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Une critique de l'interactionnisme d'Eccles*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Alain Morin
Affiliation:
Université Laval
James Everett
Affiliation:
Université Laval

Extract

Sir J. C. Eccles nous propose dans The Self and Its Brain une théorie ternaire et interactionniste fort controversée dont il avait déjà posé les bases auparavant.

La présente réflexion vise l'examen du bien-fondé neuropsychologique des principales thèses de cette théorie, à la lumière de données cliniques récentes dont l'auteur ne semble pas avoir su tirer toutes les conséquences.

Type
Articles
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Copyright © Canadian Philosophical Association 1988

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References

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3 Notre critique porte principalement sur le chapitre E7 de Popper et Eccles, The Self and Its Brain, 355–376. La thèse t4 (2) représen t4 une version modifiée de la thèse t4 (1), abandonnée par Eccles en 1980 (voir note 8).

4 «Scan» et «act upon» sont les termes originaux employés par Eccles, traduits dans cet article par «lire» et «manipuler».

5 Tiré de Popper et Eccles, The Setf and Its Brain, 359.Google Scholar

6 «S-c M» constitue l'abréviation de «Self-conscious Mind». Ce terme n'étant pas traduisible par «âme», «esprit», «mental», «expérience subjective» ou «conscience de soi», nous avons préféré l'emprunter tel quel.

7 La thèse t4 (1) résume l'interprétation que faisait Eccles des effets de la commissurotomie en 1977.

8 Tiré de Eccles, Le mystère humain.

9 Eccles, The Human Psyche, 14Google Scholar. La thèse t, (2) constitue l'interprétation actuelle des effets de la commissurotomie que propose Eccles. Il a abandonné (ibid., 14) sa thèse t4 (1) suite à la publication en 1979 d'une étude de Sperry, Zaidel et Zaidel, où l'existence d'une conscience de soi de l'hémisphère droit de deux patients commissurotomisés est expérimentalement démontrée. Voir Sperry, R. W., Zaidel, E. et Zaidel, D., «Self-Récognition and Social Awareness in the Disconnected Minor Hemisphere», Neuropsychologia 17 (1979), 153166.CrossRefGoogle Scholar

10 Popper et Eccles, The Self and Its Brain, 304.Google Scholar

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12 Andy, O. J. et Bhatnagar, S. C., «Right-hemispheric Language Evidence From Cortical Stimulation», Brain and Language 23 (1984), 159166.CrossRefGoogle ScholarPubMed

13 Ibid., et Cook, N. D., «Homotopic Callosal Inhibition», Brain and Language 23 (1984), 116125.CrossRefGoogle ScholarPubMed

14 Smith, A., «Speech and Its Function After Left (Dominant) Hemispherectomy», J. Neural. Neurosurg. Psychiat. 29 (1966), 467471.CrossRefGoogle Scholar

15 Avoir une représentation bilatérale du langage implique une plus grande participation de l'hémisphère droit dans les processus linguistiques du cerveau intact. La commissurotomie, en isolant fonctionnellement les hémisphères cérébraux, met à jour l'existence de capacités linguistiques anormalement élevées chez l'hémisphère droit, observables seulement dans des conditions expérimentales particulières.

16 Rasmussen, T. et Milner, B., «The Role of Early Left-brain Injury in Determining Lateralization of Cerebral Speech Functions», Annals of the New York Academy of Sciences 299 (1976), 367.Google Scholar

17 Toutes les observations cliniques relatives au cas A. S. sont tirées de Smith, A. et Sugar, O., «Development of Above Normal Language and Intelligence 21 Years After Left Hemispherectomy», Neurology 25/9 (1975), 811818.CrossRefGoogle ScholarPubMed

18 Ibid., 816.

19 Popper, et Eccles, , The Self and Its Brain, 304.Google Scholar

20 Gazzaniga, M. S. et Smylie, C. S., «What Does Language Do for a Right Hemisphere?», dans Gazzaniga, M. S., éd., Handbook of Cognitive Neuroscience (New York: Plenum Press, 1984), 57.CrossRefGoogle Scholar

21 Gazzaniga, M. S., «Right Hemisphere Language Following Brain Bisection», American Psychologist, 38 (1983), 532.CrossRefGoogle ScholarPubMed

22 Toutes les observations cliniques relatives au cas P. S. Sont tirées de J. E. LeDoux, Wilson, D. H. et Gazzaniga, M. S., «A Divided Mind: Observations on the Conscious Properties of the Separated Hemispheres», Annals of Neurology 1 (1977), 417421Google Scholar (pour les données exposées à la page 271 de cet article), et de Gazzaniga et LeDoux, The Integrated Mind (pour les données exposées aux pages 269–271 de cet article).

23 Gazzaniga, et LeDoux, , The Integrated Mind, 143144.Google Scholar

24 Sperry, R. W., «Consciousness, Personal Identity and the Divided Brain», Neuropsychologia 22/6 (1984), 661.Google Scholar

25 LeDoux, , Wilson, et Gazzaniga, , «A Divided Mind», 419.Google Scholar

26 Notons qu'à ce compte-là, la même critique peut être adressée aux thèses t1 et t3 de la théorie d'Eccles, puisque celles-ci spécifient bien que le S-c M ne peut interagir avec le cerveau qu'au niveau des sites de liaison, localisés au sein de l'hémisphère gauche du cerveau normal. Donc, le S-c M est à la base soumis à des restrictions spatiales. Peut-être (nous fait gentiment remarquer un lecteur anonyme de Dialogue) Eccles admet-il ainsi implicitement que le S-c M, bien que non spatial, puisse malgré tout subir des contraintes spatiales. Notre réaction face à cette possibilité est double. D'abord, Eccles n'a jamais explicitement admis à notre connaissance cette possibilité: dans le doute, il semble plus prudent de s'en tenir à la formulation originale de la thèse T4 et d'éviter de chercher dans les textes de l'auteur des nuances qui ne s'y trouvent probablement pas. Ensuite—et de toute façon—, cette possibilité nous apparaît scientifiquement non viable. Quoi qu'il en soit, nous préférons ici interpréter la thèse T4 d'Eccles au pied de la lettre et préciser que son interactionnisme semble souffrir dès le départ d'une incohérence.

27 Les observations comportementales relatives à P. S. ont été recueillies approximativement un an après la commissurotomie. Le S-c M responsable des comportements produits par l'hémisphère droit du patient est donc apparu «rapidement» si on considère qu'Eccles prétend que la création normale d'un SELF requière plusieurs années.

28 C'est ce que propose Puccetti: chacun d'entre nous serait deux personnes, et la commissurotomie ne ferait que mettre en évidence cette réalité. Notons que cet auteur n'adhère pas à l'interactionnisme d'Eccles, et qu'Eccles («Mental Dualism and Commissurotomy», 105) s'oppose énergiquement à la thèse de Puccetti. (a) constitue doncun simple contre-argument logique à notre critique de (B), qu'Eccles lui-même n'endosserait probablement pas. Voir Puccetti, R., «Brain Bisection and Personal Identity», British J. for the Philosophy of Science 24 (1973), 339355.CrossRefGoogle Scholar

29 Eccles emprunte fréquemment l'expression «learning to be a self», notamment dans Eccles, «The Creation of the Self»: «this organism [the new born baby] that is almost helpless at birth is transformed in a few years into a human self» (7; nos italiques).