Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Bien qu'une abondante littérature ait été consacrée depuis plus d'un demisiècle à l'analyse de la société chinoise traditionnelle, tant s'en faut que les historiens soient parvenus à un consensus quant à la nature des. liens unissant la paysannerie à la classe dirigeante ou la signification des changements de la notion de propriété. Les concepts classiques d'esclavagisme et de féodalisme sont-ils applicables tels quels à la réalité chinoise ancienne ? Est-il scientifiquement payant de recourir à des notions telles que le mode de production asiatique ? Il semble, au contraire, qu'on soit fondé à élaborer une problématique laissant délibérément de côté ces concepts « européocentriques ». Longtemps faussé par l'attention quasi exclusive accordée par la plupart des auteurs, tant chinois qu'occidentaux ou japonais, au problème de la propriété, le débat vient d'être relancé en Chine même voici quelques années à l'occasion de la campagne de critique du confucianisme et de réévaluation du légisme.
The examination of the models elaborated by Chinese theoreticians from Antiquity to the pre-modern period allows us to distinguish three major phases. Antiquity witnessed the establishment of a system of cereal cultivation characterized by high yields (from 1000 to 1500 liters/hectare) and small family holdings (less than 2 hectares); the surplus was taxed or sold in commerce. The diffusion of the swing-plow, which occurred especially in the period of demographic stagnation from the third to the sixth century, corresponds to the development of farming on a much larger scale (5 hectares per couple); it was defined in the framework of the legislation on the equalization of landholdings (the 'equal field system') and combined cultivation of cereals with the production of textiles. A third model, characterized by an intensification of agriculture and an increasing financial burden (rent and land tax) became widespread during the pre-modern epoch (from the tenth century), in connection with the development of rice growing with the aid of irrigation. It is this process, still discernible in the twentieth century, which explains the quasi-unlimited growth of the agricultural population.
1. Le mouvement de « critique de Lin Piao et de Confucius » (p'i Lin p'i K'ung) lancé vers 1973 a donné le signal de la réhabilitation d'un certain nombre de penseurs politiques qualifiés de « légistes. ». De très nombreuses brochures ont été publiées à cette occasion. La plupart présentent ou commentent des textes très connus. Un exposé assez systématique du contenu attribué aux « modes de production » classiques est fourni dans She-hui fa-chan shih chiang-hua (Causeries sur l'histoire du développement de la société) publié à Pékin en 1975 par un groupe de réflexion de l'usine d'instruments optiques de Pékin animé par des professeurs et étudiants de l'École normale supérieure de Pékin. D'autres brochures ont été consultées, en particulier Chung-kuo nu-li she-hui (La société esclavagiste en Chine), Pékin, 1974, et Feng-chien she-hui (La société féodaliste), Shanghai, 1973.
2. La réhabilitation des légistes a commencé à faire l'objet de dénonciations virulentes au début de 1977. Elle n'aurait été destinée, selon les commentateurs les plus récents, qu'à donner un fondement idéologique à l'action de la « bande des quatre ».
3. Sur les quelque 300 poèmes recueillis dans le Livre des Odes une vingtaine décrivent ou font allusion au travail agricole. Cf. S. F. Couvreur, Le Cheu King, Ho-kien-fou, 1896: pièces I. VIII. 7; I. IX. 5-6; I. XV. 1; II. VI. 5-8; III. I. 3; III. II. 1; III. II. 6; IV. I. 5; IV. H. 1-4; IV. III. 5-6 et IV. IV. 4. Ces passages dont l'interprétation a donné lieu à bien des controverses n'ont pas fait l'objet d'une étude telle que celle que Ping-ti Ho a consacrée aux végétaux dans le même ouvrage. Cf. The loess and the origin ofChinese agriculture (en chinois), The Chinese University of Hong Kong, 1969, résumé dans un article portant le même titre dans American Historical Review, LXXV, 1 (1969).
4. Voir en particulier Levenson, Joseph R., « III wind in the well-fleld: the érosion of the Confucian ground of controversy » dans The Confucian persuasion, Stanford, 1960 Google Scholar.
5. La division en groupes de huit familles semble suggérer une répartition de la paysannerie sur des lots encadrant une parcelle centrale selon le modèle fourni par le caractère d'écriture ching (puits): deux paires de parallèles orthogonales. La division en groupes de cinq familles ou en multiples de cinq ne se prête pas à une répartition topographique du même type et n'aurait donc pas une fonction agricole. Certains textes, cependant, suggèrent une coïncidence entre les unités des milices et les équipes agricoles.
