La délégation de la violence en contexte de guerre civile est souvent lue comme une érosion de l’État au profit d'acteurs non-étatiques incontrôlables. Nous soulignons ici les limites de cette lecture à partir d'une analyse du conflit afghan, en particulier de l'arbitrage qui a eu lieu sous l'administration Karzai entre l'accroissement des effectifs militaires pro-gouvernementaux et leur contrôle. Nous montrons non seulement que la présence de troupes internationales a considérablement affecté cet arbitrage, mais aussi que, contrairement aux interprétations dominantes, celui-ci révèle une volonté d'appropriation du processus de formation de l’État par ses élites plus qu'un recul de l’État lui-même.