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Sorcellerie, culture populaire et christianisme au XVIe siècle, principalement en Flandre et en Artois*

Published online by Cambridge University Press:  06 September 2021

Robert Muchembled*
Affiliation:
Université de Lille

Extract

La principale difficulté, pour qui cherche à étudier la sorcellerie du xvie et du xvne siècle dans son état brut, réside dans l'inadéquation des sources à cet objectif : les sorciers n'ont laissé de relations que traduites par leurs juges, maîtrisées et réparties par ceux-ci dans des formulaires soigneusement préparés par leurs prédécesseurs depuis la fin du Moyen Age. Nous connaissons surtout la sorcellerie réprimée,et nous l'analysons volontiers comme un « crime » contre la société . A la suite de Jules Michelet, certains auteurs nomment encore la sorcière « fille de la misère », et en font une révoltée sociale . D'autres nuancent ce point de vue en qualifiant les sorciers de refoulés sociaux . Pourtant, la sorcellerie ne me paraît pas, avant le dernier tiers du xvie siècle, une étrangère ou une intruse.

Type
Pratiques et Cultures
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973 

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Footnotes

*

Cet article doit beaucoup à Bernard Delmaire, assistant d'Histoire du Moyen Age à l'Université de Lille III, et à Pierre Deyon, président de cette Université. Tous deux ont accepté de lire le manuscrit et m'ont fait part de nombreuses critiques et suggestions qui m'amenèrent à modifier le texte sur bien des points. Je les remercie vivement pour ces incitations.

J'adresse également mes remerciements à Jean-Pierre Chrétien, assistant d'Histoire Contemporaine à l'Université de Lille III, qui m'a fait profiter de ses connaissances sur la sorcellerie africaine. Enfin, je n'aurai garde d'oublier Jean Delumeau, professeur à l'Université de Paris I et directeur d'études à la VIe Section de l'E.P.H.E. Son enseignement, depuis trois ans, m'a éveillé aux problèmes que je traite dans cet article. La première partie, en particulier, est une application régionale de quelques thèmes d'enquête suggérés par lui.

Il va de soi, néanmoins, que j'assumerai l'entière responsabilité des opinions émises ci-dessous.

References

Notes

1. Le Nouveau Commerce, n° 17 (automne 1970), pp. 107-133, présente un «Manuel des inquisiteurs », traduction française réalisée en 1762 du Manuel de Nicolas Evmeric (XIVe siècle).

2. Principaux travaux récents sur la question : Mandrou, Robert, Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle. Une analyse de psychologie historique, Paris, Pion, 1968, in-8°, 583p.Google Scholar(Coll. Civilisations et mentalités) ; Carlo Ginzburg, / beneandanti. Ricerche sulla stregoneria e sui culti agrari tra Cinquecento e Seicento, Turin, Einaudi, 1966 (Biblioteca di cultura storica) ; Trevor-Roper, Hugh dont l'article, paru dans Encounter, XXVIII, mai 1967 et juin 1967, a été réédité dans un recueil d'articles, Religion, thi Reformation and Social Change, Londres, Macmillan, 1967, 488p. (pp. 90-192)Google Scholar, puis a été publié sous le titre The European Witch-Craze of the XVIth and XVIIth Centuries, Har-mondsworth, 196g, 144 p. avec index (Penguin Books) ; les références que je donne s'appliquent à cette édition ; William Monter, E., European Witchcraft, New York, John Wiley and Sons, 1969, XIV177p.Google Scholar(anthologie commentée comprenant des extraits de livres récents sur la sorcellerie) ; de Certeau, Michel, La possession de Loudun, Paris, Julliard(Coll. « Archives »), 1970, 348p.Google Scholar(sans index ; édition du dossier de l'affaire avec bibliographie, introduction et notes) ; Maurice Caveing, « La fin des bûchers de sorcellerie : une révolution mentale », Raison Présente, n° 10 (avril-mai-juin 1969), pp. 83-99, suit d'assez près le raisonnement de Robert Mandrou, parle d'un « changement de la conception du monde » au xvne siècle (p. 97) mais doit admettre que « ces épidémies (de sorcellerie) demeurent inexpliquées » (p. 98) ; Pierre Chaunu, « Sur la fin des sorciers au xvne siècle », Annales E.S.C., n° 4, 1969 (juil.-août), pp. 895-gii, cherche à poser les jalons d'une enquête sur la sorcellerie rurale ; William Monter, E., « Trois historiens actuels de la sorcellerie», Bibl. d'Humanisme et Renaissance, t. XXXI, n° 1, 1969, pp. 205213 Google Scholar, regrette que le livre de R. Mandrou esquive le problème de la réalité de la sorcellerie (p. 211). Il souhaite une étude du phénomène « du dedans, du point de vue des paysans » (p. 207).

