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Une souveraineté à l ’encre sympathique? Souveraineté autochtone et appropriations territoriales dans les traités franco-africains au XIXe siécle

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Isabelle Surun*
Affiliation:
Université Lille 3, IRHiS

Résumé

Cet article analyse les modalités del' appropriation territoriale qui caractérisent la période de transition entre ancien et nouveau régime colonial, pendant laquelle les Européens ont construit leur territoire colonial en Afrique. Il aborde la construction juridique de la souveraineté coloniale en étudiant un corpus de traités conclus entre représentants del' autorité coloniale française et chefs d’État africains au XIXe siècle – un instrument juridique d’appropriation peu étudié jusqu’à présent par les historiens du droit international. La terminologie en usage dans ces traités révèlel' indétermination des catégories et, à travers elle, les incertitudes des négociateurs européens quant au régime de domination qu’ils entendent imposer, jusqu’à ce que le protectorat émerge finalement comme le dispositif juridique le plus courant pour régler les partages et les transferts de souveraineté, reposant sur une distinction entre souveraineté extérieure et intérieure. Dès lors, le consentement ou non des chefs africains à ce type d’arrangement juridique dépend de leur conception de leur souveraineté comme divisible ou indivisible.

Abstract

Abstract

This paper focuses on the modes of territorial appropriation that characterized the transition from the old to the new colonial regime, during the period when Europeans built their colonial empires in Africa. It offers an analysis of the juridical construction of colonial territorialities based on a corpus of treaties concluded by agents of the French colonial authority and African chiefs, a kind of legal device as-yet little explored by historians of international law. The terminology used in these treaties reveals that European negotiators hardly grasped the meaning of the legal frameworks they pretended to impose onto African chiefs. During the last decades of the nineteenth century, the protectorate became the most usual modality of regulating sovereignty on newly acquired territories. This implied the emergence of forms of sovereignty-sharing or sovereignty-lending based on the distinction of external and internal sovereignty. The consent of African chiefs to such arrangements would therefore hang on whether they considered their territorial sovereignty as divisible or not.

Type
Souveraineté et territoire (XIXe-XXe siècle)
Copyright
Copyright © Les Éditions de l' EHESS 2014 

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References

1 Voir, par exemple, Philpott, Daniel, Revolutions in Sovereignty: How Ideas Shaped Modern International Relations, Princeton, Princeton University Press, 2001 Google Scholar.

2 Anghie, Antony, «Finding the Peripheries: Sovereignty and Colonialism in Nineteenth- Century International Law », Harvard International Law Journal, 40-1, 1999, p. 171 Google Scholar ; Id., Imperialism, Sovereignty and the Making of International Law, Cambridge, Cambridge University Press, 2004.

3 Charles Henry Alexandrowicz, « Treaty and Diplomatic Relations between European and South Asian Powers in the Seventeenth and Eighteenth Centuries », Recueil des cours de l' Académie de droit international, t. 100, Leyde, A. W. Sijthoff, 1961, p. 207- 320 ; Id., « Le droit des nations aux Indes orientales aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles », Annales ESC, 19-5, 1964, p. 869-884 ; Id., An Introduction to the History of the Law of Nations in the East Indies, 16th, 17th and 18th Centuries, Oxford, Clarendon Press, 1967.

4 Id., « Le rôle des traités dans les relations entre les puissances européennes et les souverains africains. Aspects historiques », Revue internationale de droit comparé, 22-4, 1970, p. 703-709 ; Id., « The Partition of Africa by Treaty », Proceedings of the Symposium of the Colston Research Society, 25, 1973, p. 129-157 ; Id., The European-African Confrontation: A Study in Treaty Making, Leyde, A. W. Sijthoff, 1973.

