Cet article cherche à expliquer pourquoi les antropologues sociaux qui travaillaient au sud de l'Afrique dans les années 1930 avaient tant de mal à distinguer entre les varies traditions et les traditions inventées, ou les vieilles traditions et les coutumes renouvellées. La partie principale de cet article consiste en un compte rendu contemporaire de l'histoire d'un aspect coutumier. La coutume en question est liée au contrôle de “l'âge-grade”, cʼest à dire le système régimental de l'âge quand les hommes se marient dans la société Swazi. L'article examine quelles étaient les intentions des autorités Swazi, sous le contrôle du chef souverain, Sobhuza II, quand elles ont essayé de renouveller, à la fin des années 1920 et au début des années 1930, la coutume de faire payer une amende aux hommes qui se mariaient avant que leur régiment, ou “l'âge-grade”, ne leur en ait eu donné la permission.
Il considère aussi l'attitude des membres de l'administration coloniale envers le renouveau de cette coutume et la part jouée par les membres de l'administration, en particulier A. G. Marwick, dans la formulation d'un agenda “traditionaliste”. Il examine aussi la manière dont laquelle les antropologues sociaux tel que Winifred Hoernlé, Isaac Schapera, Bronislaw Malinowski et Hilda Kuper, avaient été recrutés pour supporter le programme “traditionaliste” de Sobhuza II. Il note l'échec de ces antropologues quant à commenter sur le fait que cette coutume était en train d'être renouvellée et cherche à expliquer leur insistance sur la continuité.
Il cherche, par essence, à montrer ce quʼil y avait dans l'environnement du Swaziland dans les années 1930 qui avait amené tous ces observateurs intelligents soit à décrire ce quʼils nʼavaient pas vu ou bien à ne pas décrire ce quʼils avaient vu. Il suggère quʼil y avait des liens entre les idées des administrateurs, antropologues, et “traditionalistes”.