6. Le terme k'o qui signifie « client » peut s'appliquer indifféremment à des commensaux, des aristocrates ou à des paysans venus se placer sous la protection d'un seigneur. Il implique plus une « loyauté » du type vassalique qu'une simple sujétion. Ce n'est qu'à une époque beaucoup plus récente — vmc siècle ? — qu'il prend le sens de « serf ».
7. Cf. Li-chi, «Wang-chih» 2, 4-9, et 5, 18-20.
8. Cf. Tso Tchouan, traduction S. F. Couvreur, Ho-kien-fou, 1914: t. II, p. 2.
9. Chou-li, « Ti-kuan », Ta-ssu-t'u.
10. Li-chi, « Wang-chih » 5, 20.
11. Chou-li, «Ti-kuan», Ta-ssu-t'u.
12. Sources: Chou-li, «Ti-kuan», Ta-ssu-t'u et Li-chi, «Wang-chih» 2, 8-9.
13. Le monde « sous le ciel » (t'ien-hsia) est figuré symboliquement sur le modèle du « puits » (ching) : huit fiefs extérieurs entourant le Domaine royal.
14. D'après le Ti-wang shih-chi. Voir M. Cartier et R. Mathieu, « Les conceptions démographiques de l'antiquité chinoise», Annales de Démographie Historique, 1974.
15. Sources: Meng-tzu (Mencius), « T'eng Weng-kung » I, 3; « Wan-chang » II, 2; Li-chi, « Wang-chih » 2, 4; Han-shu (Annales des Han), « Shih-huo chih » 4; Kuan-tzu, « Ch'eng-ma ».
16. Meng-tzu, « Chin hsin » I, 22.
17. Meng-tzu, «T'en Wen-kung » I, 4.
18. Le mot chih, « tisser », utilisé dans la littérature post-classique pour désigner exclusivement l'activité féminine du tissage des fibres textiles (chanvre, soie et, plus tard, coton) est également employé dans l'antiquité avec le sens de « tresser », « faire de la vannerie », occupations masculines (?).
19. Kuan-tzu, «Chin tsang ».
20. Kuan-tzu, « Ch'ing chung » I. Cent mu produiraient 20 chung (= 128 shih ?).
21. Han-shu, «Shih-huo chih» 4.
22. Kuan-tzu, « Shan ch'uan shu ». S'agit-il toutefois du même shih ?
23. Le Han-shu (loc. cit.) fixe la consommation moyenne d'une personne à 18 shih (environ 360 litres) par an. Le Kuan-tzu (” Kuo ch'u ») calcule des rations mensuelles de 4 shih pour un homme adulte, 3 shih pour une femme adulte et 2 shih pour un enfant, soit réciproquement 48, 36 et 24 shih par an. On peut douter qu'il s'agisse de la même unité.
24. Han-shu, « Shih-huo chih » 4. Ce budget fait l'objet d'une longue discussion dans l'ouvrage de Nancy Lee Swann, Food and money in ancient China, Princeton, 1950.
25. Selon une conception de l'économie exposée surtout par le Kuan-tzu, mais dont on trouve l'équivalent dans d'autres traités classiques — en particulier le Chou-li — les autorités règlent l'économie en augmentant ou en diminuant la quantité de monnaie en circulation provoquant ainsi à volonté une tendance inflationniste ou déflationniste.
26. Cf. Meng-tzu, « Chin hsin » I, 22.
27. Cf. Meng-tzu, « Kao-tzu » II, 10.
28. Kuan-tzu, « Chin tsang », cite l'exemple d'un paysan tirant environ la moitié de son revenu — l'équivalent de 25 shih de céréales sur 55 — d'activités secondaires: jardinage, élevage, à quoi il faudrait ajouter le tissage et les intérêts des prêts.
29. Kuan-tzu, « Shan chih shu », recommande de réduire l'impôt direct jusqu'à 10 pièces de monnaie — l'équivalent d'un shih de grain ? — par an. L'État spéculerait sur le prix du grain pour augmenter ses revenus. Un autre chapitre (” Hai-wang ») présente une évaluation du produit possible de taxes sur le sel et le fer.
30. Cf. en particulier le jugement d'ensemble porté sur le système de 1’ « égalisation des terres » par E. Balazs dans les trois articles sur la propriété foncière réunis dans La bureaucratie céleste, recherches sur l'économie et la société de la Chine traditionnelle, Paris, 1968.
