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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Au milieu du 13e siècle, la société japonaise semble à la croisée des chemins. Un gouvernement shogunal établi à Kamakura dans l'Est du Japon coexiste avec une cour impériale installée à Kyoto qui reconnaît la prééminence du régime des guerriers et s'en satisfait. L'économie, pour l'essentiel de nature domaniale, est plutôt prospère malgré des crises récurrentes qui déclenchent des famines et des épidémies, à l'origine de mortalités brutales. Des cités en plein essor à l'image de Kyoto et de Kamakura constituent les centres névralgiques du pouvoir. L'ordre et l'unité du pays sont à peu près maintenus. Et pourtant, vers l'époque où les Mongols tentent de débarquer au Japon (1274 et 1281), s'engage un processus qui amènera dans le pays de grands bouleversements. Le Japon entre alors dans une ère de contradictions sociales aiguës.
From the end of the 13th century, Japanese society entered into a period of instability which would soon pave the way to civil war. Social phenomena which played upon the same contradictions appeared with the rise of the “bandits” (akuto), the emergence of heretic monks and extravagant behavior (basara). These new attitudes which ignored the law and conformism little by little impose their ways on a society which seems to have lost its bearings. Harbingers of a new economic order, these “bandits” announce the subversion of the domains of the court aristocracy by the new warrior classes. The communities of heretic monks seek to offer an answer to the anxieties of the wretched and the parias, ignored by the old order. The new “extravagant” mentalities are at the origin of the most refined forms to be taken by the future culture of the end of the Middle Ages. These “strange-looking strange people”, pirates, beggers, penitents, reprobates, provocators sketch the broad outlines for a new political alliance which undermines the old social relations. The civil wars of the 14th century thus mark a serious psycho-cultural break with the ancient era while at the same time sketching the broad outlines for a new social order.
1. Kazuhiko, Satô, « Akutô shôron » (Essai sur les bandes de brigands), dans Chûsei, kinsei no kokka to shakai (L'État et la société du Moyen Age et de l'époque moderne), dans Nagahara Keiji, Inagaki Yasuhiko, Yamaguchi Keiji (sous la direction de), Tôkyô daigaku shuppankai, 1986.Google Scholar Voir également pour une comparaison E. J. Hobsbawm, Bandits, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1969.
2. Kantô migyôsho (Ordonnances du Kantô), 13e jour du 9e mois de l'an 8 de l'ère Bun.ei, Nikaidô monjo (Archives Nikaidô).
3. Kamakura bakufu tsuikahô (Suppléments à la législation du shôgunat de Kamakura), Arrêté du 27e jour du 5e mois de la 7e année de l'ère Kôan.
4. Ibid., Arrêté du 27e jour du 3e mois de la 3e année de l'ère Shôan.
5. Ibid., Arrêté du 6e mois de la 2e année de l'ère Kengen.
6. Sur la modification vestimentaire des hors-la-loi, voir la contribution de Katsumata Shizuo, dans cette livraison des Annales.
7. Hô.in gondaisôzu Kyôgon tô rensho okibumi, 7 e mois de la lrc année de l'ère Gen.ô, Tôji hyakugô monjo (Archives du Tôji).
8. Kazuhiko, Satô, « Nairanki shakai no hankenryoku undô » (Les mouvements de contestation du pouvoir dans la société à l'époque des guerres civiles), dans Chûsei kôza, 1, Chûsei no minshû undô (Cours d'histoire du Moyen Age, vol. 7, Les mouvements populaires du Moyen Age), Gakuseisha, 1985.Google Scholar
9. Cf. la chronique Kusunoki kassen chûbun (Notes sur les combats des Kusunoki).
10. Kumaga.i Naotsune kassen te.oi chûbun (Notes sur les blessures aux mains de Kumagai Naotsune pendant le combat), 27e jour du 2e mois de la 2e année de l'ère Shôkei, Kumagalke monjo (Archives de la maison Kumagai).
11. Satô Kazuhiko, Nanbokuchô nairanshiron (Contribution à l'histoire des guerres civiles à l'époque des cours du Nord et du Sud), Tôkyô daigaku shuppankai.
12. Tôdaiji shûtotô jûshinjô.an (Projet pour le renouvellement de la requête des moines du Tôdaiji), 6e mois de la 2e année de l'ère Karyaku (1327), Tôdaiji monjo (Archives du Tôdaiji).
13. Rokuhara migyôsho.an (Projet pour communication à Rokuhara), 2e jour du 3e mois de la 2e année de l'ère Karyaku, ibid.
14. Tôdaiji shûtotô jûshinjô dodai (Projet pour le renouvellement de la requête des moines du Tôdaiji), 2e mois de la 2e année de l'ère Karyaku, ibid.
15. Tôdaiji shûtotô sengijisho dodai (Projet pour le texte des délibérations des moines du Tôdaiji), 6e mois de la 2e année de l'ère Gentoku, ibid.
