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Salaires Et Justice Dans Les Corporations Vénitiennes Au 17e Siècle Le Cas Des Manufactures De Verre

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Francesca Trivellato*
Affiliation:
Université de Venise

Extract

Comment s'établissaitétablissait le salaire dans un marché du travail corporatif et spécialisé ? Existait-il une rétribution moyenne ou modale pour chaque catégorie de travailleurs ? Quel rôle jouait la justice civile quand elle réglementait les rapports de travail et les niveaux des salaires ? Cette recherche voudrait répondre à ces questions à propos des maîtres et des compagnons des verreries de Murano entre 1638 et 1692, questions qui sont en fait récurrentes dans toute enquête sur le travail urbain pendant l'Ancien Régime.

Les caractéristiques du système de rétribution en vigueur à Murano incitent à s'éloigner des interprétations que l'historiographie propose au sujet des salaires des maçons à l'époque préindustrielle, réorientant l'attention sur la négociation salariale et ses pratiques — autant individuelles que collectives — qui gouvernaient le marché du travail artisanal. A leur tour, les initiatives des corporations et des magistrats vénitiens concernant la formation du salaire soulèvent le problème de la relation entre les ordres économique, corporatif et juridique.

Summary

summary

This article analyzes the wage system of the glassblowers ‘ guild in Venice during the décades following the plague of 1630-31. I present evidence drawnfrom a database for daily and weekly wages of masters and apprentices as well as material gathered from the jurisprudence and civil court records related to wage and labor conflicts, in order to create a more complète understanding of Old Regime moral economy. It will demonstrate that within a highly-specialized labor force, individual productivity had the capacity to overcome status as a determinant of wage. This is in contrast to the well-studied example of the building sector. At the same time guild policies protected masters and narrowed wage dijferentials. I argue that the mechanismfor determining wages within this Venetian guild reflects also an influence of the Aristotelian notion of justice that permeated the juridical culture and practice at the time. A “just wage”, unlike a “justprice”, was a matter ofboth commutative and distributive justice. The ability of courts offirst instance to determine a “just wage” was limited and subordinated to the enforcement of private contracts, while courts of appeal could influence labor relations at large.

Type
Prix, Salaires Et Justice
Copyright
Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1999

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References

* Toute ma reconnaissance va à Giovanni Levi et à Renzo Derosas pour l'aide et les suggestions qu'ils m'ont apportées. Elle s'adresse aussi à Sandro Colelli, Diogo R. Curto et Reinhold Mueller pour les remarques qu'ils ont formulées sur la première version de ce travail et auxquelles je n'ai que partiellement répondu. Le texte qui suit relève cependant de mon entière responsabilité. Les valeurs monétaires sont généralement exprimées en sols selon les équivalences suivantes : 20 sols = 1 lire ; 6 lires et 4 sols = 1 ducat.

1. Cf. Ruggiero, Romano, « Storia dei salari e storia economica » et Geremek, B., « I salari e il salariato nelle città del basso medio evo », Rivista storica italiana, LXXVIII, 2, 1966 Google Scholar.

2. La bibliographie sur ce thème est très vaste. Pour l'Italie la référence incontournable est C. Poni, « Norms and Disputes: The Shoemakers’ Guild in Eighteenth-Century Bologna », Past and Présent, n° 123, 1989, pp. 80-108. Très utile aussi Sonenscher, M., Work and Wages: Natural Law, Politics and the Eighteenth-Century French Trades, Cambridge, Cambridge University Press, 1989 Google Scholar. Le mérite de ces travaux est d'avoir « enrichi de manière extraordinaire notre connaissance du système économique de la société d'Ancien Régime ainsi que de son système juridique », Cerutti, S., « Mestieri e interessi : le corporazioni a Torino in età moderna », Studi Storici Luigi Simeoni, vol. XLI, 1991, pp. 103127 (p. 104)Google Scholar.

3. Voir la réédition de Phelps Brown, H. et Hopkins, S. V., A Perspective of Wages and Priées, Londres, Methuen, 1981 Google Scholar. H. Phelps Brown lui-même a consacré un volume entier à cette question des differentiels salariaux mais il ne s'est intéressé qu'à l'époque contemporaine, Phelps Brown, H., The Inequality of Pay, Oxford, Oxford University Press, 1977 Google Scholar.

