Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Y a-t-il une démographie des riches et une démographie des pauvres sous l'Ancien Régime ? C'est une question qui n'a reçu pour l'instant que des réponses partielles, et pourtant elle est importante et comporte sans doute plus d'implications encore qu'on ne peut le penser. Si l'on découvre de façon assurée que sous l'apparente unicité du régime démographique ancien se cachent en réalité des comportements assez différents et que ceux-ci sont fonction notamment de facteurs sociaux, on peut ainsi apporter d'abord une certaine contribution à l'histoire sociale, en montrant que les différences ne consistent pas seulement en des différences de niveau de vie et de place dans le système économique.
Family reconstitution in four villages of XVIIIth century Thimerais and a confrontation of demographic data with socio-economic information provided by many tallage rolls, have enabled us to attemp a differential social demography. It seems that the essential difference between the demography of the day labourers and that of the husbandmen lies not so much in the specific rate (fertility, mortality, marriage rate) of each social category os in a clear opposition between these demographies with regard to their respective ability to vary according to the socio-economic situation and the population level. It is the day labourers' demography which, front one place to another, changes most and which thus plays the role of regulator of disequilibrium.
The correlation of these demographic variations with the evolution of social structures and the economy in the XVIIIth century ultimately suggests a comprehensive model of a self-regulating system for the rural populations of the Ancien Régime. This model makes it possible to account both for the interaction between demographic and socio-economic phenomena within an overall structure, and for thefact that this structure is necessarily encompassed within a cyclical overall situation.
1. C'est Pierre Goubert qui le premier a lancé l'idée d'une démographie sociale différentielle pour l'Ancien Régime, dans Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730,Paris, 1960 (pp. 77-80). Ce problème a également été abordé par Jacques Dupâquier dans de nombreux articles, ainsi que par plusieurs auteurs de monographies paroissiales, parmi lesquels : H. Charbonneau, Tourouvre-au- Perche aux XVIIe et XVIIIe siècles,1970, Cahier de 1TNED, n° 55 ; J.-C. Giacchetti et M. Tyvaert « Argenteuil (1740-1790)», Annales de démographie historique,1969, pp. 40-61 ; M. Terrisse, «Un faubourg du Havre: Ingouville», Population,n° 16, 1961, pp. 285-300 ; R. Deniel et L. Henry, « La population d'un village du Nord de la France, Sainghin-en-Mélantois, de 1665 à 1851 », Population,n° 4, 1965, pp. 563-602 ; M- Lachiver, « Fécondité légitime et contraception dans la région parisienne», dans Hommage à Marcel Reinhard,1973, pp. 383-401 ; N. W. Mogensen, Aspects de la société augeronne aux XVIIe et XVIIIesiècles,thèse dactyl., 1972. Enfin, pour la démographie urbaine : A. Perrenoud, « L'inégalité sociale devant la mort à Genève au xviie siècle », Population,nov. 1975, pp. 221-243; et «Variables sociales en démographie urbaine. L'exemple de Genève au xvme siècle », dans Démographie urbaine XVe-XXe siècles,Lyon, 1977, Centre d'histoire économique et sociale de la région lyonnaise, n° 8, pp. 143-172.
2. Le présent article reprend certaines des conclusions de notre thèse de troisième cycle, Villages du Thimerais au XVIIIe siècle. Essai de démographie sociale différentielle et d'économie historique(Exemplaires déposés à l'Ehess, aux Archives départementales d'Eure-et-Loir, et à la bibliothèque de la Sorbonne). Toutefois, pour certains des points abordés ici, l'échantillon d'observation a été fortement augmenté par la reconstitution des familles dans deux paroisses supplémentaires.
3. On n'y trouve qu'une infime minorité de ces notables des petits bourgs qui peuvent être influencés par des modèles urbains : notaires, gens de justice, chirurgiens et marchands importants, etc.
4. Pour le classement d'une famille dans le groupe « journaliers » ou « laboureurs », il a été tenu compte non seulement des indications données par les registres d'état civil, mais aussi de celles fournies par l'étude d'un très grand nombre de rôles de taille. Ce classement a été effectué d'après l'ensemble de la période d'observation de cette famille, selon des méthodes aussi indépendantes que possible de ses caractéristiques démographiques. Pour le détail des méthodes employées, cf. Villages du Thimerais…, op. cit.,pp. 66-69.
5. Les méthodes employées ici pour l'exploitation des rôles de taille doivent beaucoup aux analyses de Jacques Dupâquier, « Des rôles de taille à la démographie historique : l'exemple du Vexin français », Annales de démographie historique,1965, pp. 31-42 ; et « Des rôles de taille à la démographie historique. L'exemple de Crulai », Population,1969, pp. 89-104. Pour les aspects spécifiques des rôles de la région étudiée ici, cf. Villages du Thimerais…, op. cit.,pp. 70-79.
