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Une niche juridique. L'installation des Juifs à Saint-Esprit-lès-Bayonne au xvne siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Anne Zink*
Affiliation:
Université de Clermont-Ferrand II

Extract

Au début du xixe siècle, 1 054 des 4 986 habitants de Saint-Esprit, la partie de la conurbation de Bayonne située sur la rive droite de l'Adour, étaient Juifs. Comme leurs coreligionnaires de Bordeaux, ils avaient participé en 1789 à la nomination des députés aux États généraux. Eux-mêmes ou leurs ancêtres, obligés de quitter la péninsule Ibérique à la suite de l'expulsion, des conversions forcées et des persécutions, étaient venus se réfugier et étaient redevenus Juifs dans un royaume d'où les Juifs étaient officiellement exclus depuis le xive siècle. Les textes qui leur avaient permis de s'établir dans cette région ne s'étendaient pas à l'ensemble du royaume et n'étaient pas appliqués partout où ils auraient pu l'être.

Summary

Summary

It might seem strange that the marranos seeking to judaïcize in peace would have chosen France from which the Jews were banished. But they did not settle just anywhere in the kingdom. Those who were attached to judaïsm did not choose Bayonne but Saint-Esprit on the other side of the Adour. The Old Regime was not despotic. On the one hand, founded upon privileges, it did not require the law to be the same everywhere. Little by little a legislation designed to apply within the competence of the parliament of Bordeaux, of the government of Bayonne, of the generalities of Auch and of Bordeaux had admitted the presence of Jews. The kingdom, on the other hand, was constituted by a multitude of jurisdictions, each responsible therefore for the public order within its competence. Now, as it happened, the seigneurial chapter of Saint-Esprit, finding its rights menaced by the city of Bayonne, wanted to populate the swampy river-bank which belonged to it. The familles in question would have had to fight elsewhere to reconstruct their lives. Their presence at Saint-Esprit is of particular interest in as much as it reveals the political structures of the Old Regime rather than as a testimony to any kind of well-known Sephardic dynamism.

Type
La Vie des Communautés Juives (XVIIe-XIXe Siècles)
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1994

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References

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2. Les Juifs de Saint-Esprit ont voté parce qu'ils constituaient une collecte fiscale, ceux de Bordeaux parce qu'ils formaient une corporation, Zink, Anne, « Les Juifs de l'Adour et la Révolution », Les juifs et la Révolution française. Histoire et mentalités, Actes du colloque des 16-18 mai 1989, Louvain-Paris, Peteers, 1992, pp. 6172.Google Scholar

3. I. S. Revah, op. cit., 1959-1960 ; id.« Les Marranes portugais et l'Inquisition au xvie siècle » dans Barnett, D. éd., The Sephardi Héritage, Londres, Valentine-Mitchell, 1972, pp. 479526 Google Scholar, rééd. dans Revah, I. S., Études portugaises, publiées sous la direction de Charles Amiel, Paris, Fondation Gulbenkian, 1975, pp. 185228 Google Scholar ; Baroja, Julio Caro, Los Judios en la Espaha moderna y contemporanea, Madrid, 1962 Google Scholar ; Catherine Brault-Noble et Marie-José Marc, « L'unification religieuse et sociale : la répression des minorités », dans Bartolomé Bennassar, L'Inquisition espagnole, 1979, 2e édition, Paris, Marabout, 1983, p. 152 ; Baroja, Julio Caro, Amiel, Charles, « Inquisitions modernes : le modèle portugais », Histoire du Portugal, histoire européenne, Actes du colloque de Paris, 22-23 mars 1986, Paris, Fondation Gulbenkian, 1987, pp. 4358 Google Scholar ; Escamilla-Colin, Michèle, Crimes et châtiments dans l'Espagne inquisitoriale. Essai de typologie délictive et punitive sous le dernier Habsbourg et le premier Bourbon, Paris, Berg International, 1992.Google Scholar

4. Les archives municipales de Bayonne (délibérations, correspondance, documents issus des fonctions de police et de la cour échevinale, registres paroissiaux) sont très belles et certaines séries commencent à la fin du xve siècle. Les baptêmes sont conservés à partir de 1586 et ceux de Saint-Étienne, la paroisse de Saint-Esprit, à partir de 1622. On a quelques liasses de notaires bayonnais pour la première moitié du xvic siècle. La seconde moitié du siècle est presque vide puis ce type de sources devient massif et régulier à partir du début du xvir siècle. Les archives de la sénéchaussée de Bayonne et celles du chapitre de Saint-Esprit commencent dans les mêmes années, mais il faut attendre 1684 pour avoir celles de Tartas. Les archives de l'amirauté, de la chambre de commerce et des notaires de Saint-Esprit ne commencent qu'au xviir siècle. Les documents relatifs à la vie économique et classés dans la série HH ont été presque entièrement détruits par un incendie.

5. Gérard Nahon, op. cit., 1969.

6. AM Bay GG 229 (Ibis), 1602.

7. AM Bay BB 18, 08/01/1610.

8. Girard, Albert, Le commerce français à Séville et à Cadix au temps des Habsbourg. Contribution à l'étude du commerce étranger en Espagne aux xvie et xviie siècles, Paris, Édition de Boccard, 1932, p. 73.Google Scholar

9. La guerre ralentit tellement l'activité que, contrairement à ce qu'on pourrait attendre, on ne sent pas en 1643 le durcissement de l'Inquisition consécutif à la disgrâce d'Olivares.

10. Le Labourd a été lui aussi envahi en 1636.

11. C'est un accord conclu entre deux provinces frontalières, avec l'accord des États centraux mais en dehors du cadre de la politique générale, Pierre Hourmat, « Histoire de Bayonne, I. Des origines à la Révolution », Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne, numéro spécial 1986, pp. 1-591.

12. Pontet, Josette, « Un xvie siècle contrasté » dans Pontet, Josette (Sous la direction de), Histoire de Bayonne, Toulouse, Privât, 1991, pp. 129130 Google Scholar, IVe centenaire du détournement de l'Adour, Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne, 1578-1978, Bayonne, 1978.

13. On fit ultérieurement d'énormes travaux pour endiguer l'Adour sans réussir à se débarrasser de la barre qui réapparaissait toujours un peu plus loin. Josette Pontet, Bayonne un destin de ville moyenne à l'époque moderne, Pau-Biarritz, J. et D. éditions, 1990, pp. 383-406.