4. Pour certaines villes d'Italie à la fin du Moyen Age et à l'époque moderne, voir Sella, D., Salari e lavoro nell'edilizia lombarda durante il secolo XVII, Pavie, Editrice Fusi, 1968 Google Scholar ; De Maddalena, A., Prezzi e mercedi a Milano dal 1701 al 1860, Milan, Banca Commerciale Italiana, 1974 Google Scholar ; Vigo, G., « Real Wages of the Working Class in Italy: Building Workers’ Wages (14th to 18th Century) », Journal of European Economie History, vol. 3, n° 2, 1974, pp. 378399 Google Scholar ; Goldthwaite, R. A., The Building of Renaissance Florence, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1980, pp. 324330 Google Scholar. Pour Venise, en revanche, la seule série salariale connue d'une certaine importance — celle des maçons de la scuola grande de San Rocco entre 1550 et 1630 — n'est stable que pour les salaires nominaux et pour le rapport entre les salaires moyens des maîtres et compagnons, avec une prédisposition des premiers à augmenter plus vite que les derniers à la suite des mouvements démographiques qui caractérisent les périodes postérieures à la peste de 1575-1576 et à la famine de 1590-1591 : Pullan, B., « Wage-Earners and the Venetian Economy, 1550-1630 », dans Crisis and Change in the Venetian Economy in the Sixteenth and Seventeenth Centuries, Londres, Methuen, 1968, pp. 146174 Google Scholar.

5. Pour une illustration de cette propension à éliminer des séries salariales des maçons les cotes jugées atypiques et donc à négliger les implications liées à ces oscillations, voir D. Sella, op. cit., pp. 83-84 ; A. De Maddalena, op. cit., p. 46 et R. A. Goldthwaite, op. cit., pp. 324- 329 ; Woodward, D., Men at Work: Labourers and Building Craftsmen in the Towns of Northern England, 1450-1750, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, pp. 169170 CrossRefGoogle Scholar. En marge de la rigidité de longue durée de la série salariale des maçons hollandais aux 16e et 17e siècles, Jan De Vries signale l'existence de certains contrats individuels d'embauché pour lesquels le salaire est different du salaire « normal » ce qui traduit la présence de négociations et de concurrence entre les patrons et les compagnons, J. De Vries, « The Labour Market », Economie and Social History of the Netherlands, vol. IV, 1993, pp. 55-78 (pp. 66-67).

6. La base de données a été établie à partir de 456 observations sur les salaires des maîtres et des compagnons de la corporation des verriers. Les observations sont tirées de 455 contrats parmi les 1 208 contrats d'embauché enregistrés par la chancellerie du podestat de Murano entre 1638 et 1696 et du seul contrat d'embauché retrouvé parmi les actes notariaux de Murano dans la même période : Archivio di Stato di Venezia [ASV], Arti, b. 726 (1638-1660) ; Podestà di Murano, b. 232 (1661-1696) ; Notarile Atti, b. 15227, ce. 62r-63v. Pour la qualification de compagnon et la typologie des rétributions, les observations se distribuent de la manière suivante : 263 salaires journaliers (135 de maîtres, 95 de compagnons, 33 de travailleurs sans qualification) ; 116 salaires hebdomadaires (9 de maîtres, 91 de compagnons, 16 de travailleurs sans qualification) ; 77 salariés à la pièce (52 de maîtres, 2 de compagnons, 23 de travailleurssans qualification). En l'absence d'indications dans le contrat, la qualification de maître ou de compagnon a été attribuée exclusivement sur la base d'informations concernant la carrière du compagnon ou sur la description des tâches décrites dans le contrat, mais jamais en ne prenant en considération le seul niveau du salaire. L'enregistrement des contrats d'embauché pendant la période étudiée est partiel et discontinu au point qu'ils ne concernent que le cinquième de la main-d'oeuvre réellement active entre 1638 et 1696. Cependant, la source ne permet pas de repérer aucun type de sélection capable de biaiser la représentativité des données ; ces dernières peuvent donc être considérées comme un échantillon valable.

7. Cette corrélation entre la forme de la rétribution et la qualification du travail a été codifiée par les statuts de la corporation de Murano en 1766 : L. Zecchin, Il capitolare dell'arte vetraria muranese del 1766, Venise, Caméra di Commercio Industria e Agricoltura di Venezia, 1954, p. 126.

8. Hobsbawm, E. J., « Custom, Wages and Work-Load in Nineteenth-Century Industry », dans id., Labouring Men: Studies in the History of Labour, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1964, pp. 344370 Google Scholar. Pour les effets de la substitution partielle du salaire à la pièce pour un salaire journalier dans l'industrie de la soie de la plaine du Pô dès le 17e siècle, voir C. Poni, « Misura contre misura. Come il filo di seta divenne sottile e rotondo », Quaderni Storici, XVI, 47, 1981, pp. 385-422. Pour un exemple de la résistance du salaire à la pièce, voir R. Reith, « Conflitti salariali nella storia deU'artigianato tedesco del XVIII secolo », Quaderni Storici, XXVII, 80, 1992, pp. 449-473 et Ortaggi Cammarosano, S., Libéria e servitù. Il mondo del lavoro dall'Ancien Régime allafabbrica capitalistica, Naples, Edizioni Scientifiche Italiane, 1995 Google Scholar.