6. Cette différence partielle entre les échantillons d'observation, avant et après 1720, n'empêche pas cependant de raccorder les deux séries de résultats : car pour les âges au mariage observés après 1720, on obtient des résultats très voisins si l'on considère les seules personnes nées à Thimert ou celles nées dans l'ensemble des quatre paroisses. Les échantillons d'observation se composent de 137 femmes et 85 hommes de 1680 à 1719, et de 571 femmes et 393 hommes de 1720 à 1789.
7. De plus, pour les mariages antérieurs à 1720, on se heurte parfois à plus de difficultés pour connaître l'appartenance sociale des parents de façon assurée.
8. Cf. la thèse de Jacques Dupâquier, La population rurale du Bassin parisien à l'époque de Louis XIV,Publications de l'Université de Lille III, EHESS, 1979, 400 p.
9. Ces résultats sont obtenus à partir de tous les mariages (enfants d'artisans compris) dans les quatre villages de 1760 à 1789. On ne doit y rechercher cependant que l'indication sommaire d'une tendance, car il est évident que du fait de l'exogamie géographique, une petite partie des familles classées dans le deuxième groupe devraient l'être en fait dans le premier, les mariages de leurs enfants n'étant pas toujours tous connus.
10. Ces remarques, cependant, ne concernent que les vingt dernières années du règne de Louis XIV, et la forte mortalité des adultes qui y est observée. Elles ne visent aucunement à donner une explication générale du phénomène de l'écart d'âges important entre époux, jusqu'à la seconde moitié du xvme siècle.
11. En effet la longueur des intervalles tend à augmenter avec le rang des accouchements, et avec l'âge de la femme au-delà de 30 ans.
12. Cette évolution globale présente certaines ressemblances avec celle mise en lumière par N. W. Mogensen pour le pays d'Auge. Cf. « Structures et changements démographiques dans vingt paroisses normandes, sous l'Ancien Régime », Annales de démographie historique,1975, pp. 343- 367. De même, certaines analogies peuvent être remarquées avec l'évolution de la fécondité à Meulan (par exemple, la très forte fécondité des couples mariés en 1710-1739); cf. Marcel Lachiver, La population de Meulan du XVIIe au XIXe siècle,1969 (pp. 148-149).
13. Cf. P. Valmary, Familles paysannes au XVIIIesiècle en Bas-Quercy. Étude démographique, 1965, Cahier de l'Ined, n° 45 ; et L. Henry, « Fécondité des mariages dans le quart sudouest de la France de 1720 à 1829 », Annales ESC,1972, pp. 977-1 023. La possibilité d'un tel rapprochement est-elle plus qu'un heureux hasard ? Voir aussi, dans Villages du Thimerais…, op. cit.,les différences pour les taux de fécondité des femmes ultérieurement fécondes (pp. 200-202).
14. Dans Villages du Thimerais…, op. cit.,nous avions cru pouvoir déceler, au sujet des intervalles protogénésiques eux-mêmes, une évolution semblable à celle observée pour les intervalles intergénésiques. Toutefois, la reconstitution des familles étendue depuis à deux autres paroisses n'a pas vraiment confirmé cette première impression. Notamment, l'intervalle protogénésique n'augmente pas sensiblement dans les trente dernières années de l'Ancien Régime. Mais il est vrai aussi que cette dernière période est marquée par un développement des rapports sexuels préconjugaux, comme en témoignent les conceptions prénuptiales, et que cette situation n'aboutissant pas toujours à une naissance avant 8 mois de mariage, l'observation de l'intervalle protogénésique en est quelque peu faussée.
15. Il est intéressant, d'ailleurs, de constater que, malgré la forte fécondité d'ensemble de la classe riche des campagnes, ce soit parmi une petite minorité de ses membres qu'on puisse avoir la présomption d'un contrôle des naissances au sens « actuel », c'est-à-dire se traduisant par un âge à la dernière maternité assez jeune. Comme s'il existait, à côté d'une majorité de laboureurs à la fécondité très forte, une minorité de laboureurs pratiquant une limitation effective. Sous réserve d'examen plus approfondi, il semble que ce dernier cas concernerait certains gros laboureursfermiers (mais pas tous), ou des paysans aisés qui ne sont que partiellement agriculteurs (cabaretier, marchand).
16. Définie ordinairement comme la probabilité de concevoir au cours d'un cycle menstruel.
17. Cf. Henri Léridon, Aspects biométriques de la fécondité humaine,1973, Cahier de l'Ined, n°65.
18. On sait également que le risque de mortalité intra-utérine augmente avec l'âge de la femme. Il augmente donc sans doute en période d'âge au mariage élevé, puisque la période de fécondité est alors décalée vers des âges plus tardifs.
