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Provincialiser l’empire: Chypre et la Méditerranée ottomane au XIXe siècle

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Marc Aymes*
Affiliation:
Wissenschaftskolleg zu Berlin/Zentrum Moderner Orient

Résumé

D’un côté, l’immense ensemble appelé empire ottoman; de l’autre, infime en comparaison, la localité de Chypre. À l’intersection entre la panoramique globalité venue du « centre » et la singularité irréductible du « savoir local », la province est proposée ici comme outil de compréhension de la géométrie variable du monde ottoman. Provincialiser l’empire vise à éviter l’univocité des paradigmes dichotomiques (où s’opposent, par exemple, centre et périphérie), pour mieux appréhender les flux non congruents qu’il enchevêtre. Ainsi se dessinent les profils démultipliés de personnages qui peuvent être considérés comme autant de figures de l’Ottoman de province.

Abstract

Abstract

On the one hand is an immense entity, called the Ottoman Empire; on the other, dwarfed by comparison, is the locality of Cyprus. Conceived as the intersection between the ‘center”s overarching globality and the irreducible singularity of ‘local knowledge’, the province here becomes a tool kit for understanding the shifting geometry of the Ottoman world. Provincializing empire aims to skirt around paradigmatic dichotomies (such as center vs. periphery), so as to better grasp the non congruent fluxes intertwined within. Hence one perceives the equivocal profiles of figures who appear to epitomize the traits of the Ottoman provincial.

Type
Confins d’empire
Copyright
Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2007

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References

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2 - Kafadar, Cemal, Between two worlds: The construction of the Ottoman state, Berkeley, University of California Press, 1995, p. 97 Google Scholar.

3 - Rappelons que cette appellation n’avait pas cours du temps de cet «empire» même: dans les sources ottomanes il n’est jamais désigné ainsi (jusqu’à ses toutes dernières décennies, au début du XXe siècle), mais plutôt appelé « l’État sublime » (devlet-i ‘aliyye), ou encore les « domaines bien gardés » (memālik-i mahru¯se); les sources des voyageurs ou consuls occidentaux en pays ottoman préfèrent le terme de «Turquie» (non sans en distinguer deux, la « Turquie d’Asie » et la « Turquie d’Europe », en écho à la distinction ottomane entre «Anatolie» et «Roumélie »).

4 - La formule, rappelons-le, aurait pour origine une déclaration du tsar Nicolas Ier à Sir Hamilton Seymour, l’ambassadeur britannique à Saint-Pétersbourg, en 1853: «Nous avons sur les bras [...] un homme très malade » (cité par Paul Dumont, «La période des Tanzîmât (1839-1878) », in Mantran, R. (dir.), Histoire de l’empire ottoman, Paris, Fayard, 1989, p. 459-522 Google Scholar, ici p. 501).

5 - Makdisi, Ussama, The culture of sectarianism: Community, history and violence in nineteenth-century Ottoman Lebanon, Berkeley, University of California Press, 2000, p. 12 Google Scholar. Sauf mention contraire, je suis responsable des traductions pour les citations données ici et ci-après.

6 - Comte D’estourmel, Joseph, Journal d’un voyage en Orient, Paris, impr. De Crapelet, 1844, vol. 1, p. 233 Google Scholar (cité par Bergia, Magali, «Chypre, la mandragore du Levant. Voyageurs et consuls français et britanniques à la fin de la période ottomane (1800-1878)», Paris, thèse de l’École nationale des chartes, 1997, p. 276-277 Google Scholar).

7 - Papadopoullos, Théodore H., «Unité et diversité dans l’histoire de Chypre», in Πραχτιπά του πρώτου διεθνούςς χυπρολοϒιχού συνεδρίου (Λευχωσία 14-19 Απριλιου, Nicosie, Nicolaou and Sons, 1973 Google Scholar, t. III, vol. 1, p. 1-12, ici p. 5.

8 - Ibid., p. 5 et 8.

9 - Ibid., p. 8.

10 - La période ottomane n’est d’ailleurs, dans le texte-manifeste de T. Papadopoullos, l’objet que d’une mention très elliptique, p. 7.

11 - Ibid., p. 1.

12 - Ibid., p. 3.

13 - Geertz, Clifford, Local knowledge: Further essays in interpretative anthropology, New York, Basic Books, [1983] 2000, p. 4 Google Scholar.

14 - Rappelons-en le sous-titre: Mœurs de province.

15 - Un bel exemple dans Larousse, Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Genève/Paris, Slatkine, [1866-1876] 1982, vol. 13, art. « Provincial », p. 332-333 Google Scholar.

16 - Bianchi, Thomas-Xavier, Dictionnaire français-turc à l’usage des agents diplomatiques et consulaires, des commerçants, des navigateurs et autres voyageurs dans le Levant, Paris, Dondey-Dupré, 1843-1846, vol. 2, p. 755 Google Scholar.

17 - Voir SirRedhouse, James W., A Turkish and English Lexicon shewing in English the significations of Turkish terms, Istanbul, Çag˘ri yayinlari, [1890] 2001, p. 1981 Google Scholar: « memleket: 1. Absolute possession, dominion. 2. A dominion, territory, country a province. 3. A town or city ».

18 - Ibid., p. 1240: « tişari, taşra: 1. The outside, exterior. 2. The space outside. 3. The country, the provinces; also, foreign lands ».

