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Une révolte au Burundi en 1934

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Jean-Pierre Chrétien*
Affiliation:
Université de Lille

Extract

Les études portant sur les révoltes populaires en milieu rural européen se sont multipliées depuis quelques années. La recherche historique découvre qu'elle a privilégié le monde des villes et que les sociétés paysannes ont aussi une histoire. On nous permettra de voir, dans cette tendance, un reflet de l'importance qu'a prise dans l'histoire de notre temps l'évolution des peuples du « Tiers Monde ». Il est question, en plein XXe siècle, de menaces de famine, de réformes agraires, de mentalités villageoises archaïques, de paysanneries révolutionnaires. Ces réalités posent des questions stimulantes pour la compréhension de notre propre passé européen; elles peuvent aussi favoriser un élargissement des horizons de nos enquêtes. L'étude des révoltes est aussi fructueuse pour la connaissance de l'Afrique ancienne, dans la mesure où elles ont laissé des traces dans la documentation écrite ou dans la mémoire collective, parce qu'elles révèlent les moments de crise de ces peuples réputés « sans histoire ».

Type
L'histoire Sauf l'Europe
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1970

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References

page 1678 note 1. Parmi les nombreuses publications récentes sur les soulèvements paysans, on peut citer R. Mousnier, Fureurs paysannes. Les paysans dans les révoltes du XVIIe siècle (France, Russie, Chine), Paris, 1967 ; R. Mandrou, « Vingt ans après, ou une direction de recherches fécondes : les révoltes populaires en France au XVIIe siècle », Revue historique, juillet 1969, pp. 29-40.

page 1678 note 2. En ce qui concerne l'Afrique on peut penser à : la révolte maji-maji qui éclata en Afrique orientale allemande en 1905 : cf. V. Harlow et E. M. Chilver, History ofEast Africa, t. II, pp. 137- 142 ; — la rébellion de 1896-1897 en Rhodésie : cf. T. Ranger, « The Rôle of Ndebele and Shona Religious Authorities in the Rébellion of 1896 and 1897 », in E. Stores et R. Brown ed., TheZambesian Past. Studies in Central African History, Manchester, 1965, pp. 94-136 ; — le soulèvement des Hereros du Sud-Ouest africain allemand en 1904 : cf. H. Bley, Kolonialherrschaft und Sozialstruktur in Deutsch-Sùdwest-Afrika, 1894-1914, Hambourg, 1968.

page 1679 note 1. Il s'agit de rapports annuels préparés par le Ministère des Colonies à l'intention des Chambres, puis de la S.D.N., sur « l'administration du Ruanda-Urundi ». Par exemple celui de 1934 : Ministère des Colonies, Rapport présenté par le gouvernement belge au Conseil de la Société des Nations, au sujet de l'administration du Ruanda-Urundi pendant l'année 1934, Bruxelles, 1935. Nous avons consulté ces Rapports pour les années 1921 à 1935.

page 1679 note 2. Les deux missions les plus proches de la révolte, celles de Gatara (écrit Katara à l'époque) et de Musigati (ou Musikati) ont été envisagées : nous avons pu consulter le diaire (ou journal) de la mission de Gatara et nous avons pu recueillir des renseignements très intéressants sur la région de Musigati grâce à l'amabilité du Révérend Père Peumans, ancien supérieur de cette maison.

page 1679 note 3. Ce sondage a été réalisé à l'issue d'enquêtes plus exhaustives consacrées à une recherche en cours sur le Burundi à l'époque de la colonisation allemande. Nous avons pu recueillir les témoignages de l'ancien chef Bacinoni qui avait participé à la répression de la révolte, de l'ancien sous-chef Rusekeza qui avait au contraire été victime de la répression et du fils d'un ancien sous-chef qui avait connu le même sort. A ces récits qui ont été enregistrés et transcrits, s'ajoutent des opinions plus éparses obtenues dans la région. Les renseignements les plus intéressants nous ont été donnés au Ndora même. Ce travail a été possible grâce à la compréhension des autorités du Burundi (en particulier celles de l'arrondissement de Bubanza, et grâce aux étudiants de l'E.N.S. du Burundi : Muyombera Herman, Ruranyaga Nicodème et Mworoha Emile, qui ont participé à sa mise en oeuvre.