14. L'histoire du pont nécessiterait un livre à elle seule. Il ne se passe jamais dix ans sans incidents graves. En 1634, pour ne donner qu'un seul exemple, il est interdit d'aller abreuver les chevaux de Bayonne à la fontaine de Saint-Esprit « pour éviter les dommages que les chevaux font au pont », AM Bay BB 22, p. 259, 27/10/1634.

15. Notre Nationale 10.

16. Je m'appuie sur l'édition critique donnée par Gérard Nahon, op. cit., 1981, pp. 21-25. La version imprimée, collationnée à Lyon par des secrétaires du roi en 1574 et conservée aux archives de Bayonne est moins sûre, AM Bay GG 229 (26).

17. Conservés sous la même cote aux archives de Bayonne, AM Bay GG 229 (26), et édités en partie par Gérard Nahon, op. cit., 1981, pp. 26-31, ce sont les seuls que signale pour la période et la région le recueil de Bernhard Blumenkranz éd., Documents modernes sur les Juifs, XVIe-XXe siècles, Toulouse, Privât, 1979.

18. Gérard Nahon, op. cit., 1981, p. 26.

19. « Déclaration qui expulse les Juifs du royaume. Paris, 23 avril 1615 », Isambert, et Taillandier, , Recueil général des anciennes lois françaises, Paris, 1829, t. 16, pp. 7678.Google Scholar

20. L. Cardozo De Bethencourt, op. cit., se référant à tort à Detcheverry qui ne dit rien de tel, prétend que le parlement de Guyenne refusa d'appliquer l'arrêt sous prétexte que les Juifs seraient devenus indispensables au commerce. G. Cirot, qui est beaucoup plus fiable, se contente de constater qu'à Bordeaux en 1615, on laissa les Juifs tranquilles. Georges Cirot, op. cit., 1909.

21. AM Bay GG 29 (1 bis).

22. Au moment de le faire appliquer le neuf mars, le procureur de la ville remontre à la municipalité que sa supplique pour faire retirer les Portugais qui demeurent dans le gouvernement a été entendue et que le roi a pris le deux janvier un édit. AM Bay GG 229 (2), 09/03/1602. Dans son rapport du huit janvier 1610, le procureur dit que le corps de ville a « obtenu des Lettres Patentes du roi pour les fere chasser hors du gouvernement », AM Bay BB 18, p. 90. Le maréchal d'Ornano gouverneur de Guyenne écrit au roi le deux avril que « ceux de Bayonne [le] pressaient de tenir la main à la retraicte desdits Portugais [et…] qu‘[elle] n'était faicte qu'à la suscitation des marchands ». Citée d'après L. Cardozo De Bethencourt, « Le trésor des Juifs Sephardim », REJ, 1892, pp. 97-110 et 235-245. L'avocat Israël Romatet est accusé par la rumeur publique en 1602 « de dresser des mémoires pour les portugois, et pour envoyer à Paris pour faire retracter la patante à nouveau obtenue contre eux », ce qui montre que des incidents antérieurs nous échappent. AM Bay FF 43 (42). En 1636 encore, la ville se vante d'avoir obtenu l'arrêt de 1602. AM Bay BB 66, p. 284, 09/01/1636.

23. Francia De Beaufleury, op. cit., pp. 18-19.

24. Th. Malvezin, op. cit., p. 113.

25. Elle demande à la sénéchaussée, dont le ressort comprend Biarritz, de l'appuyer. AM Bay BB 20, p. 187, 05/04/1619. Elle somme les jurats de Biarritz de vider les Portugais, id., pp. 189 et 191, 12 et 19/04/1619. AD 64 III E 3585, 10/04/1619.

26. Au comte de Gramont, le gouverneur, on présente les Portugais plutôt comme d'éventuels espions espagnols que comme des Juifs, ce qui le laisserait indifférent.

27. « […] tout cela est de l'autorité de Monsieur le comte de Gramont qui est gouverneur de la ville et pays circonvoisin, qui a patente du roi […] portant permission aux Portugais d'habiter dans le gouvernement d'icelle […] », AM Bay BB 20, p. 185, 22/03/1619. Cette patente qui sera admise par la ville en février 1621 n'est encore qu'en projet.

28. AM Bay AA 34 (34), 02/05/1619. En juillet il est encore question d'associer aux démarches le syndic de Labourd, id., 20/07/1619. Puis la ville abandonne un combat perdu.

29. 01/02/1621, « […] Lettres patentes nouvellement dirigées au siège du sénéchal par lesquels le roy veut que les Portugais résident dans le gouvernement de la ville […] ». 12/02/1621, « […] Lettre du roy écrite de Pau, adressée à Monsieur de Gramont sur et pour raison des Portugais laquelle a été enregistrée au registre du sénéchal […] ». AM Bay BB 20, pp. 367 et 369.

30. AN E 1704*, f. 12, cité d'après Gérard Nahon, op. cit., 1969, p. 22.

31. Gérard Nahon, op. cit., 1981, pp. 32-35.

32. Anne Zink, « La pratique du fédéralisme sous l'Ancien régime », Colloque Les fédéralismes, Marseille, 15-17 septembre 1993, à paraître.

33. On empêche que personne venant de Paris et de Rouen n'entre dans la ville. La poste pour les voyageurs venus de Paris a été déplacée à Labastide et elle passe sans s'arrêter aux pieds des murs de la ville. AM Bay FF 571, 27/08/1623. L'entrée de la ville est interdite aux marins de Terre-Neuve qui ont déchargé à Bordeaux où il y a la contagion. AM Bay BB 22, p. 42, 28/11/1630. L'année 1631 est particulièrement tragique. Les habitants de Saint-Esprit sont semonces de ne retirer personne venant de Bordeaux. On fait brûler les marchandises qui en viennent. On s'inquiète parce qu'un messager doit amener des voyageurs de Bordeaux. Toute une famille est expulsée de Bayonne parce que son fils revient de Bordeaux. AM Bay BB 22, pp. 176-193,19/09 à 20/10/1631. Il est évident que tous ces gens fuient la peste de Bordeaux. Sur l'arrivée de la peste cette année-là on peut voir aussi les cotes AM Bay BB 55 et 65. Le même jour la ville écrit au vicomte d'Orthe, à la province de Guipuzcoa, à Saint-Sever, Dax, Bordeaux et Labastide, AM Bay BB 68, 25/06/1649. En 1652-1653 elle écrit à Pau et au vicomte d'Orthe, id., 13/08 et 07/11/1652, 23/09/1653. Les villes espagnoles multiplient les avertissements. AM Bay GG 269, printemps 1653. Le registre AM Bay BB 24 est rempli de recommandations de juin à novembre 1653, rien en 1654, puis cela recommence en 1655. En écartant marchands et marchandises, la ville va perdre des taxes. Il faut organiser une quarantaine au Boucau y compris des logements à peu de frais pour les marchands, sinon les marchandises continueront sans payer de droits vers Orthès, Sorde ou Peyrehorade. AM Bay BB 24, p. 625, 07/08/1653.