19 - Ibid., p. 348: « bedevī: 1. Pertaining to the open country or the desert. 2. (pl. bedeviyūn) An Arab of the wilderness, a Bedouin. (Bedouin is the French corrupt form of Bedeviyyun) ». Le terme s’oppose implicitement à « beledĪ: 1. Of or belonging to a city, town, or village. 2. Civic, civil, municipal, local. 3. An inhabitant, not a stranger; native (to a region). 4. Town-made; esp. certain kinds of silk stuffs of home manufacture; kind of locally-made cotton material », d’où est dérivé « belediyet: 1. The civic, civil, municipal state. 2. Civilization. 3. The condition of a local inhabitant, of a native. 4. The condition of one thoroughly familiar with a place » (ibid., p. 381).

20 - Nuançons toutefois: l’association de la bédouinité au désert (et, partant, au nomadisme) n’est ni systématique ni intemporelle – la fine lecture d’Ibn Khaldûn proposée par Martinez-Gros, Gabriel, Ibn Khaldûn et les sept vies de l’Islam, Arles, Sindbad/Actes Sud, 2006, p. 56-57 Google Scholar, suffit à le montrer. Quant aux relations de ce monde bédouin avec l’urbanité sédentaire, le modèle théorique khaldûnien incite à les penser sur le mode dialectique, plutôt que simplement dichotomique (ibid., p. 75, 116, 233-237). Dans un autre ordre d’idées, et quoique la place manque ici pour examiner la question, on ne peut qu’être tenté d’associer ces représentations avec celles qui prévalaient dans l’empire gréco-romain. Voir Sartre, Maurice, Le Haut-Empire romain. Les provinces de Méditerranée orientale d’Auguste aux Sévères 31 av. J.-C. -235 apr. J.-C., Paris, Le Seuil, [1991] 1997, p. 107 Google Scholar: « La cité restait pour tous le cadre de vie naturel de l’homme civilisé, la vraie patrie de chacun, la seule qui comptât. La promotion d’une communauté indigène au rang de cité marquait son intégration dans le monde civilisé, celui de la culture gréco-romaine dominante. Plus que jamais s’opposaient monde des cités et monde barbare des peuples inorganisés. »

21 - Sir J. Redhouse, A Turkish and English Lexicon. .., op. cit., p. 1240: « tişarilü: 1. Pertaining to the outside, outer. 2. Pertaining to the country, provinces, or foreign parts; provincial; rustic ». Ce savant mélange sémantique se retrouve aujourd’hui, dans l’usage du turc moderne, avec l’emploi du qualificatif « köylü » (littéralement « villageois ») pour railler un individu dont tout – ses habits, ses habitudes – le désigne comme non-urbain. Il n’est cependant pas exclu qu’ait prévalu parmi les lettrés ottomans une acception plus ambivalente, inspirée notamment par la lecture d’Ibn Khaldûn: celle d’un monde dont la violence primordiale fournit l’énergie indispensable à toute régénération de l’État. Voir G. Martinez-Gros, Ibn Khaldûn. .., op. cit., passim.

22 - Corbin, Alain, «Paris-province» in Nora, P. (dir.), Les lieux de mémoire, vol. II, Les France, t. 1, Conflits et partages , Paris, Gallimard, 1992, p. 776-823 Google Scholar, ici p. 777-778.

23 - Concernant la monographie comme genre obéissant à une table des matières prédéfinie, voir Revel, Jacques, «L’histoire au ras du sol», in Levi, G., Le pouvoir au village. Histoire d’un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1989, p. I-XXXIII Google Scholar, ici p. XXV.

24 - Archives du Public Record Office (Kew) [ci-après PRO], FO 78/497, f. 188-204 (« Report on the Produce and Trade of the Island of Cyprus »), en annexe à la lettre n°7 du 26 mai 1842 (f. 186r-v).

25 - Ibid., f. 192v (« Imports in the Custom House of Larnaca, 1841 ») et 194v (« Exports from the Custom House of Larnaca, 1841»): respectivement 42 730 £ (sur un total de 112 055 £) et 11 965 £ (sur 25 377 £).

26 - Ibid., f. 195.

27 - Ibid., f. 193.

28 - Sur ce sujet, voir les remarques de Quataert, Donald, «The Age of Reforms, 1812-1914», in Ihnalcik, H. et Quataert, D. (dir.), An economic and social history of the Ottoman Empire 1300-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 759-943 Google Scholar, ici p. 835.

29 - PRO, FO 78/497, f. 193-195.

30 - Ibid., f. 192v: ces importations de « Brit. manufact. cotton » via l’empire ottoman se montent à 6 000 £.

31 - En particulier les marchands anglais ont fréquemment recours à des armateurs européens ou levantins pour leur commerce – tendance dont, quelques années plus tard, atteste un rapport du consul Niven Kerr: PRO, FO 78/580, f. 166 (Kerr à Aberdeen, n°3, 31 janvier 1844).

32 - Archives du ministère des Affaires étrangères (Paris) [ci-après MAE], CCC, Larnaca, vol. 18, f. 213 (Bottu à de Broglie, n°38, 18 février 1833): « il m’a été impossible de me procurer sur les opérations de Limassol et de quelques autres petites rades des données certaines ».

33 - Archives ottomanes du Bas¸bakanlık (Istanbul) [ci-après BOA], I˙.DH 1871, table annexée au procès-verbal du 3 mai 1841. Ici comme ci-après, pour plus de simplicité, j’indique uniquement l’équivalent grégorien de la date portée (en calendrier de l’Hégire le plus souvent) sur les documents ottomans.