page 1679 note 4. E. Sik, Histoire de l'Afrique noire, t. II, p. 307. L'ouvrage est souvent systématique et superficiel.

page 1679 note 5. C'est le nom de la « sorcière ». Les noms propres et les termes en kirundi ont été transcrits sans les accents qui pourraient indiquer les intonations exactes des voyelles. L'orthographe a été fixée depuis le début du XXe siècle grâce aux travaux des premiers missionnaires. Quelques indications sur la prononciation :

page 1679 note 6. Sur cette période cf. J.-L. Coifard, Soixante ans de colonisation au royaume du Burundi, 1902-1962, D.E.S., Rennes, 1965, pp. 62-140.

page 1682 note 1. La famille des Batare, issus de Ntare Rugamba (qui régna dans la 1re moitié du XIXe siècle), c'est-à-dire des princes de sang royal, mais appartenant à des branches collatérales par repport à la lignée royale elle-même : contrairement au roi Mwambutsa ils ne descendaient pas du roi Mwezi Gisabo (env. 1852-1908), mais de frères de celui-ci. C'est ainsi que s'opposèrent jusqu'à une époque très récente les Batare (issus de Ntare) et les Bezi (issus de Mwezi) : cf. par exemple H. P. Cart, « Conception des rapports politiques au Burundi », Études congolaises, n° 2, 1966. Une généalogie très simplifiée permettra de situer le chef Baranyanka par rapport au roi Mwambutsa :

Les rois du Burundi portaient des noms de règne qui s'ordonnaient selon des cycles de quatre rois (Ntare, Mwezi, Mutaga, Mwambutsa). Selon J. Vansina (cf. Aequatoria, XXIV, 1961, pp. 1-10) le cycle des XIXe et XXe siècles serait le deuxième de la dynastie.

page 1682 note 2. Sur la géographie du pays, cf. J.-P. Chrétien et J.-L. Coifard, « Le Burundi », Notes et études documentaires, n° 3364, février 1967 ; M. Larnaude, « Un haut pays d'Afrique : le Rouanda- Ouroundi », Revue de géographie alpine, XXXVIII, 1950, II, pp. 443-473 ; P. Gourou, La densité de la population du Ruanda-Urundi. Esquisse d'une étude géographique, Bruxelles, 1953.

page 1682 note 3. La plaine de la Rusizi fait partie du graben du lac Tanganyika. Les escarpements qui la dominent correspondent donc à des lignes de faille, ce qui explique le raideur des pentes et l'aspect torrentueux des rivières. Vers l'est au contraire la pente générale correspond à celle des couches géologiques. Cette crête correspond à la ligne de partage des eaux des bassins du Congo (lac Tanganyika) et du Nil (Ruvubu), ce qui lui a donné son nom moderne.

page 1683 note 1. Cf. notre article sur « Les tombeaux des bami du Burundi. Un aspect de la monarchie sacrée en Afrique orientale », Cahiers d'études africaines, X, I, 1970, pp. 40-79.

page 1683 note 2. Chapitre consacré à la « politique indigène » dans le territoire de Ngozi, p. 73.

page 1683 note 3. Selon le Père Doumeizel, diaire de Gatara, 3 octobre 1934.

page 1683 note 4. Témoignage du fils du sous-chef déjà évoqué (cité dorénavant N). Les deux « meneurs » se seraient appelés Kino et Karabasesa, ils auraient tiré des flèches sur deux Européens.

