Le modèle composite, communément admis pour décrire les deux stances de croissance de l'albacore dans l'Atlantique Est, est ré-examiné. La valeur du paramètre t0 est corrigée. L'équation de croissance est exprimée en fonction d'un âge conventionnel. Les limites de ce modèle sont soulignées. Différents modèles continus sont ensuite ajustés sur les données de Capisano et Fonteneau (1991), qui estiment l'âge par décomposition polymodale des fréquences de tailles des captures réalisées par les senneurs, durant la période 1983–1988. On montre que l'ajustement des modèles à 3 ou 4 paramètres (Gompertz, Richards et Von Bertalanffy généralisé) est peu satisfaisant. On propose un modèle à 5 paramètres, combinant une fonction linéaire et une loi de Von Bertalanffy généralisée. La validité et l'ajustement de ce modèle sont analysés. Il permet de décrire correctement la croissance dans l'intervalle 40 à 150 cm de longueur à la fourche et 0,25 à 4,25 ans. Afin de disposer d'une équation unique, couvrant l'ensemble de la phase exploitée jusqu'à 170 cm de longueur et 6,0 ans, le modèle est ré-ajusté à des données simulées à partir des modèles précédents. La croissance au sein de la phase exploitée s'exprime alors comme suit :
L(t) = 37,8 + 8,93×t + (137,0 - 8,93×t) × [l - exp(-0,808×t)]7,49
La fiabilité de cette équation est discutée, en relation notamment avec l'existence probable d'un dimorphisme sexuel de croissance. Des hypothèses sont développées pour expliquer l'existence d'une stance de croissance juvénile lente, suivie d'une accélération de croissance au voisinage de 47 cm, puis d'un point d'inflexion au voisinage 90 cm. En particulier, la succession des 2 stances de croissance semble liée aux migrations de l'espèce, à l'intérieur de l'Atlantique Est et vers l'Atlantique Ouest.