5 La première de ces deux approches renvoie aux techniques d’analyse des catégories coloniales mises en oeuvre par le chef de file des historiens subalternistes indiens, Ranajit Guha, pour dégager de leur gangue discursive les faits rapportés par l' archive et reconstituer la figure des subalternes : Guha, Ranajit, Elementary Aspects of Peasant Insurgency in Colonial India, Delhi, Oxford University Press, 1983 Google Scholar ; sur l' ensemble de la démarche de R. Guha et des historiens subalternistes, voir POUCHEPADASS, Jacques, « Les Subaltern Studies ou la critique postcoloniale de la modernité », L’Homme, 156, 2000, p. 161186 Google Scholar. Quant à la seconde approche, elle a été développée plus récemment par Ann Stoler dans une étude sur le fonctionnement de l' État colonial aux Indes néerlandaises : Stoler, Ann Laura, Along the Archival Grain: Epistemic Anxieties and Colonial Common Sense, Princeton, Princeton University Press, 2009 Google Scholar. Pour un exemple de la mise en oeuvre de ces méthodes dans le contexte ouest-africain, voir Robinson, David, Sociétés musulmanes et pouvoir colonial français au Sénégal et en Mauritanie, 1880-1920. Parcours d’accommodation, trad. par Tourneux, H., Paris, Karthala, [2000] 2004 Google Scholar, qui expose les ressorts de la construction d’un savoir français sur les sociétés musulmanes ouestafricaines, la dépendance de ce savoir à l' égard des informateurs locaux et les limites de l' archive coloniale, en particulier p. 66-71 et p. 84-90.

6 Bertrand, Romain, L’histoire à parts égales. Récits d’une rencontre Orient-Occident, XVIe- XVIIe siècle, Paris, Éd. du Seuil, 2011 Google Scholar.

7 Le corpus étudié comporte plus de 400 traités. L’ancienne base Choiseul des archives du ministère des Affaires étrangères, aujourd’hui fondue dans la base des Traités et Accords de la France, en recensait 170, disponibles en ligne : http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/Traites/Accords_Traites.php. Un registre récapitulatif manuscrit conservé aux Archives du Sénégal en recense 300 entre la fin du XVIIIe siècle et 1879, pour l' Afrique occidentale et le Gabon, et indique leurs principales clauses sans en donner le texte intégral : ANS série D Sénégal, Affaires politiques et administratives, 10D1/59. Enfin, les Archives nationales du Sénégal (ci-après ANS) et les Archives nationales d’outre-mer (ciaprès ANOM) recèlent d’autres pièces, dont certaines ne sont répertoriées dans aucun de ces instruments de travail et dont il n’a pas été possible de faire un inventaire exhaustif.

8 Les traités mentionnés dans cet article, sauf indication contraire, figurent dans ANS 10D1/59, ici p. 44. Seule la sous-série sera mentionnée ci-après pour les traités réunis dans la série D.

9 ANS 10D1/59, feuillets manuscrits insérés dans le registre.

10 Diouf, Mamadou, Le Kajoor au XIXe siècle. Pouvoir ceddo et conquête coloniale, Paris, Karthala, 1990, p. 123124 Google Scholar ; Barry, Boubacar, La Sénégambie du XVe au XIXe siècle. Traite négrière, Islam et conquête coloniale, Paris, L’Harmattan, 1988, p. 196198 Google Scholar ; Hardy, Georges, La mise en valeur du Sénégal de 1817 à 1954, Paris, É. Larose, 1921 Google Scholar.

11 ANS 10D1/59, p. 27.

12 Sékéné Cissoko, Mody, Le Khasso face à l' Empire toucouleur et à la France dans le Haut-Sénégal, 1854-1890, Paris, ACCT/L’Harmattan, 1988 Google Scholar.

13 ANS 10D1/59, p. 135. Le surnom « Barbessin » pourrait être une transcription fautive du titre de Bour (roi) du Sine ou Bourba Sine.

14 ANS 10D1/59, p. 131, traité passé entre le commandant de Gorée et Wagam Faye, roi de Sine, le 17 février 1837.

15 ANS 10D1/59, p. 131.

16 Cette intervention constituait un tournant dans la politique des traités suivie jusquelà : Faidherbe avait énoncé clairement son intention « de déclarer nuls les traités et conventions passés pendant les dernières années, pour la régulation des coutumes à payer aux chefs de ces pays en échange de la sécurité promise par ces derniers, et d’établir nos relations futures sur des termes nouveaux et plus dignes », cité par Klein, Martin A., Islam and Imperialism in Senegal, Sine-Saloum, 1847-1914, Stanford, Stanford University Press, 1968, p. 55 Google Scholar.

17 Annales sénégalaises de 1854 à 1885, suivies des traités passés avec les indigènes, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, 1885, p. 406-407. Seul le traité avec le Cayor est reproduit, mais les autres sont de même facture. Sur l' expédition miliaire, voir Saint-Martin, Yves, Le Sénégal sous le Second Empire. Naissance d’un empire colonial, 1850- 1871, Paris, Karthala, 1989, p. 416423 Google Scholar.

