Il aura fallu attendre 2010 pour que soit menée en France la première étude de prévalence des troubles liés à la pratique des jeux de hasard et d’argent [1]. Si cette enquête a indiqué que les problèmes de jeu touchaient environ 1,3 % de la population adulte, elle ne décrivait que partiellement les caractéristiques associées. Il est cependant essentiel de disposer d’informations pouvant expliquer qu’une pratique récréative devienne hors de contrôle. L’étude JEU a cette ambition. Impliquant 7 centres hospitaliers français, elle a débuté en 2009 et a permis de recruter 628 sujets ayant joué au moins une fois au cours de l’année écoulée, qui seront suivis pendant les 5 années suivantes. Répartis en 3 groupes (« joueurs non problématiques = JNP », « joueurs problématiques sans soin = JPNS » et « joueurs problématiques avec soins = JPS »), l’un des objectifs de cette étude est de comparer leurs caractéristiques respectives. Lors du suivi de la cohorte, l’évolution de ces variables sera mise en perspective avec l’évolution de la pratique et du recours à des soins spécifiques. Une partie des résultats issus de la description des 3 groupes sera présentée ici. Des régressions logistiques multivariées, comparant 2 à 2 les groupes, ont été réalisées. Elles indiquent que, par rapport aux JNP, les JP jouent plus fréquemment, ont un score de distorsions cognitives plus élevé et un score de détermination plus faible. Par rapport aux JPNS, les JPS sont plus jeunes, plus fréquemment actifs, plus nombreux à jouer sur Internet, avec un jeu pathologique plus sévère et un risque suicidaire plus important. Cette étude permet de dresser le tableau des joueurs, en particulier ceux pour lesquels la pratique devient problématique. Des hypothèses au sujet des facteurs favorisant et limitant l’accès aux soins sont discutées.