31. Le mu n'est pas, à l'origine, défini comme une unité de surface mais comme un sillon, ou plutôt une levée de terre semée, d'un li (environ 360 mètres sous l'antiquité) de longueur. La surface moyenne représentée dépend de l'espacement des levées de terre. La définition du mu est modifiée sous les Han: il correspond alors à 240 doubles pas. La superficie théorique serait ainsi multipliée par 2,4. On considère que la surface représentée par un mu médiéval oscille autour de 0,05 ha. Elle augmente légèrement par la suite puis se fixe sous les T'ang aux alentours de 0,06 ha.
32. La société chinoise est alors figée dans le cadre de neuf classes héréditaires. L'appartenance à une classe détermine non seulement les fonctions auxquelles un individu peut prétendre dans la société mais eniore son « niveau de vie ».
33. Un certain nombre de registres de population parmi lesquels plusieurs listes de familles indiquant la superficie à distribuer ont été retrouvés en Asie centrale à Tun-huang et Turfan. Ils ont fait l'objet de très nombreux travaux japonais. Pour une présentation générale, se reporter à l'article de Ikeda ON, « T'ang household registers and related documents » dans Perspectives on the T'ang, New Haven et Londres, 1973.
34. Bien que nous ne possédions que très peu d'informations sur le régime de la propriété et l'exploitation de la terre entre les derniers siècles de l'antiquité et la fin des Han, il semble possible d'affirmer que les progrès de la propriété « privée » ont entraîné un certain morcellement du sol cultivé. Registres de population et contrats de vente ou de location révèlent une division très poussée des parcelles dont certaines ne mesurent guère plus de quelques mu. Il est possible que le morcellement soit plus prononcé dans les oasis d'asie centrale où se pratique exclusivement une agriculture irriguée. De toute manière la paTcellisation de l'espace agraire semble avoir été un obstacle au bon fonctionnement des règlements fonciers médiévaux.
35. Sources: Chin-shu 26; Wei-shu 110; Sui-shu 24; Twitchett, D. C., Financial administration under the T'ang dynasty, Cambridge, 1963 Google Scholar.
36. Ainsi, une famille roturière comptant un couple, 60 esclaves et 4 buffles recevra 5 180 mu soit environ 258 ha. Le nombre d'esclaves que sont autorisés de posséder les fonctionnaires est proportionnel à leur grade.
37. Les superficies de terre attribuées aux membres de l'aristocratie et aux fonctionnaires demeurent proportionnelles au rang. Elles sont très réduites par rapport aux dynasties antérieures étant comprises entre 10 000 mu (princes du sang) et 60 mu (dernier degré de noblesse). Cf. D. C. Twitchett, op. cit. Appendice I, The fragments of the « Land Statutes ».
38. Si Mencius insiste sur l'importance des travaux domestiques féminins comme facteur d'élévation du niveau de vie des paysans, le Kuan-tzu est le premier ouvrage à attribuer au tissage un statut d'activité économique. A partir de l'empire le tissage est considéré comme une activité « fondamentale » au même titre que la céréaliculture. On doit remarquer, pourtant, qu'en dépit de cette reconnaissance, la propriété des terres « à textiles » est attribuée aux hommes et transmissible en ligne masculine exclusivement. Une veuve reçoit sous les T'ang un lot réduit de terres à céréales mais ne peut conserver de terre à textiles.
39. Bien que ne possédant guère d'informations chiffrées relatives à la productivité agricole du « Moyen Age », nous pouvons inférer, à partir de sources plus récentes, une stabilité des rendements au niveau antique. C'est ainsi que nous lisons à propos de l'agriculture pratiquée au Honan au xme siècle que « les champs supérieurs peuvent donner 1,2 shih, les champs moyens 1 shih et les champs inférieurs 0,8 shih » (Chin-shih [Histoire des Chin], « Shih-huo chih » 2, 13 a).
40. Sources: Chin-shu 26; Wei-shu 110; Sui-shu 24; Chiu T'ang-shu 48; « Shih-huochih » 1. L'impôt en textiles (tiao) est perçu, suivant les possibilités locales, en soierie, en fil de soie ou en tissus de chanvre. Le taux de l'impôt en grain (tsu) de 564 correspond aux années de bonne récolte; il est réduit de 50 % en année moyenne et des 2/3 lors des mauvaises années.
41. Cf. Michel Cartier, « Sapèques et tissus à l'époque des T'ang (618-906), remarques sur la circulation monétaire dans la Chine médiévale » dans Journal ofthe économie and social history of the Orient, XIX, 3.