18 ANS 10D1/65, convention entre le gouverneur Charmasson et les chefs des villages de Bisséri (Yabou), Dingavare (Sébéti) et Sandignéry (Dhiénou) en Haute-Casamance, signée à bord de L’Érèbe, le 21 décembre 1839 ; ANS 10D1/62, chemise 12, Casamance 1838-1897, dossier 1, 1838-1839, traités et conventions divers passés avec les chefs de la Casamance et du Rio Nunez. Copies littérales non signées.

19 ANS 10D1/65. La concession ne s’étend que sur cent mètres de profondeur pour deux autres villages, Somboudou et Pacao.

20 ANS 10D1/65. La « barre » ou barre de fer sert d’unité monétaire. Elle est ensuite convertie en un assortiment de marchandises qui peut comprendre des pagnes de coton de différentes qualités, de la poudre, des « fusils de traite », de l' eau-de-vie, du tabac, etc. L’alcaty est un dignitaire local, souvent un lettré faisant office de secrétaire. Au bas de ces traités, les chefs ont apposé leur marque en forme de croix, tandis que les alcatys signaient de leur nom en arabe. Voir figure 1, p. 337.

21 ANS 10D1/65, exemplaire de Sandignéry.

22 Base des Traités et des Accords de la France, TRA18380013/001, convention avec les frères Blackwill, chefs du pays de Garroway, 14 décembre 1838 ; ANS 10D1/59, p. 157, convention passée avec le roi Denis, 9 février 1839.

23 Base des Traités et des Accords de la France, TRA18420007, traité relatif à la souveraineté sur le territoire de Garroway, 7 février 1842.

24 ANS 10D1/59, p. 157, traité passé entre les délégués du commandant Édouard Bouët et Peter, roi du Grand-Bassam, et les chefs du pays, 19 février 1842.

25 ANS 10D1/59, p. 157, traité passé entre le commandant Bouët et le roi Louis, chef de la rive droite du Gabon, 18 mars 1842.

26 Sur la prise de décision et la campagne d’établissement des forts, voir Schnapper, Bernard, La politique et le commerce français dans le golfe de Guinée de 1838 à 1870, Paris, Mouton, 1961 CrossRefGoogle Scholar, qui montre que la décision, politique, fut essentiellement motivée par la concurrence anglaise dans la région, que Bouët avait bien mise en évidence, alors que les maisons de commerce bordelaises et les traitants de Gorée ne montraient pas un grand enthousiasme à l' égard du projet, les nouveaux établissements étant trop éloignés de leurs circuits commerciaux.

27 ANS 10D1/59, p. 157, traité avec le roi et les chefs d’Assinie, 16 mars 1844.

28 B. Schnapper, La politique et le commerce français…, op. cit., p. 69-70.

29 ANOM FM SG SEN/III/5B, rapport Broquant, p. 96, cité par B. Schnapper, La politique et le commerce français…, op. cit., p. 21, n. 1.

30 ANS 10D1/0060, p. 12, traités et conventions avec différents chefs des Rivières du Sud, du 8 février 1785 au 16 août 1849.

31 C.H. Alexandrowicz, The European-African Confrontation…, op. cit.

32 Ibid., p. 14-17.

33 Y. Saint-Martin, Le Sénégal sous le Second Empire…, op. cit., p. 126-127.

34 Bertrand-Bocandé, Emmanuel, « Carabane et Sédhiou. Des ressources que présentent dans leur état actuel les comptoirs français établis sur les bords de la Casamance », Revue coloniale, XVI, 1856, p. 398421 Google Scholar ; Id., « Notes sur la Guinée portugaise ou Sénégambie méridionale », Bulletin de la société de géographie, 3e série, 1849, 11, p. 265-350, et 12, p. 57-93.

35 Y. Saint-Martin, Le Sénégal sous le Second Empire…, op. cit., p. 265-266, 402-405, 454 et 458-459.

36 ANS 10D1/62, chemise 12.

37 ANS 13G2, traité conclu avec les chefs de Cagnut le 25 mars 1851, cité par Moustapha KEBE, « La domination coloniale française en Basse Casamance, 1836-1960 », thèse de doctorat de troisième cycle, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2006.