34. Si le 23/08/1585 la ville veut faire partir dès la fin de la foire les « Portugais et huguenaults estrangers », c'est qu'elle prévoit « la calamité du temps qui procède tant de la guerre et mortalité de peste et de la diversité des opinions qui se forgent en ce royaulme sous prétexte tant de la nouvelle opinion que autres ». C'est la peste et la guerre civile qui lui font peur. Les « marchands bourdelais portuguais » ne sont cités que parce qu'ils peuvent véhiculer la peste. AM Bay BB 11, p. 406, 23/08/1585. En 1649 la ville demande au vicomte d'Orthe, c'est-à-dire au seigneur de Peyrehorade, de « […] ne laisser passer par cette ville et autre lieu de votre juridiction quoique ce soit venant d'Espagne […] les Portugais trouvant de la difficulté sur le passage, s'en iraient droit à Peyrehorade […] ». AM Bay BB 68, 25/06/1649. « […] il ne suffit pas de prendre garde aux marchandises qui viennent par la rivière de lieux contagieux pour les faire entrer en ville mais à celles qui arrivent pour les portugais et sont déchargées de nuit au Saint-Esprit venant du côté de Dax […]. Il serai à propos que les Portugais et les marchandises de leur fabrique ne puisse entrer en ville ». AM Bay BB 24, p. 610, 13/07/1653. On sent l'angoisse qui monte au fur et à mesure qu'on rédige le texte.

35. AM Bay BB 11 22/09/1581, 28/05/1584, 22/06/1584, 11/03/1585 ; « […] vuider les pauvres étrangers […] peuvent causer la maladie à cause de l'indisposition du temps et des extrêmes de chaleur […]de la grande putréfaction qui traîne ». AM Bay BB 20 23/03/1620. […] mal contagieux […] congédier les vingt-cinq Italiens qui sont en ville […] faire sortir les pauvres mendiants […] ». AM Bay BB 23 et 31/08 et 04/10/1639.

36. « […] et arrivant tous les jours, feignant de s'enfuir d'Espagne à cause qu'ils sont soupçonnés d'estre Juifs et néanmoins on sait qu'ils fréquentent et négocient tous les jours avec les Espagnols et est vraisemblable qu'ils leur donnent avis de toutes les affaires de la province et leur servent d'espions par delà ». AM Bay BB 18, 08/01/1610.

37. « […] oultre ce qu'on tient pour certain qu'ils exercent leur judaïsme dans toutes les paroisses où ils sont […] et avec ce ils ont tellement corrompu et abâtardi la pureté du commerce par des inventions qu'ils ont trouvées de fausser et altérer les marchandises ». AM Bay BB 18, 08/01/1610.

38. « […] par la tollerance du juge et officiers du bourg st esprit ressortissans à Tartas y sont întroduitz tous estrangers espagnols portugais flamans anglais qui y font le commerce et possible des pratiques contre le service du Roy […] ». AM Bay FF 575 (10), 23/01/1631.

39. Comme Gramont ne les croyait pas, ils écrivent à Épernon le gouverneur de Guyenne. « […] remontré au sgr compte de Gramont notre gouverneur que nous ne pouvions tolérer la demeure d'un grand nombre de familles portugaises qui se sont insensiblement glissées et habituées dans le faubourg du Saint-Esprit qui n'est distant que d'un jet de mousquet et du seul traict du pont […]à cause de leur fréquente et journelle communication dans la ville de Pamplone, San Sébastian et autres frontières de l'espagne où ils traitent et négocient tant en personne que par le ministère de leur messager ordinaire avec autant de franchise […] qu'au plus fort de la paix et ce qui augmente avec beaucoup de raison les soupçons et jalousie contre lesdits portugois, c'est que l'entrée des français dans l'Espagne estant interdite à peine de la vie, elle leur est néanmoins concédé en toute liberté […] lesdits portugais estant originaires d'Espagne où ils ont encore tous leurs parens, sont obligés par le devoir de sang et de nature de les protéger et avantager à notre exclusion qui ne leur sommes qu'estrangers […] après avoir exécuter quelque trayson, il leur est facile de s'échapper ne possédant dans le royaume aucun immeuble par maxime dans leur nation […) ». Après s'être plaint de la lettre de Gramont, ils reprennent « […] chasser du faubourg cette nation toute espagnole de naissance, d'extraction, de moeurs, d'habitudes et d'inclinations […] il leur est facile de faire passer dans le gouvernement tel espagnol déguisé en portugais sans que nous puissions reconnaître la différence […] ». AM Bay BB 66, p. 284, 09/01/1636. Les mêmes phrases reviennent dans la lettre suivante qui annonce l'arrestation de Fonsèque. « […] allant et revenant journellement d'espagne […] en sorte que nous ne méditons de faire aucune chose touchant la fortification de la ville ou notre conservation que soudain il ne soit su à Pampelune ou à Saint-Sébastien suivant une infinité d'avis qui nous ont été baillés […] », ce qui montre que Bayonne a lui aussi ses espions. AM Bay BB 66, p. 304, 23/01/1636.

40. AM Bay BB 66, pp. 311, 313, 316, 318, 323, 326, 31/01 et 04/02/1636. AM Bay FF 576 (40 et 41), 28/01/1636 et 01/02/1636.

41. A la suite du parlement qui avait défendu les Portugais à plusieurs reprises depuis 1574, la municipalité proteste quand, en 1625, le roi veut préventivement recenser leurs biens comme appartenant à des sujets du roi d'Espagne. A. Detcheverry, op. cit., p. 57.

42. En avril 1601, Siméon Gomès marchand portugais a été appelé comme expert devant les juges et consuls des marchands pour évaluer des marchandises appartenant à un autre Portugais qu'il dit ne pas connaître. L'adversaire, un marchand flamand mécontent de son expertise, l'accuse en public d'avoir déposé faussement. Gomès se met à sa recherche à travers la ville et le soufflette. Le Flamand porte plainte mais les témoins qui ont entendu la dispute et le bruit du soufflet, ne l'ont pas vu donner. Ils ne cherchent ni à confondre ni à disculper Gomès qu'ils ont identifié comme Portugais.