3. Palou, J., La sorcellerie, Paris, P.U.F., 1957, 128p.Google Scholar(Coll. «Que sais-je ? »), reprend l'opinion de Michelet, J., La sorcière(j'utilise l'édition procurée par R. Mandrou, Paris, Julliard, 1964, 356p.).Google Scholar

4. Pierre Chaunu, art. cit., p. go5.

5. van Gennep, Arnold, Manuel de folklore français contemporain, Paris, Picard. ωuvre monumentale dont le t. IV, 1938 Google Scholar, in-8°, est consacré à la sorcellerie et aux superstitions (bibliographie en tête du volume, nos 3060 à 3719). Paul SÉBillot, Le folh-lore de France, Paris, Guilmoto, 4 vol. in-8°, 1904-1907. Les travaux de ce type recueillent des gerbes de notations précieuses — mais rarement datées — encore peu utilisées par les historiens de l'époque moderne. Jean Delumeau a eu l'idée d'y puiser abondamment.

6. Deux manuscrits de la bibliothèque municipale de Lille (abréviation B.M. Lille) seront utilisés, a) Prônes d'un curé de Cysoing(Nord, arrondissement de Lille, canton de Cysoing), coté Ms. 148 (n° 105 du Catalogue général des bibliothèques publiques de France. Départements.Série in-8°, t. 26, 1897, pp. 78-79), in-40, paginé 215-414, tables paginées B, C, E, F, G. Au folio B, on lit « Hune librum scripsit frater Matheus du Crocquet ». Le personnage est signalé dans l'obituaire de Cysoing (manuscrit n° 70 du Catal. général des bibl., t. 26, pp. 51-52 : « Obiit frater Matheus du Crocquet supprior, sacerdos et canonicus noster 1533 ») ; b) Sermons français.Anonyme, coté Ms. 131 (n° 106 du Catalogue général des bibliothèques, t. 26, pp. 78-79, qui précise que l'auteur a sans doute habité Béthune, Pas-de-Calais, chef-lieu d'arrondissement) ; in-40, 164 fos non paginés, belle écriture gothique, Ire moitié du XVIe siècle. Diverses mentions, fos 37 v°, 43, 61 v°, 121… indiquent que l'auteur connaît bien la région de Béthune, et qu'il y a prêché. Ces sermons s'adressentils aux habitants de cette région ? Fons-Mélicocq, De la, « Les médecins et chirurgiens de la ville de Lille aux XVe et XVIe siècles», Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du Midi de la Belgique, 3e série, tome 6, 1857, pp. 197221 Google Scholar, le pense et identifie l'auteur comme le franciscain Estienne d'Arras. Il ne donne aucune référence (pp. 211-214) et je n'ai pu le vérifier. — Dans un but pratique, j'ai doté les extraits des manuscrits cités dans cet article de la ponctuation et des accents nécessaires à leur compréhension. — Ce type de sources pose des problèmes méthodologiques. Bien qu'il s'agisse, dans ce cas précis, de sermons destinés au peuple, on ne peut affirmer qu'ils éclairent parfaitement la physio-logie du corps chrétien populaire. En effet, ils semblent renseigner l'historien sur le « minimum » exigé des fidèles, sur les déviations et superstitions. Mais, comme me le signale pertinemment Bernard Delmaire, « il y a une rhétoriquedu sermon, insistant souvent sur les aspects les moins bons de la vie religieuse des auditeurs pour les faire se convertir ». Il ajoute que des recueils d'exemplaexistent au Moyen Age, et que les prédicateurs y puisent thèmes et anecdotes. Si bien que les sermons présentent peut-être les mêmes défauts que les écrits des juges concernant la sorcellerie : ils peuvent renvoyer à des modèles antérieurs, s'écarter nettement de la réalité vécue. B. Delmaire renvoie à de la Marche, A. Lecoy, La chaire française au Moyen Age, spécialement au XIII’ siècle, Paris, Renouard, 2e éd., 1886, in-8°, 547p.Google Scholar; et à l'excellent livre de Owst, G. R., Literature and Pulpit in Médiéval England, Oxford, Basil Blackwell, 1966, in-8°, 614p.Google ScholarJ'y ajouterai : J. Batany, «Paradigmes lexicaux et structures littéraires au Moyen Age», dans Revue d'Histoire littéraire de la France, n° 5-6, 1970 (sept.-déc), pp. 819-835, qui précise p. 819 que « le sermon est à peu près la seule oeuvre qu'on apprend à composer ». L'existence d'un recueil de thèmes pour sermons, datant du XIVe siècle, conservé à la Bibliothèque municipale de Lille (n° 107 du Catalogue général des bibliothèques…, t. 26, p. 79) tend à le prouver.