38 Y. Saint-Martin, Le Sénégal sous le Second Empire…, op. cit., p. 186.

39 Ibid. La Basse-Casamance était particulièrement difficile à appréhender pour les Français en raison de son morcellement politique, chaque village constituant une unité politique autonome. Voir Mark, Peter, A Cultural, Economic and Religious History of the Basse Casamance since 1500, Wiesbaden/Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1985 Google Scholar ; Roche, Christian, Histoire de la Casamance. Conquête et résistance, 1850-1920, Paris, Karthala, 1985 Google Scholar ; Séverine Awenengo Dalberto, « Les Joola, la Casamance et l' État au Sénégal (1890- 2005) », thèse d’histoire, Université Paris 7-Denis Diderot, 2005.

40 ANS Sénégal 10D1/65 et 13G4, traité conclu avec le village de Thiong le 5 mai 1860. Les traités signés dans les années 1860-1865 en Basse-Casamance portent la marque d’une situation conflictuelle : des villages s’étaient soulevés contre les empiétements territoriaux précédemment consentis, s’en étaient pris à des commerçants européens et avaient subi des expéditions punitives en représailles. Voir M. KEBE, «La domination coloniale française… », op. cit., p. 107-108.

41 ANS 10D1/59, p. 149-152.

42 ANS 10D1/59, p. 163-166.

43 ANOM, Gabon I/9h, lettre de l' amiral Bourgois au ministre de la Marine, 29 juin 1870, citée par B. SCHNAPPER, La politique et le commerce français…, op. cit., p. 60.

44 C.H. Alexandrowicz, The European-African Confrontation…, op. cit., p. 62 (” Legal terminology was obviously not a significant weapon in the colonial officer’s professional armory ») et p. 80 (” It has been often maintained that the Africans did not understand international law in detail but we may wonder whether European colonial negociators had grasped the meaning of the law»).

45 Gairal, François, Le protectorat international. La protection-sauvegarde, le protectorat de droit des gens, le protectorat colonial, Paris, A. Pédone, 1896 Google Scholar.

46 ANS 10D1/59, p. 157, traité signé le 14 décembre 1838 à bord du brick La Malouine, entre Bouët et les frères Blackwill, répertorié comme « protectorat » dans la base des Traités et Accords de la France, TRA18380013.

47 Base des Traités et Accords de la France, TRA18420007, traité signé à bord du Nisus, au mouillage de Garroway le 7 février 1842, par Bouët et par le roi Guillaume, dit Will, aîné des Blackwill et son jeune frère. Le contexte dans lequel ont été établis les traités de Bouët entre 1842 et 1844 a été présenté plus haut, et la part de la pression militaire dans leur acceptation n’est pas douteuse.

48 La plupart des chefs des États musulmans d’Afrique de l' Ouest portaient le titre d’almamy, équivalent de l' arabe al imam.

49 Traité de paix avec le chef du Dimar, 18 juin 1858 ; traité de paix avec le chef du Toro, 10 avril 1859 ; traité de paix avec le Damga, 10 septembre 1850. Tous ces traités, signés par Faidherbe, sont reproduits dans Annales sénégalaises, op. cit., p. 425-426 et 428.

50 Traité de paix avec le Fouta, 15 août 1859, publié dans les Annales sénégalaises, op. cit., p. 426-427.

51 Annales sénégalaises, op. cit., p. 428 pour le Dimar, p. 431-432 pour le Toro et p. 432 pour le Damga. Voir aussi ANS 13G5.

52 Y. SAINT-MARTIN, Le Sénégal sous le Second Empire…, op. cit., p. 489-490.

53 Ibid.

54 Scheffer, Christian (éd.), Instructions générales données de 1763 à 1870 aux gouverneurs et ordonnateurs des établissements français en Afrique occidentale, t. II, 1831-1870, Paris, Société de l' histoire des colonies françaises, 1927, p. 364 Google Scholar.

55 Y. Saint-Martin, Le Sénégal sous le Second Empire…, op. cit., p. 330 et 524.

56 Traité du 12 janvier 1871, publié dans Annales sénégalaises, op. cit., p. 411.

57 Y. Saint-Martin, Le Sénégal sous le Second Empire…, op. cit., p. 592-595.

58 Lettre du ministre de la Marine et des Colonies au gouverneur du Sénégal et dépendances, Paris, le 26 mai 1870, in C. Scheffer (éd.), Instructions générales…, op. cit., t. II, p. 401.

59 ANS 10D1/59, p. 67 et 69, traités du 24 octobre 1877 avec l' Irlabé et le Lao.

60 Traité avec le teigne du Baol, 8 mars 1883, reproduit dans Annales sénégalaises, op. cit., p. 419-420, et disponible dans la base des Traités et Accords de la France, TRA18830015.