34 - Gaudry, Albert, Recherches scientifiques en Orient entreprises par les ordres du gouvernement pendant les années 1853-1854, et publiées sous les auspices du Ministère de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics. Partie agricole, Paris, Imprimerie Impériale, 1855 Google Scholar: annexe intitulée « Essai d’une carte agricole de l’île de Chypre par MM. A. Gaudry et A. Damour, dressée d’après la carte géographique inédite de M. de Mas Latrie, 1854 ».

35 - PRO, FO 198/13, f. 532v-533 (annexe à la lettre n°8 de Robert Campbell, consul britannique à Rhodes, à Henry L. Bulwer) (en français dans le texte).

36 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 18, f. 214 (Bottu à de Broglie, n°38, 18 février 1833).

37 - Ibid., f. 308v (Guillois à Rigny, n°29, 8 août 1834).

38 - Ibid., f. 214 (Bottu à de Broglie, n°38, 18 février 1833).

39 - BOA, I˙.DH 4279 (s.d., daté au verso: 30 mars 1844). Voir aussi PRO, FO 195/102, f. 458 (lettre à Sir Stratford Canning, n°3, 3 août 1844).

40 - PRO, FO 78/497, f. 202.

41 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 18, f. 214 (Bottu à de Broglie, n°38, 18 février 1833).

42 - BOA, A.DVN 91/74 (visé au verso: 1er septembre 1853).

43 - PRO, FO 78/621, vol. 2, f. 115 (Kerr à Aberdeen, n°11, 1er novembre 1845).

44 - Polanyi, Karl, La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, [1944] 1983, p. 88 Google Scholar.

45 - Genç, Mehmet, « Osmanli Ihmparatorluğunda devlet ve ekonomi », in V. Milletlera-rasi Türkiye sosyal ve iktisat tarihi kongresi. Tebliğer. Marmara Üniversitesi Türkiyat aras¸tirma ve uygulama merkezi, Istanbul 21-25 Ağustos 1989, Ankara, Türk Tarih Kurumu Basimevi, 1990, p. 13-25 Google Scholar.

46 - Doumani, Beshara, Rediscovering Palestine: Merchants and peasants in Jabal Nablus, 1700-1900, Berkeley/Londres, University of California Press, 1995, p. 3 Google Scholar. Le propos de B. Doumani renvoie ici au paradigme de la « peripheralization » de l’empire ottoman. Voir Kasaba, Reşat, The Ottoman empire and the world economy: The nineteenth century, New York, State University of New York Press, 1988 Google Scholar.

47 - B. Doumani, Rediscovering Palestine. .., op. cit., p. 4 (je souligne).

48 - Singer, Amy, Palestinian peasants and Ottoman officials: Rural administration around sixteenth-century Jerusalem, Cambridge Cambridge University Press, 1994, p. 23 CrossRefGoogle Scholar.

49 - Ibid., p. 3.

50 - Arbel, Benjamin et Veinstein, Gilles, «La fiscalité vénéto-chypriote au miroir de la législation ottomane: le qanunnāme de 1572», Turcica, 18, 1986, p. 7-51 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 42-43.

51 - Un travail précurseur sur ce sujet est celui Barkan, d’OÖMer Lütfi, XV ve XVIinci Asirlarda Osmanli Imparatorluğunda Ziraî Ekonominin Hukukî ve Malî Esaslari, t. 1, Kanunlar , Istanbul, Bürhaneddin matbaasi, 1943, voir notamment p. LXIV-LXXI Google Scholar.

52 - L’expression « administrateurs ottomans » est volontairement vague, et devra peutêtre le demeurer (tant les nominations de ces administrateurs eux-mêmes sont problématiques). Il sera question infra des problèmes que cela pose concernant notre compréhension de ce que pourrait être « l’État » ottoman.

53 - Singer, Amy, New perspectives on Turkey, 14, 1996, p. 147 CrossRefGoogle Scholar (recension de B. Doumani, Rediscovering Palestine... ).

54 - Ibid.

55 - Agmon, Iris, Mediterranean Historical Review, 14-2, 1999, p. 110 Google Scholar (recension de B. Doumani, Rediscovering Palestine... ).

56 - B. Doumani, Rediscovering Palestine..., op. cit., p. 217.

57 - Ibid., p. 2: « Towards a history of provincial life in the Ottoman interior ». Ce terme interior, étrange au premier abord, n’est pas expliqué par B. Doumani. On croit comprendre, à la lecture, qu’il marque la volonté d’étudier un arrière-pays provincial (en l’occurrence le Jabal Nablus) à l’écart des grands centres urbains comme Jérusalem ou Damas – ce que B. Doumani appelle ailleurs ironiquement « a periphery’s periphery » (ibid., p. 16).

58 - Hanssen, Jens, Philipp, Thomas et Weber, Stefan, «Towards a New Urban Paradigm», in Id. (dir.), The Empire in the city: Arab provincial capitals in the late Ottoman empire, Würzburg, Ergon Verlag, 2002, p. 1-25 Google Scholar, ici p. 6.

59 - Voir les ouvrages publiés par Wallerstein, Immanuel, World inequality: Origins and perspectives on the world system, Montréal, Black Rose Books, 1975 Google Scholar, ou The capitalist world-economy: Essays, Cambridge/Paris, Cambridge University Press/Éditions de la MSH, 1979 Google Scholar, ainsi que les travaux publiés par le Fernand Braudel Center for the Study of Economies, Historical Systems and Civilizations (Binghamton, N.Y.), qui accueille depuis 1977 la revue Review.