9. Un seul contrat d'embauché concernant un maître payé à la pièce prévoyait aussi, en 1681, 440 sols pour la rétribution hebdomadaire de son aide. Dans la suite du texte, tous les exemples relatifs aux travailleurs de Murano pour lesquels une référence d'archives n'est pas fournie sont des extraits de la série des contrats signalée dans la note 6.

10. En 1657, le fait de travailler pour de l'argent au-delà du temps convenu est prohibé, L. Zecchin, op. cit., p. 138. Cependant, en 1666, le contrat d'un maître fabriquant de plaques à miroir prévoyait un salaire hebdomadaire de 600 sols et d'éventuelles rétributions additionnelles à la pièce.

11. Zecchin, L., Vetro e vetrai di Murano, Venise, Arsenale Editrice, 1987-1990, 3 vols, v. II, p. 122 Google Scholar.

12. Seulement 198 données salariales parmi les 456 peuvent être attribuées avec certitude à l'un des secteurs précédemment identifiés, sur la base de la description des tâches accomplies par le compagnon ou du type de production qui était mentionnée dans le contrat. Une autre ambiguïté est due au fait que dans le secteur des verres soufflés le compagnon pouvait être embauché pour travailler autant le verre de valeur que le verre commun. Dans ces cas, j'ai mis en fiche le contrat sur la base de la compétence la plus élevée parmi celles exigées.

13. Des différences de l'ordre de 5 à 10 sols entre des salaires journaliers payés au cours de la même année à des maîtres travaillant dans la même manufacture sont assez fréquentes dans tous les secteurs productifs. En 1662, dans un four produisant des cannes pour la fabrication des perles et des émaux, deux maîtres étaient payés respectivement 80 et 120 sols par jour. En 1670 dans une verrerie fabriquant des plaques à miroir, la différence entre les salaires hebdomadaires de deux maîtres allait jusqu'à 580 sols. Enfin, dans le même four fabriquant des produits soufflés en cristal, en 1671, un maître gagnait 80 sols par jour alors qu'un autre 130, et en 1685 un maître 66 et un autre 100.

14. En 1659 deux compagnons sont embauchés dans un four avec la même qualification de sotto-fanti et avec la même tâche à accomplir : le premier avec un salaire de 75 sols par jour, le second de 65 sols ; le premier avec un donativo annuel de 15 ducats et le second de 11 ducats.

15. Parmi les 77 observations sur les salaires à la pièce, deux concernent des compagnons avec la qualification de vesigheri (l'un des deux est nommé « sopra-fante e vesigher ») et 3 des maîtres appelés également vesigheri. Dans les 1 208 contrats d'embauche, 63 spécifient la tâche de vesigher (31 sont relatifs à la fonction de maître, 23 à celle de compagnon et 9 sont sans précision).

16. Sur le concept de « taxonomie indigène », voir Alain Guerreau, « A propos d'une liste de fréquences des dénominations professionnelles dans la France du XIXe siècle », Annales ESC, 1993, n° 4, pp. 979-986.

17. Dans l'organigramme des verreries de Murano rédigé en 1743 par les officiers de la corporation, on dénombre 130 maîtres et 43 compagnons embauchés pour travailler comme maîtres, ASV, Inquisitori di Stato, b. 826.

18. A partir de 1605, le titre de « citoyen de Murano » est identifié par l'inscription dans le Libro d'oro : institué trois ans auparavant, il enregistrait les chefs de famille de Murano nés à Murano ou y résidant depuis vingt-cinq ans et ceux auxquels les chefs du Conseil des Dix avaient concédé le titre par privilège (V. Zanetti, Il libro d'oro di Murano, Venise, Stab. Tip. Fontana, 1883). Sur les ordonnances extraordinaires qui, après la peste de 1630-1631, ont permis l'entrée dans la corporation à un certain nombre d'étrangers (c'est-à-dire des sujets de l'État vénitien) dans la qualification d'ouvriers non spécialisés, voir Zecchin, L., Vetro e vetrai, op. cit., vol. I, p. 185 et vol. II, p. 50Google Scholar.

19. Dans la mise en fiche des contrats, j'ai attribué la variable « originaire de Murano/ étranger » sur la base des listes nominatives du Libro d'oro ; sur 456 données de salaires, 117 concernent des ouvriers étrangers.

20. En 1691, à un compagnon payé 390 sols par semaine est offert un salaire de 460 sols s'il devenait maître (c'est-à-dire une augmentation de 15 %) mais avec la garantie d'embauche. Dans d'autres cas le salaire pouvait doubler, voire tripler dans les années qui suivaient la prova di maestranza. Un compagnon rémunéré 44 sols par jour en 1671 gagnait 85 sols par jour sept ans plus tard dans la fonction de maître pour les fabrications en cristal. Un autre compagnon qui recevait 120 sols par semaine en 1676 touchait un salaire de 66 sols par jour en tant que maître en 1685.