43. AM Bay FF 111 (56), 17/06/1699.

44. Jaurgain, Jean De et Ritter, Raymond, La maison de Gramont, 1040-1957, Lourdes, 1968, 1.1, pp. 280284.Google Scholar

45. Il est content que le roi lui ait fait adresser un exemplaire de l'arrêt qui concerne les responsabilités que le roi lui a confiées même s'il ne porte que sur une petite partie de sa province. L'arrêt a déjà été signifié et « […] les Portugais ne seroint pas épargnez par l'advis de quelques marchands dudit Bayonne, si je n'eusse apporté une sursoiance à ceste poursuite […] pour avoir le temps de me rendre sur les lieux cognoistre du mérite du faict […] ». « […] Ce qui m'a faict […] désirer d'en cognoistre a esté les contrariétez qui s'y rencontrent, m'ayant esté représenté que la poursuite de la retraicte desdicts Portugois n'est faicte qu'à la suscitation des marchans pour leur intérêt […] ». Cité d'après L. Cardozo De Bethencourt, op. cit., 1892.

46. Gérard Nahon, op. cit., 1969, p. 29, n. 1.

47. « Procès-verbal sur l'expulsion des Portugais hors des frontières du gouvernement de Bayonne ». AM GG 229 (2).

48. Le témoin avait cru remarquer que toute la rangée de Portugaises qui communiaient des mains de ce curieux prêtre en faisaient autant, mais il n'avait pu prendre sur le fait que celle qui était le plus près de lui.

49. Si après le drame les propriétaires sont les plus satisfaits du départ des Portugais, c'est parce qu'ils se sentaient coupables d'avoir accepté leur présence de si bon coeur.

50. On a dit que la ville avait été frappée de heremet le fait est que les Juifs ne s'y sont jamais réinstallés.

51. D'après la lettre envoyée à l'évêque par le vicaire général qui était lui aussi venu sur les lieux pour examiner l'hostie et décider de ce qu'on allait faire du mouchoir. Citée par Henry Léon, op. cit., pp. 26-29.

52. « […] il y a vingt jours étant le corps de ville averty que les habitans de St Jehan de lus avaient chassé à cause de judaisme dudit lieu un grand nombre de Portugais […] quatre a cincq mil personnes entre lesquels il y a sept à huit cens hommes […] les jurats de biarritz les auraient retenus et accueillis […] en est aujourd'hui led. bourg sy remply qu'ils ne peuvent casy demeurer dans les maysons […] ». AD 64 III E 3585, 10/04/1619.

53. Gérard Nahon, op. cit., 1969, p. 16, n. 1 citant H. C. Léa et C. Roth. Anne Zink, op. cit., 1992, Paris.

54. Henry LÉON, op. cit., p. 26, sans date ni référence.

55. AM Bay FF 38 (86).

56. Des origines médiévales à 1600, l'histoire des relations de Bayonne et de Saint-Esprit est démarquée du livre de Bignon (baron de), Bayonne et Saint-Esprit, Bayonne-Paris, Amyot, 1856.

57. Les Gramont avaient réussi à faire admettre que Bidache était une souveraineté indépendante du royaume de France où les débiteurs insolvables avaient l'habitude de se réfugier.

58. Les jurats de Bayonne vont demander au juge de Saint-Esprit la liste de ses Portugais et qui les a autorisés à s'installer là. AM Bay BB 18, p. 254, 10/02/1612.

59. « Procès-verbal sur l'expulsion des Portugais hors des frontières du gouvernement de Bayonne ». AM Bay GG 229 (2), 84 p., 02-11/03/1602.

60. Quand le gouverneur et son lieutenant étaient absents de Bayonne, c'est le maire qui gardait les clefs de la ville et qui commandait la place.

61. AM Bay AA 18, 15/06/1686.

62. AM Bay EE 3, 1609.

63. AM Bay BB 23, p. 705, 04/06/1646.

64. AM Bay GG 183 (20), 22/02/1607.

65. Les habitants demandent au chapitre d'intervenir dans le procès qu'ils ont contre Bayonne au sujet de l'imposition des vins, mais le procès ne sera jamais gagné. AM Bay FF 573 (11), 1626. Idem GG 184 (15), 08/08/1629.

66. Le corps de ville est averti que un tel a fait décharger dans sa maison de Saint-Esprit trois barriques de vin. AM Bay BB 23, 06/12/1639. Les habitants de Saint-Esprit sont soupçonnés de présenter la billette délivrée pour un premier tonneau pour les tonneaux suivants. AM Bay BB 25, p. 73, 27/10/1656.

67. Un jurât de Bayonne vient faire des actes de justice avec des hommes d'armes. AM Bay GG 159, 27/06/1663. Le collecteur est chargé de faire la visite du vin dans les celliers de Saint- Esprit une fois par mois. AM Bay BB 28, 22/11/1675.

68. Anne Zink, Clochers et troupeaux, à paraître, chap. 6

69. Quand les jurats de Bayonne ont à parler pour un problème quotidien aux autorités de Saint-Esprit, ils s'adressent au juge. AM BB 18, p. 254, 10/02/1612.

70. AM Bay GG 159 et 185, passim, 1641-1699.

71. «[…] le juge a fait auner quelques marchandises et trouver quelques défauts dans l'aunages […] ». AM Bay GG 155 (73), c. 1699.

72. AM Bay EE 3 (14), 22/12/1586.

73. Interdire aux marchands d'aller au-devant des vendeurs et exiger que tous les produits destinés à la vente soient amenés au marché est une mesure de police commune à la plupart des villes.

74. Du froment de Seignanx trouvé à Saint-Esprit et dont deux Portugais faisaient magasin, est saisi pour être vendu en ville. AM Bay BB 22, p. 92, 22/11/1630. Du pont, le magistrat vit sur la place du bourg quelques bêtes qui portaient du froment en cette ville mais les conducteurs le vendirent aux Portugais et aux autres habitants dudit bourg, puis partirent en ville avec leur bêtes vides pour y acheter du seigle. AM Bay BB 24, p. 632,18/08/1653. Le corps de ville décide d'envoyer le jeudi suivant deux jurats pour empêcher que les provisions qui viennent pour cette ville ne soient arrêtées à Saint-Esprit. AM Bay BB 25, p. 286, 07/10/1658.

