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Published online by Cambridge University Press: 17 August 2016
Dès sa constitution au cours du dix-neuvième siècle, l’économie normative a constamment eu pour assise philosophique cette doctrine particulière qu’est l’utilitarisme. Qu’elle doive s’inscrire dans une perspective utilitariste est même devenu, au fil du temps, d’une telle évidence que le nom même par lequel on la désigne habituellement — welfare economics, économie du bien-être — exclut qu’elle puisse avoir une autre assise. Or, depuis une dizaine d’années, l’utilitarisme doit faire face à une offensive en règle au sein de son propre bastion, la philosophie politique anglo-saxonne, sur laquelle pendant plus d’un siècle il a exercé un empire presque incontesté. Les deux livres récents les plus importants dans ce domaine — A Theory of Justice de John Rawls et Anarchy, State and Utopia de Robert Nozick — comptent l’utilitarisme parmi leurs cibles principales. Et le renouveau spectaculaire de la philosophie politique que ces deux livres ont engendré semble être allé de pair avec un effondrement du crédit dont l’utilitarisme paraissait jouir.
Chercheur qualifié du FNRS.
Une version antérieure de cet article a été présentée au Centre d’Etudes Philosophiques des Facultés Universitaires Saint Louis le 16 mars 1981 et dans le cadre du séminaire de troisième cycle organisé par le Centre de Philosophie des Sciences de l’UCL le 2 octobre 1981. Je remercie les organisateurs de ces réunions (Henri Declève et Jean Ladrière) ainsi que ceux qui y ont participé (en particulier Claude d’Aspremont et Paul Mandy) pour de nombreux commentaires, dont j’ai essayé de tenir compte dans la rédaction de cette nouvelle version. Pour autant qu’il ne soit pas concerné par la phrase précédente, je remercie en outre le referee anonyme dont les remarques incisives et les suggestions utiles m’ont permis de dissiper plus d’une confusion, et ainsi d’améliorer sensiblement le texte.