21. Ramazzini, B., De morbis artificum, (1713), Romae, Typographia Caroli Columbi, 1953, pp. 3134 Google ScholarPubMed. En fait, au 18e siècle, afin de limiter le nombre des demandes d'allocations de chômage la corporation classe comme âgés et invalides les maîtres verriers de plus de 55 ans sans emploi depuis plus de trois ans, ASV, Inquisitori di Stato, b. 822.

22. Dans un seul cas, vraiment anormal, un maître est bloqué pendant huit années consécutives par un contrat qui lui notifiait une dette de 1 500 ducats.

23. La théorie économique actuelle tend à expliquer les phénomènes de dispersion salariale à partir de l'offre de main-d'oeuvre en insistant sur les théories du capital humain et de l'allocation des ressources au sein du noyau familial. Pour certains modèles théoriques centrés sur la demande, voir Groshen, E. L., « Five Reasons Why Wages Vary Among Employers », Industrial Relations, vol. 30, n° 3, 1991, pp. 350381 Google Scholar.

24. Sur la relation entre les différences salariales et le degré d'oligopole, voir SYLOS Labini, P., Oligopolio e progresso tecnico, Turin, Einaudi, 1967 (2e édition)Google Scholar.

25. ASV, Dieci Savi sopra le Décime in Rialto. Catastico 1661, b. 422. 26. ASV, Capi del Consiglio di Dieci. Notatorio, reg. 46, c. 70v.

27. ASV, Podestà di Murano, b. 168, cc.n.n. (13.XI.1656).

28. A partir de la fin du 15e siècle, la corporation de Murano ne relevait plus de la juridiction des magistratures ordinaires qui étaient compétentes sur les corps de métier de la ville mais elle était soumise à l'un des plus importants organes du gouvernement, le Conseil des Dix. Les trois chefs de ce conseil, choisis chaque mois parmi ses membres, faisaient aussi fonction de juges d'appel, se prononçant à la majorité au terme d'une discussion entre les deux parties en cause. Le cas de la corporation de Murano montre comment les trois chefs étaient attentifsau maintien de l'ordre établi, s'occupant non seulement d'affaires d'État mais aussi de la hiérarchie socio-économique de la classe popolana.

29. Les protestations des maîtres étaient également motivées par le refus de n'être payés qu'avec des biens plutôt qu'en monnaie ; il est difficile d'estimer cette part de la rémunération qui complique sans doute l'évaluation du pouvoir d'achat des salaires (copie de la pétition des maîtres et de la délibération des chefs du Conseil des Dix jointe aux actes d'un procès civil en conséquence des arrêtés du décret lui-même, ASV, Podestà di Murano, b. 211.14). Le document original des statuts du 16e siècle de la corporation des verriers est pour le moment introuvable mais des parties importantes sont reproduites dans L. Zecchin, Vetro e vetrai, op. cit., vol. II, pp. 47-71.

30. ASV, Podestà di Murano, b. 171, cc.n.n. (11.1.1680).

31. Zecchin, L., Verra e vetrai, op. cit., vol. II, p. 63 Google Scholar.

32. Dans une liste de maîtres au chômage et/ou invalides — elle n'est pas datée mais relative aux années du débat sur l'attribution du subside — un maître verrier se refuse de travailler pour un salaire journalier de 80 sols (ASV, Podestà di Murano, b. 211.14, c. 78).

33. Sur cet épisode très connu, voir Zecchin, L., Vetro e vetrai, op. cit., vol. I, pp. 299308 et vol. II, pp. 129-156Google Scholar.

34. Sur le cristal de Bohême et le verre au plomb anglais, voir R. J., Charleston, Angus-Butterworth, L. M., « Glass », dans A History of Technology, Singer, C. et al. (éd.), Oxford, Clarendon Press, 1957, vol. III, pp. 206244 Google Scholar.Sur la méthode de production des plaques à miroirs en coulée brevetée en France en 1688, voir Barrelet, J., La verrerie en France de l'époque gallo-romaine à nos jours, Paris, Larousse, 1953, pp. 8182 Google Scholar et Scoville, W., Capitalism and French Glassmaking, 1640-1789, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1950, p. 40 Google Scholar.

35. L'emploi du sable de silice comme matière première pour vitrifier à la place des pierres de quartz, qui devaient être triturées à l'aide de beaucoup de machines et d'ouvriers, est signalé à partir de 1696-1697 : Zecchin, L., Il ricettario Darduin. Un codice vetrario del Seicento trascritto e commentato, Venise, Arsenale Editrice, 1986, p. 201 Google Scholar. Le nitrate de potassium semble être utilisé comme composante pour la fonte dans certains fours de Murano avant 1694 : C. Moretti, T. Toninato, « “ Cristallo ” e “ Vetro di piombo ” da ricettari del 1500, 1600 e 1700 », Rivista délia Stazione Sperimentale del Vetro, 1987, pp. 31-40 et id., « Ricettari Muranesi (XVI-XX secolo) », ibid., 1992, pp. 197-206. Les miroirs en coulée, en revanche, ne seront produits à Murano qu'au 19e siècle. Il a été calculé que dans la Manufacture Royale de Paris, ce procédé permettait de diminuer de moitié les temps de production ainsi qued'épargner sur le coût de la main-d'oeuvre grâce à la substitution des maîtres souffleurs par des ouvriers non qualifiés (W. Scoville, Capitalism, op. cit., p. 40).