42. L'empire chinois exporte de grandes quantités de tissus, et en particulier de soieries, vers les divers États et fédérations d'asie centrale qui en réexportent une partie vers l'occident par la Route de la soie. On discute du caractère véritable de ces « exportations ». Il s'agirait en fait moins d'un commerce fondé sur des échanges que d'un transfert en partie gratuit en partie soldé en or. Sur l'établissement de ces échanges, se reporter à A. F. P. Hulsewé, « Quelques considérations sur le commerce de la soie au temps de la dynastie des Han » dans Mélanges de sinologie offerts à Monsieur Paul Demiéville, vol. II.
43. L'étude des registres retrouvés en Asie centrale a mis en évidence un décalage important entre les règlements de distribution et la pratique administrative. Telle famille qui devrait recevoir 186 mu n'en aurait reçu que 92; une autre qui pouvait compter sur 364 mu n'en aurait reçu que 62. Il s'agit là toutefois de terres irriguées dont la productivité est sans doute très supérieure à celle des champs de céréales du Nord de la Chine.
44. Source: Wang Weng-chia, Chung-kuo t'u-ti chih-tu shih (Histoire des régimes fonciers chinois), Taipei, 1965. Il s'agit de chiffres repris des grandes encyclopédies classiques.
45. Il est caractéristique que la taille du feu moyen tend à croître en fonction directe du libéralisme de la législation foncière. Ainsi ce taux est-il de 6,4 et 6,6 respectivement sous les Wei et les Ch'i, dynasties pour lesquelles nous ne disposons pas de statistiques de terres.
46. Cf. Chin-shu 26, 8ab. Il semble difficile, toutefois, d'admettre les chiffres proposés par Teng Ai: les réserves ainsi constituées en six ou sept ans, soit quelque 600 millions de litres, devant correspondre à l'approvisionnement de 100 000 hommes pendant cinq ans, on arrive au chiffre fabuleux de 1 200 litres par homme et par an.
47. Sui-shu 24, 13 a.
48. Cf. Hsin T'ang-shu 52, 7a, où il est fait mention de tenanciers de la région métropolitaine (Ch'ang-an) — donc en pays d'agriculture sèche — versant à leurs propriétaires un shih par mu, soit vingt fois l'équivalent de l'impôt en grain. Il ne peut s'agir que de terres ayant des rendements nettement supérieurs à la moyenne.
49. Source: Wang Wen-chia, op. cit.
50. Cf. Michel Cartier et Pierre-Etienne Will, « Démographie et institutions en Chine, contribution à l'analyse des recensements de l'époque impériale (2 ap. J.-C. — 1750) », dans Annales de Démographie Historique, 1971.
51. Sung-shih 173, 12a.
52. De 1949 à nos jours, la superficie cultivée serait passée de 100 à 120 millions d'hectares tandis que la population augmentait dans le même temps de 50 à 60 96.
53. Sources: Sung-shih 176, 2b, 5ab, 6ab; 173, 16a; Chin-shih 50, 10b.
54. Sung-shih 173, 7a.
55. Sung-shih 173, 16a et 176, 5b.
56. Cf. ci-dessus note 39. On escompte en année moyenne un shih par mu des 36 700 mu de colonies du Ho-pei (Sung-shih 176, 5a) et des 1 500 000 mu de la région du Hsi-ho (Sung-shih 176, 6ab).
57. Les rendements escomptés dans les projets de colonisation mettant en oeuvre la riziculture irriguée sont en général de 3 shih par mu (Sung-shih 176, 2b). Il semble d'ailleurs qu'il ne s'agisse nullement de records puisque dès les Chin (me siècle) on obtenait, dans la partie orientale du bassin de la Huai précisément, des rendements « trois fois supérieurs à ceux de l'ouest » (Chinshu 26, 8b). Pour l'ensemble de la Chine rizicole du Sud, la productivité de la riziculture irriguée varierait entre 2 et 3 shih par mu.
58. Sources: Sung-shih 176, 2b; 173, 7a; 176, 6a; 173, 16a; Chin-shih 47, l i a et 13b; Fang Hui, cité par Elvin, Mark, The pattern of the Chinese past, Stanford, 1973, p. 82 Google Scholar.
59. Chin-shih 47, lia, et Fang Hui (M. Elvin, loc. cit.). Il s'agit d'une quantité nettement inférieure aux estimations antiques (cf. plus haut note 23). Peut-être le calcul est-il fait en grain décortiqué ? Les rations annuelles distribuées aux soldats sont en général de 6 shih (360 litres ou kilogrammes).
60. Les paysans décrits par Fang Hui sont des producteurs de riz qui se procurent par troc toutes les denrées — y compris la sauce de soja et les gâteaux de riz — et les produits artisanaux dont ils peuvent avoir besoin. Il s'agit sans doute d'un cas extrême pour l'époque de dépendance du marché. De nombreux petits producteurs de la région fortement urbanisée du Sud-Est associent déjà la riziculture à des cultures commerciales, en particulier la culture du coton, qui commence à se répandre en Chine au XIIIe; siècle, et la sériciculture.