19. Comme d'autres régions du centre-ouest, le Thimerais a été assez fortement touché par cette crise des années 1740. Sur cette question, voir M. Bricourt, M. Lachiver, J. Queruel, « La crise de subsistance des années 1740 dans le ressort du Parlement de Paris», Annales de démographie historique,1974, pp. 281 -333. Précisons aussi qu'en Thimerais les paroisses semblent avoir été inégalement touchées. Dans deux des quatre paroisses ici étudiées, une mortalité importante semble avoir persisté jusqu'en 1744. Ce sont d'ailleurs les deux paroisses où l'on observe les intervalles entre naissances les plus longs pendant cette période.
20. Cf. notamment Pierre Chaunu, Histoire, science sociale. La durée, l'espace et l'homme, Paris, SEDES, 1974 (pp. 293-352).
21. Puisqu'il semble en effet qu'en milieu urbain, le contrôle des naissances se soit d'abord répandu dans les classes supérieures de la société. Cf. Cl. LÉVY et L. Henry, « Ducs et pairs sous l'Ancien Régime », Population,1960, pp. 807-830 ; et L. Henry, Anciennes familles genevoises, 1956, Cahier de 1Tned, n° 26. Même dans la petite ville de Vic-sur-Seille, J. Houdaille observe que la limitation des naissances s'est sans doute répandue d'abord (mais tardivement, à l'extrême fin du xvme siècle) parmi la partie la plus alphabétisée de la population ; cf. « La fécondité des mariages de 1670 à 1829 dans le quart nord-est de la France », Annales de démographie historique,1976, pp. 341-389 (spécialement pp. 360-361).
22. Toutefois, la corrélation ainsi établie ne signifie nullement, à notre sens, que l'on puisse rendre compte du développement du contrôle des naissances de façon « raccourcie », par exemple en le mettant en rapport avec un pur et simple calcul économique chez ses nouveaux adeptes. Il nous paraît au contraire inséparable de toute une révolution des mentalités et des attitudes devant la vie.
23. Sur cette question qui donne lieu à controverses, nous nous contenterons de plaider timidement pour l'idée d'une surpopulation « relative ». D'une part, les rôles de taille (et pas seulement ceux du Thimerais) montrent que les années 1680-1710 constituent tout de même l'époque d'un « petit sommet » du nombre des feux ; ce sommet est certes inférieur à ceux du xvie siècle et à celui d'après 1750, mais supérieur tout de même au niveau des deux périodes qui l'encadrent, c'est-à-dire la première moitié du xvme siècle et la dépression démographique d'après la Fronde. La vague de peuplement est montée moins haut qu'un siècle plus tard, mais elle semble bien avoir existé malgré tout. D'autre part, il ne faut pas oublier qu'une surpopulation est toujours « relative », c'est-à-dire qu'elle est fonction notamment de la situation générale de l'économie, des surfaces cultivées, des techniques, etc.
24. Ladurie, Cf. E. Le Roy, Histoire du climat depuis l'an mil, Paris, 1967 Google Scholar.
25. Voir à ce sujet R. Baehrel, « La haine de classe en temps d'épidémie », Annales ESC,1952.
26. Les générations des toutes premières années du siècle sont ici laissées de côté, à cause d'un possible sous-enregistrement des décès de jeunes enfants autour de 1700.
27. L'échantillon d'observation est ici de 1 340, 1 312, et 1 156 enfants présents.
28. On retrouve donc partiellement en Thimerais, un phénomène observé déjà dans d'autres régions de l'ouest ; cf. F. Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIesiècles, 1971 ; et Goubert, J.-P., Malades et médecins en Bretagne, 1770-1790, Paris, Klincksieck, 1974 Google Scholar. Voir aussi J.-P. Desaive, J.-P. Goubert, E. LE Roy Ladurie, J. Meyer, J.-P. Peter, Médecins, climat et épidémies à la fin du XVIIIe siècle,1972.
29. H. Charbonneau, Tourouvre-au-Perche aux XVIIe et XVIIIesiècles,1970, Cahier de 1TNED, n° 55 (pp. 172-173). Et C. Pouvez, Une communauté d'Artois, Isbergues, 1598-1826(thèse de 3e cycle inédite).
30. La variole par exemple, qui est assez répandue dans la deuxième moitié du xvme siècle, semble frapper certaines classes d'âge plus que d'autres : un observateur remarquant en 1786 que cette maladie avait enlevé dans un village beaucoup d'enfants de 2 à 10 ans, ajoute que « presque tous ceux qui étaient à la mamelle ont évité la mort et on attribue leur conservation au lait » (Arch. dép. de l'Orne, C 665). François Lebrun, en Anjou (op. cit.),observe aussi que les écarts entre décennies sont plus marqués pour la mortalité au-dessus de 1 an que pour la mortalité infantile, cela pouvant « s'expliquer par le fait que les enfants de moins d'un an jouissent d'une relative immunité face à la plupart des grandes épidémies » (p. 187).