36. J. Georgelin, Venise, op. cit., pp. 151-153. Pour les perles de verre vénitiennes, une forte résistance s'observe sur les marchés du Levant et d'Afrique du Nord ( Sella, D., Commerci e industrie a Venezia nel secolo XVII, Venise-Rome, Istituto per la Collaborazione Culturale, 1961, pp. 5966 Google Scholar).

37. Cf. note 62.

38. RAPP, R. T., Industry and Economie Décline in Seventeenth-Century Venice, Cambridge, Ma., Harvard University Press, 1976, pp. 167171 Google Scholar.

39. Une copie de la délibération du corps des maîtres dans ASV, Inquisitori di Stato, b. 826.

40. La copie des décrets dans ASV, Inquisitori di Stato, b. 826. Voir aussi Zecchin, L., Vetro e vetrai, op. cit., vol. II, pp. 6163 Google Scholar.

41. Pour une synthèse de ces débats sur l'histoire du droit, voir Pansolli, L., La gerarchia delle fonti di diritto nella legislazione médiévale veneziana, Milan, Giuffré, 1970, pp. 113191 et 220-235Google Scholar ; Zordan, G., L'ordinamento giuridico veneziano, Padoue, Cleup, 1980, pp. 205 218 Google Scholar. Sur la réception manquée du droit romain par le droit vénitien et sur la pratique de Yarbitrium dans les tribunaux vénitiens, voir Cozzi, G., Repubblica di Venezia e Stati italiani. Politica e giustizia dal secolo XVI al secolo XVIII, Turin, Einaudi, 1982, pp. 219222 Google Scholar.

42. Zacchia, L., De salario seu Operariorum mercede, Rome, Typographia Nicolai Tinassi, 1658 Google Scholar. Du même auteur, voir le recueil des sentences émises par la Sacra Rota en matière de salaires : id., Centuria decisionum ad materiam tractatus de salario et operariorum mercede, Venise, apud Turrinum, 1659. Le texte de Zacchia est plusieurs fois cité à l'article « salaire » par le Dizionario del diritto comune e veneto, ouvrage de l'un des juristes vénitiens qui, au 17e siècle, reconnaissent l'influence du droit romain sur le droit vénitien ( Ferro, M., Dizionario del diritto comune e veneto, Venise, Tip. Santini e figli, 1847 (2e éd.), 4 vols, vol. II, pp. 640 642 Google Scholar. Sur Lanfranco Zacchia on ne dispose que de très peu de données biographiques. Un descendant et généalogiste de la famille Zacchia Rondinini le présente comme le fils du célèbre médecin et prolifique auteur de traités Paolo (1584-1659), Zacchia Rondinini, A., Memorie délia famiglia Zacchia Rondinini. Cenni storici e biografici, Bologne, Tip. Luigi Parma, 1942, p. 16 Google Scholar. Ailleurs, on le retrouve en revanche comme le fils de Silvestro, frère de Paolo, Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, Delagrave, vol. XLV, p. 319. Quant à l'oeuvre très imposante mais peu connue de Lanfranco Zacchia, Gino Barbieri fut, sauf erreur, le premier à en signaler l'intérêt dans le deuxième après-guerre, G. Barbieri, « Il giusto salario negli scrittori italiani del Cinque e Seicento », Annali délia Facoltà di Economia e Commercio dell'Universitédi Bari, nuova série, IX, 1949, pp. 238-328 (rééditédans id., L'ordine economico nei pensatori ecclesiastici dell'epoca moderna, Bari, Università di Bari, 1961, pp. 75-123).

43. Aux trois catégories de salariés du classement de Baldo (intellectuels et professeurs libres, ministres et serviteurs des grandes familles, hommes d'armes), Zacchia ajoute celle des travailleurs manuels (famuli et operari), ZACCHIA, L., De salario, quaestio H, p. 7. 44. De même dans Zacchia, L., De salario, quaestio IX, pp. 3132 Google Scholar.

45. Ces éléments sont souvent réaffirmés dans les prescriptions légales et explicitement rappelés dans les sentences de la Sacra Rota romaine (L. Zacchia, De salario, quaestio X. 7, p. 38 ; id., Centuria decisionum, decisio IX, p. 24).