61. En terme de population enregistrée les six provinces du Nord perdraient environ 80 % de leurs habitants (1 400 000 feux au début du xiv’ siècle contre près de 8 millions cent ans plus tôt). Il faut tenir compte du fait qu'une partie des paysans (800 000 familles ?) auraient été réduits en esclavage.
62. Yùan-shih 93, llb-12a.
63. Yùan-shih, cité par Wang Yù-ch'ùan, Ming-tai ti chùn-t'un (Les colonies militaires de la dynastie des Ming), Pékin, 1965, pp. 17-18.
64. Wang Yù-ch'ùan, op. cit., p. 154. Vers la fin du xivc siècle le revenu global de l'impôt foncier en grain s'élevait à 24 700 000 shih.
65. Ming-shih 77, 8ab.
66. Sources: Wang Yù-ch'ùan, op. cit. pp. 68-71, 133-134 et 154.
67. Wang Yù-ch'ùan, op. cit. p. 154.
68. La quantité de terre enregistrée disponible par habitant est respectivement de 11,8 mu au Nanchihli et de 4,9 mu au Chekiang.
69. Derk Bodde, Cf., Festivals in classical China, Princeton et Hong Kong, 1975, pp. 228- 241 Google Scholar.
70. On relève dès la fin du XIe siècle des densités de 50 feux au km2 dans un certain nombre de régions « avancées »: plaine du Bas Yangtze, côte du Sud-Est, partie occidentale du Szechwan (Cf. M. Cartier et P.-E. Will, op. cit., pp. 197-203). La-tendance à la concentration dans ces régions se maintient sous les Ming en dépit de la baisse générale du niveau de population.
71. Hsù Kuang-ch'i chi (Œuvres de Hsù Kuang-ch'i), Pékin, 1963, p. 228.
72. Kuan-yù Chiang-ning chih-tsao Ts'ao-chia tang-an shih-liao (Documents des archives de la famille Ts'ao relatifs à la manufacture de soierie de Chiang-ning), Pékin, 1975, p. 133: rapport adressé en 1715 par Li Hsü à l'empereur K'ang-hsi sur la récolte obtenue à partir de 0,6 shih de semence sélectionnée.
73. Ester Boserup, Cf., Évolution agraire et pression démographique, Paris, 1970 Google Scholar.
74. La thèse avancée par Ping-ti Ho dans son remarquable Studies on the population of China, Cambridge, Mass. 1959, a été depuis discutée par Perkins, Dwight H., Agricultural development in China, 1368-1968, Edimbourg, 1969 Google Scholar, qui conclut plutôt à une intensification de l'agriculture.
75. Le surplus, dans les régions où les formes d'exploitation permettent la production d'un excédent important du moins, est généralement partagé entre le « propriétaire » (ti-chu) qui acquitte l'impôt foncier et perçoit la « grande rente » (ta-tsu) et le « fermier » (yeh-chu) qui prend en charge les frais de gestion et les investissements et perçoit la « petite rente » (hsiao-tsu), fraction pouvant atteindre ou dépasser 50 % de la récolte.
76. C'est ce qu'ont bien montré, en particulier, les recherches de Muramatsu Yùji regroupées dans son Kindai Kônan no sosan, Chûgoku jinushi seido no kenkyû (Les « agences de recouvrement des rentes » dans le Kiangnan moderne, étude sur le régime de la propriété foncière en Chine), Tokyo, 1970. Résumé en anglais.
77. Le problème du rôle économique joué par les « domaines » a suscité de nombreuses prises de position polémiques en Chine et hors de Chine. Il semble néanmoins établi que le fairevaloir direct est demeuré exceptionnel dans la mesure où les profits de la location — parfois de la sous-location — des terres et des prêts usuraires l'emportaient largement sur les bénéfices d'une gestion économique de type « capitaliste ». Un grand nombre de citations allant dans ce sens ont été réunies par Cheng Ch'ang-kan dans un article intitulé « Ming-mo chih Ch'ing-tai ch'ien-ch'i ti feng-chien tsu-tien kuan-hsi » (Les relations de la rente foncière féodale de la fin des Ming à la première période des Ch'ing), dans Pei-ching shih li-shih hsùeh-hui ti-i ti-erh chieh nien-hui lunwen hsûan-chi (Choix de communications présentées aux premier et deuxième congrès de la société d'histoire de Pékin), Pékin, 1964.