7. Travaux de 1’ « école » de sociologie religieuse, à la suite de Gabriel Le Bras. ωuvres de Delumeau, Jean, en particulier Le catholicisme entre Luther et Voltaire(Paris, P.U.F., collection Nouvelle Clio, 1972)Google Scholardont il a donné les idées maîtresses, depuis plusieurs années, dans son séminaire de la VIe Section de l'E.P.H.E. ; Thèse de J. Toussaert, Le sentiment religieux en Flandre à la fin du Moyen Age, Paris, Pion, 1963, in-8°. 886 p. Etc.

8. Un exemple : le tome III de la Nouvelle Histoire de l'Église, publiée par les éditions du Seuil, 1968, in-8°, 624 p., consacre 254 pages au XVIe siècle. A part les 22 pages finement nuancées et très riches de J. Le Brun concernant la. findu XVIe siècle (pp. 232-254) et les pages 41-42 consacrées par H. Tuchle à la spiritualité des laïques avant la Réforme, le niveau de la religiosité populaire n'apparaît guère. Aussi semble-t-il se dégager, à la lecture des 5 premiers chapitres, écrits par H. Tuchle, l'idée que l'on connaît surtout le christianisme des élites, et que la Réforme s'est bâtie presque uniquement à ce niveau, ce qui est certainement faux.

9. Delaruelle, E., Labande, E. R., Ourliac, Paul, L'Église au temps du Grand Schisme et de la crise conciliaire (1378-144Ç), Paris, Bloud et Gay, 1964, in-8°, pp. 4951231 Google Scholar(t. XIV, 2e partie de l'Histoire de l'Églisede Fliche et Martin) ; excellents chapitres, plus nuancés que ceux de J. Toussaert, sur la vie religieuse, par le chanoine Delaruelle, E.; Delumeau, J., Naissance et affirmation de la Réforme, Paris, P.U.F., 2e éd. 1968, in-8», 418p. (Coll. Nouvelle Clio).Google Scholar

10. Voir Chelini, Jean, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Paris, A. Colin, 1968, 511p.Google Scholar(Coll. U). L'auteur tente d'atteindre le niveau populaire, ébauche une « sociologie historique de l'Europe religieuse au Moyen Age » selon le mot de Gabriel le Bras, qui lui décerne des éloges mérités, Archives de Sociologie des religions, n° 26, juil.-déc. 1968, pp. 151-156

