L’expérience de participer à des formations organisées par la HAS permet d’observer ce qui guide la politique de cette structure. La première surprise vient du constat que la définition originale de l’EBM qui encourage l’intégration des meilleures données de la science à la compétence clinique du soignant et aux valeurs du patient n’est même pas respectée pour privilégier uniquement la science. Nous observons que le caractère scientifique de l’HAS est labélisé en psychiatrie essentiellement sur les investigations statistiques : randomisation, double aveugle et cohorte significative avec une méthodologie parfaite. Les interprétations mériteraient la même rigueur. Il faut observer que les aspects médicaux ne représentent qu’une partie de ce qu’il faut intégrer. Le reste vient des sciences économiques avec des notions comme la roue de Deming qui tire son nom du statisticien William Edwards Deming qui l’a rendue populaire dans les années 1950, en présentant l’outil à la Fédération des organisations économiques japonaises pour la mise en place d’un plan stratégique de qualité. La trompeuse notion de démarche qualité est une référence au taylorisme. Nous devons quitter le monde de l’artisanat du soin pour la production de masse avec une organisation rentable de la santé pour obtenir la meilleure efficience basée sur l’analyse scientifique des processus de travail des cliniciens. Fort de cette observation, nous pouvons craindre que l’HAS ne s’intéresse peu à la clinique et à la science mais plutôt à la recherche de primes à la performance. Ce n’est pas le diagnostic, le malade ou le médecin qui sont importants mais plutôt une planification rentable pour les assureurs de la santé. Le malade qui a payé pour être assuré de bons soins passe au deuxième plan. HAS ne veut pas dire Haute Autorité du soin.