46. A l'origine de cette question se trouve la définition du salaire comme un quasi quoddam pretium donnée par Saint Thomas, ce qui s'oppose à l'identité parfaite entre le prix et le salaire. Saint Thomas n'élabore pas une théorie achevée du salaire ; les passages les plus significatifs se trouvent dans la Summa theologiae, qu. 114, ar. 1, ag. 3 (Summa theologiae, dans Opéra omnia, Stuttgart, Frommann-Holzboog Verlag, 1980, vol. II, pp. 184-926, p. 521). Pour un panorama des concepts du salaire chez les théologiens scolastiques au Moyen Age et à l'époque moderne, voir Rocha, M., Travail et salaire à travers la scolastique, Paris, Desclée de Brouwer, 1934 Google Scholar. Quant aux formulations élaborées par la doctrine sociale de l'Église entre le 19e et le 20e siècle, voir A. Mercier, « Théorie du juste salaire », Revue thomiste, 1896, pp. 317-341 et 545-586, et l'article « Salaire » dans le Dictionnaire de théologie catholique, Paris, 1923-1950, vol. XIV, coll. 978-1016.

47. Voir surtout les travaux de R. De Roover qui, à leur tour, reprennent les thèses de Schumpeter, R. DE Roover, « Joseph Schumpeter and Scholastic Economies », Kyklos, 1957, pp. 115-146 et id., «The Concept of Just Price. Theory and Economie Policy », Journal of Economie History, vol. XVIII, 1958, pp. 418-434. Des critiques substantielles contre les erreurs théologiques présentes dans ces interprétations des scolastiques médiévaux comme précurseurs des classiques et des néoclassiques modernes ont été faites par Todeschini, G., Il prezzo delia salvezza. Lessici medievali del pensiero economico, Florence, La Nuova Italia, 1994 Google Scholar.

48. Des précisions importantes concernant les differentes significations du concept de « juste salaire », et donc des causes par laesio ultra dimidiam medietatem iusti pretii, pour la jurisprudence d'un côté, et pour la scolastique du Moyen Age de l'autre, dans Baldwin, J., « The Medieval Théories of the Just Price. Romanists, Canonists, and Theologians in the Twelfth and Thirteenth Centuries », Transactions ofthe American Philosophical Society, vol. 49, part 4, 1959, pp. 2780 Google Scholar.

49. « Artifex si ultra dimidiam iustae mercedis in operarum locatione decipiatur non potest intentare remedium », Zacchia, L., De salario, quaestio XL, pp. 190192 Google Scholar ; cette proposition est reprise dans ibid., quaestio XCVIII, p. 357.

50. A la fin du 17e siècle, certains jésuites espagnols admirent la compensatio occulta pour les domestiques et les officiers, voir J. zamorano de villafuerte, Tractatus de compensationibus ad utrumque forum pertinentibus, Lugduni : sumptibus Laurentii Arnaud, Pétri Borde, loannis et Pétri Arnaud, 1676, disputatio IV, pp. 144-145 et L. Gutierrez De La Huerta, Tractatus de compensationibus, Neapoli: In Nova Typographia D. A. Parrino, 1698-1700, 3 t., 1.1, Liber 1, quaestio IV, p. 51. Le traité de Gutierrez de la Huerta est signalé, en relation avec les pratiques d'appropriation des rebuts de l'industrie de la soie par les compagnons, dans Carlo Poni, « Misura contro misura… », art. cité, p. 415. Sur le thème de l'appropriation occulte, ou bien de la corruption, par les officiers publics dans les doctrines de la seconde scolastique, voir Garcia Marin, J. M., Monarquia catolica en Italia. Burocracia impérial y privilegios constitucionales, Madrid, Centra de Estudios Constitucionales, 1992, pp. 156187 Google Scholar.

51. Sur la relation entre le salaire et la peine, voir L. Zacchia, De salario, quaestio XI, p. 40 et quaestio LV, pp. 190-191. Le thème est également traité par Giacomo Menochio (1532- 1607), jésuite et professeur de droit à Padoue et par le cardinal de Luca (1614-1683) ; pour les éditions utilisées voir Menocchio, G., De arbitriis iudicum quaestionibus et causis libri duo, Florentiae, Apud Carolum Pectinarum, 1581, casus CCXXIII, p. 304-vGoogle Scholar et De Luca, G. B., Theatrum veritatis et justitiae, Venetiis, Apud Paulum Belleonium, 1723, Liber II, p. 198 Google Scholar.

52. K. L. Zacchia, De salario, quaestio XCVIII, p. 357. Certaines sentences de la Sacra Rota font aussi référence aux critères de qualitas, industria, peritia. Voir par exemple id., Centuria decisionum, decisio IX, p. 24.

53. AGO, R., Economia barocca. Mercato e istituzioni nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 1998, p. xiv Google Scholar.