60 - C’est d’ailleurs ce souci de se distancier avec l’approche braudélienne qui motive l’ajout de l’épithète dans l’expression « provincial periphery » utilisée par J. Hanssen, T. Philipp et S. Weber, «Towards a New Urban Paradigm», art. cit., p. 12.

61 - Mardin, Šerif, «Center-periphery Relations, a Key to Turkish Politics?», Daedalus, 102, 1973, p. 169-190 Google Scholar.

62 - S¸. Mardin parle de « la périphérie – au sens des provinces », ce qui suppose qu’un autre sens est possible (ibid., p. 182). Au demeurant, comme A. Singer ou B. Arbel et G. Veinstein cités plus haut, l’auteur souligne combien la périphérie provinciale se définit par le pragmatisme administratif des conquérants ottomans (ibid., p. 171).

63 - Ibid., p. 170.

64 - Ibid., p. 175 et 179.

65 - Ibid., p. 172-173 et 183.

66 - Par où l’on retrouve à nouveau, sous la forme d’une dichotomie simplifiée plutôt que d’une dialectique élaborée, la séparation du bédouin et du sédentaire proposée par Ibn Khaldûn: voir G. Martinez-Gros, Ibn Khaldûn..., op. cit.

67 - La formulation la plus nette de cette perspective est offerte, dans un registre proche de Š. Mardin, par l’essai de définition proposé par Heper, Metin, «Center and periphery in the Ottoman Empire, with special reference to the nineteenth century», International Political Science Review, 1-1, 1980, p. 81-105 CrossRefGoogle Scholar, ici n. 1, p. 99: « ‘Centre’ renvoie ici à ces groupes qui s’emploient à faire valoir l’autonomie et la suprématie de l’État dans le système politique; ‘périphérie’ renvoie à ceux qui tentent d’échapper à la régulation de l’État. »

68 - J. Hanssen, T. Philipp et S. Weber, «Towards a New Urban Paradigm», art. cit., p. 12. Les auteurs s’inscrivent en faux contre la définition proposée quelques années plus tôt par Itzkowitz, Norman et Mote, Max, Mubadele: An Ottoman-Russian exchange of ambassadors, Chicago/Londres, The University of Chicago Press, 1970, p. 11 Google Scholar: « Nous utilisons le mot Ottoman pour désigner ceux qui avaient obtenu un statut de supériorité au sein de la société, en se mettant au service de la religion (par la pratique de l’islam), en se mettant au service de l’État (par la détention d’un office qui leur assurait une rétribution publique et un statut fiscal privilégié), et en étant au fait du mode de vie ottoman (par l’usage de la langue turque ottomane et la conformité avec les us et coutumes de la société qui utilisait le turc ottoman). »

69 - Ces études sont marquées par une référence commune aux travaux Hourani, d’Albert, notamment «Ottoman reforms and the politics of notables », in Polk, W. R. et Chambers, R. L. (dir.), Beginnings of modernization in the Middle East: The nineteenth century, Chicago/Londres, The University of Chicago Press, 1968, p. 41-68 Google Scholar. Pour un aperçu bibliographique, on peut se référer à Khoury, Philip S., «The urban notables paradigm revisited», Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 55-56, 1990, p. 215-228 CrossRefGoogle Scholar.

70 - A. Hourani, «Ottoman reforms...», art. cit., p. 48.

71 - Une première ébauche de ce qui suit a été présentée lors du colloque « Les îles grecques: centres et périphéries » (ENS Paris, 11-12 mars 2004), sous le titre: « Chypre au XIXe siècle: une vie provinciale ottomane », puis à la session d’études doctorales « Pouvoirs et territoires en Turquie contemporaine » tenue à Istanbul du 14 au 20 juin 2004. Je remercie les participants pour leurs commentaires critiques.

72 - En 1822-1827, 1833-1838 et quelques mois en 1841-1842. Voir SirHill, George F., A History of Cyprus, vol. IV, The Ottoman province – The British colony, 1571-1948 [éd. par SirLuke, Harry], Londres, Cambridge University Press, [1952] 1972, p. 149 Google Scholar, 173, 183, et Dionyssiou, George, «The implementation of theTanzimat reforms in Cyprus (1839-1878). Anassessment of the Greek and Ottoman evidence from local sources», Master of Letters, Université de Birmingham, 1995, p. 81 Google Scholar. Tous deux se réfèrent principalement à la source secondaire qu’est la revue Κυπριαχά Χρονιχά (Chronique chypriote, ci-après K.X. ), publiée entre 1923 et 1937 à Larnaca, en particulier à l’initiative d’un médecin de la ville, Neoclis G. Kyriazis. Les informations de la revue ont fréquemment pour source des documents consulaires français; elles sont en outre souvent confirmées par les indices disponibles au sein des archives ottomanes.

73 - BOA, I˙.DH 1525 (daté au verso: 13 février 1841).

74 - Süreyyā, Mehmed, Sicill-i ‘Osmānī yāhüd Tezkire-imeşāhir-i ‘Osmāniyye [Registre ottoman, ou Mémorial des Ottomans fameux], éd. par Aktan, A., Yuvali, A. et Keskin, M., Istanbul, Sebil, [1890-1891] 1995-1998, vol. IV-1, p. 291 Google Scholar.

