Egibi Texts... », art. cit., 1997, pp. 55-85.
82 - Un texte provenant des archives du temple de Šamaš, à Sippar, montre clairement qu’une partie du trajet s’effectuait en bateau: il enregistre, en 505 (an 17 de Darius Ier), l’attribution de « 12,5 kg de laine, rations de six hommes de troupe qui sont partis pour l’Elam avec le bateau de l’orge [...] » (J. N. Strassmaier, Inschriften von Darius..., op. cit., texte n° 442).
83 - La perception par un rab kâri d’une taxe de 2 kg d’argent, enregistrée dans la ville de Suse au début du règne de Xerxès (an 1 de Xerxès = 485), doit donc être interprétée comme la remise du montant du péage par un individu à ce responsable administratif, qui avait été appelé dans la capitale impériale pour une reddition de comptes, et non comme la preuve qu’une taxe fluviale était perçue dans un poste installé à Suse même (A. Ungnad, Vorderasiatische..., op. cit., vol. IV, Leipzig, 1907, texte n° 194).
84 - H. F. Lutz, Neo-Babylonian Administrative..., op. cit., II, texte n° 24: fait à Uruk en l’an 26 de Nabuchodonosor II (= 579).
85 - G. Contenau, Contrats néo-babyloniens, II, op. cit., texte n° 198: fait à Babylone en l’an 26 de Darius Ier (= 496).
86 - Xénophon, Anabase, II, 3, 13.
87 - Hérodote, Enquête, I, 185-186. Cf. Briant, Pierre, « L’eau du Grand Roi», in Milano, L. (dir.), Drinking in Ancient Societies. History and Culture of Drinks in the Ancient Near East, Padoue, Sargon srl, 1994, pp. 45–65 Google Scholar.
88 - Les efforts des rois perses pour domestiquer par des barrages de régulation une partie du cours du Tigre ont été interprétés de manière particulièrement négative par les auteurs classiques. Voir, à ce sujet, Briant, Pierre, « Alexandre et les kataraktès du Tigre», Mélanges Ernest Labrousse (= Pallas hors-série), Toulouse, Privat, 1986, pp. 11–22 Google Scholar. On trouve, chez Arrien, la mention de terrains marécageux qui, en 323, auraient interdit à Alexandre d’entrer dans Babylone par l’ouest comme le lui avaient recommandé les Chaldéens, ainsi que le récit d’une visite du Conquérant aux tombeaux lacustres des anciens rois de Babylone, marquée par un présage funeste: Beaulieu, Paul Alain, « Swamps as Burial Places for Babylonian Kings», Notes Assyriologiques Brèves et Utilitaires, 1988, 53 Google Scholar.