54. J'adopte ici l'approche du concept thomiste de conditio proposée dans O. Langholm, Economies in the Médiéval Schools: Wealth, Exchange, Value, Money and Usury according to the Paris Theological Tradition, 1200-1350, Leyde-New York-Cologne, E. J. Brill, 1992, pp. 226-227. Je m'éloigne donc de l'idée d'identité entre la nécessitas et une hiérarchie sociale rigide (voir Sapori, A., « Il giusto prezzo nella dottrina di S. Tommaso e nella pratica del suo tempo », dans id., Studi di storia economica medievale, Florence, Sansoni, 1940, pp. 189227 (pp. 199-201)Google Scholar ainsi que de l'interprétation du juste salaire comme équivalent des seuls coûts d'entretien du travailleur ( Cipolla, C. M., « Prezzi, salari e teoria dei salari in Lombardia alla fine del Cinquecento », Quaderni di Storia ed Economia, 1956, pp. 718, repris dans Saggidi storia economica e sociale, Bologne, Il Mulino, 1988, pp. 113-124)Google Scholar. J'ai ici négligé la question du salaire familial — aspect crucial dans les differentes évaluations des besoins du travailleur — car elle n'est pas pertinente pour la partie appliquée de cette recherche.

55. La série des sentences civiles du tribunal du podestat de Murano est conservée de 1652 jusqu'aux premières années du 18e siècle, avec des lacunes de quelques mois en 1674-1677, 1683-1690 et 1697-1698, ASV, Podestà di Murano, bb. 168-173. Il s'agit d'un enregistrement assez sommaire qui transcrit seulement la sentence émise par le podestat (assisté par deux juges élus par le conseil de l'île) ou même qui se contente d'indiquer les noms des deux parties en cause. Il est de ce fait impossible de fabriquer une statistique des objets et des résultats des conflits civils. Les sentences des chefs du Conseil des Dix sont conservées de manière discontinue pour tout le 17e siècle mais, le plus souvent, avec une synthèse sommaire du débat, ASV, Capi del Consiglio di Dieci. Notatorio, regg. 31-49.

56. Les exemples sont trop nombreux pour être tous cités mais ils expriment un problème assez commun. Rappelons que parfois le nouveau patron avait le droit de retenir du salaire de l'ouvrier dont il voulait s'assurer les services une somme à verser au patron précédent. Ce phénomène est important car, étant donné les coûts très élevés (directs et indirects) du recours à la justice, on peut faire l'hypothèse que les employeurs avaient intérêt à offrir des salaires plus élevés pour que l'ouvrier ne soit pas incité à abandonner son emploi. Akerlof, G. (éd.), Efficiency Wage Models ofthe Labour Market, Cambridge, Cambridge University Press, 1986 CrossRefGoogle Scholar.

57. En une seule occasion le podestat autorisa une expertise sur les plaques à miroir données à un ouvrier comme rétribution à la pièce au lieu du salaire en monnaie, mais la discussion portait sur l'équivalence entre la valeur du salaire établi par le contrat et la valeur sur le marché des biens reçus à la place, ASV, Podestà di Murano, b. 171, cc.n.n. (8.VIII.1679).

58. En 1696, le podestat refusa la revendication d'un patron qui affirmait ne pas devoir payer le subside à un maître « nouveau », car l'obligation ne valait que pour les maîtres « anciens », ibid., b. 172, cc.n.n. (6.II.1696).

59. Un compagnon fut autorisé à abandonner son poste de travail au cas où il n'aurait pas reçu le salaire prévu par le contrat, ibid., b. 169, cc.n.n. (15.111.1668). D'autres sentences confirment le montant du salaire établi dans le contrat d'embauché, ibid., b. 171, cc.n.n. (27.1.1678) e b. 172, cc.n.n. (1.II. 1694).

61. ASV, Podestà di Murano, b. 170, cc.n.n. (3.XII.1671, 26.IV.1671, 12.V.1672, 20.VI.1672, 7.XI.1672, 10.XI.1672).

62. Témoignage des difficultés de la manufacture de Murano, ces indemnités sont demandées le plus souvent entre 1679 et 1680, ibid., b. 170, cc.n.n. (20.VI.1672) et b. 171, cc.n.n. (17.111.1678, 16.III.1679, 4.V.1679, 20.V.1679, 15.1.1680, 15.1.1680, 3.VIII.1682).

63. Un simple travailleur d'une verrerie à Murano put recourir, en 1662, au tribunal des chefs du Conseil des Dix, pour accuser son patron de lui donner son salaire en nature plutôt qu'en monnaie et demander l'abrogation du contrat, mais sa réclamation fut refusée, ASV, Capi del Consiglio di Dieci. Notatorio, reg. 44, c. 157v. En 1681, un maître fut autorisé à changer de patron tout de suite après avoir soldé ses dettes, ibid., reg. 46, c. 81r. En 1671 un maître qui était resté exclu de la négociation individuelle est affecté à une verrerie, l'attribution étant confirmée par la répartition effectuée par les officiers de la corporation, ibid., reg. 43, ce. 79r-v. En 1697, la tentative d'un patron pour éviter le paiement des 70 ducats à un maître que la corporation lui avait affecté se révéla inutile, ibid., reg. 48, c. 146r.