75 - Voir Encyclopédie de l’Islam, Leyde/Paris, Brill/Maisonneuve et Larose, [1960] 1986, s.v. « Agha »; Islam Ansiklopedisi, Ankara, MEB, 1979, s.v. « Ağa »; Türkiye Diyanet Vakfi Islâm Ansiklopedisi, Istanbul, Türkiye Diyanet Vakfi, 1988-2006, s.v. « Ağa»; Pakalin, Mehmet Zeki, Osmanli Tarili deyimleri ve terimleri sölü’ğü, Istanbul, Milli Eğitim Basimevi, 1, 1946, p. 21-22 Google Scholar; Sakaoğlu, Necdet, Tanzimat’tan Cumhuriyet’e tarih sözlü’ğü’, Istanbul Iletişim Yayinlari, 1985, p. 7 Google Scholar.

76 - Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., p. 184; G. Dionyssiou, «The implementation of the Tanzimat reforms...», op. cit., p. 81 (tous deux d’après K.X.).

77 - Barbir, Karl, «From pasha to efendi: the assimilation of Ottomans into damascene society, 1516-1783», International Journal of Turkish Studies, 1-1, 1979-1980, p. 68-83 Google Scholar, ici p. 69.

78 - Contrairement à un autre aġa de la région de Trabzon dans les mêmes années, dont les titres successifs marquent l’ascension politique: voir Meeker, Michael E., A nation of empire: The Ottoman legacy of Turkish modernity, Berkeley University of California Press, 2002, p. 223 CrossRefGoogle Scholar.

79 - Efendi, Topal Ahmed Rifat, Devhatü’n-nukabā [Le verger des doyens], Istanbul, Karahisārī Es’ad Efendi, 1866, p. 59 Google Scholar.

80 - Ibid.

81 - Burton, Nathanael, Narrative of a voyage from Liverpool to Alexandria, touching at the island of Malta, and from thence to Beirout in Syria; with a journey to Jerusalem, voyage from Jaffa to Cyprus and Constantinople and a pedestrian journey from Constantinople, through Turkey, Wallachia, Hungary, and Prussia, to the town of Hamburgh, in the years 1836-37, Dublin, John Yates, 1838, p. 166 Google Scholar.

82 - Voir Marcus, Abraham, The Middle East on the eve of modernity: Aleppo in the eighteenth century, New York, Columbia University Press, 1989, p. 71 Google Scholar: à Alep, « les aghas comprenaient des officiers militaires, des agents du gouvernement, des fermiers fiscaux et des marchands ».

83 - MAE, CPC, Turquie, Consulats divers, vol. 1, f. 286v-287 (Bottu à Sebastiani, n°6, 21 décembre 1831).

84 - Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., p. 143.

85 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 18, f. 251 (Guillois à de Broglie, n°5, 2 novembre 1833).

86 - BOA, I˙.DH 4279 (date au verso: 30 mars 1844).

87 - PRO, FO 78/580, f. 167 (Kerr au comte d’Aberdeen, n°3, 31 janvier 1844) (cité par Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., n. 7 p. 170-171).

88 - Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., n. 2 p. 184, se fait l’écho de l’information selon laquelle cette fortune « se monterait à 40 000 000 de piastres (plus de 400 000 £) ». Il n’en précise ni la source ni la date. Le taux de change donné à la piastre permet néanmoins de situer cette dernière dans les années 1830: voir Pamuk, Ševket, A monetary history of the Ottoman empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 191 Google Scholar.

89 - M. E. Meeker, A nation of empire..., op. cit., p. 173.

90 - Schilcher, Linda Schatkowski, Families in politics: Damascene factions and estates of the 18th and 19th centuries, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1985, p. 32 Google Scholar.

91 - M. Šüreyyā, Sicill-i ‘Os am ānī..., op. cit., vol. IV/1, p. 291; K.X., X, 1934, p. 29, cité par Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., n. 1 p. 184.

92 - Voir MAE, CCC, Larnaca, vol. 16, f. 344v (Méchain, 28 juin 1823): «un nouveau Gouverneur est attendu; c’est un homme de Chypre à qui j’ai rendu autrefois un très grand service » (la date de la lettre permet d’identifier ce gouverneur avec Mehg med Aga). A l’inverse, le missionnaire américain présent à Chypre à la fin des années 1830, Lorenzo Warriner Pease, relate dans le manuscrit inachevé de ses Researches in Cyprus que Mehg med Aga était « natif de Syrie, de la ville d’Alep je crois » (cité in Severis, Rita C. (éd.), The diaries of Lorenzo Warriner Pease: An American missionary in Cyprus and his travels in the Holy Land, Asia Minor and Greece, Aldershot/Burlington, Ashgate, 2002, n. 73, p. 157 Google Scholar; voir p. XLVI pour des précisions sur le manuscrit en question).

93 - Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., p. 184.

94 - Ali Suha, «Turkish Education in Cyprus», in Πραχτιχά ..., op. cit., 1973, p. 355-375, ici p. 358: Mehg med Aga dote ainsi, en 1826, une école religieuse (medrese) de Famagouste.

95 - Barbir, Karl, Ottoman rule in Damascus, 1708-1758, Princeton/Guilford, Princeton University Press, 1980, p. 58 CrossRefGoogle Scholar.

96 - Exception faite, on l’a vu, du cas de Tırnova où, selon M. Saüreyyā, il aurait été mütesellim avant sa prise de fonctions à Chypre en 1822.

