Cet article présente une analyse multifactorielle du comportement des consonnes liquides post-obstruantes en position finale de mot en français. Plus précisément, nous nous intéressons au phénomène par lequel un <l> ou <r> final dans la transcription orthographique d’un mot n’est pas prononcé dans la parole continue, p. ex. comme dans les items « découvre » et « terrible », respectivement prononcés [dekuv] et [teʁʁb] au lieu de [dekuvʁʁ] et [teʁʁibl]. Au total, plus de 2500 items comportant un cluster obstruante+liquide en fin de mot ont été extraits d’un corpus de parole d’une durée de 13 heures, qui a été étiqueté à différents niveaux. Ce corpus comprend les productions de 120 locuteurs originaires de 3 pays francophones (Belgique, France et Suisse), enregistrés dans deux tâches différentes (lecture et conversation). Pour déterminer ce qui affecte la (non-)prononciation de <l> ou <r> dans ces contextes, une douzaine de prédicteurs de différentes natures sont testés dans un même modèle statistique. Les caractéristiques phonétiques telles que le lieu et le mode d’articulation, le contexte droit, le statut prosodique et le taux d’articulation; mais aussi les prédicteurs liés aux locuteurs (pays d’origine, sexe, âge, classe sociale) et au style de parole sont pris en compte. Des modèles mixtes linéaires généralisés révèlent que seulement la moitié d’entre eux ressortent comme jouant un rôle significatif sur la variable à l’étude. Les résultats sont discutés à la lumière dʼétudes antérieures portant sur les aspects sociolinguistiques des variantes de prononciation en français.