75. Un habitant de Saint-Esprit poursuivi pour avoir acheté sur la place de la bourgade s'étonne « […] car jusqu'à présent, on n'a publié audit lieu aucune loy ou ordonnance prohibant aux habitants du bourg d'acheter ce qu'on leur portera avec charrette devant leur chays et maisons […] ». AM Bay FF 433 (54), 01/12/1621. L'échevin qui a vu du pont des bêtes décharger du froment devant les maisons de la place, vient avec un soldat dire aux vendeurs de recharger et de conduire leur marchandise en ville. Monsieur Camiade, un habitant aisé de Saint-Esprit, le rattrape sur le pont et s'adressant à lui le chapeau sur la tête, lui demande avec beaucoup de chaleur et sans aucun respect s'il n'était pas permis aux particuliers de faire leurs provisions de grains et qu'il ne le reconnaissait pas pour gouverneur. Le jurât le fait appréhender mais doit le relâcher devant les menaces de la foule qui s'est approchée. AM Bay BB 24, p. 459,18/08/1652.

76. « […] les habitans de Tarnos […] qui avaient coutume de porter leurs denrées et leurs volailles en ville, s'arrestent à la place Saint-Esprit et y tiennent marché public ». AM Bay BB 28, p. 428, 20/11/1675. « […] représente qu'on érige insensiblement un marché à Saint-Esprit et qu'il est de l'utilité de la ville de l'empêcher […] ». AM Bay BB 31, p. 193, 01/09/1687.

77. « […] qui s'y tient le lundi et jeudi […] ». AM Bay BB 31, p. 224, 26/04/1688.

78. « […] le corps s'assemblera demain à la porte Saint-Esprit pour envoyer des commissaires […] faire passer le blé et autres denrées […] ». AM Bay BB 28, p. 428, 20/11/1675.

79. « […] les chanoines souhaitent entrer en conférence avec Messieurs du Corps touchant les démêlés […] sur des marchés que lesdits chanoines font tenir […] ». AM Bay BB 28, p. 434, 23/ 12/1675. « […] sieur clerc prié de parler au doyen du chapitre […] au sujet du marché […] ». AM Bay BB 31, p. 224, 26/04/1688.

80. AM Bay GG 184, 13/04/1633.

81. Un dossier connu d'après une copie du xixe siècle répertorie leurs privilèges et la jurisprudence qui les confirme. AM Bay HH 112, 1623- xixe siècle.

82. « […] il aurait été fait et arrêté dès longtemps certains privilèges […] lettres patentes du mois de février mil cinq cens quatre vingts cinq […] qu'il ne seroit loisible à aucuns marchands autres que de la ville de Bayonne de vendre en icelle aucunes marchandises en boutique ouverte chambre ou magazins en détail […] hors le tems des foires […]. A ces causes faisons […] deffanses à tous marchands drapiers merciers […] autres que les suppliants et les successeurs de vandre en lad. ville de Bayonne et Bourg St Esprit lès icelle aucune sorte de marchandises […] en détail […] cy ce n'est en gros et pièce à pièce seulement […] ». AM Bay GG 229 (3), avril 1608. Il s'agit d'une copie tardive conservée dans un dossier destiné à étayer la lutte des Bayonnais contre les Portugais. J'espère que ce n'est pas un faux car elle donne Henri III comme père d'Henri IV. Je pense qu'il s'agit plutôt d'une négligence du scribe qui déchiffrait mal et qui a cru pouvoir se laisser porter par des formules.

83. Ils demandent à la ville d'intervenir dans le procès qu'ils ont intenté à quelques Portugais de Saint-Esprit, à charge pour la corporation de payer les frais du procès. AM Bay BB 21, p. 301, 27/11/1634. Syndicat des merciers contre les Portugais, AD 64 III E 3619, 10/06/1635 et III E 3620, 01 et 07/08/1635. C'est sans doute ce procès qui s'est terminé en leur faveur en juillet 1643. AM Bay GG 229 (6), 09/01/1692.

84. AM Bay GG 229 (4-6), 1691-1692.

85. AM Bay GG 159, p. 502, 30/12/1691.

86. AM Bay AA 18, 11/06/1697.

87. Seuls les propriétaires de maisons à Saint-Esprit qui défendent le droit de leurs locataires à pratiquer le commerce de détail, font remarquer que la concurrence fait baisser les prix. AM Bay GG 229 (5), 04/01/1692.

88. AM Bay BB 25, p. 204, 26/10/1657. Id, p. 286, 07/10/1658.

89. « […] il se dérobe des droits […] pouvant à toutes heures charger des marchandises et mettre dans des bateaux […] en particulier la nuit ». AM Bay BB 25, p. 258, 02/08/1658. « […] établir un garde au lieu de Saint-Esprit ou de Saint-Étienne, pour prendre garde aux marchandises qui viennent pour les Portugais au préjudice des droits de la coutume […] ». AM Bay BB 25, p. 375, 19/12/1659.

90. Lors d'un vol dont il avait été victime, Anthoine Léon avait porté plainte devant le juge du chapitre, mais de sa propre initiative le procureur-syndicq de la ville en avait porté une autre devant l'échevinage, ce qui mène au parlement une affaire qui aurait dû être simple. AM Bay FF 63 (32 et 33), 18/11/1656.

91. À l'occasion d'un procès, par exemple, nous comprenons que l'entrée d'une maison est dans la seigneurie du chapitre mais que la chambre où le coup de couteau a été donné est dans celle de la ville. AM Bay BB 25, p. 436, 30/05/1661.

92. AM Bay FF 433 (71), 1624 ; BB 25, p. 21, 1657 ; DD 6 (37), 1675.

93. « […] les Portugais viennent tenir boutiques volantes sur le pont près de la barrière, et comme le chapitre du Saint-Esprit en pourrait prendre quelque avantage nuysible à la ville, il serait bon de prévenir le mal […] leur faire commandement par un huissier de ne pas s'emparer du pont […] ». AM Bay BB 28, p. 395, 31/05/1675.

94. AM Bay GG 184 (39), 01/08/1635.

95. AM Bay GG 161, 29/04/1611.

96. AM Bay BB 24, p. 758, 13/04/1654. là., BB 25, p. 69, 17/10/1656.

97. AM Bay FF 574 (12), 07/04/1620. Id., BB 25, p. 385, 16/04/1660.

98. « […] terre que plusieurs particuliers mettent au-devant de leur maison proche la rivière […] ». AM Bay BB 25, p. 123, 09/03/1657.

99. « […] les habitants de Saint-Esprit jettent des tenants le long de la rivière pour que la marée monte moins […] ». AM Bay BB 22, p. 237, 05/04/1632. « […] certains entrepreneurs faisant bâtir des maisons transportent la terre qu'ils tirent de la place sur le bord de la rivière […] un empêchement au droit qu'a la ville comme seigneur de tout le montant de la marée […] ». Id., BB 28, p. 371, 30/01/1675. « […] le chapitre fait porter de la terre, c'est une entreprise contre notre juridiction […] ». Id., p. 387, 29/03/1675.

