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Meyerson critique ou héritier de Comte?
Published online by Cambridge University Press: 27 April 2009
Abstract
Even though Émile Meyerson is rightly seen as an opponent of Comte's positivism, analyzing passages of his works with the help of his correspondence shows the ambiguity of his relation to Comte's philosophy. Drawing on Meyerson's remarks about his relation to Comte's philosophy, this article offers a new perspective on the notion of influence, which is too often perceived as passive or unassimilated reception of a stream of ideas. I argue that Meyerson treated Comte's ideas as a sort of raw matter he transformed into a finished product.
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- Articles
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- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 47 , Issue 1 , Winter 2008 , pp. 3 - 23
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- Copyright © Canadian Philosophical Association 2008
References
Notes
1 Brouillon de lettre de Meyerson à F. Challaye (sans date); Central Zionist Archives, Jérusalem, Fonds Meyerson A 408/9. La correspondance de Meyerson sera désormais citée de la manière suivante: lettre à Challaye, s.d., A 408/9.
2 Son ambition était d'écrire une histoire de la chimie alliant la clarté des Leçons de philosophie chimique de Jean Baptiste Dumas à l'érudition de la Geschichte der Chemie de Hermann Kopp (cf. note précédente).
3 Meyerson souligne combien même dans une position de «détachement philosophique» il est difficile de ne pas croire à la vérité de la science contemporaine (De l'explication dans les sciences [1922], Paris, Fayard, 1995, p. 843Google Scholar; désormais: ES). Cette idée d'emprise sur les esprits est l'une des dimensions que Thomas Kuhn — qui fut lecteur de Meyerson — prête au paradigme.
4 Comte, , Cours de philosophie positive, 1830–42, t. 1, leçon 2, Paris, Hermann, 1975, p. 53 (désormais: Cours).Google Scholar
5 Identité et Réalité [1908], Paris, Alcan, 1912, p. xvi (désormais: IR).Google Scholar
6 Koyré reconnaît publiquement sa dette à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Meyerson (voir Bulletin de la Société française de philosophie, Commémoration du Centenaire de la naissance de deux épistémologues français: Émile Meyerson et Gaston Milhaud, Séance du 26 novembre 1960, avril 1961, p. 115–116). Metzger reconnaît son influence tout en se défendant d'être disciple de Meyerson (voir «La Philosophie d'É. Meyerson et l'histoire des sciences», Archeion, vol. 11, 1929, p. 32–42Google Scholar; reprint dans La méthode historique en histoire des sciences, Fayard, Paris, 1987, p. 95–106)Google Scholar. Kuhn recommande les pratiques historiennes de Meyerson tout en désavouant sa philosophie (The Essential Tension, Chicago, University of Chicago Press, 1977, p. 11).Google Scholar
7 Michel Bitbol et Jean Gayon, dir., L'épistémologie française 1830–1970, Paris, Presses universitaires de France, 2006, p. 113–195Google Scholar. Voir aussi Brenner, Anastasios, Les origines françaises de la philosophie des sciences, Paris, Presses universitaires de France, 2003.CrossRefGoogle Scholar
8 Voir Mach, E., Erkenntnis und Irrtum, Lepzig, Barth, 1905Google Scholar (trad. Marcel Dufour, La connaissance et l'erreur, Paris Flammarion, 1908, p. 275)Google Scholar; Garreta, Guillaume, «Ernst Mach, l'épistémologie comme histoire naturelle de la science», dans P. Wagner, dir., Les philosophes et la science, Paris, Gallimard, 2002, p. 624–658.Google Scholar
9 Voir, par exemple, ES (ch. 5, p. 213)Google Scholar: «Nul n'a été d'ailleurs, plus explicite à cet égard qu'Auguste Comte dans les moments où, ce qui lui arrivait quelquefois, comme nous l'avons vu, il perdait de vue sa doctrine et se contentait de formuler le credo scientifique de son époque».
10 Meyerson reconnaît toutefois une différence importante dans l'impact de leur œuvre sur les milieux scientifiques: alors que Hegel n'a suscité que mépris et dédain de la part des savants, Comte a eu une réelle influence.
11 Le reproche d'arbitraire et d'affirmation invérifiable a d'ailleurs été adressé à Meyerson par Gaston Milhaud dans sa recension de la seconde édition d'Identité et réalité (cf. «Une théorie récente de la causalité», La Revue du mois, vol. 14, no 83, 10 11 1912, p. 541–562).Google Scholar
12 Voir par exemple la présentation de l'état théologique dans le Discours sur l'esprit positif [1844], §7, Vrin, Paris, 1995, p. 49Google Scholar (désormais: Discours).
