La distinction entre deux principales catégories de dépression sur des bases essentiellement étio-pathogéniques a largement dominé la littérature internationale jusqu’aux années 1970. La validité de cette dichotomie: dépression «endogène» dépression «névrotique” n’a cependant jamais pu être démontrée de façon indiscutable. Selon l’école unitaire de Londres, les troubles affectifs, anxieux et dépressifs, représentent même des troubles pour lesquels les variations interindividuelles observées sont des modifications purement quantitatives au sein d’un continuum. L’utilisation aux États-Unis de critères diagnostiques pour délimiter les différentes catégories nosologiques s’est considérablement développée depuis 1972. Cette tendance a abouti à la généralisation des critères diagnostiques pour l’ensemble des troubles mentaux et au DSM III en 1980, révisé en 1987. Les principales originalités de la forme révisée du DSM III par rapport à la première version du manuel sont les critères de la mélancolie, l’utilisation d’un cinquième chiffre pour préciser l’intensité du trouble actuel et l’individualisation des troubles de l’humeur à caractère saisonnier. La dixième révision de la classification internationale des maladies élaborée par l’OMS est actuellement en préparation. Cette classification a assez largement accepté les principes généraux du DSM III. La confrontation de ces deux modèles de classification montre que la distinction classique endogène-non endogène est progressivement remplacée par la distinction bipolaire-non bipolaire. Au sein des dépressions non bipolaires, la valeur du modèle unitaire reste une question d’actualité, toujours controversée. Une autre tendance de la nosographie actuelle des troubles dépressifs est représentée par des classifications essentiellement fondées sur une réactivité thérapeutique différentielle. Ces modèles classent les syndromes dépressifs essentiellement en fonction de manifestations dont dépendent en grande partie l’accessibilité à la thérapeutique et la qualité du résultat obtenu sous traitement comme l’anxiété et certaines caractéristiques de la personnalité.