Phénomène longtemps ignoré par les adultes qui ne le considéraient que sous l’angle sociétal (« ça a toujours existé », « il faut bien apprendre à se défendre », « ce sont des histoires de gosses »), le harcèlement fait désormais l’objet d’études psychologiques et pédopsychiatriques après avoir longtemps été dans le champ de la sociologie et de la criminologie. La France accuse un retard de plus de 20 ans dans la prise en compte de ce phénomène et dans la mise en œuvre d’une politique d’intervention et de prévention à la suite d’études longitudinales qui ont bien mis en lumière la gravité des conséquences psychologiques, souvent la vie durant. Ainsi être harcelé dans l’enfance multiplie par 4 le risque de faire une TS à l’adolescence et de développer une dépression à l’âge adulte. Mais surtout ces enquêtes ont permis de prendre conscience que les risques psychosociaux concernent à la fois harceleurs et harcelés, ainsi que les spectateurs. En France, 2 campagnes ministérielles en 2011 et 2013 ont mis au devant de la scène ce phénomène qui concerne environ 10 % des élèves en âge d’obligation scolaire. Les phénomènes de harcèlement sont inhérents à tout groupe social et les mouvements qui les suscitent sont d’autant plus forts que les individus du groupe se sentent vulnérables, ce qui est le cas pour les enfants et adolescents. Harceleurs et harcelés partagent de nombreux points communs et ont parfois été amis par le passé. Considérer le harcèlement comme un échec de la dynamique de groupe permet de trouver des pistes d’intervention auprès des adultes d’abord et des jeunes ensuite. Cette approche permet également de travailler sur le vivre ensemble et la tolérance de la différence de l’autre, ce qui constitue un réel challenge pour l’école dont la mission de socialisation disparaît actuellement derrière sa mission de formation dans une période de crise de l’emploi où le diplôme reste la valeur-refuge.