Les instruments auxquels un État peut avoir recours pour atténuer les risques que font peser les inégalités économiques sur la démocratie sont nombreux et peuvent prendre différentes formes. Dans cet article, nous cherchons à mettre en lumière la dimension normative des trois principaux instruments auxquels on a généralement recours pour mitiger l'influence de l'argent dans la compétition électorale, ainsi que le contexte dans lequel ils furent institués, remodelés – et parfois démantelés – au Canada. Ces trois mécanismes sont la limitation des dépenses électorales, le plafonnement des contributions privées et le financement public des partis. Il ne s'agit toutefois pas uniquement de décrire ces instruments, mais de réfléchir aux justifications normatives spécifiques à chacun, et d'en comprendre leur complémentarité. Plus largement, il s'agit d'offrir un cadre pour penser les enjeux de financement électoral en philosophie politique, un sujet trop souvent laissé dans l'ombre par la théorie démocratique.