Analysant un manuscrit algérien de la fin du XVe siècle, les Nawâzil Mazouna, j'y relevais quantité de références au groupe et au terroir. De quoi éclairer la maussaderie du document et poser de nouveaux problèmes. Entre autres, celui des rapports entre un milieu historique et le système qui l'interprète. Il me fallait donc revoir la petite ville de Mazouna, où se maintint jusqu'à la dernière guerre mondiale l'enseignement du droit islamique. Sur le terrain, je pourrais compléter, et le cas .échéant rectifier, mes notations précédentes.
1. « Les Hilaliens repentis ou l'Algérie rurale au xve siècle d'après un manuscrit jurisprudentiel », Annales E.S.C., n" 5, septembre-octobre 1970, pp. 1325-1353 ; et « En lisant les Nawâzil Mazouna », Mélanges Schacht, Studia Islamica, XXXII, 1970, pp. 31-39.
2. Voici comme l'a vue, en 1846, le capitaine Richard {Étude sur Vinsurrection du Dahra, 1845- 1846, Alger, 1846, p. 38) : « Mazouna est une jolie petite ville arabe, assise sur les deux bords de l'Oued Ouarizan affluent du Chélif. L'aspect de ses jardins est charmant et dénote une végétation des plus vigoureuses, mais l'état de ses murailles et l'amoncellement de ses ruines attestent les violences qu'elle a subies de la part de l'émir, irrité de sa résistance à ses ordres ».
3. Djilali Sari, Les villes précoloniales de l'Algérie occidentale : Kalaa, Mazouna, Nedroma, thèse ronéotée, Alger, 1969, pp. 94 sq, et 114 sq.
4. Ulâd ç-Çeghîr, Bû Mata', El-Qaçba, Bû 'Allûfa
5. Mosquées de Sidi Muh'ammad ben Châref; Sidi 'Aïssa b. Bû 'Azza, la plus ancienne et dont la bâtisse rustique va être restaurée; Sidi 'Abd al-H'aqq et Hâjj Muh'ammad.
6. Auxquels Edmond Destaing avait consacré une étude, Étude sur le dialecte des Béni Snous, 1.1, Paris, 1907. Cf. également S. Biarnay, Étude sur le dialecte des Bet'fioua du Vieil Arzew, Alger, 1911.
7. Étude inédite du cheikh Mehdî Bouabdelli.
8. Le document dénomme ces terrains azwâj (litt. « attelées de labour »), ce mot étant suivi d'un toponyme identificateur. Le terme de zûja, plur. azwâj, avait-il alors l'acception non pas d'unité de superficie — qu'il a encore au Maghreb —, mais de « lot » identifiable sur le terrain par un nom?
9. Peut-être est-ce le « cadi du mardi » portraituré par le capitaine Richard dans les Mystères du peuple arabe, Paris, 1860, pp. 75 sq.?
10. Il s'agit de la citation de vers composés à la louange de Mazouna par le cadi mascaréen 'Abdallah b. al-Macharfî, qui devait ensuite partir au Maroc. Mazouna a souvent fait l'objet de pareils poèmes, par exemple celui de H'asan b. 'Alî, dit Bel Lefgoun le Constantinois. Outre sa vocation juridique, il faut mentionner que Mazouna était devenue un grand centre de poésie populaire.
11. Marcel Florenchie, Terre algérienne, 1932 : « ... N'étaient les fumées qui s'élèvent au-dessus de Mazouna, on pourrait se croire en face d'une cité abandonnée. L'amas de maisons grises arasées au même niveau et qui épouse le contour du précipice, les minarets des mosquées, les marabouts pointus, baignent dans le silence au creux de cet effondrement pittoresque » (p. 38). « ... La ceinture montagneuse offre, en un point, un de ces tableaux d'érosion si fréquents dans le pays... » (p. 37).
12. Cf. X. Yacono, Les Bureaux arabes et l'évolution des genres de vie indigène dans l'Ouest du Tell algérien, Paris, 1953, « Le cantonnement des Ouled Kosseir », pp. 173 sq
13. Ch. Féraud, « Lettres arabes de l'époque de l'occupation espagnole en Algérie », Revue africaine, 1873, pp. 313 sq.
14. D'après une notice inédite du cheikh Mehdî Bouabdellî.
15. Le ch. Mehdî Bouabdelli, à la lecture de notre article précité des Annales E.S.C., fait quelques remarques que je crois utile de livrer. L'émir Abdel Kader n'aurait pas appartenu à la Congrégation des Derqâwa, mais seulement à celle des Qâdirîya. Le ch. al-Huwarî d'Oran n'aurait nullement été un illettré, puisqu'il avait fait de fortes études à Bougie, mais aurait affecté d'écrire en dialectal. Le cadi assassiné est le ch. Muh'ammad b. 'Alî Abahlûl, des Medjjadja, ami d'Ah'med al-Maqqarî, maître du savant algérois Sa'îd Qaddûrî. Le meurtrier ne serait pas Ibn Châ'a, mais un membre de sa descendance. A verser au dossier de l'histoire interne de la société algérienne.