Selon le modèle de Rothbart , le tempérament est défini, d’une part, par le niveau de réactivité des enfants, et d’autre part, par leur capacité d’autorégulation. Au moyen de deux études, nous avons cherché a testé la valeur de ce modèle tempéramental dans le domaine alimentaire enfantin. La première étude est relative à la question du surpoids. Nous avons émis l’hypothèse que les enfants les plus à risque de surpoids étaient les enfants les plus réactifs à la nourriture et s’autorégulant le moins bien. À partir des réponses de 475 pré-adolescents ayant rempli un questionnaire ad hoc et dont on a mesuré l’IMC, l’hypothèse a été confirmée, mais de façon directe pour une des dimensions seulement. La seconde étude concerne la problématique de la néophobie alimentaire, à savoir la réticence à goûter les aliments inconnus qui conduit à une faible consommation de fruits et légumes notamment. Notre hypothèse était que les enfants ayant de faibles capacités à autoréguler leurs émotions consommeraient moins d’un aliment inconnu que des enfants s’autorégulant facilement, et ceci d’autant plus que la consigne de la consommation était incitative plutôt que directive (selon le concept de Goodness of fit suggéré par Thomas et Chess ). Quatre-vingt-dix-huit enfants‚ âgés entre 2 et 3 ans ont participé à une étude expérimentale les amenant à goûter à 5 occasions un aliment inconnu dans un contexte soit incitatif soit directif. Les résultats du post-test ont indiqué que la consommation de l’aliment était supérieure chez les enfants s’autorégulant facilement dans le contexte incitatif, que chez les enfants s’autorégulant difficilement dans le contexte directif. Il apparaît ainsi que le concept de tempérament selon Rothbart, et notamment à travers les capacités d’autorégulation, joue un rôle dans les conduites alimentaires de l’enfant dans leur dimension quantitative (quantités consommées et du surpoids) et qualitative (néophobie et variété du répertoire de consommation).