Cet article examine l’évolution de la négation phrastique en ancien français dans une optique sociohistorique. En ancien français, la négation simple (ne + verbe) se voit de plus en plus concurrencée par la variante novatrice renforcée (ne + verbe + pas/mie/point). Partant de l'hypothèse que la répartition des variantes conservatrice et novatrice varie en partie selon le registre, leurs fréquences sont analysées dans l'oral représenté et dans le récit, deux registres distincts au sein d'un même texte. Dans certains textes, la distribution des variantes s'avère conditionnée par le registre, l'oral représenté contenant davantage de négation renforcée que le récit. En outre, les données laissent entrevoir un effet du sexe, l'oral représenté des hommes étant plus novateur quant à la négation que celui des femmes. Ces résultats indiqueraient que le choix de forme de négation possédait une valeur sociostylistique à l’époque en question.