61 Base des Traités et Accords de la France, TRA18910025, traité de protectorat et de commerce avec le chef de la ville de San, 14 janvier 1891. Une copie ronéotypée de ce traité se trouve dans les papiersMonteil, aux Archives nationales de France : AN 66 AP 4.

62 Ibid.

63 F. GAIRAL, Le protectorat international…, op. cit.

64 Diaries of Lord Lugard, vol. I, East Africa, november 1889 to december 1890, Londres, Faber and Faber, 1963, p. 318, cité par Touval, Saadia, « Treaties, Borders, and the Partition of Africa », The Journal of African History, 7-2, 1966, p. 279293, ici p. 283CrossRefGoogle Scholar.

65 Diallo, Thierno, « La mission du Dr Bayol au Fouta-Djalon (1881) ou la signature du 1er traité de protectorat de la France sur le Fouta-Djalon », Bulletin de l' Institut fondamental d’Afrique noire, XXIV, série B, 1, 1972, p. 118150 Google Scholar ; Ismaël BARRY, Le Fuuta-Jaloo face à la colonisation. Conquête et mise en place de l' administration en Guinée (1880-1920), Paris, L’Harmattan, 1997, vol. 1, p. 116.

66 Déclaration citée par C. H. ALEXANDROWICZ, The European-African Confrontation…, op. cit., p. 47.

67 Ibid.

68 S. TOUVAL, «Treaties… », art. cit.

69 Dans un traité signé à Boussa en 1897, on relève ainsi la marque du roi, celle de Daoudou, neveu du roi, héritier du trône, et la signature en arabe de l' imam de Boussa. Base des Traités et des Accords de la France, TRA18970022.

70 Ainsi, à Say, en 1895, où trois notables apposent leur signe sous celui du roi. Base des Traités et des Accords de la France, TRA18950040.

71 Traité du 20 mai 1858, reproduit dans Annales sénégalaises, op. cit., p. 397-399. Le consentement à ce traité fut dénoncé par des neveux de Mohamed El-Habib, qui l' assassinèrent en 1860.

72 Traité de paix avec le Fouta, 15 août 1859, publié dans les Annales sénégalaises, op. cit., p. 427-428.

73 ANS 10D1/62, chemise 5, dossier 3, traité avec le Cayor, 12 janvier 1871.

74 Dans les années 1870, la signature du gouverneur du Sénégal est généralement précédée de la formule « Ratifié sauf approbation ministérielle ». C’est le cas des traités signés avec Lat Dior en 1879 : ANS 10D1/62, chemise 5, dossiers 4 et 5. Les traités versés au Dépôt des papiers publics des colonies et publiés au Journal officiel ont été ratifiés par décret.

75 Expression employée par D. ROBINSON, Sociétés musulmanes et pouvoir colonial français…, op. cit., p. 51. Sur le Cayor et Lat Dior, voir aussi M. DIOUF, Le Kajoor au XIXe siècle…, op. cit.

76 ANS SEN 10D1/62, chemise 4, convention du 10 septembre 1879 avec le Cayor.

77 ANS SEN 10D1/62, chemise 5, acte additionnel à la convention du 10 septembre 1879 avec le Cayor, signé le 12 septembre 1879. Les deux textes sont reproduits dans Annales sénégalaises, op. cit., p. 413-417.

78 Jean Bayol, cité par I. BARRY, Le Fuuta-Jaloo face à la colonisation…, op. cit., p. 116.

79 Ce prince devint ensuite sous le nom de Béhanzin le dernier roi du Dahomey indépendant et opposa une résistance acharnée à la conquête française, jusqu’à sa reddition en 1894.

80 Lettre du roi du Dahomey Gléglé au roi du Portugal Dom Luiz Ier, 16 juillet 1887. Sur cette affaire, un dossier comporte de nombreux documents portugais, envoyés et analysés par l' ambassadeur de France à Lisbonne, Albert Billot, et traduits en français : ANOM FM/SG/AFR/VI/67b.

