Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Faire le point sur l’histoire des populations indiennes de la Méso-Amérique des origines à nos jours n’est guère une entreprise aisée. C’est pourtant l’objectif que se sont fixé les deux gros volumes que viennent de publier les presses de Cambridge sous la direction de Richard E. W. Adams et Murdo J. MacLeod. Ils rendent compte d’une production considérable et offrent au lecteur des clés pour s’orienter dans l’histoire du Mexique et d’une vaste portion de l’Amérique centrale.
1 - Charlton, Thomas H., «The Aztecs and their Contemporaries: the Central and Eastern Mexican Highlands», II-1, pp. 500–557 Google Scholar.
2 - Comme le suggère ce type d’observation sur la continuité des productions matérielles bien après la conquête espagnole: « Aztec III ceramics continued for about a hundred years after the Conquest » (Ibid., II-1, p. 519).
3 - Mexico, UNAM, 1980.
4 - Mexico, UNAM, 1973.
5 - Mexico, INAH/UNAM/Miguel Angel Porrúa, 1994-1995.
6 - Seule l’histoire des Indiens du centre du pays est partagée entre deux contributions qui, malencontreusement, réintroduisent la coupure entre époque coloniale et Mexique indépendant: Cline, Sarah L., «Native Peoples of Colonial Central Mexico», II-2, pp. 187–222 Google Scholar; Schryer, Frans J., «Native Peoples of Central Mexico Since Independance», II-2, pp. 223–273 Google Scholar.
7 - Frizzi, María de Los Angeles Romero, «The Indigenous Population of Oaxaca from the Sixteenth Century to the Present», II-2, pp. 302–345 Google Scholar.
8 - Young, Eric Van, «The Indigenous Peoples of Western Mexico from the Spanish Invasion to the Present», II-1, pp. 136–186 Google Scholar.
9 - Macleod, Murdo J., «Mesoamerica since the Spanish Invasion. An Overview», II-2, pp. 1–43 Google Scholar.
10 - E. Van Young est le premier à reconnaître l’hétérogénéité de la région – le Centre-Ouest – qui lui a été confiée. C’est la présence européenne, la conquête et la colonisation qui ont donné son sens et imprimé son histoire à cette macro-région.
11 - Mais la manière d’écrire l’histoire, les choix théoriques et les objectifs ne pèsent-ils pas davantage que l’identité, les origines et, risquons le mot, la race de celui qui écrit l’histoire ? De ce côté de l’Atlantique, la réponse va de soi. En est-il de même pour tous les collaborateurs de la Cambridge History ? La question aurait mérité d’être abordée.
12 - M. J. Macleod, « Mesoamerica... », art. cit., pp. 14 et 39. Cette école s’est constituée autour des travaux majeurs de Lockhart, James, dont on relira The Nahuas After the Conquest. A Social and Cultural History of the Indians of Central Mexico,Sixteenth Through Eighteenth Centuries, Stanford, Stanford University Press, 1992 Google Scholar.
13 - E. van Young, «The Indigenous Peoples... », art. cit.
14 - Jones, Grant D., «The Lowland Maya, from the Conquest to the Present», II-2, pp. 346–391 Google Scholar.
15 - Farriss, Nancy M., Maya Society under Colonial Rule. The Collective Enterprise of Survival, Princeton, Princeton University Press, 1984 Google Scholar.
16 - Voir, par exemple, les travaux de Alberro, Solange, Les Espagnols dans le Mexique colonial. Histoire d’une acculturation, Paris, Armand Colin, « Cahiers des Annales », 1992 Google Scholar, et Id., El águila y la cruz. Orígenes religiosos de la conciencia criolla. México,siglos XVI-XVII, Mexico, Fondo de Cultura Económica, 1999.
17 - S. L. Cline, « Native Peoples... », art. cit., II-2, p. 202.
18 - E. van Young, «The Indigenous Peoples... », art. cit., II-2, p. 172.
