Les symptômes négatifs dans la schizophrénie, le plus souvent chroniques et prédictifs du fonctionnement actuel et futur des patients, restent actuellement difficiles à traiter tant sur le plan médicamenteux que psychothérapique. Or, il s’agit d’un groupe de symptômes vaste et hétérogène qu’il est difficile d’étudier dans son ensemble. C’est pourquoi, nous avons choisi de nous intéresser à l’un d’entre eux : l’apathie à la fois symptôme cardinal dans les descriptions précoces de la schizophrénie et symptôme transnosographique. Dans la schizophrénie, il est également admis qu’il existe des troubles de la motivation qui entrent dans la description des symptômes négatifs. Les données de la littérature suggèrent qu’il existerait uniquement sur un plan conceptuel un lien entre motivation et apathie. L’objectif principal de cette étude transversale est de rechercher s’il existe une association entre motivation et apathie chez des patients souffrant de schizophrénie. Soixante-quinze patients hospitalisés ayant un diagnostic de schizophrénie selon les critères du DSM IV, âgés de 18 à 60 ans ont été inclus. Les critères de jugement principaux sont :
– l’Apathie évaluée par deux échelles dont la « Lille Apathy Rating Scale » (LARS) ;
– la Motivation explorée par la BIRT Motivation Questionnaire (BMQ), par une échelle de sensibilité à la punition et à la récompense et par une tâche d’apprentissage par renforcement.
Les résultats montrent que les patients apathiques sont significativement moins motivés et plus sensibles à la punition que les patients non apathiques, et présentent une corrélation positive significative entre les scores obtenus à la LARS et à la BIRT (p < 0,001). Il existe donc une association entre motivation et apathie chez des patients souffrant de schizophrénie montrant que plus les patients sont apathiques, moins ils sont motivés. Une meilleure compréhension de cette symptomatologie négative doit permettre le développement de stratégies thérapeutiques spécifiques.