81 « Chacha » fut d’abord le surnom donné à Francisco Felix de Souza, marchand d’esclaves originaire de Bahia au Brésil, installé sur la côte des Esclaves à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle, qui fit alliance avec le roi du Dahomey Ghézo. Celui-ci en fit un dignitaire important de son royaume, sous le titre de chacha, transmis ensuite à ses descendants qui constituèrent l' une des puissantes familles luso-africaines actives dans le commerce sur la côte des Togo et Bénin actuels. Voir Verger, Pierre, Flux et reflux de la traite des Nègres entre le golfe de Bénin et Bahia de Todos os Santos du XVIIe au XIXe siècle, Paris, Mouton, 1968 CrossRefGoogle Scholar, cité par M’BOKOLO, Elikia, Afrique Noire. Histoire et civilisations, t. II, XIXe-XXe siècles, Paris, Hatier/AUPELF, 1992, p. 112 Google Scholar. Julião Felix de Souza était donc l' héritier du titre et jouissait en principe de la confiance du roi, mais ses liens étroits avec les Portugais le faisaient parfois considérer par les autorités portugaises « comme un fonctionnaire portugais » (ANOM FM/SG/AFR/VI/67b, télégramme du secrétaire général du gouvernement de São Tomé au ministre de la Marine à Lisbonne, 21 novembre 1887, pièce LXXXIX des documents publiés au Diário do Governo les 8 et 9 mai 1888). Les documents portugais orthographient ce titre « xaxa ».

82 Lettre du major Curado, gouverneur d’Ajuda, au gouverneur de San Thomé, le 13 octobre 1886, pièce XLVI des documents publiés au Diário do Governo, résumée par Billot.

83 Ibid.

84 Ibid.

85 Pièce XXIX des documents publiés au Diário do Governo.

86 Le voyage de Nolim (orthographié aussi Rolin dans d’autres sources) donna lieu à un rapport envoyé le 9 juin 1887, qui ne parvint à San Thomé qu’en octobre. Une longue lettre de Billot au ministre des Affaires étrangères, datée du 18 mai 1888, en cite de larges extraits et résume les conclusions auxquelles cet officier était parvenu à l' issue de cette mission, mais ne donne pas la traduction des documents publiés au Diário do Governo et des pièces afférentes, à l' exception de la lettre de Gléglé.

87 Rapport de Nolim, gouverneur d’Ajuda, sur son voyage à Abomey, le 9 juin 1887, cité dans une lettre de Billot, ministre de France à Lisbonne à R. Goblet, ministre des Affaires étrangères, le 18 mai 1888.

88 Lettre de Gléglé, roi du Dahomey, à Dom Luiz Ier, roi du Portugal, datée du 16 juillet 1887.

89 Ibid.

90 Ibid.

91 Cette disgrâce peut aussi s’expliquer par des rivalités entre familles de commerçants brésiliens de Ouidah et par les détournements de fonds dont se serait rendu coupable Felix de Souza dans les transactions financières liées au traité. Voir Law, Robin, Ouidah: The Social History of a West African Slaving « Port », 1727-1892, Oxford/Athènes, Ohio University Press/James Currey, 2002 Google Scholar, et Djivo, Joseph Adrien, « Le roi Glélé et les Européens. L’échec du protectorat portugais sur le Danhomé (1885-1887) », Cahiers du Centre de recherches africaines, 8, 1994, p. 269284 Google Scholar.

92 Rapport du gouverneur de San Thomé au ministre de la Marine et des Colonies à Lisbonne, cité par Billot, sans date (octobre 1887).

93 Joseph Adrien Djivo suggère que la délégation de signature de Gléglé à son fils et au chacha a pu relever d’une ruse du souverain du Dahomey pour se ménager la possibilité de dénoncer le traité, voire d’un principe de gouvernement lui permettant de ne pas engager sa responsabilité : J. A. Djivo, « Le roi Glélé et les Européens… », art. cit., p. 275-276.

94 Traité du 20 mai 1858, reproduit dans Annales sénégalaises, op. cit., p. 397-399.

95 Y. Saint-Martin, Le Sénégal sous le Second Empire…, op. cit., p. 336.

96 « Layered sovereignty » : Burbank, Jane et Cooper, Frederick, Empires. De la Chine ancienne à nos jours, trad. par Jeanmougin, C., Paris, Payot, [2010] 2011 Google Scholar.

97 Zucarelli, François, « De la chefferie traditionnelle au canton : évolution du canton colonial au Sénégal, 1855-1960 », Cahiers d’études africaines, 13-50, 1973, p. 213238 CrossRefGoogle Scholar.

98 J. Burbank et F. Cooper, Empires…, op. cit.