11. B.M. Lille, Ms. 131, fos 40 v° et 41. Le thème de l'ignorance du clergé n'est guère original. B. Delmaire me rappelle qu'il était cher aux grands réformateurs du XVe siècle, à Gerson (1363-1469) par exemple, ou aux nombreux prédicateurs tels Olivier Maillard (vers 1430-vers 1502), Michel Menot (vers 1440-vers 1518). Or leur champ d'action fut surtout urbain. N'y aurait-il pas dans ce phénomène le début d'une différenciation religieuse entre les villes et les campagnes, celles-ci constituant, jusqu'au début du XVIe siècle, un univers un peu à l'écart, tandis que les citadins devenaient plus sensibles à la morale chrétienne, à la notion de péché, à la théologie même (avec, très certainement, de nombreux degrés dans cette sensibilisation) ? Une source encore peu exploitée permettrait peut-être de répondre en partie à ces questions : les statuts synodaux ; cf. Artonne, André(et collab.), Répertoire des statuts synodaux des diocèses de l'ancienne France du XIIIe à la fin du XVIIIe siècle, Paris, C.N.R.S., 1963, in-8°, 516p.Google ScholarJe ne les ai pas utilisés pour Je présent article.

12. Ibid., f° 76 v°.

13. Godin, André, « La société au XVIe siècle, vue par J. Glapion (1460 P-I522), frère mineur, confesseur de Charles Quint», Revue du Nord, t. XLVI-182, 1964(juil.-sept.), pp.341370; p-365.CrossRefGoogle Scholar

14. Ibxd., p. 365.

15. B.M. Lille, Ms. 131, fos 58 v° et 59.

16. Ibid., f° 59.

17. J. Toussaert, op. cit., p. 172 : la généralisation est peut-être abusive. Des nuances doivent être apportées pour la Flandre, à plus forte raison pour l'Europe.

18. Cité par A. Godin, art. cit., p. 265.

19. B.M. Lille, Ms. 131, f° 156. Herens = harengs (forme picarde).

20. Ibid., f° 59 v°.

21. Ibid., f° 128.

22. Nouvelle Histoire de l'Église, Éd. du Seuil, t. III, Réforme et Contre-Réforme, op. cit., p.246.

23. Léopold Genicot, Cf., Le XIIIe siècle européen, Paris, P.U.F., 1968, in-8°, 410p.Google Scholar(Coll. Nouvelle Clio), pp. 283-284 : une religion « axée sur l'Enfer plus que sur le Ciel » (p. 284) ; Satan, Études Carmélitaines, Desclée de Brouwer, 1948, in-8°, 666 p. (pp. 352-385, contribution d'E. Brouste, « La civilisation chrétienne du XVIe siècle devant le problème satanique », etc.) ; voir aussi les oeuvres déjà citées de Delumeau, J., Brun, le(dans Nouvelle Histoire de l'Église, t. III, p. 246).Google Scholar

24. Tenenti, A., La vie et la mort à travers l'art du XVIe siècle, Cahiers des Annales, Paris, A. Colin, 1952, in-8°, 122p.Google Scholar; voir aussi Palou, Jean, La peur dans l'histoire, Paris, Éd. ouvrières, 1958, in-8°, 128p.Google Scholar; Corvisier, André, « La représentation de la société dans les danses des morts du xve au xvme siècle», R.H.M.C., t. XVI, oct.-déc. 1969, pp. 489539: p. 539Google Scholar, tableau des éditions principales de textes et gravures de la danse macabre (XVe -XVIIe siècle).

25. Cité par Fredericq, Paul, Corpus documentorum Inquisitionis haereticae pravitatis Neerlandicae, Gand-La Haye, 5 tomes in-8°: t. II (1077-1518), 1896, 412p., document n° 165, p. 271Google Scholar(date 1477, avec référence à la Bibliothèque Nationale de Paris : Z, 1365).