100. AM Bay BB 28, p. 411, 28/08/1675.

101. Un envoyé du chapitre va solliciter le parlement accompagné de Monsieur d'Olivare médecin (peut-être est-il lui-même portugais) « pour maintenir notre destitution faite de Gestas d'autant qu'il a maltraité ceux de la nation tandis qu'il était juge et s'il était remis en place il ferait pis qu'il n'a faict ».

102. AM Bay GG 191 (38), 05/04/1634.

103. AM Bay CC 43-76, 1628-1661.

104. « […] la ville a concédé des places pour des sommes [trop] modiques […] revoir les contrats […] ». AM Bay BB 25, p. 99, 05/01/1657. La ville accordera la tenure de terrains à ceux qui lui feront les conditions les meilleures. AM Bay BB 31, p. 119, 01/02/1688.

105. AM Bay GG 154 (22), 10/01/1557.

106. AM Bay DD 6 (18), 14/02/1661.

107. AM Bay GG 191 (18), 28/02/1632.

108. AM Bay GG 229 (32) 1760.

109. Diego Alveres et Isabel Henriquez sa femme, Anthoine Mendes Mello et Isabel de Torraioun ( ?) sa femme, Pedro Alveres et Doigna Maria Rodrigues sa femme et Fernando Gomes, qui avaient sous-loué à un locataire principal, doivent se défendre car le propriétaire qui n'a pas renouvelé le bail principal veut les expulser ainsi que les autres sous-locataires, AD 64 III E 4403 (1), 03/04/1670. François Carvaillo est lui aussi inquiet : il est locataire principal mais la maison vient d'être mise en bail judiciaire, quelqu'un a surenchéri alors qu'il avait payé son loyer d'avance. AD 64 III E 4092 (1), 06/06/1684.

110. En réalité il s'agit d'un engagement, les vendeurs ont la possibilité de récupérer l'appartement qu'ils ont cédé à don Gabriel Salazar en lui rendant les 1200 livres qu'il leur a payé mais il serait étonnant que le vendeur qui va, grâce à cette somme, pouvoir payer son maçon qui menaçait de le faire emprisonner, arrive un jour à pouvoir rembourser. AD 64 III E 3165, 05/01/1672.

111. AD 64 III E 4067 (2), 13/11/1671.

112. En 1640, un certain Bernard Campos possède une maison à Saint-Martin-de-Seignanx, mais les Campos au xviie siècle me posent beaucoup de problèmes et s'en posent peut-être aussi. On ne peut pas affirmer que ce Bernard Campos est, a été ou redeviendra un judaïsant, surtout s'il est allé se marier sur place. AD 64 III E 3625, 30/08/1640.

113. Le riche Jacques Rodrigues Cardoze qui a acheté un grand domaine rural dans une paroisse voisine, le revend au bout de quelques mois le prix qu'il l'a acheté (4050 livres) et est locataire (350 livres par an) de son logement en ville. AD 64 III F 4380, 01/10/1660 ; 14/10/1660.

114. Neuf « bourgeois de la ville de Bayonne […] possédant des maisons au bourg st Esprit […] remontrent à V. G. qu'ayant appris que les marchands de Bayonne ont formé une instance devant Elle, contre les marchands portugais résidant audit bourg, à l'effet d'empêcher qu'ils n'y fassent leur commerce de détail, ils ont intérêt d'intervenir dans cette instance pour la conservation de leurs biens […] toute leur fortune et facultés consistant en des maisons qu'ils possèdent aud. Bourg et qui sont occupées par lesd. marchands portugais qui y ont jusqu'icy exercé librement leur commerce par le détail en conséquence des lettres patentes à eux accordées par le Roy en 1656 […]. De sorte qu'à la faveur de ces lettres […] un grand nombre d'autres familles portugaises s'étant retirées de divers royaumes aud. Bourg, les auteurs des supplians furent excités à y faire bâtir des maisons considérables dont le revenu peut faire subsister plus de cent familles composées de véritables et naturels sujets du Roy, au lieu que si le commerce en détail étoit interdit auxd. marchands portugais, ils seraient contraints ne vivant que de ce commerce de quitter absolument ce Bourg […] les suppliants se verraient privés de leurs revenus […] ». Supplique adressée à l'intendant. AM Bay GG 229 (5), 04/01/1692.

115. L'impression est impossible à confirmer faute d'une description assez précise des biens loués, mais ils semblent avoir beaucoup augmenté en 1661-1665.

116. AM Bay GG 159, 19/08/1676.

117. Les prêteurs sont l'hôtelier du bourg ainsi que les sieurs Rodrigo Mendes, Manuel Lopes Pereira et Manuel Mendes Guiros. AD 64 III E 4017, 11/01/1684.

118. Herman P. Salomon, préface à l'édition française de Cecil Roth, op. cit., 1990.

119. Bayonne déplore le grand nombre de Portugais qui se sont jetés depuis quelques années aux environs de la ville, ils feignent de s'enfuir d'Espagne parce qu'ils sont soupçonnés être Juifs, ils renseignent les Espagnols mais il est certain qu'ils pratiquent leur judaïsme. AM Bay BB 18, p. 90, 02/04/1610.

120. Albert Girard, op. cit., p. 73.

121. AD 64 III E 3606, 25/06 au 11/07/1630. Anne Zink, « Être Juif à Bayonne en 1630 », Archives juives, 1994.

122. Pour Saint-Etienne, la paroisse dont dépendait Saint-Esprit, on dispose des registres de baptêmes de 1622 à 1793 et de ceux de mariages et de sépultures de 1633 à 1657 et de 1675 à 1793.

123. La francisation a ses mystères. Le notaire écrit toujours Diego Cardoze Pignère, alors que l'individu en question signe Jacques Cardosso Pinhero, et Jacques Rodrigues Cardoze pour celui qui continue à signer Diego.

124. Un couple réussit à se marier sans qu'on sache où, entre la seconde et la troisième naissance.

125. 05/06/1654, Henry LÉON, op. cit., p. 199.

126. 13/05/1671, Henry LÉON, op. cit., p. 200.

