Il est impossible de faire un barème des traumatismes : ce qui fracasse l’un, fait sourire son voisin. À l’inverse on peut évaluer tous les facteurs de résilience. Mais alors, il faudra renoncer à séparer le corps et l’esprit et s’entraîner aux raisonnements systémiques. Un isolement sensoriel précoce (préverbal), en cessant de stimuler l’arborisation préfrontale, provoque une altération de la représentation du temps et l’acquisition d’une vulnérabilité neuro-émotionnelle. Tout événement prend pour un tel organisme la valeur d’une agression. Plus tard, quand le blessé est capable de parler, c’est la représentation du trauma qui peut s’ajouter à sa souffrance où la réparer : un récit non partagé mène à la rumination mentale, mais le sentiment provoqué par ce récit dépend de la relation avec un autre et de la congruence avec les récits sociaux.