Lorsque Mr André Siegfried, si étroitement associé, dès le début, à notre effort, nous a adressé, sur notre demande, son livre, son beau livre — pourquoi reculer devant l'épithète ? elle est dans toutes les bouches — sur la « crise britannique », un problème, au visage familier, s'est posé à nous : quel collaborateur prier de présenter l'ouvrage ? A vrai dire, nous n'avons guère hésité. Un Français ? Non pas. Mais, bien plutôt, dans une revue comme la nôtre, « de direction nationale, d'esprit international », un économiste qui appartînt au pays même dont le grand drame présent était décrit — et jugé — avec tant de franchise à la fois et de sympathie. Certes, nous le savions bien, le livre, parce qu'il porte le scalpel dans des chairs vivantes, parce qu'il est bien loin, lui-même, d'une indifférence glacée, devait forcément appeler, du côté que nous avons choisi, moins un simple compte rendu qu'une riposte. Nous avons dit : tant mieux. C'est l'honneur des controverses intellectuelles que de ne pas souffrir les réticences. Cette réponse, Mr J.-H. Clapham, de Cambridge, a bien voulu s'en charger. Avec quelle compétence : tant de travaux justement estimés — son étude comparée sur les économies française et anglaise notamment et cette excellente histoire économique de l'Angleterre au XIXe siècle, qu'il édifie pierre à pierre — nous en étaient à l'avance, les sûrs garants. Avec quel talent; il faut laisser aux lecteurs le plaisir de le découvrir. Le débat est grave; donnons la parole à la réplique.