26. Brabant, H., « L'homme malade dans la société de la Renaissance», dans Individu et société à la Renaissance(colloque de 1965), Paris, P.U.F., 1967, in-8°, 304p., p. 260.Google Scholar

27. Ibid., p. 264.

28. « Chroniques des de France, Pays-Bas, d'Angleterre et de Tournai » (anonymes), dans : de Smet, Corpus Chronicorum Flandriae, t. III, Bruxelles, Hayez, 1856, in-40, pp. 115569 Google Scholar, et p. 333. Voir aussi Torfs, L., Fastes des calamités publiques survenues dans les Pays-Bas et particulièrement en Belgique depuis les temps les plus reculés, Tournai-Paris, Casterman, 1859, 2vol., 436 et 405p.Google Scholar

29. Caplet, E., La peste à Lille au XVII’ siècle, Lille, Le Bigot Frères, 1898, 1vol. in-8°, p. 39.Google ScholarL'échevinage de Lille interdit les danses pour « apaiser l'ire de Dieu, nostre benoist créateur ».

30. B.M. Lille, Ms. 148, f° 217 v°.

31. Ibid., f° 223 v°.

32. Ibid., f° 217 v°.

33. B.M. Lille, Ms. 131. Le sondage porte sur les dix derniers sermons (fos 87 à 162). Diable, fos 88, 92, 106 v° (2 fois), 107 (2 fois), 126 (2 fois), 129, v°, 131 v°, 132 (2 fois), 133, 137 v° (2 fois), 138 (5 fois), 138 v° (5 fois). — Diables (ou dyables) : ioe96, 97, 98 v°, 106 v°, 107, 117 v°, 118 v°, 131, 134. — Diablerie :fos 123 v°, 132, 139, 140. L'auteur parle d'abord de l'ignorance de la loi divine et du baptême (fos 87-112 v°), puis il prêche sur le premier commandement (du folio 113 au folio 149 v°). Les deux derniers sermons (fos 150-162 v°) ont trait au deuxième commandement. Cette brève étude ne me satisfait pas. Elle ne constitue qu'une simple approche du sujet. Il conviendrait, pour éviter toute subjectivité, de ne pas choisirun thème, mais d'interroger d'abord le texte sans idée préconçue, en constituant un index exhaustif, avec l'aide de l'ordinateur. Puis cet ordinateur fournirait les concordances, les fréquences, les corrélations à partir de l'index alphabétique. Peut-être le thème du Diable ne serait-il pas primordial ? En ce cas les présupposés du chercheur apparaîtraient, lui permettant sans doute de saisir quelques traits de sa propre psychologie.

La méthode sémantique appliquée à l'histoire a fait l'objet de nombreux articles, dont celui de M. Tournier et divers, « Le vocabulaire de la Révolution, pour un inventaire systématique des textes », Annales historiques de la Révolution française, n° 195, janv.-mars 1969, pp. 109-124. Cf. aussi A. Dupront, Langage et histoire.Rapport au XIIIe Congrès international des sciences historiques, Moscou, Éd. Naouka, 1970, in-8°, 88 p. Enfin, voir le numéro spécial (” Méthodologies ») de la Revue d'Histoire littéraire de la France, n° 5-6, oct.-déc. 1970 : articles de J. Proust sur l'usage des ordinateurs (pp. 784-797), de M. Duchet sur l'informatique au service des textes (pp. 798-809), de C. Duchet et M. Launay sur la lexicologie au service de l'histoire et de la critique littéraire (pp. 810-818), etc.

34. Raoul Allier, Cf., Magie et religion, Paris, Berger-Levrault, in-8°, XV470p.Google Scholar

35. Wagner, Robert-Léon, « Sorcier » et « magicien». Contribution à l'histoire du vocabulaire de la magie, Paris, Droz, 1939, in-8°, 292p.Google Scholar(thèse complémentaire de doctorat, Paris) ; p. 146 : liaison du mot avec « la vieillesse, la méchanceté et la saleté » ; depuis le xme siècle peut-être ? Wagner cherche à saisir la notion de « magie » (le mot apparaît à la fin du xve siècle, dit-il p. 26), en réalité une forme supérieure de pensée, centrée sur l'alchimie, l'astrologie, etc. Mais son étude du vocabulaire de la « sorcellerie », laquelle représente l'ancêtre de la magie, l'amène sur notre terrain. Son livre est un modèle de finesse, de culture et d'intelligence et abonde en renseignements précieux sur la sorcellerie et la religion.