19 - Ainsi l’intérêt qu’un anthropologue de la stature de Robert Redfield a témoigné aux populations métisses – « et aux centres administratifs municipaux largement acculturés ou occupés surtout par des métis » – devient un obstacle qui empêcherait d’atteindre les hameaux où se trouvent encore des « native peoples ». Et voilà l’historien des Indiens invité à lire entre les lignes de l’anthropologue pour retrouver les objets de sa recherche, au risque de nier ou de ne pas voir la nature profondément métisse des sociétés rurales du Mexique (F. J. Schryer, « Natives Peoples... », art. cit., II-2, p. 262).
20 - Nutini, Hugo G. et Bell, Betty, Ritual Kinship, Princeton, Princeton University Press, 1984 CrossRefGoogle Scholar.
21 - Deeds, Susan M., «Legacies of Resistance, Adaptation and Tenacity: History of the Native Peoples of Northwest Mexico», II-2, pp. 44–88 Google Scholar.
22 - Au fil des pages, l’auteur évoque les « fusions syncrétiques de Dieu, du démon, du soleil, de la lune et du Christ... » (II-2, p. 71), elle observe que les Mayos finissent par « ressembler en tous points à une société métisse » (II-2, p. 75) et mentionne l’importance d’un mouvement millénariste dirigé par une métisse, Teresa Urrea, sans que le mot soit jamais prononcé. Tout comme elle constate la présence d’éléments indigènes dans la culture métisse qui domine ces régions septentrionales et ne manque pas de relever les modalités de leur absorption au sein de la « société métisse » (II-2, p. 78).
23 - Ibid.: « Certaines économies paysannes perdaient leur caractère indien en accédant à la propriété privée... » (II-2, pp. 56 et 63).
24 - E. Van Young a pris soin de faire précéder sa contribution d’une série de remarques qui mettent implicitement en cause la perspective de l’ouvrage: difficulté à appliquer les catégories de « Natifs », « indigènes » et « Indiens », nécessité de prendre en compte « l’important et vigoureux métissage de cette région », imbrication totale et précoce des groupes indigènes et non indigènes (II-2, p. 138). Et d’insister sur les obstacles analytiques que rencontre tout chercheur « qui essaie de distinguer les indigènes du reste de la paysannerie, que ce soit dans les domaines de la démographie, des formes de la vie économique ou de l’action collective » (II-2, p. 138).
25 - E. Van Young évoque le passage des « identités ethniques [...] vers une sorte d’india-nité générique [...] et, de là, vers une paysannerie rarement pure et jamais simple » (II-2, p. 159).
26 - Une description en termes de dilution, d’effacement (David C. Grove, II-1, p. 167) ou d’absorption (Robert N. Zeitlin et Judith Francis Zeitlin, II-1, p. 93) ne peut tenir lieu d’interprétation.
27 - Frye, David, «The Native People of Northeastern Mexico», II-2, pp. 89–135 Google Scholar.
28 - Le rôle de l’artisanat et du tourisme, qui occupent une place grandissante dans l’existence et la subsistance des groupes indigènes et métis, aurait mérité autre chose que de brèves remarques. Les transformations des manières de faire, de produire, de célébrer des fêtes et des rites, l’exposition continuelle des individus au regard des visiteurs, les ressources nouvelles dégagées par le tourisme, le rôle de l’État et en particulier de l’INAH au Mexique auraient pu être mieux abordées si le volume n’avait pas délibérément fragmenté ou pulvérisé son objet. On sait que ces phénomènes peuvent se révéler destructeurs comme ils sont susceptibles de réactiver des modes d’expression hérités du passé et de la tradition.
29 - S. L. Cline, « Native peoples... », art. cit., II-2, p. 202.
30 - La question des cantares et celle des t ítulos primordiales sont trop superficiellement abordées (II-2, pp. 215, 216).
31 - Pour de rien dire des apports européens qui n’ont pas l’heur de connaître une traduction anglaise.
32 - Wauchope, Robert (éd.), Handbook of Middle American Indians, Austin, Texas University Press, 16 vols, 1964-1976Google Scholar.