31. Pierre Goubert a trouvé aussi, en Champagne, des « demi-laboureurs » ; et Emmanuel Le Roy Ladurie, dans les Cévennes, des « demi-paires de boeufs ».
32. Cf. Villages du Thimerais…, op. cit.,pp. 46-56.
33. Pour 1780 et 1789 cette étude n'était pas possible, car à ces dates les rôles de taille, dans certaines de ces 13 paroisses, omettent de préciser la profession de tous les taillables. 34. Un problème s'est posé pour la délimitation exacte de cette catégorie des « paysans moyens ». Fallait-il y comprendre les charretiers, qui sont un peu plus que des journaliers mais un peu moins que des sossons ? Chacun des deux points de vue possibles n'est pas dépourvu d'arguments. Finalement, nous avons opté pour l'exclusion des charretiers, mais en rectifiant en très légère hausse le nombre des «paysans moyens» en 1710 et en 1730, dates auxquelles le nombre des charretiers est le plus élevé. De toute façon, même si l'on avait décidé d'inclure les charretiers parmi les paysans moyens, les résultats n'auraient pas abouti à des conclusions très différentes de celles que nous formulons : le fait majeur constitué par la réduction, après 1750- 1760, du nombre des paysans moyens, aurait été tout aussi visible. La seule différence aurait été que l'apogée de cette catégorie sociale se serait situé plutôt autour de 1730 qu'autour de 1750 (pour les statistiques détaillées, voir Villages du Thimerais…,pp. 301-302).
35. Cette rareté est due à la fois au nombre d'hommes plus faible que dans la période précédente, et au fait que ces hommes moins nombreux ont davantage qu'autrefois la possibilité de travailler pour eux-mêmes et de se passer éventuellement du salariat. On peut donc penser que l'offre de main-d'oeuvre, tout en suivant l'évolution du nombre des hommes, amplifie encore le mouvement de celle-ci à la hausse ou à la baisse.
36. Sont aussi imposées dans ce tarif les « maisons », c'est-à-dire en fait l'ensemble formé par une maison, un jardin ou un petit clos, ce qui s'appelle proprement une « masure ». Cette particularité explique que dans ces deux paroisses, les taillables n'ayant strictement aucun revenu foncier soient moins nombreux qu'à Saint-Maixme. Précisons aussi que les exploitants horsins sont exclus de ces statistiques.
37. Mais il faut bien préciser aussi qu'en Thimerais, où la terre appartient peu aux paysans, cette concentration concerne surtout les fermages et n'implique pas nécessairement un mouvement de même ampleur pour la propriété. L'évolution, en d'autres provinces, a pu emprunter des voies un peu différentes.
38. Arch. dép. de l'Orne, C 851. Passage souligné par nous. 39. Notamment, pour la Beauce voisine du Thimerais : G. Béaur, « Le Centième Denier et les mouvements de propriété. Deux exemples beaucerons (1761-1790)», Annales ESC,1976 (pp. 1 010-1 033).
40. Fonds de l'Intendance d'Alençon, série C des Arch. dép. de l'Orne.
41. Fondamentalement, est en cause ici un système socio-économique dont la dynamique repose sur le degré plus ou moins fort d'adéquation entre les cellules de base de l'économie et celles de la démographie. Le jeu d'interactions qui se tisse entre économie et démographie, le fait que, plus que dans tout autre système, leurs fonctionnements respectifs ne peuvent être compris que conjointement, dérivent de ce principe de base.
42. Cf. Emmanuel LE Roy Ladurie, « L'histoire immobile », leçon inaugurale au Collège de France, Annales ESC,1974, pp. 673-692. Cf. aussi la thèse de Guy Bois, Crise du féodalisme,Paris, 1976, pour les xive-xvie siècles ; mais pour un contexte différent de celui du Thimerais des xviie-xvme siècles, où le rôle moteur ne peut être attribué au prélèvement seigneurial.
43. Discontinues, bien sûr, car propres surtout aux phases de croissance.
44. En partie seulement, bien sûr, puisque d'un certain point de vue la guerre peut être considérée comme étant elle-même un moyen non accidentel de régulation démographique. Cf. E. LE Roy Ladurie, art. cit., pp. 682-684.
45. Avec aussi, comme nous l'avons vu, des variations sensibles de la fécondité ; mais comme ces variations pourraient en grande partie s'expliquer par des facteurs « naturels », dont fait partie notamment la mortalité intra-utérine, ce type de régulation ne diffère pas fondamentalement de celui qui est à l'oeuvre en ce qui concerne la mortalité elle-même.