97 - BOA, I.MVL 476 (date au verso: 30 septembre 1841).

98 - Türkiye Diyanet Vakfı Islâm Ansiklopedisi, s.v. « Kapıcı », p. 346. Les aga régionaux étudiés par M. E. Meeker connaissent, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, cette même intégration par le titre honorifique de portier impérial (k g apıcıbas¸ı): op. cit., p. 215, 222. Quant au titre de mütesellim, porté par Mehg med Aga à Tırnova puis à Chypre, selon M. Süreyyā il pourrait donner lieu à une analyse similaire: Kunt, Metin, The sultan’s servants: The transformation of Ottoman provincial government, 1550-1650, New York/Guilford, Columbia University Press, 1983, p. 98 Google Scholar, suggère que le terme était plutôt appliqué, dans la première moitié du XVIIe siècle, à des membres des « élites locales – et non officielles » avec lesquels les gouverneurs ottomans se trouvent obligés de composer.

99 - Voir M. E. Meeker, A nation of empire..., op. cit., p. 214-223.

100 - BOA, İ.DH 4279 (daté au verso: 30 mars 1844). Cette direction a été créée lors de la réorganisation des écuries, en 1837: voir M. Z. Pakalin, Osmanlı Tarih deyimleri..., op. cit., 2, 1951, p. 8; Türkiye Diyanet Vakfı Islâm Ansiklopedisi, s.v. « Istabl ».

101 - Voir encore BOA, İ.DH 4279 cité supra. Le terme, d’après le dictionnaire de Sir J. Redhouse, A Turkish and English Lexicon..., op. cit., p. 1298, est utilisé à l’égard d’officiers militaires de grade intermédiaire, ou de fonctionnaires civils de rang équivalent.

102 - Bey, Abdülaziz, Osmanli Ådet, Merasim ve Tabirkri, éd. par Arisan, K. et Günay, D. Arisan, Istanbul, Tarih Vakfi Yurt Yayinlari, [1995] 2000, p. 257 Google Scholar. Le mot « Kibrisli » signifie littéralement « de Chypre »: il tend donc à corroborer les indices cités précédemment concernant la « localisation » (sinon les origines) du personnage.

103 - BOA, İ.DH 1525 (visé au verso en date du 13 février 1841).

104 - Pour mémoire: au milieu du siècle, le traitement mensuel versé au gouverneur de Chypre varie, selon son titre, entre 15 000 (pour un efendi) et 40 000 piastres (pour un pasa) (soit 4 000 à 10 000 francs de l’époque environ) (d’après MAE, CPC, Turquie, Larnaca, vol. 1, f. 37: lettre de Tastu, 4 août 1850).

105 - Aucune trace du « palais » en question n’est recensée par Erdenen, Orhan, Boğaziçi Sahilhaneleri, Istanbul Istanbul Büyükşehir Belediyesi Kültür Isşleri Dairesi Başkanliği Yayinlari, 1994 Google Scholar.

106 - Cette possibilité est corroborée par la ségrégation sociale dont Kuruçeşme semble être le théâtre à cette époque. Voir Istanbul Ansiklopedisi, s.v. « Kuruçeşme ».

107 - A. Marcus, The Middle East..., op. cit., p. 62. Concernant l’évolution des eşrāf au XIXe siècle, lire notamment L. Schatkowski Schilcher, Families in politics..., op. cit., p. 124-125.

108 - Voir BOA, I.MVL 1203 (s.d. [env. 1844-45]): mention est faite d’«impôts extraordinaires » (‘avārtz) perçus sur la population musulmane de Chypre, sur la base de sept piastres et demi par personne pour les seyyid et les membres de la classe militaire, et de dix-huit piastres et demi pour les autres. Pour des précisions sur le statut des seyyid, voir Saricik, Murat, Osmanli Imparatorluğu ’nda Nakîbül-eşrâflik Müessesesi, Ankara Türk Tarih Kurumu, 2003, p. 86-120 Google Scholar.

109 - T. A. Rif’at Efendi, Devhatü’n-nukabā, op. cit., p. 59. « Sürefā », pluriel arabe de »şerif » (qui signifie « sacré », « noble »), est l’équivalent arabophone du terme « esrāf », consacré par l’usage turcophone.

110 - BOA, İ.DH 4333 (daté au verso: 29 avril 1844).

111 - Voir Zilfi, Madeline C., The politics of piety: The Ottoman ulema in the Postclassical Age (1600-1800), Minneapolis Bibliotheca Islamica, 1988 Google Scholar.

112 - Pappé, Ilan, «The ‘Politics of Notables’ to the ‘Politics of Nationalism’: The Husayni Family, 1840-1922 », in Pappé, I. et Ma’oz, M. (dir.), Middle Eastern politics and ideas: A history from within, Londres/New York, Tauris Academic Studies, 1997, p. 163-207 Google Scholar, ici p. 164.

