Hostname: page-component-cd9895bd7-jkksz Total loading time: 0 Render date: 2024-12-27T21:22:25.840Z Has data issue: false hasContentIssue false

Résumés / Abstracts

Published online by Cambridge University Press:  22 December 2022

Rights & Permissions [Opens in a new window]

Abstract

Type
Résumés / Abstracts
Copyright
© Éditions de l’EHESS

Masha Cerovic

Familles et patries en guerre. Retisser la loyauté des combattants soviétiques (1941-1945)

L’article se penche sur les ressorts des mobilisations combattantes en URSS pendant la « Grande Guerre patriotique » de 1941-1945, en questionnant l’existence d’un patriotisme russe ou soviétique des masses en 1941. Il analyse la pluralité des discours patriotiques déployés par les acteurs ainsi que leur résonance, ou non, parmi les populations. Pour ce faire, il envisage le patriotisme comme une forme d’organisation sociopolitique et examine dans cette perspective les reconfigurations des liens sociaux, en particulier familiaux, durant la guerre. Le lien familial est appréhendé comme une ressource et un levier de mobilisation et de désengagement, dont les transformations sont consubstantielles à l’émergence de communautés imaginées en armes. La relation entre guerre et nation est ainsi interrogée à la lumière du cas de la « mère patrie » russe ou soviétique des années 1940.

Families and Motherlands at War: Reweaving Soviet Combatants’ Loyalty (1941-1945)

This article explores the motives behind combat mobilizations in the Soviet Union during the “Great Patriotic War” of 1941-1945, focusing in particular on the existence of Russian or Soviet mass patriotism in 1941. It analyses the plurality of patriotic discourses formulated by various actors and their echo, or lack thereof, among the population. In so doing, it considers patriotism as a form of sociopolitical organization, then uses that prism to examine the reconfiguration of social relations, especially familial ones, during the war. Familial relations are analyzed as a resource, a lever of both mobilization and disengagement, whose transformations were essential to the emergence of imagined communities at war. The case of the Russian or Soviet “motherland” in the 1940s is thus used to interrogate more broadly the link between nation and war.

Malika Rahal et Fabrice Riceputi

La disparition forcée durant la Guerre d’Indépendance algérienne. Le projet Mille autres, ou les disparus de la « bataille d’Alger » (1957)

Cet article s’intéresse à la question de la disparition forcée employée par les parachutistes français durant la « bataille d’Alger » en proposant un bilan réflexif du projet Mille autres. Celui-ci s’appuie sur la découverte archivistique unique de quelque 850 fiches attestant les recherches de disparus par leurs familles dès 1957. C’est la première fois qu’une telle liste de noms est découverte dans le contexte de la Guerre d’Indépendance algérienne. Elle a permis un appel à témoin non seulement pour identifier les disparus et prendre contact avec leurs familles, mais aussi pour mener une première série d’entretiens avec des proches de disparus et entreprendre ainsi une histoire avec témoin(s). Le présent article analyse la source elle-même, puis présente les premiers résultats de la recherche. Le projet laisse d’ores et déjà entrevoir la possibilité d’une connaissance de l’événement qui, au-delà d’une approche par le système répressif et ses perpétrateurs, intègre également les victimes de la disparition forcée et leurs familles. Une telle démarche, intégrée au tissu de la ville d’Alger et dessinée à la fois par les trajectoires migratoires et socio-professionnelles des familles et par le monde du travail, rend à l’événement sa dimension sociale.

Forced Disappearance during the Algerian War of Independence: The Mille autres Project and the Disappeared of the “Battle of Algiers” (1957)

This article focuses on forced disappearance as employed by French paratroopers during the “Battle of Algiers,” offering a critical assessment of the research project Mille autres (A Thousand Others). This initiative was a reaction to the discovery of 850 individual files relating to the searches carried out, from 1957 on, by family members of the men and women arrested by the paratroopers. Such a list of names was unprecedented, and enabled a call for witnesses that led not only to the identification of the disappeared but also to interviews with several families and the beginning of a witness-based history. It is this resource and the first results of the research based on it that are presented here. The ongoing project is already opening up ways of understanding the event that go beyond the study of a repressive system and its perpetrators to integrate the victims of forced disappearance and their families. This approach, which highlights the socio-professional and migratory itineraries of the families and their economic integration into the urban fabric of Algiers, anchors the event in its social dimension.

