Les facteurs déterminants dans l’apparition des addictions sont généralement présentés selon la formule consacrée : interaction produit-individu-environnement. Le poids variable du facteur produit dans cette équation tiendrait à la différence de potentialité addictogène entre les différentes substances psychoactives. En ce qui concerne la vulnérabilité relative des individus on retient les facteurs psychologiques considérés comme acquis, les facteurs génétiques, et à mi-chemin entre les deux, les pathologies psychiatriques. Enfin, l’environnement constitue le creuset où l’alchimie addictive va opérer ou non. Même s’il reste très large et discutable ce modèle interactif a permis de compenser les positions unicistes. Ainsi, si on a mis, à juste titre, beaucoup d’espoir dans la vulnérabilité liée aux gènes l’intérêt de cette approche repose beaucoup plus aujourd’hui sur l’étude d’une dynamique gène environnement ou d’une interaction gène traitement que sur la découverte d’une cause unique de la maladie addictive. De la même façon, l’idée d’identifier un trouble psychologique spécifique des addictions s’éloigne progressivement. C’est la recherche sur l’interaction des différents facteurs qui enrichit aujourd’hui la connaissance en addictologie. Nous avons souhaité rendre compte des avancées en la matière. Pour ce faire nous présenteront d’abord des travaux concernant les interactions gènes traitement dans l’addiction aux opiacés (Dr F. Vorspan, Paris), puis nous discuterons de l’interaction de l’individu avec son environnement en particulier dans l’addiction à l’alcool (Dr P. Nubupko, Limoges) et enfin nous aborderons l’état des connaissances actuelles sur l’implication des facteurs psychologiques et psychiatriques dans l’étiologie de ces troubles (Pr C. Lançon, Marseille).