page 1684 note 1. Inamujandi d'après la prononciation réelle. « Mujande » est l'orthographe des rapports européens. Ina est un préfixe fréquent devant des noms de personnages féminins. On notera, pour l'ensemble de l'extrait qui suit, les caractères du style oral, que nous avons tenu à respecter : répétitions, style direct fréquent, retours en arrière, chronologie floue. L'enregistrement a eu lieu à Ndora le 11 juillet 1968.

page 1684 note 2. Bacinoni emploie le terme polisi, dérivé du français : il assimile ainsi son réseau d'autorités à l'administration européenne. Ce « policier » est en fait un de ses fidèles ou de ses suivants (abagendanyi) chargés de veiller sur son enclos de Bukinanyana. Un chef avait toujours plusieurs résidences. Bacinoni en a une à Muyange, vers la plaine, alors que celle de Bukinanyana est en haut, près de la forêt.

page 1684 note 3. L'agent territorial Richir. « L'Européen » ou « Le Blanc » est désigné par le terme muzungu répandu dans toute l'Afrique orientale. Nous laissons au témoin la responsabilité de ses appréciations.

page 1684 note 4. Terme swahili (langue volontiers employée par les colonisateurs) signifiant « vauriens ».

page 1684 note 5. « Les gens de Bweyerezi », c'est-à-dire les Batare de la branche de Baranyanka, originaires de la région de Gitega dont un des noms était aussi Bweyerezi.

page 1685 note 1. Voir plus bas sur cet ancien chef.

page 1685 note 2. Attitude de la palabre.

page 1685 note 3. L'Européen est supposé faire un geste habituel chez les Barundi pour exprimer l'intérêt, l'étonnement, l'émotion devant un événement.

page 1685 note 4. C'est-à-dire : « le malheur est sur nous ».

page 1685 note 5. L'image de celui qui dévale à toute allure la pente d'une colline, c'est-à-dire de celui qui s'enfuit. La troupe de Bacinoni redescend en effet vers l'Imbo.

page 1685 note 6. Il s'agit de la Compagnie de la Rusizi qui exploite le coton cultivé dans cette région. On remarquera l'importance de ses rapports avec les Européens.

page 1685 note 7. Rusekeza, interrogé séparément, confirma la version de Bacinoni, notamment en ce qui concerne la première arrestation d'Inamujandi à la lisière de la forêt.

page 1686 note 1. Sur le calendrier agricole on peut consulter P. Leurquin, Le niveau de vie des populations rurales du Ruanda-Urundi, Bruxelles, 1960. La saison de la bière de sorgho est bien évoquée par H. Meyer, Die Barundi, Leipzig, 1916, p. 129 : « Comme pour toutes les autres fêtes des Barundi, l'abondance de bière prévaut sur toutes choses et que celle-ci n'est disponible qu'après les récoltes, c'est-à-dire de juillet à la fin d'octobre, les fêtes se déroulent presque uniquement au cours de ces mois. Toutes les nuits, mais surtout au clair de lune, retentit alors dans toutes les bananeraies le tumulte des beuveries et des danses, et même si habituellement il ne s'agit que de réunions de buveurs sans autre signification qui se font entendre dans la nuit, beaucoup sont aussi des assemblées religieuses des Ababandwa auxquelles ne prennent part que les initiés. »

page 1687 note 1. Beaucoup étaient encore des vêtements en écorce de ficus et 300 000 F de pagnes de coton auraient alors été distribués.

page 1687 note 2. Il y a aussi depuis 1926 des houes importées. Les missionnaires notent dans les années 30 que les gens « courent après les francs » pour payer l'impôt et acquérir les étoffes européennes.

page 1687 note 3. Coifard, op. cit., p. 86.

page 1688 note 1. Les Swahilis sont des Noirs islamisés venus de régions plus ou moins éloignées de l'Afrique orientale ou nés au Burundi même : en 1934 il y en avait 4 757 dans le territoire d'Usumbura, 37 dans celui de Ngozi. Ils étaient installés dans les centres commerciaux.