Philipp Höhn

La « lutte contre les pirates » comme paradigme. Conflit, concurrence et criminalisation à Lübeck et dans le commerce nord- européen aux xve et xvie siècles

Cet article s’intéresse à l’émergence du paradigme de la « piraterie » et de la « lutte contre les pirates » chez les élites urbaines de Lübeck aux xve et xvie siècles. À la suite d’études récentes sur la gestion de conflits maritimes ayant interrogé l’usage analytique du terme « piraterie », il montre que des villes comme la hanséatique Lübeck ont instrumentalisé le discours sur la « piraterie » afin de criminaliser et de marginaliser leurs adversaires et concurrents dans le cadre d’une transformation économique structurelle. Grâce à une lecture attentive des documents des Bergenfahrer de Lübeck, une corporation de marchands commerçant avec la Norvège, l’auteur révèle comment les acteurs ont utilisé ce concept pour justifier leur propre violence : en présentant celle-ci comme une lutte contre de prétendus pirates, ils entendaient stabiliser leurs identités de groupe. La « lutte contre les pirates » est ainsi devenue paradigmatique pour les élites urbaines telles que les Bergenfahrer, représentant leur cohésion sociale en tant que communautés de violence.

“Fighting Pirates” as a Paradigm: Conflict, Competition, and Criminalization in Fifteenth- and Sixteenth-Century Lübeck and the Northern European Trade

This article analyzes the emergence of the paradigm of “piracy” and “fighting pirates” among the urban elites of Lübeck in the fifteenth and sixteenth centuries. While recent studies of maritime conflict management in this period have questioned the analytical use of the term “piracy,” this study shows that towns such as the Hanse city of Lübeck instrumentalized a discourse on “piracy” in order to criminalize and marginalize their opponents and competitors at a moment of structural economic change. A close reading of the records of the Lübeck Bergenfahrer, a corporation of merchants trading to Norway, demonstrates how this concept was mobilized to justify actors’ own violence as a struggle against so-called pirates and thus to stabilize group identities. The notion of “fighting pirates” gradually became a paradigm for urban elites such as the Bergenfahrer, representing their social coherence as communities of violence.

Maria Fusaro

Mourir en mer en Méditerranée. La succession intestat et l’héritage de biens meubles sur les navires vénitiens au xviie siècle

Cet article s’intéresse à la succession ab intestat au sein de la République de Venise comme un moyen d’analyser l’interaction entre la procédure juridique et l’économie politique. En se concentrant sur les personnes décédées ab intestat à bord de navires vénitiens et en replaçant les règles de ces successions dans le contexte de l’économie politique de la République, il défend l’importance des biens meubles en termes économiques et sociaux. Ce faisant, il examine la manière dont les règlements et les procédures concernant les successions intestats étaient conçus pour protéger les réseaux de crédit et les intérêts commerciaux, des négoces de riches marchands jusqu’aux transactions à petite échelle de marins et de gens de mer, en nous intéressant aussi à la manière dont cela affectait leurs épouses. L’essai soutient que Venise utilisait la réciprocité dans ces domaines comme un moyen de soutenir ses objectifs économiques. Enfin, il suggère comment cette source documentaire peut permettre à de futures recherches de réévaluer la richesse matérielle des marins dans la Méditerranée du xviie siècle et leurs activités de micro-entrepreneurs.

Death at Sea in the Mediterranean: Intestate Succession and Movables Inheritance on Venetian Ships in the Seventeenth Century

This article considers intestate succession within the Republic of Venice as a way to ana- lyze the interaction between legal procedure and political economy. By focusing on those who died intestate while on Venetian ships, and contextualizing intestate succession rules within the political economy of the Republic, it argues for the importance of mobile wealth in both economic and social terms. In so doing, it discusses the ways in which regulations and procedures concerning intestate succession were designed to protect credit networks and trade interests, from the dealings of rich merchants to the small-scale transactions of seamen and seafarers, commenting also on how this affected their wives. The essay argues that Venice utilized reciprocity in these matters as a way to support its economic goals. Finally, it suggests how this documentary evidence can enable future research to reevaluate the material wealth of seamen in the seventeenth-century Mediterranean and their micro- entrepreneurial activities.