36. Texte latin et traduction dans de LA Roncière, Ch. M., Delort, Robert, Rouche, Michel, L'Europe au Moyen Age, t. I, 3Q5-888, Paris, A. Colin(Coll. U), document 49, pp. 110111.Google Scholar

37. Texte traduit dans : Vogel, Cyrille, Le pêcheur et la pénitence au Moyen Age, Paris, Éd. du Cerf, 1969, in-8°, 246 p., pp. 87113.Google Scholar

38. R.-L. Wagner, op. cit., p. 57.

39. Un exemple de superstition nouvelle : empaler un nouveau-né, dans C. Vogel, op. cit., p. 110.

40. R.-L. Wagner, op. cit., p. 62.

41. Paul Fredericq, Corpus documentorum Inquisitionis haereticae pravitatis Neerlandicae, Gand-La Haye, 3 tomes in-8° : t. I (1025-1320), 1899, 640 p. ; t. II (1077-1518), 1896, 412 p. ; t. III (1236-1513), 1906, 448 p. (avec commentaires en néerlandais).

42. Paul Beuzart, Les hérésies pendant le Moyen Age et la Réforme, jusqu'à la mort de Philippe II (1508) dans la région de Douai, d'Arras et au pays de l'Alleu, Paris, 1912, in-8°, 587 p. Point de vue protestant. L'auteur présente de nombreuses pièces justificatives, mais l'histoire de ces hérésies, en particulier de la Vauderie d'Arras, n'est pas encore faite en France avec rigueur.

43. Voir Lea, H. C., Histoire de l'Inquisition au Moyen Age, Paris, 3vol. in-8°, 1901-1902, XL631, xx-682, vi-898 p.Google Scholar(avec index ; traduit de l'anglais) ; surtout t. III, pp. 589 et ss. et H. Trevor-Roper, op. cit., pp. 24 et ss.

44. La crise religieuse, au niveau supérieur de la société surtout, est décrite par Huizinga, Le déclin du Moyen Age, Paris, Payot, réédition en 1967, in-16, 346 p. Voir aussi Delumeau, J., La civilisation de la Renaissance, Paris, Arthaud, 1967, 720p.Google Scholar: l'auteur étudie en fait la période de 1320-1620 en une synthèse admirable, plutôt centrée, néanmoins, sur le dynamisme de l'époque et le niveau des élites intellectuelles de l'Occident.

45. Bakhtine, Mikkaïl, L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1970, in-8°, 474p.Google Scholar(traduit du russe). Encore faut-il noter que Rabelais fut très accueillant aux manifestations de la culture populaire, qu'il ne la jugeait pas avec la sévérité d'un prêtre parlant des sorciers.

46. Mauss, Marcel, Sociologie et anthropologie, Paris, P.U.F., 1950, in-8°, LII389p.Google Scholar(Introduction par Claude LÉVI-Strauss, pp. VII-LII), p. 16 (souligné par l'auteur). Ce recueil contient des articles parus entre 1902 et 1934, « L'esquisse d'une théorie générale de la magie » (pp. 1-141) date de 1902-1903 (en collaboration avec H. Hubert).

47. Ibid., introduction, p. XLV et p. 131.

48. Évangile des Quenouilles, cité par A. van Gennep, op. cit., t. I-4, p. 1991.

49. Citations extraites de M. Mauss, op. cit., pp. 66, 64 et 63.

50. B.M. Lille, Ms. 131, f° 126.

51. Ibid., f° 123 v°.

52. Ibid., fos 131 v° et 132. Ce que désigne le mot « en » (il enfault mengier…) n'est pas précisé.

53. Roger Berger, Le nécrologe de la confrérie des jongleurs d'Arras (1194-1361). Introduction, Arras, 1970, in-40, 160 p., pièces justificatives, cartes et graphiques, illustrations (Mémoires de la Commission départementale des Monuments historiques du Pas-de-Calais, t. XIII), rapporte la croyance suivante à Arras : la cire de la Sainte Chandelle ou Joyel, mise dans de l'eau et bue le jour de la Pentecôte, guérit d'une épidémie de mal des ardents. Cette légende, traditionnellement datée de 1105, est sans aucun doute plus tardive : fin du XIIe ou début du XIIIe siècle (pp. 39-41).