page 1688 note 2. La Belgique qui est le premier acheteur est atteinte par la crise surtout en 1932. Voir F. Baudhuin, Histoire économique de la Belgique, 1914-1939, Bruxelles, 1946, 1.1, p. 186.

page 1688 note 3. Nos courbes ont été établies d'après les statistiques annuelles des Rapports.

page 1688 note 4. Les cours des peaux sur la place de Londres (cf. J. Nere, La crise de 1929, Paris, 1968, p. 67) passèrent de l'indice 119 en 1927 à 63 en 1931 : la baisse est moins importante que sur le marché d'Usumbura.

page 1689 note 1. Suret-Canale, J., Afrique noire. L'ère coloniale. 1900-1945, Paris, 1964, p. 361.Google Scholar

page 1689 note 2. Baudhuin, t. II, p. 436, évalue à environ 45 % la baisse des prix de gros en Belgique de 1929 à 1934. M. Merlier, Le Congo, de la colonisation belge à l'indépendance, Paris, 1962, p. 142, évalue la baisse du cuivre à plus de 70 % entre 1928 et 1934. En Ouganda les prix du coton et du café ne semblent diminuer que de 50 % entre 1929 et 1933 (cf. Harlow et Chilver, op. cit., p. 455).

page 1689 note 3. Les exportations de bétail et de cire du Ruanda-Urundi ont par exemple doublé (en quantités) de 1931 à 1932.

page 1689 note 4. Et encore en 1931 et 1932 50 % de ces exportations environ (en valeur) se firent en direction du Congo, sinon le déclin des exportations aurait été plus sensible. Cet exemple illustre un certain repliement des empires coloniaux sur eux-mêmes.

page 1692 note 1. La somme totale des dépenses publiques est supérieure à la valeur des importations de 1932 à 1934.

page 1693 note 1. Jugement exprimé dans le Rapport de 1928, cité par J.-L. Coifard, op. cit., p. 132.

page 1693 note 2. Sur quelque 80 000 H.A.V. recensés dans le territoire de Ngozi, 14 000 environ ne payèrent pas l'impôt en 1934, soit le double par rapport à 1935 : est-ce l'effet de négligences ou une conséquence de la révolte ?

page 1694 note 1. Diaire de Gatara, 28 novembre 1933. On remarquera que les missionnaires ne prétendent pas (au contraire de l'administration) que la « paresse » des Noirs irait jusqu'à leur faire négliger leurs cultures !

page 1694 note 2. Les particuliers donnaient en général 1 F. L'étape normale représentait quelque 20 km pour une charge d'environ 25 kg.

page 1695 note 1. Diaire de Gatara, 7 décembre 1931. Il signale ailleurs que les chefs se démènent pour avoir des « records de cultures ». Les paysans devaient présenter 35 ares (les bipimo, c'est-à-dire les parcelles « mesurées ») de cultures vivrières obligatoires, drainer des marais, avoir des réserves, développer le manioc, etc.

page 1695 note 2. J. Heugens, « Quand on bâtit », Grands lacs, ler mars 1936, pp. 437-438.

page 1696 note 1. Cf. Rapports de 1929 et 1933, diaire de Gatara et Harlow et Chilver, op. cit., p. 427. Les recensements officiels sont inférieurs à la réalité.

page 1696 note 2. Cf. R. Anstey, King Leopold's Legacy, Londres, 1966, pp. 108-111.

page 1696 note 3. Cf. M. Merlier, op. cit., p. 143.

page 1697 note 1. Les témoins barundi présentent ces travaux routiers comme des corvées imposées à titre de punition en 1934-35. « C'est grâce à Inamujandi qu'il y a une route », ironisa Bacinoni.

page 1697 note 2. isengero : « lieu où l'on prie », c'est-à-dire un centre d'instruction de catéchumènes par opposition aux chapelles-succursales où l'on célèbre le culte.

page 1698 note 1. D'après P. Ryckmans, Une page d'histoire coloniale, Bruxelles, 1953 ; W. M. Roger Louis, Ruanda-Urundi, 1884-1919, Oxford, 1963, pp. 114-144 ; et nos propres enquêtes.

