Longtemps la profession médicale a été perçue comme une « vocation » qu’on embrassait comme on rentrait dans les ordres ou en religion… Cette représentation faisait du médecin un être à part, un peu « désincarné ». De plus si on se réfère à Hippocrate – que tout jeune médecin thésard découvrira à travers son serment – : « le médecin aura une bonne couleur et de l’embonpoint, car la foule s’imagine que ceux dont le corps n’est pas aussi en bon état, ne saurait soigner convenablement les autres ». Ce précepte encore actuel, a donné naissance à des générations de médecins – super héros, dévoués entièrement à l’humanité souffrante mais souvent au détriment de leur propre santé. Et pourtant conserver un corps et un esprit sains est indispensable pour soigner les autres. Prendre soin de soi pour prendre soin de l’autre devrait être enseigné dès les études de médecine et rester le mot-clé du médecin durant toute sa carrière. En effet très vite on pensera au « médecin blessé » dont C.G. Jung parla le premier en 1951. Il reprit le mythe de Chiron, père de la Médecine et maître d’Esculape qui considérait comme le redira Platon que « les plus habiles des médecins seraient ceux qui n’étant pas eux-mêmes d’une complexion saine, auraient souffert de toutes les maladies ». En fait toutes les études et en particulier un rapport du Conseil de l’Ordre des Médecins de 2008, le détaillent : les médecins sont vulnérables, se soignent pas ou mal ; le Burn Out, le taux de suicide, l’alcoolisme sont bien supérieurs à ceux de la population générale. C’est ainsi que l’APSS est née : (Association pour les Soins aux Soignants). Son but est de promouvoir toutes les actions de prévention en matière de pathologie psychique et addictive depuis l’Université, instaurer une médecine préventive pour tous, mais aussi engager « un contrat thérapeutique » sur le modèle des confrères espagnols. De plus, le patient entretient une vision de la santé idéalisée où le droit à la guérison absolue serait un devoir imposé aux soignants et la maladie en particulier chronique puis la mort un échec ! Nous allons donc mettre en évidence les facteurs de risque, mais surtout de protection que dès le début des études le médecin devra essayer de développer, et expliquer le système de solidarité inter-générationnelle proposé par l’Ordre des médecins.