La consommation de tabac et d’alcool au cours de la grossesse peut augmenter les risques de santé pour l’enfant à court et plus long terme (petit poids de naissance, prématurité, difficultés cognitives et psychologiques) [1–5]. Les facteurs associés, qui incluent les difficultés sociales et économiques des familles (chômage, faibles revenus, absence du conjoint) [6], les difficultés psychologiques [1,7] et les consommations de tabac et d’alcool de l’entourage [1,8], sont mal connus chez les femmes migrantes. Nous avons examiné les facteurs associés aux consommations de tabac (≥ 1 cigarette/jour) et d’alcool (≥ 1 fois; binge drinking) des femmes de la cohorte ELFE en fonction de leur statut migratoire à partir de données recueillies à la maternité en 2011 (n = 18,316).
Les femmes nées en France consommaient plus que celles nées à l’étranger (tabac : 21,9 vs. 8,8 %; alcool : 40,4 vs. 22,9 %) mais les niveaux de binge drinking étaient comparables (3,2 vs. 2,9 %). Les consommations de tabac et d’alcool étaient associées aux caractéristiques démographiques, socio-économiques, de santé, et du père de l’enfant, avec des spécificités en fonction du statut migratoire : chez les femmes nées à l’étranger les consommations d’alcool sont associées aux fait de ne pas vivre avec un conjoint (OR ajusté : toute consommation : 2,20; binge drinking : 3,06); par contre une situation socioéconomique défavorable est associée à un niveau élevé de tabagisme et de binge drinking seulement chez les femmes nées en France. Les niveaux de consommations de tabac et alcool sont faibles lorsque le père de l’enfant est migrant, surtout chez les migrantes.
Au total, pour tenter de diminuer les niveaux de consommation de tabac et d’alcool au cours de la grossesse, les professionnels de santé et de prévention devraient tenir compte de multiples facteurs dont certains varient selon le statut migratoire des femmes.