13 Voir, par exemple, Cours, t. 2, leçon 56, p. 567 et 577–581Google Scholar; Discours, §15, p. 72–73.Google Scholar
14 Les atomes sont les entités paradigmatiques de cette ontologie scientifique qui est à la fois inconsciente et générale au sens où elle crée du consensus (cf. ES, ch. 15, p. 686–687)Google Scholar. Meyerson semble oublier que sur les atomes, Comte serait d'accord. Dans la 37e leçon du Cours de philosophie positive, il présente le principe général de l'atomisme comme une évidence non problématique et admise par tous (Cours, t. 1, p. 611Google Scholar; voir aussi Bensaude-Vincent, B., «Le positivisme fait-il obstacle au progrès scientifique?», dans A. Despy-Meyer et D. Devriese, dir., Positivismes, Bruxelles, Brepols, 1999, p. 217–244).Google Scholar
15 Urbain, Georges, Les disciplines d'une science, la chimie, Paris, Libraire O. Doin, 1921, p. 18Google Scholar (Meyerson cite ce texte d'après un article paru dans La grande revue en 1920).
16 Voir, par exemple, le chapitre «Le matérialisme composé», Bachelard, dans Gaston, Le matérialisme rationnel, Paris, Vrin, 1953, p. 112–153.Google Scholar
17 Kekulé, A., «On Some Points of Chemical Philosophy», The Laboratory, I, 07 27, 1867Google Scholar. Cité par Britta Görs, «Vom imaginären Atom zum räumlichen Gebilde: Der pragmatische Umgang mit dem chemischen Atomismus in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts», Jobmann, dans A., et Spinder, B., dir., Theorien über Theorien über Theorien, IWT-Paper Nr 24, Bielefeld University, 1999, p. 37–43.Google Scholar
18 Conférence du 23 avril 1911, «Évolution de la pensée allemande dans le domaine de la philosophie des sciences», p. 22 (archives: A 408/203).Google Scholar
19 Voir notamment les conclusions de IR, p. 435–436.Google Scholar
20 On aurait pu ajouter la loi des trois états, car Meyerson avance aussi une classification des modes d'explication qui comporte quatre états: théologique, magique, conceptuelle, mathématique (lettre à Millioud, s.d., A 408/14). Bien que Meyerson déclare que cela n'a rien à voir avec la loi des trois états de Comte, parce que ces quatre modes ne sont pas successifs dans le temps, l'inspiration comtienne est manifeste. Tout comme Gaston Milhaud en 1902, Comte brode librement sur le thème des «états» de l'esprit (Milhaud, G., Le positivisme et le progrès de l'esprit: études critiques sur Auguste Comte, Paris, Alcan, 1902)Google Scholar, mais cette comparaison aurait surtout valeur anecdotique car la typologie des modes d'explication n'est pas une pièce maîtresse de l'œuvre de Meyerson, comme le sont la question des lois et la relation de la science au réel.
21 Comte, , Cours, t. 1, leçon 1, p. 23Google Scholar; t. 2, leçon 51, p. 215; Discours sur l'esprit positif, ch. 7, p. 52–53.Google Scholar
22 Voir la lettre à Millioud (s.d., A 408/14): «En effet, tous les phénomènes sont, en réalité, interdépendants, et chacun d'entre eux est la conséquence de l'ensemble de ceux qui l'ont précédé. Or un état déterminé de l'univers, à nos yeux, ne se reproduit jamais exactement, ne serait-ce que parce que la position des étoiles ne revient jamais à ce qu'elle était à un instant donné. Pour se rendre compte que ce n'est point là une réflexion purement abstraite, il suffit de se rappeler que certains Ioniens croyaient que si les planètes revenaient à une situation identique à l'égard de la terre, tous les événements terrestres devaient se reproduire, le cercle fermé que l'on parcourrait ainsi sans cesse formant ce qu'on appelait la “Grande Année”. Il est clair d'ailleurs que si la connexité entre tous les phénomènes était indistincte, nous ne pourrions abstraire de règles, et par conséquent, rien prévoir, ni vivre dans le monde qui nous entoure. Si nous y parvenons, c'est qu'il y a, dans cette connexité, une sorte de hiérarchie, qui fait qu'un phénomène n'est influencé, en première ligne, que par un petit nombre de facteurs. […] Balfour a qualifié cette particularité de notre univers de “structure fibreuse”».
23 Voir par exemple Comte, , Discours, §19, p. 85–86Google Scholar.
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- Cited by