64. Entre 1634 et 1643 les maîtres font obstacle à l'admission des étrangers et les chefs du Conseil des Dix l'autorisent seulement pour certains ouvriers, ibid., reg. 40, cc. 95r-96v (12.1.1634), cc. 242r-243r (28.111.1636) ; ibid., reg. 41, cc. 62r-v (28.VI.1641), cc. 74v-75r (25.IX.1641), c.79v (16.XI.1641), c. 110v (17.X.1642).

65. En 1618 une convention entre les deux corporations avait établi le droit des maîtres de Murano au chômage à exercer la vente ambulante des seuls verres en cristal à Venise (Mariegola degli stacioneri, ce. 98v-99v dans ASV, Arti, b. 725). Ce droit est confirmé en 1669 en considération des difficultés rencontrées au cours du débat autour du subside, ASV, Capi del Consiglio di Dieci. Notatorio, reg. 44, c. 21v. Pourtant, cela n'épuisa pas les conflits provoqués par les tentatives réitérées des maîtres de Murano pour accroître leurs privilèges et se garantir d'autres sources de revenu.

66. Il était d'ordinaire interdit aux titulaires de la « citoyenneté vénitienne » d'avoir exercé un art mécanique. Pour les dispositions législatives sur cette question, voir Zannini, A., Burocrazia e burocrati a Venezia in età moderna: i cittadini originari(secoli XVI-XVIII), Venise, Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, 1993, pp. 6976 Google Scholar. La série des « petits procès » pour l'attribution du titre de « citoyen originaire » conservée dans le fond Avogaria di Comun de l'ASV témoigne du nombre croissant de demandes formulées par les patrons des fours pendant le 16e siècle.

67. L'influence des principes aristotéliciens de justice commutative sur le droit privé, d'une part, et de justice distributive sur le droit public, de l'autre, a été reconnue dans la pratique judiciaire française du 17e siècle par Parker, D., « Sovereignity, Absolutism and the Function of the Law in Seventeenth-Century France », Past and Présent, vol. 122, 1989, pp. 3674 CrossRefGoogle Scholar.

60. L. Zacchia, De salario, quaestio XX, p. 73 et quaestio LV, pp. 190-191.

68. La série assez connue des salaires des maçons de la scuola grande de San Rocco se termine en 1630 ; dans la dernière décennie, les salaires journaliers des maîtres sont compris entre 60 et 70 sols et ceux des compagnons entre 30 et 50 sols (B. Pullan, « Wage-Earners… », art. cité, pp. 173-174). Pour les années qui suivent la peste de 1630-1631, la série des salaires comporte un faible nombre d'observations : une seule pour les maîtres en 1639, équivalente à 60 sols par jour, et quatre pour les compagnons dans les années 1638-1639, allant de 30 à 80 sols par jour.

69. Davis, R. C., Shipbuilders of the Venetian Arsenal: Workers and Workplace in the Preindustrial City, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1991, pp. 2930, 211nGoogle Scholar.

70. Ibid., pp. 32-35, 59, 212n.

71. ASV Carmelitani Scalzi, b. 9.

72. Les salaires journaliers des maîtres verriers entre 1663 et 1667 vont de 60 à 150 sols (moyenne : 126 sols) et entre 1671 et 1672 de 60 à 160 sols (moyenne : 111 sols). Les salaires journaliers des compagnons (tous dans la fonction de sotto-fante) entre 1663 et 1667 s'échelonnent de 24 à 38 sols (moyenne : 31,5 sols) et de 36 à 55 sols, entre 1671 et 1672 (moyenne : 46 sols).

73. La série des salaires de la scuola grande de San Rocco entre 1550 et 1630 montre des differentiels d'un maximum de 30 sols pour les maîtres et de 20 sols pour les compagnons (B. Pullan, « Wage earners… », art. cité, pp. 173-174).

74. Giovanni délia Torre, originaire de Trento, maître maçon, est embauché de novembre 1667 à mars 1668 avec, en plus du salaire journalier, l'entretien et le logement pris en charge. Pour la période du 1er avril au 10 juin 1668, il touche un salaire mensuel de 680 sols ; en juin 1668 il revient au salaire journalier fixé à 80 sols ; en juin 1671 il signe un contrat qui prévoit un salaire de 35 lires par mois pendant 9 mois et de 20 lires par mois pendant les trois mois restants, pour un total de 7 500 sols par an (60 ducats et 3 lires).

75. Moyennant des obligations de service pendant un certain nombre de journées, les maîtres de l'Arsenal conservaient le droit au paiement journalier s'ils se présentaient sur leur lieu de travail même quand ils étaient âgés ou malades, R. C. Davis, Shipbuilders, op. cit., p. 11.

76. L. Zecchin, Il capitolare, op. cit., p. 125.