54. Cité par A. Godin, art. cit., p. 353 : « Contre les sorciers et sorcières et ceux qui vont aux devins et devineresses ».

55. B.M. Lille, Ms. 131, fos 137 v° et 138.

56. Cité par A. Godin, art. cit., p. 354.

57. B.M. Lille, Ms. 131, fos 138 v° et 139.

58. B.M. Lille, Ms. 148, f° 225 v°. Les derniers mots cités sont soulignés par moi.

59. Pour la Flandre et l'Artois, je renvoie à P. Vilette, La sorcellerie dans le Nord de la France du milieu du XVe siècle à la fin du XVIIIe siècle, Lille, Faculté Catholique, 1956, in-8°, 56 p. (Compte rendu par J. Toussaert, Revue du Nord, 1957, pp. 87-88) et Michelle Protin, La sorcellerie en Flandre gallicane, 1581-1708, D.E.S. dactylographié, sous la direction de L. Trénard, Lille, 1963, XLIIe -400 p. (Bibliographie, index, tableaux, illustrations). La meilleure synthèse sur la sorcellerie en Europe aux XVIe et XVIIe siècles est celle, contestable sur bien des points, de H. Trevor-Roper, op. cit.(Compte rendu critique par E. William Monter, dans Bibl. d'Hum. et Renaissance, 1969, n° 1, pp. 207-210).

60. Foucault, M., Histoire de la folie à l'âge classique, édition abrégée, Paris, U.G.E., 1964, in-16, 308 p. (Coll. 10/18) ; p. 28.Google Scholar

61. Ibid., p. 22.

62. Ibid., pp. 13 et ss.

63. Ibid., p. 29.

64. Ibid., p. 53.

65. Michelet, J., La sorcière, Julliard, op. cit., p. 21.Google Scholar

66. B.M. Lille, Ms. 131, f° 102 v°.

67. Cité par A. Godin, art. cit., pp. 367 et 369.

68. Wouters, Liliane, Belles heures de Flandre. Anthologie de la poésie flamande du XIIe au XVIe siècle, Paris, Seghers, 1961, in-16, 192p.Google Scholar(illustré) ; p. 102 : le mot « enfer » est souligné dans le texte.

69. Sur la querelle des femmes, les féministes et les ennemis des femmes, voir : Cio-Ranesco, A., Bibliographie de la littérature française au XVI’ siècle, Paris, 1959, 745p., pp. 8, 60-61.Google Scholar

70. Bibl. mun. d'Arras (Pas-de-Calais), Manuscrit 186 (2e moitié du XVIe siècle), 1° 67 v°. Souchez est une commune de l'arrondissement d'Arras.

71. M. Mauss, op. cit., p. 113.

72. R.-L. Wagner, op. cit., p. 145.

73. Exemple : Arch. Dép. du Nord (Lille), B 1741, fos 196 à 197 v° : rappel de ban pour le meurtrier d'un prêtre nommé sire Anthoine de Biach. La querelle a débuté entre le meurtrier et « Jehanne des Rosettes, dit Moufflette, fille de legiere vie et concubine au dit sire Anthome » (f° 196 v°), en 1530, à Lille.

74. R. Badinter et J.-D. Bredin, « Un excorcisme collectif », Le Monde, 4 novembre 1970, pp. 1 et 16.

75. Dans son séminaire de la VIe Section de l'E.P.H.E. Son livre sur le catholicisme du XVIe au XVIIIe siècle est attendu avec impatience (voir note 7).