127. C'est ce qu'indique une délibération du corps de ville. AM Bay BB 24, p. 540. 17/01/1653.

128. Le corps de ville de Bayonne s'inquiète beaucoup cette année-là des progrès de la peste mais ne dit pas expressément que c'est elle qui frappe Saint-Esprit. AM Bay BB 24, pp. 607 et 612, 13 et 18/07/1653. Il députe à Saint-Esprit pour savoir quel mal contagieux approche. AM Bay BB 24, p. 624, 07/08/1653. Ce n'était peut-être pas la peste, mais ce fut terrible.

129. La première est enterrée le 12 mai 1654 avant même la signature de l'acte d'achat. AM Bay, Saint-Étienne, GG 6.

130. A partir de mai 1654, le curé précise dans six cas qu'un Portugais est enterré au nouveau cimetière, dans deux cas il ne dit rien mais il ne parle pas non plus de la collégiale. En 1655 et en 1656, il ne le précise plus jamais parce que cela va de soi.

131. Ce n'est pas impossible car en 1661, le trésorier du chapitre fait état non seulement du tribut annuel des Portugais dont nous justifierons plus bas le versement, mais de « droits de sépultures et oblations qui se font principalement desdits Portugais à leur discrétion comme ils sont dus des habitants du bourg ». AM Bay GG 155, 1661.

132. On avait beaucoup déboisé en 1636 mais c'était sur l'autre versant. AM Bay EE 21(10), 1637.

133. Quand on lit dans les registres de délibérations du consistoire de Bayonne que quelqu'un mentionne en 1859 que « la Hebera existe depuis deux siècles », je pense qu'il s'agit d'une approximation, car si la communauté avait conservé au siècle dernier des documents aussi anciens, Henry Léon les aurait cités.

134. Certains ont pu être alors tentés ces années-là de rester dans le catholicisme. Quand Sr Géronimo de Castro, marchand de Saint-Esprit, signe un contrat d'apprentissage pour son fils Manuel avec un maître chirugien et devant un notaire de Bayonne et qu'il promet d'envoyer son fils vivre pendant deux ans chez son maître, quel avenir espère-t-il pour lui ? Revenir avec une bonne formation à Saint-Esprit ou rester à Bayonne en quittant la communauté ? AD 64 III E 4408, 17/04/1676. Quand Anthoine Mendes Mello et Izabel de Torres viennent passer leur contrat de mariage devant un notaire de Bayonne en promettant de se marier devant l'Église catholique et qu'ils ne sont accompagnés d'aucun parent ou ami de Saint-Esprit, ont-ils des raisons pratiques pour se conduire ainsi ou se préparent-ils à faire ce qu'ils disent ? AD 64 III E 4007, 10/01/1664.

135. G. Cirot, op. cit., 1911.

136. « […] Il y en avait même quelques-uns à Bordeaux qui professaient le christianisme lesquels se sont retirés aud. Bourg du St esprit où ils judaïsent […] » AM Bay GG 229 (1), c. 1675.

137. I. S. Révah propose de lire « Biarritz », là où il trouve « Bears ». A cette date on peut pourtant peut-être lire « Béarn » car il y a eu des tentatives d'installation à Orthez et à Oloron. I. S. Révah, op. cit., 1959-1960. Mais il est évident que Biarres est Biarritz, Gérard Nahon, op. cit., 1993, p. 100.

138. AM Bay BB 24, p. 540, 17/01/1653.

139. La création des nouveaux impôts, capitations et vingtième, auxquels tous furent soumis, fit sans doute beaucoup pour asseoir l'autorité des syndics de la communauté juive comme ceux de la communauté chrétienne. Comme la première mention de syndics chrétiens n'est que de 1686, on pourrait dire que les deux communautés se sont structurées parallèlement, si les archives de Saint-Esprit n'étaient pas si pauvres.

140. Louis De Froidour, « Mémoire du pays de Labourd », cité d'après le Bulletin de la Société de Borda, 1928, p. 245.

141. « […] il désire faire cette action avec toute la pompe possible comme regardant la gloire et l'honneur de la religion qui semble être obscurcie dans ledit lieu par le grand nombre de Portugais qui l'habitent […] ». Il veut surtout en venant à Saint-Esprit faire admettre son autorité par le chapitre qui ne lui témoigne que peu de respect, mais il veut aussi condamner leur laxisme. AM Bay GG 159, 30/12/1677.

142. « Mémoire touchant la mauvaise conduite des Juifs qui se sont habitués au Bourg du St Esprit de Bayonne, Bidache et Peyrehorade ». AM Bay GG 229 (1), s. d. Hostile aux Portugais, il exagère peut-être leur nombre et leurs manifestations mais il ne peut pas énoncer de contrevérités sous peine d'être ridicule. Quand il dit « Il n'y a pas quarante ans qu'il n'y avait pas six familles de ceste religion au Bourg St Esprit et présentement il y en a plus de quatre cens », quand il parle des « charités que leurs frères d'Angleterre leurs envoyent », il ne peut pas avoir été écrit en 1600. Son écriture non plus n'est pas celle du début du siècle, elle ressemble en revanche à celle d'un clerc qui est au service de la ville en 1675. AM Bay BB 28, p. 400, 1675. Bien qu'il ne faille pas écarter la possibilité d'une copie et que la formulation du titre soit un peu archaïque, je date ce mémoire du dernier tiers du siècle.

143. « […] depuis quelques années se voyant en très grand nombre, ils ont sans permission ouvert une synagogue publique […] ». Si ce texte est de c. 1675, les quelques années en arrière nous ramènent vers 1668, le point culminant de l'afflux qui a suivi la fin des hostilités et la Lettre patente de 1656, ou en 1671, l'année du rachat du cimetière par la communauté.

144. AM Bay GG 166, 1691-1697.

145. La première mention conservée date de 1683, ce qui ne veut pas dire qu'elle n'ait pas été perçue avant, AM Bay GG 159, 20/08/1683.

146. Dans les comptes du trésorier du chapitre, « […] payé au Samas pour avoir porté le présent des Portugais, 1 livre, 13 sous […] » AM Bay GG 166, 10/03/1692.

147. « […] le commis préposé pour veiller à la conservation des droits des fermes […] averty que le nommé Campous qui tue ordinairement les boeufs, veaux et moutons pour les portugais du Bourg st Esprit, fraude les droits de l'afferme en allant tuer des moutons dans la citadelle et après les vendre auxdits portugais sans en payer les droits […] ». AM Bay FF 111 (91), 07/01/ 1699. Les Portugais ne sont pas les seuls à frauder de cette façon. Le chapitre, comme le fait dans toute localité un peu grande l'instance qui détient la police, afferme le monopole de la boucherie. Mais comme il y a à Saint-Esprit une autre boucherie destinée aux soldats de la citadelle, les civils vont en fraude s'y servir et le sacrificateur va y tuer clandestinement. « […] plainte du fermier de la boucherie […] les habitans vont acheter de la viande dans la boucherie qui est au bas de la citadelle alors que celle du présent bourg est plus que suffisante pour la population […] ». AM Bay GG 187 (43), 01/05/1688.