113 - Le missionnaire américain L. W. Pease a consigné dans ses Researches in Cyprus (à la fin des années 1830) une courte note biographique qui vaut d’être citée intégralement, en ce qu’elle synthétise cette complexité et y ajoute des détails supplémentaires, sans réellement en amoindrir les points aveugles: « C’est un natif de Syrie, de la ville d’Alep, je crois. Dans sa jeunesse, il devint le serviteur d’un très riche marchand turc. Après le décès de son maître, il épousa la veuve et devint ainsi propriétaire de ses biens; devenu marchand lui-même, il augmenta son capital et fut parfois envoyé à Constantinople pour assurer le renouvellement de certains gouverneurs dans leurs fonctions; au bout du compte, ayant veillé à son propre intérêt davantage qu’à celui de ses employeurs, il revint à Chypre en tant que gouverneur. Il occupa le poste quatre ans de suite, avant d’être nommé à d’autres fonctions par le Sultan, puis à nouveau gouverneur six ans durant. En 1838, la charge lui fut à nouveau retirée et, le Sultan ayant appris qu’il était très riche, il fut mandaté pour la construction, à ses frais, de certains importants bâtiments publics à Constantinople. On estime sa fortune à environ 2 000 000 $. Le Sultan l’appelle le Gouverneur d’Or. Il a quitté Chypre accusé d’avoir extorqué aux Grecs 10 millions de piastres en sus de l’impôt statutaire » (cité in R. C. Severis (éd.), The diaries..., op. cit., p. 157-158).

114 - Brown, Peter, Pouvoir et persuasion dans l’Antiquité tardive. Vers un Empire chrétien, Paris, Le Seuil, [1992] 2003, p. 40 Google Scholar.

115 - On pourra se reporter au tableau des gouverneurs ottomans de Chypre à l’époque, établi en annexe de Aymes, Marc, «L’Accent de la province. Une histoire des réformes ottomanes à Chypre au XIXe siècle», thèse de doctorat, Université Aix Marseille 1, 2005, p. 611-622 Google Scholar.

116 - Aux cas d’étude sollicités précédemment pourraient être notamment adjoints les parcours d’Ibrahīm Kāhya al-Kazdagli ( Hathaway, Jane, The politics of households in Ottoman Egypt: The rise of the Qazdağlis, Cambridge, Cambridge University Press, 1997 Google Scholar) et de Stephanos Vogorides (au sein du «complexe phanariote» passé au crible par Philliou, Christine, «Worlds, old and new: Phanariot networks and the remaking of Ottoman governance in the first half of the nineteenth century», Ph. D., Princeton University, 2004 Google Scholar, ou encore celui du « quintessential gentry-pasha – ‘both a man of the state (rical-i hükümet) and native of the region (ahali buldan)‘ » retracé par Salzmann, Ariel, Tocqueville in the Ottoman empire: Rival paths to the modern state, Boston, Brill, 2004, p. 163-169 Google Scholar, ici p. 165. On pourra aussi se reporter à la synthèse historiographique offerte par Faroqhi, Suraiya, «Coping with the central state, coping with local power: Ottoman regions and notables from the sixteenth to the early nineteenth century », in Adanir, F. et Faroqhi, S. (dir.), The Ottomans and the Balkans: A discussion of historiography, Leyde/Boston/Cologne, Brill, 2002, p. 351-381 Google Scholar.

117 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 15, f. 177 (Regnault au duc de Bassano, 24 décembre 1811). Je remercie Louis Lapierre, descendant de Georges, de m’avoir signalé ce document, ainsi que plusieurs autres cités ci-après.

118 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 16, f. 226-227 (liste des Français et protégés de France établis à Chypre, en annexe à la lettre n°2 du consul Méchain au ministre des Affaires étrangères, 8 avril 1820).

119 - Les actes de baptême et de mariage de G. Lapierre sont conservés dans les registres (en latin) de l’église catholique Saint-Pierre et Saint-Paul de Galata, à Istanbul. D’après Ioannes Philemon, Δοχίμίον τστοριχόν περί της Ελληνιχής εχαναστάσεως [Dokimion istorikon peri tis Ellinikis epanastaseôs], Athènes, Éditions P. Soutsa et A. Ktena, 1859-1861, vol. 3, p. 258-262 (cité par Cobham, Claude Delaval, Excerpta Cypria: Materials for a history of Cyprus, Cambridge, Cambridge University Press, 1908, p. 467 Google Scholar), la famille de G. Lapierre lui-même serait également originaire de Syros.

120 - Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., p. 138-141.

121 - Ibid., p. 141.

122 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 18, f. 327 (Vasse de Saint Ouen, n°2,13 novembre 1834).

123 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 16, f. 226-227 (Méchain, n°2, 8 avril 1820).

124 - Ibid., f. 330 (Méchain, n°34, 6 février 823). Jérôme Méchain précise que le consul de France à Acre (et ancien consul à Chypre), nommé Regnault, est également impliqué dans ces « spéculations irrégulières et inconvenantes ».

125 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 17, f. 156 (lettre n°25 du Quai d’Orsay, 3 décembre 1827); voir aussi Sir G. F. Hill, A History of Cyprus..., op. cit., p. 138. Les modalités exactes de ce monopole restent à définir. Dans sa lettre (n°2) du 2 juillet 1829 (ibid., f. 172), le consul Méchain fait en outre allusion à un « monopole des cotons et des soies de Chypre», dont G. Lapierre aurait assuré le bénéfice à une maison de commerce marseillaise jusqu’à la mi-1828. Concernant Mattei et Hū¯rşīd Aga, voir Aymes, Marc, « ‘Chypre à la Turque’: frontières et territoires d’une province ottomane au XIXe siècle», Cahiers du Centre d’Études Chypriotes, 34, 2004, p. 135-154 CrossRefGoogle Scholar; et Id., « Lin-coton: l’étoffe d’une communauté partagée », Labyrinthe, 21, 2005, p. 111-120.