16. Cf. n. 12.
17. Tôdaiji shûtotô shinjô dodai (Projet pour la requête des moines de Tôdaiji), 9e mois de la 2e année de l'ère Karyaku, ibid.
18. Kuroda no shô akutô taiji satajintô renshô kishômon (Serment contresigné par les préposés à la répression des bandits du domaine de Kuroda), 2e jour du 10” mois de la 2e année de l'ère Karyaku. ibid.
19. Voir la contribution de Katsumata Shizuo dans cette livraison des Annales.
20. Tôdaiji shûtotô jûshinjô dodai (Projet pour le renouvellement de la requête des moines du Tôdaiji), 10e mois de la 3e année de l'ère Karyaku, ibid.
21. Satô Kazuhiko, « Chûsei minshûshi kenkyû no genjô to kadai » (État et problèmes de la recherche sur l'histoire des milieux populaires au Moyen Age), dans Ogawa Shinobu sensei koki kinenronshû kankôkai, Nihon chûsei seijishakai no kenkyû (Association pour la publication des Mélanges en l'honneur des soixante-dix ans du professeur Ogawa Shinobu, Études sur la société politique médiévale du Japon, Zoku gunshoruijû kanseikai, 1991. Voir également l'article de Katsumata Shizuo dans cette livraison des Annales.
22. Tôdaiji ikki hyôjô kiroku (Minutes du conseil de justice juré du Tôdaiji), 10e jour du 2e mois de la 4e année de l'ère Karyaku, Kanô Kôkichishi shûshû monjo (Collection des archives de M. Kanô Kôkichi).
23. Satô Kazuhiko, « Nairanki shakai no kenkyû shikaku » (Un point de vue sur les recherches concernant la société à l'époque des guerres civiles), Rekishi chiri kyôiku, nn 472, 1991.
24. Je traduis ici le terme sute hijiri par « renonçant ». Le mot hijiri — dont la signification première est saint, sage, homme éclairé — fut revêtu de nombreuses nuances selon les contextes et les époques. Il finit par être surtout utilisé pour désigner une catégorie de religieux, vivant dans les milieux populaires et s'attirant l'intérêt des foules par leurs actes remarquables et plus ou moins légendaires, parfois contestataires, souvent aux limites de la légalité, et qui associaient ascèse et pérégrinations à travers le pays. Hijiri des montagnes, des marchés, de la peau de bête, des collectes, d'Amida, du nenbutsu, etc., furent des appellations courantes, dans lesquelles le vocable hijiri témoigne de la consécration populaire dont furent l'objet ceux qu'il désignait. Cependant cette consécration n'était pas toujours en accord avec l'opinion des orthodoxies ou des pouvoirs régnants. Ici, hijiri est pris dans son acception courante de religieux errant, vivant dans les milieux populaires pour répandre son enseignement. Il lui est associé le terme de sute, celui qui renonce, le « renonçant », puisqu'Ippen avait abandonné toute possession et tout attachement, y compris l'attachement à un lieu de séjour permanent (Ndt).
25. Kazuhiko, Satô, « Sute hijiri Ippen » (Ippen le renonçant), dans Chûsei nairanki no gunzô (Figures de la période des guerres civiles du Moyen Age), Kawade shobô shinsha, 1991.Google Scholar
26. Cf. le texte de légende du rouleau peint décrivant la vie du renonçant Ippen, Ippen hijiri.e ; ici., pour les citations qui suivent.
27. Vie de saint Norbert, cité par Watanabe Masami, « Seitô to itan no sessen » (La ligrne tangentielle de l'orthodoxie et de l'hérésie), dans Horibe KÔZÔ (Sous la direction de), Chusei no mori no nakade (Dans la forêt du Moyen Age), Kawade shobô shinsha, 1975.
28. Kiyoshi, Yoko.i, « Nyô ko.u hitobito to kawaramono no koto » (Les personnes qui mendiaient l'urine et ceux qui habitaient les berges des rivières), dans Zoku Nihon emaki taisei, Tengu zôshi, geppô (Suite de la collection des rouleaux peints du Japon, Le livret des tengu, Bulletin mensuel), Chûô kôronsha, 1984.Google Scholar Ippen aurait blâmé les gens en leur disant : « Ce qui concerne les fleurs, demandez-le aux fleurs, ce qui concerne les nuages violets, demandez-le aux nuages violets, Ippen, lui, n'en sait rien ! ».
29. Cf. la chronique, Nomori no kagami (Le miroir du gardien de la lande).
30. Zoku Nihon emaki taisei, Tengu zôshi (Suite de la collection des rouleaux peints du Japon, Le livret des tengu), Chûô kôronsha, 1984.