page 1698 note 2. Voir par exemple A. Verbeken, Msiri, roi du Garenganze, Bruxelles, 1956 et R. Fouquer, Mirambo, Paris, 1967.

page 1698 note 3. Bacinoni insista sur les distributions de viande comme moyen décisif de rallier les populations de la région. Le festin de viande est une fête par excellence.

page 1698 note 4. Voir à ce sujet notre article, « Les tombeaux royaux des bami du Burundi », déjà cité. Ces sites royaux ont été indiqués sur la carte B.

page 1698 note 5. Le Rapport de 1934 évoque le rôle d'un « chef destitué et relégué au Congo belge en 1920 et qui devait profiter de la révolte pour reconquérir ses anciennes terres ». Le diaire de Gatara note, le 4 octobre, que « le bruit court » qu'un « fils de Kilima » est là.

page 1699 note 1. L'histoire du peuplement de l'Afrique des grands lacs est mal connue : la cohabitation de groupes nilo-éthiopides (les Batutsi) et de groupes noirs de type bantou (les Bahutu) est sans doute très ancienne, vu la fusion culturelle et l'existence de types physiques intermédiaires.

page 1699 note 2. Voir les critiques opportunes de l'emploi inconsidéré de la notion de féodalité dans R. Boutruche, Seigneurie et féodalité, t. I, Paris, 1959.

page 1699 note 3. D'après de nombreux témoignages oraux. Ces deux chefs sont eux-mêmes des Baganwa.

page 1699 note 4. D'après les cartes figurant en annexes aux Rapports du gouvernement belge, la chefferie de Ntunguka, centrée sur le cours de la Kaburantwa jusqu'en 1929, est ensuite cantonnée sur les bords de la Rusizi, Bacinoni ayant reçu le cours moyen et supérieur de la Kaburantwa. Ce redécoupage peut expliquer que le sous-chef Rusekeza ait changé de chef au cours de cette période.

page 1699 note 5. Il raconta aussi que Rusekeza avait fait passer des lettres entre son enclos et le camp européen du Ndora et qu'il était donc intervenu en sa faveur. Rusekeza serait néanmoins resté 15 ans en prison ?

page 1700 note 1. Rusekeza.

page 1700 note 2. Insimbi, en kirundi. Ces coquillages connus dans toute l'Afrique comme monnaie avaient au Burundi un rôle d'amulettes.

page 1700 note 3. Témoin N.

page 1700 note 4. Idem. Les Batwa étaient renommés comme chasseurs mais aussi comme guerriers. On notera qu'Inamujandi elle-même était hutu.

page 1701 note 1. Diaire de Gatara, 25 mai 1933.

page 1702 note 1. Rapport de 1927. C'est nous qui soulignons. Tout ce paragraphe est fondé sur l'analyse des Rapports des années 1921 à 1934.

page 1703 note 1. Rapport de 1933, p. 75.

page 1703 note 2. Ce qui était d'ailleurs considéré comme insuffisant et en retard par rapport au Rwanda.

page 1703 note 3. Elle fut déplacée à Gitega en 1928.

page 1703 note 4. Rapport de 1927, pp. 37-41.

page 1704 note 1. Dès 1929 Baranyanka avait une automobile, son rival Nduwumwe l'année suivante.

page 1704 note 2. A. A. Trouwborst, « L'organisation politique en tant que système d'échange au Burundi », Anthropologica, II, n° 1, 1961, p. 16.

page 1704 note 3. Rapport de 1931, p. 61.