76. Bernard Delmaire me conseille de nuancer cette affirmation, périr éviter un schématisme outrancier. Il se demande si le christianisme populaire, malgré les superstitions qu'il accueillait, était inférieur au christianisme plus intellectuel mais souvent peu vécu d'une partie de l'élite (clergé, bourgeois, nobles, etc.). L’ « élite chrétienne » au début du XVIe siècle peut accueillir une bergère illettrée mais exclure le Pape ! Voir au sujet de la définition des élites et des masses chrétiennes : Rapp, Francis, L'Église et la vie religieuse à la fin du Moyen Age, Paris, P.U.F., 1971, in-16, 381p.Google Scholar(Coll. Nouvelle Clio), pp. 307-314, et pour la discussion sur l'affaiblissement et la déformation du christianisme avant le XVIe siècle, pp. 315-331.

77. Balandier, Georges, La vie quotidienne au royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1965, in-16, 266p.Google Scholar(Coll. « Vie quotidienne »). Les citations sont extraites respectivement des pp. 220-222, 258, 243, 260. Les passages soulignés le sont par moi.

78. Il faut cependant signaler que le cas du royaume de Kongo est assez exceptionnel, tant par la précocité de l'introduction du christianisme que par l'abondance des sources écritesconcernant le XVIe siècle notamment (cf. Balandier, op. cit., p. 283). La documentation faisant souvent défaut, les historiens de l'Afrique s'appuient également sur la tradition orale recueillie aujourd'hui ; voir Chrétien, J.-P., « Les tombeaux des ‘ bami ’ du Burundi : Un aspect de la monarchie sacrée en Afrique orientale», Cahiers d'Études africaines, 1970, vol. 10, Ier cahier, pp. 4079.CrossRefGoogle Scholar

79. C. Ginzburg, op. cit.(Compte rendu par E. William Monter dans Bibl. d'Hum. et Renaissance, art. cit., pp. 205-207).

80. Cf. Margaret Murray, The Witch-Cult in Western Europe, Oxford, 1921, réédité en 1962 (cité par E. William Monter, art. cit., p. 206).

81. Voir Rocher, Guy, Introduction à la sociologie générale, I. L'Action sociale, Paris, Éd. du Seuil, 1970, 190p. ; pp. 77 ss.Google Scholar

82. « Sancti Bonifacii sermones », Sermo 15, Patrologie latine, t. 89, col. 870 ss.

83. Gousset, Mgr, Actes de la province ecclésiastique de Reims, 1842-1844, 4vol. in-40, t. II, p. 700, col. 1.Google Scholar

84. P. Fredericq, op. cit., t. II, p. 271 (voir note 25).

85. le Roy Ladurie, E., Paysans de Languedoc(édition abrégée), Paris, Flammarion, 1969, in-16, 584p.Google Scholar; pp. 242-243. (L'auteur donne le témoignage de Thomas Platter en 1595, p. 243.) 86. Ibid., p. 242.

87. Mandrou, Robert, Introduction à la France moderne. Essai de psychologie historique (1500-1640), Paris, A. Michel, 1961, in-8°, 400p. (Coll. L'Évolution de l'Humanité), P-325.Google Scholar

88. Ibid., p. 325.

89. Ibid., pp. 298, 34, 323.

90. M. Bakhtine, op. cit., p. 102 (souligné par l'auteur).

91. E. le Roy Ladurie, op. cit., pp. 244 et 245.

92. voir les remarques suggestives de Bakhtine, op. cit., pp. 96-98, 102, 103, 108.

93. E. le Roy Ladurie, op. cit., p. 244.

94. Juliette Boutonier, Contribution à la psychologie et à la métaphysique de l'angoisse, Paris, P.U.F., 1945, in-8°, 318 p. (Thèse de doctorat, Paris) ; p. 269.

95. John Gilissen, « Individualisme et sécurité juridique », dans Individu et société à la Renaissance, op. cit., pp. 33-58.

96. R. Mandrou, op. cit., p. 338.

97. M. Bakhtine, op. cit., p. 99.

98. Ibid., p. 87, sur le « risus paschalis » comme renaissance joyeuse du peuple après le jeûne.

99. Ibid., p. 132.

100. Peyre, Henri, Les Douze Articles de la Guerre des Paysans, Montauban, J. Granié, 1905, in-8°, 88p. (Thèse de théologie) ; Article 12, p. 34.Google Scholar

101. Cet article fut composé en février 1971.