31. Kantô shinsei jôjô (Articles de la nouvelle réglementation du Kantô).
32. Kazuhiko, Satô, Nanbokuchô nairanshiron (Traité d'histoire des guerres civiles à l'époque des cours du Nord et du Sud), Tôkyô daigaku shuppankai, 1979.Google Scholar
33. Dans le Ryôjin hishô, on trouve : « Le portail oriental de la Terre Pure fait face à la mer de Naniwa ; au portail occidental là où Shakamuni enseigna la Loi, qu'ils s'assemblent ceux qui récitent l'invocation ! ». Dans cet ancien texte, annoté et traduit par Nima Shin.ichi (Shogakkan, 1976), on trouve une citation extraite du Shitennôji engi (Histoire de la fondation du Shitennôji) mentionnant cette tradition qui voulait que le prince Shôtoku ait placé sur le portail occidental du Shitennôji un cadre portant l'inscription : « Cet endroit est celui où autrefois le Bouddha Shakamuni enseigna la Loi ; la pagode et le kondô — l'oratoire d'or — se trouvent juste au milieu du portail oriental du paradis de la Terre Pure ».
34. Cf. section 4 du rouleau VII de VIppen hijiri.e (Rouleau peint d'Ippen le renonçant).
35. Cf. par exemple, Kana.i Kiyomitsu, Jishû bungei kenkyû (Études sur les arts de la secte Ji), Kazama shobô, 1967 ; Toshio, ÔHashi, Jishû no seiritsu to tenkai (Formation et développement de la secte Ji), Yoshikawa Kôbunkan, 1973 Google Scholar ; Masaharu, Iwa.i, Jishû seiritsushi no kenkyû (Études sur l'histoire de la formation de la secte Ji), Yoshikawa Kôbunkan, 1981.Google Scholar
36. Nijô kawara. no rakusho dans Nihon shisô taikei, vol. 22, Iwanami shoten, 1981, pp. 345- 346.
37. Kenmu shikimoku, ibid., vol. 21, 1972, p. 146 ss.
38. Kazuhiko, Satô (sous la direction de), Basara daimyô no subete (Tout sur les seigneurs basara), Shinjinbutsu ôraisha, 1990.Google Scholar
39. Taiheiki (Chronique de la Grande Paix), Livre XXXIII.
40. Imagawa Ryôshun, Nan taiheiki, 1402.
41. Moromori ki (Notes journalières de Nakahara Moromori). A la ligne du 7e jour du 6e mois de l'an 1 de Kôei (1342), on trouve : « Aujourd'hui, à l'heure du Coq, Toki Yoritô, adjoint mineur du censorat, qui arrivait de la province de Minô, fait son entrée dans la capitale à la tête d'une centaine de cavaliers ».
42. Tsuruoka shamu kiroku (Chronique du sanctuaire de Tsuruoka).
43. Buke nendaiki (Chronique des généalogies des familles de guerriers).
44. Zoku Jinnô shôtôki (Suite de l'histoire de la succession correcte des dieux et des empereurs).
45. Taiheiki, Livre XXVI.
46. Ibid.
47. Taiheiki, Livre XXI.
48. Koshi.ate ou shikigawa : « peau à mettre sous son séant » ou « à étendre » ; peau de bête fixée à la taille par un cordon et descendant des reins à l'arrière des genoux, destinée à protéger la partie postérieure de l'individu (Ndt).
49. Ibid.
50. Ashikaga Yoshi.akira migyôsho (Ordonnance d'Ashikaga Yoshi.akira), 18 du 8e mois de la lre année de l'ère Enbun. Sasaki Dôyo kishinjô (Lettre de donation de Sasaki Dôyo), 23e jour du 8e mois de la lre année de l'ère Enbun, Konrenji monjo (Archives du Konrenji).
51. Kazuhiko, Satô, Taiheiki wo yomu (Une lecture du Taiheiki), Gakuseisha, 1991.Google Scholar
52. Taiheiki, Livre XXXIII.
53. Kenmu shikimoku, dainijô (Deuxième article du Coutumier de l'ère Kenmu).
54. Cf. Nijô kawara no rakusho (Graffitis de la berge de la Seconde avenue).
55. Entairyaku (Notes journalières du ministre des Affaires suprêmes Chûen), 6e jour du 8e mois de la 3e année de l'ère Enbun.
56. Tan, Hasegawa, Taiheiki no kenkyû (Recherches sur le Taiheiki), Kyûko shoin, 1982.Google Scholar
57. Gogumaiki (Notes confuses), au 7e jour du 6e mois de la 4e année de l'ère Eiwa (1378).
58. Cf. Tatsusaburô, Hayashiya, Sasaki Dôyo, Heibonsha, 1980.Google Scholar
59. Taiheiki, Livre XXXVI.
60. Satô Kazuhiko, « Basara daimyô no kyo to jitsu » (Réalité et fiction à propos des seigneurs basarà), dans Tôkyô gakugei daigaku kiyô, Shakai kagaku (Bulletin de l'Université des arts libéraux de Tokyo, Sciences sociales), vol. 41, 1990.
61. Taiheiki, Livre XXXIX.
62. Masaki, Dômoto, Ze.ami, Kôzôsha, 1986.Google Scholar