148. Il touche 36 livres en 1691-1692, 232 livres en 1692-1693, année de mortalité particulièrement sévère dans le midi, 42 livres en 1694-1695 et cela continue. AM Bay GG 166, 1691-1697.

149. AM Bay GG 167, 1702-1740.

150. « […] présentement, il y en [des familles] a plus de quatre cent mais de ce nombre, il n'y en a pas dix qui ayent du bien raisonnablement. Tout le reste ne vivant que de charités qui se font parmy eux et que leurs frères d'Hollande et d'Angleterre leurs envoyent […] comme parmy eux ils sont tous égaux, ils ne demeurent pas en service les uns chez les autres, mais ils se servent de nourrices et de servantes chrétiennes […] ». AM Bay GG 229 (1), c. 1675.

151. « […] cinq aulmosnes generalles aux pauvres de la nation, payables en cinq payemens égaux, la première le jour de l'enterrement, la seconde huit jours après, la troisiesme au bout d'un mois, la quatriesme six mois après et la cinquiesme au bout de l'an […] ». AD 64 III E 4091 (2), 02/09/1683. Il est difficile de tirer des déductions sûres d'un exemple unique. Il semblerait qu'il y ait des rites de bienfaisance et pas encore d'institution pour les gérer, mais cette jeune femme riche qui fait venir un notaire de Bayonne pour recevoir son testament, n'est peut-être pas représentative.

152. Il est question une fois et une seule d'une maison qu'on ne pourrait pas louer à un Portugais. AM Bay GG 159, 28/05/1672. On comprend que c'est parce qu'une chambre de l'étage donne sur le cimetière des Ursulines. Pour respecter les scrupules du légateur, on excluera cette chambre de la location. AM Bay GG 159, 08/02/1682.

153. Au début du xviiie siècle, Bayonne, obligé d'établir un impôt sur les huiles, veut y inclure Saint-Esprit. Les deux communautés de la bourgade s'unissent pour mener procès et démarches contre ce nouvel impôt qu'elles obtiennent de payer sous forme d'abonnement ce qui évitait de nouvelles intrusions de commis bayonnais. Au cours des discussions, la municipalité de Bayonne parle de « Me Cassolet notaire royal et Sieur Albaro Louis marchand, les syndics des habitants de Saint-Esprit », comme s'ils ne formaient qu'une seule communauté. AM Bay AA 18, 16/05/1720.

154. Anne Zink, « L'activité des Juifs bayonnais pendant la seconde moitié du xviie siècle », dans Colloque, Des rives du Tage à celles de l'Adour, l'exode des Juifs d'Espagne vers Bayonne, Faculté interdisciplinaire de Bayonne, 7-9 avril 1992, Bayonne, 1993, pp. 85-107.

155. AD 64 III E 3638, 20/12/1652.

156. La propriétaire de Simon Sermentou loue le même jour à Simon Gomes la partie de la maison Destandeau qu'il occupe comme locataire depuis l'année précédente contre 600 livres. C'est monstrueusement cher mais elle l'autorise à faire « un moulin à pierre façon tannerie pour moudre du tabac». AD 64 III E 4059 (1), 10/02/1662.

157. «[…] divers Portugais résidant audit lieu ont de leur propre autorité et sans aucune permission, fait construire depuis peu de temps divers moulins à tabac dans les maisons qu'ils occupent […] et font lesdits tourner et moudre nuit et jour avec des chevaux et se préparent à en laire construire d'autres, ce qui nuit non seulement au privilège des seigneurs, mais cause un extrême désordre public tant aux malades qui sont dans les maisons voisines, qu'à cause du grand bruit que font les moulins […] qui rendent entièrement le bourg inhabitable […] ». Le procureur avait requis en conclusion qu'ils soient transportés à la sortie du bourg. Six propriétaires de moulin se présentent et obtiennent du juge après cinq mois de réflexion et sans doute de palabres, que les moulins restent sur place, mais « qu'ils ne pourront battre que les jours et qu'ils cesseront quand il y aura dans le voisinage des personnes malades ». AM Bay GG 185 (10 ut 11), 02/10/1643 et 10/03/1644.

158. AM Bay BB 31, 26/10/1691.

159. Les sieurs Georges, Louys et Diego Loppes, marchands de Saint-Esprit, s'engagent à laire construire un moulin à tabac à côté du moulin à blé situé à Halsou et appartenant au seigneur de Larresore, à ne pas détourner l'eau du moulin vers leur martinet et lui en donner 150 livres de location par an à condition de pouvoir faire sécher et préparer leur tabac dans les dépendances du moulin et loger leurs ouvriers dans une maison voisine appartenant audit seigneur. AD 64 III E 4363, 02/05/1648.\

160. Ils auraient voulu qu'ils versassent à la caisse commune six deniers par écu de chaque contrat. Ils leur reprochaient d'avoir réussi à acquérir le monopole de la chaux, ce qui mettait les autres maçons en leur pouvoir. Ils voulaient leur imposer de verser un salaire minimum quand ils employaient comme salariés les autres maîtres maçons. AM Bay FF 74 (33). 13/07/1679.

161. AD 64 III E 4018(2), 09/12/1684.

162. On ne peut pas savoir ce que mangeaient les gens mais on voit à quel point les logements étaient surpeuplés. On loue rarement une maison entière, mais une pièce, deux pièces, un étage et une partie du grenier. Celui qui loue une maison ou un étage fait toujours figurer dans le bail le droit de prendre des sous-locataires. AD 64 III E 4083, 24/04/1675. La location comprend parfois quelques meubles, ce qui n'est pas dans les habitudes et ce qui montre le dénuement des futurs locataires. AD 64 III F 3638, 07/05/1653 ; AD 64 III F 4373 (2), 10/07/ 1658. La maison du Jardin où habitent plusieurs familles portugaises, est une auberge où elles vivent en meublé.

163. Michèle Escamilla-Colin, op. cit., pp. 325-380.

164. Le fichier prosopographique sera difficile à établir à cause des homonymies et des identités multiples, des départs et des retours, des sources perdues, de la misère enfin de beaucoup de ces migrants qui n'ont jamais laissé de traces.