page 1704 note 4. Il est frappant de constater l'évolution des descriptions de la société locale entre les années 1920 et les années 1930. Les premières sont nuancées, les stéréotypes se développent avec la politique de rationalisation des pouvoirs. Un exemple de cette psychologie des races publié dans GrandsLacs en 1936 (pp. 279-280) par P. Ryckmans, un auteur qui écrivit des choses moins sommaires par ailleurs : « Les Batutsi étaient destinés à régner. Leur seule prestance leur assure déjà, sur les races inférieures qui les entourent, un prestige considérable ; leurs qualités — et même leurs défauts — le rehaussent encore. Ils sont d'une extrême finesse, jugeant les hommes avec une infaillible sûreté, se mouvant dans l'intrigue comme dans leur élément naturel. Fiers avec cela, distants, maîtres d'eux-mêmes, se laissant rarement aveugler par la colère, écartant toute familiarité, insensibles à la pitié et d'une conscience que les scrupules ne tourmentent jamais : rien d'étonnant que les braves Bahutu, moins malins, plus simples, plus spontanés et plus confiants, se soient laissés asservir sans exprimer jamais un geste de révolte. Ils ont, eux, toutes les caractéristiques de la race bantoue : petits, trapus, grosse tête, face joviale aux rides profondes, nez largement épaté et lèvres classiques du nègre. On les distingue des Batutsi au premier regard, bien qu'ils se reconnaissent comme compatriotes. »

page 1705 note 1. En 1931 l'administration avait déposé le mwami du Rwanda Musinga. Et ne chantait-on pas dans les églises : Sahumfac regem nostrum Leopoldum ? ﹛Grands Lacs, 1936, p. 323).

page 1707 note 1. Diaire, 20 août 1933.

page 1707 note 2. Tout cela pour recevoir 4, 40 F par kg de café en 1933 dans la région de Kayanza. On peut remarquer que le soulèvement maji-maji avait aussi éclaté au moment où on voulait répandre des cultures obligatoires de coton dans le sud-est de l'Ostafrika.

page 1707 note 3. « Progrès » aussi dans ce domaine : 1 700 prisonniers au Burundi en 1927, 3 800 en 1934.

page 1707 note 4. Kayoya, M., Sur les traces de mon père, Bujumbura, 1968, p. 19.Google Scholar

page 1708 note 1. Mesurer, gupima, a donné des surnoms tels que Pima-pima.

page 1708 note 2. Ryckmans, P., Barabara, Bruxelles, 1947, p. 135.Google Scholar

page 1708 note 3. Turnbull, C., L'Africain désemparé, Paris, 1965, p. 56.Google Scholar

page 1708 note 4. Diaire de Gatara, ler octobre 1931.

page 1709 note 1. Ibidem, 5 octobre 1934.

page 1709 note 2. Les élèves de l'école de Muramvya auraient eux-mêmes demandé à être catéchisés, d'où la création de la mission de Bukeye.

page 1709 note 3. A. Morbtus De Bouchout, « Écoles de brousse », Grands Lacs, ler mars 1936, pp. 353-354.

page 1710 note 1. D'après le R.P. Delacauw, alors inspecteur diocésain, ibidem, pp. 411-416.

page 1710 note 2. Ibidem, pp. 390-391. N.B. : Gatara avait été détachée de la mission de Busiga et Musigati de celle de Buhonga.

page 1710 note 3. Les deux missions ont créé fébrilement un réseau de succursales pour y devancer les « hérétiques », c'est-à-dire les protestants danois héritiers des Allemands à Rubura et Musema (depuis 1932) et aussi les adventistes de Buganda (influents chez Matumba).

page 1711 note 1. Les premières religieuses (à partir de 1933) sont aussi très mal vues et même la scolarisation des filles est pour certains source de scandale.

page 1711 note 2. Sur la fin du Muganuro, cf. J. Gorju, Face au royaume hamite du Ruanda. Le royaume frère de l'Urundi, Bruxelles, 1938, pp. 42-50.