126 - BOA, ML. VRD. TMT. d 16153, recensement foncier ottoman (1832-1833), p. 182: à Limyā et ses environs (autour des villages d’Ih psoz et Ihstilloz), le çiftlik de « Yorgī Lāpiyer » (aussi appelé « Hoca Lābyār »), protégé de France, est évalué à 62 520 piastres.

127 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 17, f. 172 (Méchain à Portalis, n°2, 2 juillet 1829).

128 - Information obtenue par le consul de France A. Vasse de Saint Ouen lors d’un entretien avec le gouverneur de Chypre, Mehg med Aga toujours: MAE, CCC, Larnaca, vol. 18, f. 327v (n°2, 13 novembre 1834).

129 - Ibid., f. 114 (Bottu à Sebastiani, n°13, 8 septembre 1832).

130 - MAE, CCC, Larnaca, vol. 19, f. 146 (Clairambault à Thiers, 27 avril 1840).

131 - D’où parfois la tentation de remplacer administration par des termes tels que gouvernementalité ou gouvernance: voir respectivement Jens Hanssen, «Practices of integration – Center-periphery relations in the Ottoman empire», in J. Hanssen, T. Philipp et S. Weber (dir.), The Empire in the city..., op. cit., p. 49-74, ici p. 57, et C. Philliou, «Worlds, old and new: Phanariot networks...», op. cit., p. 3.

132 - K. Barbir, «From pasha to efendi...», art. cit., p. 69 et 70 et Salzmann, Ariel, «An Ancien Régime revisited: ‘privatization’ and political economy in the eighteenth-century Ottoman empire», Politics and Society, 21-4, 1993, p. 393-423 CrossRefGoogle Scholar, ici n. 7, p. 413.

133 - Concernant « l’historicité radicale [du] mode de gouvernement de la société » qu’est l’administration, voir Descimon, Robert, Schaub, Jean-Frederic et Vincent, Bernard, «Avant-propos», Les figures de l’administrateur. Institutions, réseaux, pouvoirs en Espagne, en France et au Portugal 16e-19e siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1997, p. 7-16 Google Scholar, ici p. 16.

134 - Ze’evi, Dror, An Ottoman century: The district of Jerusalem in the 1600s, Albany, State University of New York Press, 1996, p. 5 Google Scholar.

135 - Thomas Philipp, «Acre, the first instance of changing times», in J. Hanssen, T. Philipp et S. Weber (dir.), The Empire in the city..., op. cit., p. 77-92, ici p. 86.

136 - Telle est la proposition de Michael Ursinus, «In search of the homo ottomanicus. The cases of Nikola Pop Stefanoff and sheykh Shemsuddin from ottoman Macedonia (ca. 1780-1840)», in M. Anastassiadou et B. Heyberger (dir.), Figures anonymes, figures d’élite: pour une anatomie de l’ homo ottomanicus, Istanbul, Isis, 1999, p. 21-34, ici p. 25.

137 - Hourani, Albert, The emergence of the modern Middle East, Londres, Macmillan, 1981 CrossRefGoogle Scholar, p. XVI.

138 - Faroqhi, Suraiya et Fleischer, Cornell, «Preface», in Abou-El-Haj, R., Formation of the modern state: The Ottoman Empire, sixteenth to eighteenth centuries, Albany, State University of New York Press, 1991, p. IX-XVII Google Scholar, ici p. X.

139 - D’après Ilbert, Robert, Alexandrie 1830-1930. Histoire d’une communauté citadine, Le Caire, IFAO, 1996, p. 97 Google Scholar.

140 - Laurens, Henry, L’Orient arabe. Arabisme et islamisme de 1798 à 1945, Paris, Armand Colin, 1993, p. 34-35 Google Scholar.

141 - Zachariadou, Elizabeth, «Préface», in Id. (dir.), The Kapudan Pasha, his office and his domain, Rethymnon, Crete University Press, 2002, p. XIV Google Scholar.

142 - Hourani, Albert, «The changing face of the Fertile Crescent in the XVIIIth century», Studia Islamica, 8, 1957, p. 89-122 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 92.

143 - Ma réflexion est nourrie, sur ce point, du « modèle en pluralité » (pattern in plurality) mis en œuvre par Fredrik Barth, Balinese Worlds, Chicago/Londres, University of Chicago Press, 1993, p. 310 – auquel est également empruntée l’expression « désordre considérable » (p. 102).

144 - W. R. Polk et R. L. Chambers (dir.), Beginnings of modernization..., op. cit., p. 2.

145 - Conférence d’ouverture de M. Nicolas Vatin directeur d’études: Études ottomanes (XVe-XVIIIe siècles), 10 novembre 2000, Paris, EPHE, Section des sciences historiques et philologiques, 2001, p. 54-55 Google Scholar.

146 - J. Hanssen, T. Philipp et S. Weber, «Towards a new urban paradigm», art. cit., p. 4.

147 - Ehud R. Toledano, «The emergence of Ottoman-local elites (1700-1900): A framework for research», in I. Pappe et M. Ma’oz (dir.), Middle Eastern politics..., op. cit., p. 145-162, ici p. 148 (souligné dans l’original). Nous retrouvons cette conceptualisation dans J. Hanssen, T. Philipp et S. Weber, « Towards... », art. cit., p. 12.

148 - K. Barbir, «From pasha to efendi...», art. cit., p. 68.