Dans le bassin du Niger, le début de la gamétogenèse de Brycinus leuciscus paraît synchrone de la remontée du Front inter-tropical à l'origine des variations saisonnières du milieu, mais la croissance ovarienne ne se poursuit qu'en présence des conditions de début de crue. La comparaison du cycle de reproduction de B. leuciscus, sous des conditions naturelles différentes (crue décalée), met en évidence une relation entre l'évolution du rapport gonado-somatique des femelles et les variations de conductivité de l'eau. Il pourrait s'agir d'une coïncidence résultant d'une action directe de la pluie sur la conductivité de l'eau par dilution des sels dissous et indirecte sur les poissons par l'abondance de l'alimentation allochtone qu'elle engendre. Des B. leuciscus capturés mi-mars dans le Niger et mis en élevage dans un aquarium à niveau constant où ils subissent une augmentation artificielle de la conductivité, présentent, au bout de 10 semaines, un développement ovarien en avance d'un mois et demi par rapport à celui des poissons du milieu naturel. Ce résultat expérimental ne démontre pas l'existence d'une relation de cause à effet, mais prouve que l'élévation du niveau d'eau et l'abaissement de la conductivité ne sont pas des conditions indispensables à la maturation ovarienne de B.leuciscus comme c'est le cas chez certaines espèces tropicales (Mormyridae). La croissance ovarienne des poissons tropicaux ne paraît donc pas résulter d'une réaction générale aux mêmes changements environnementaux engendrés par la crue. L'influence d'une augmentation du taux de protéines dans la nourriture devrait aussi être testée.