page 1711 note 3. Grands Lacs (déjà cité, p. 273) publie une photographie des tambours royaux abandonnés dans la brousse, eux qui « pour la dernière fois en 1929 annoncèrent les fêtes du sorgho dans toute leur abomination païenne. » (sic)

page 1711 note 4. Sur ce thème voir notamment : W. E. Muhlmann, Messianismes révolutionnaires du Tiers Monde, Paris, 1968 ; M. I. Pereira De Queiroz, Réforme et révolution dans les sociétés traditionnelles. Histoire et ethnologie des mouvements messianiques, Paris, 1968 ; G. Balandier, Sociologie actuelle de l'Afrique noire, Paris, 1963 et La vie quotidienne au royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, 1965.

page 1712 note 1. Diaire de Gatara, 6 novembre 1934.

page 1712 note 2. Kumoso signifie « ce qui est à gauche », littéralement le « pays sinistre », encore plus réput é que le Nkiko pour la sorcellerie.

page 1712 note 3. Op. cit., p. 189.

page 1712 note 4. Gatara, 6 novembre 1934 : « Les prisonniers voulaient l'avoir entre leurs mains pour la mettre en pièces ».

page 1712 note 5. Bacinoni.

page 1713 note 1. Témoin N.

page 1713 note 2. Cf. G.C.K. Gwassa et J. Iliffe, Records of the Maji-maji Risirtg, Historical Association of Tanzania Paper n° 4, Nairobi, 1967, pp. 9-10.

page 1713 note 3. Témoin N.

page 1713 note 4. Selon N les rebelles violaient les jeunes chrétiennes : réaction contre les exigences morales chrétiennes ou mépris pour les filles qui allaient fréquenter les salles de catéchisme ?

page 1713 note 5. Témoin N.

page 1714 note 1. « Le passage de l'expédition d'Oscar Baumann au Burundi », Cahiers d'études africaines, VIII, I, 1968, pp. 48-95. L'enquête orale révéla l'erreur d'interprétation de Baumann concernant la résistance des gens du Mugamba contre lui. Il y vit une expression d'hostilité à l'égard de la monarchie, alors qu'un gendre du roi Mwezi dirigeait en personne cette résistance.

page 1714 note 2. Rapport de 1934, p. 73. Même idée chez Gorju, op. cit., p. 30.

page 1715 note 1. Sur le culte de Kiranga au Burundi, cf. B. Zuure, Croyances et pratiques religieuses des Barundi, Bruxelles, 1929, pp. 36-98 ; H. Meyer, Die Barundi, Leipzig, 1916, pp. 127-129.

page 1715 note 2. Témoin N.

page 1715 note 3. Selon H. Meyer, le kubandwa pouvait s'accompagner de malédictions contre les Blancs.

page 1715 note 4. Voir F. S. Brazier, « The Incident at Nyakishenyi, 1917 », Uganda Journal, 32, I, 1968, pp. 17-27 ; C. Vidal, « Anthropologie et histoire : le cas du Ruanda », Cahiers internationaux de sociologie, XLIII, 1967, pp. 143-157.

page 1716 note 1. Encore en 1935, la foudre ayant tué plusieurs personnes, les gens du Ndora accusent « les nouveaux venus » d'avoir ensorcelé (kuroga) la pays. Diaire de Gatara, 2 mars 1935.

page 1716 note 2. « Syncrétismes, messianismes, néotraditionalisme. Postface à une étude des mouvements religieux de l'Afrique noire », Archives de sociologie des religions, 10e année, 19, 1965, pp. 99-116 Du même auteur, Les mouvements religieux des peuples opprimés, Paris, 1962, cf. p. 69.

page 1716 note 3. Muhlmann (déjà cité, p. 122) montre que le culte du Cargo aux îles Fidji se manifeste non sur la côte mais dans l'intérieur, où l'oeuvre des Blancs n'était qu'entrevue.

page 1716 note 4. Op. cit., pp. 197-206 et p. 275.

page 1717 note 1. P. Chaunu, « Sur la fin des sorciers au XVIIe siècle », Annales E.S.C., 1969, 4, p. 903.

page 1717 note 2. Les paysans de Languedoc, Paris, 1969, p. 244.