Trente sujets présentant un phénomène de Raynaud ont fait l’objet d’une investigation psychodynamique systématique à l’occasion d’une hospitalisation pour bilan étiologique et sans aucune sélection préalable. Par la suite, 14 sujets ont été considérés, d’après des critères physiques cliniques et paracliniques, comme des Raynaud primitifs (RI), 13 comme des Raynaud secondaires (RII), le plus souvent d’origine sclérodermique, et 3 comme des cas douteux. L’âge moyen des RII est plus élevé. L’investigation psychodynamique a été effectuée dans la méconnaissance mutuelle du diagnostic étiologique, de la part du patient (à l’exception de 2 cas) et de l’investigateur. Les résultats sont en faveur de différences significatives dans le fonctionnement mental, l’attitude face à un interlocuteur et les stratégies de gestion des conflits, entre les RI et les RII. Les premiers se singularisent par la relative fréquence des traits de personnalité hystérique et par des comportements d’esquive face à leur propre agressivité, alors que les seconds sont plus distants, plus conformistes, répriment leurs émotions et sont peu capables de demander de l’aide lorsqu’ils se trouvent en situation difficile ; les RII paraissent, encore plus que les RI, fragiles narcissiquement et sensibles à la reconnaissance d’autrui. Aucun des groupes ne montre de prédominance du pattern A. Des événements vitaux éprouvants semblent moduler l’évolution du Raynaud, 1 fois sur 2 en moyenne. De telles constatations sont en faveur d’une dimension «psychosomatique» du Raynaud, les perturbations psychologiques jouant un rôle plus important encore pour les RII que pour les RI, comme le confirme l’établissement de scores dits «de fragilité psychique» et «de qualité défensive», destinés à quantifier l’efficience du fonctionnement mental, de tels scores n’étant pas corrélés à l’âge.