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La science russe : un système archaïque mais productif

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Alessandro Mongili*
Affiliation:
Université de Cagliari

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Devant la science soviétique et russe, une question a souvent été posée : comment un système aussi mal organisé peut-il produire des résultats aussi importants ? Cette interrogation souligne les préjugés de la mentalité occidentale. Seule une science organisée à l'occidentale pourrait produire de bons résultats ; ceux-ci, pour leur part, doivent être quantitativement appréciables, autrement dit mesurables en termes de publications, de découvertes, de brevets ou, à la limite, en des indices aussi tautologiques que le nombre de prix Nobel.

Summary

Summary

Russian science as seen from the life of one of its institutes, studied during the period of perestroïka, shows the particular characteristics which make its mode of operation a possible scientific model, different from that of Western science. Russian science may be characterised by its opposition to any form of individual work, by its forms of authoritarian power, by an identifical reproduction of its social structure and by the marginalisation of the role of publications in research activity to the benefit of closed seminars. At the time of the crisis of the global Soviet System, it also shows its contradictions, the conflicts within its organisations and its lack of organisational flexibility which prevents it from absorbing its conflicts.

Type
Histoire et Sociologie des Sciences. Approches Critiques
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1996

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References

1. Dans d'autres travaux consacrés à l'étude de la science soviétique, la foi dans la valeur des outils méthodologiques utilisés dans les pays occidentaux a conduit à des paradoxes. Ainsi, par exemple, dans une recherche récente, on a construit un échantillon de chercheurs émigrés sans tenir compte du rapport psychologique complexe qu'un émigré instaure avec la réalité qu'il a fuie. Dans le détail, en outre, le manque de connaissance du terrain a conduit l'auteur de la recherche à donner trop d'importance aux publications — marginales dans le contexte soviétique — et peu aux séminaires, qui sont en revanche capitaux pour le comprendre, cf. Balzer, H. D., Soviet Science in the Edge of Reform, San Francisco-Londres, Westview, 1989, pp. 231265.Google Scholar

2. L'Institut avait été fondé une première fois en 1932, sous la direction de N. I. Buharin, mais, à la suite de la grande purge en 1937, il avait été disloqué et la plupart de ses membres fusillés ou envoyés au goulag.

3. Le terme de naukoved désigne tout chercheur qui s'occupe de la science avec une approche empirique ou théorique (sociologie, économie, théorie de l'organisation, psychologie) relevant des sciences sociales. Cet ensemble d'approches est indiqué comme naukovedenie. Dans le langage courant, peut être nommé naukoved tout autre chercheur ayant comme objet de recherche la science.

4. Rajonnyj komitet, Comité de quartier du PCUS. Cet organisme était responsable, à Moscou, de la nomenklatura des instituts de recherche de moyenne et petite taille.

5. On se réfère ici au travail d'enquête que j'ai conduit particulièrement dans l'Institut au cours de l'hiver 1988-1989, et dont le matériel a été présenté dans ma thèse de doctorat, Sociologues et sociologie des sciences en URSS. Le cas de l'Institut d'Histoire des Sciences naturelles et de la Technologie de Moscou, thèse soutenue le 17 novembre 1993 à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

6. Cf. I. I. Lejman, « Naucnyj kollektiv, ego struktura, tipologija i funkcii » (Le collectif scientifique, sa structure, sa typologie et ses fonctions), dans V. 2. Kelle, S. R. Mikulinsku, Sociologiceskie problemy nauki (Problèmes sociologiques de la science), Moscou, Nauka, 1974, p. 445, et « Naukovedenie i problemy perestrojki v nauke » (La naukovedenie et les problèmes de la perestroïka dans la science), Voprosy istorii estestvoznanija i tehniki (Problèmes d'histoire des sciences et de la technique), 1987, 3, pp. 89-99.

7. Cf. B. Barnes, R. G. A. Dolby, « The Scientific Ethos : A Déviant Viewpoint », European Journal of Sociology, 1970, 9, p. 23.

8. Kelle, V. Z., Mirskaja, E. Z., « Predislovie » (” Introduction »), dans Ignat'ev, A. A., Kelle, V. Z., Mirskaja, E. Z., Sovremennaja zapadnaja sociologija nauki. Kriticeskij analiz (La sociologie de la science occidentale contemporaine. Une analyse critique), Moscou, Nauka, 1988, p. 13.Google Scholar

9. Cf. Kedrov, B. M., Ogurcov, A. P., Marksistskaja koncepcija istorii estestvoznanija (La conception marxiste de l'histoire des sciences), Moscou, Nauka, 1985, p. 355.Google Scholar

10. B. Barnes, R. G. A. Dolby, « The Scientist Ethos… », op. cit., p. 23.

11. Intelligent désigne le membre de Vintelligencija.

12. Pour une appréciation du rôle joué par les vydvizency dans la science russe, voir Frank-Kamenecku, M., « Mehanizmy tormoSenija v nauke » (Les mécanismes de freinage dans la science), dans Ju. N. Afanas'ev éd., Inogo ne dano (La seule issue), Moscou, Progress, 1988, pp. 634647;Google Scholar Hanin, G. I., « Poôemu probuksovyvaet sovetskaja nauka ? » (Pourquoi la science soviétique dérape-t-elle ?), dans Borodk, F. M. in et al. éds, Postizenie (Compréhension), Moscou, Progress, 1989, pp. 140168;Google Scholar Karpinskij, M., « Otnyne snova v Cesti intellektual'noe dostoinstvo naroda » (Désormais la valeur intellectuelle du peuple est de nouveau en honneur), NTR : problemy y reSenija (La révolution scientifique et technologique : problèmes et solutions), 13, 1987, pp. 12;Google Scholar Shlapentokh, V. (sic), The Politics of Sociology in the Soviet Union, Boulder-Londres, Westview Press, 1987, p. 82.Google Scholar

14. Cf. ibid., p. 48.

15. Quoique les « bureaucrates » soient subalternes (sur le plan du prestige professionnel) par rapport aux « scientifiques véritables », et aspirent à un membership au plein sens du terme au sein de l'intelligentsia, ils ne sont pas dépourvus d'un certain orgueil de corps. C'est en particulier vrai pour les ingénieurs et les technologues (voir Léo, R. Di, Vecchi quadri e nuovi politici, Bologne, Il Mulino, 1992, p. 35,Google Scholar où l'auteur soutient que « Pour créer un lien entre [ce type de cadres] il y avait le mécanisme de la nomenklatura, tandis qu'ils avaient en commun l'origine ouvrière, l'expérience de travail en usine au début de leur carrière, l'expérience de militant de base dans le comité de parti d'usine comme tremplin pour accéder à un institut d'instruction supérieure, à ce diplôme d'ingénieur qui correspondait à peu près à ce qu'étaient Oxford, les Grandes Écoles, les collèges catholiques et les académies militaires dans les autres pays européens »).

16. L'Institut de recherche scientifique (Naucno-Issledovatel'skij Institut) est la forme d'organisation unique de la recherche en URSS. Dès les années 1920, les institutions de l'État (en plein accord avec l'ancienne élite académique pré-révolutionnaire) ont théorisé et pratiqué cette forme collective de fonctionnement de la recherche comme typique du 20e siècle. Il était très difficile de rencontrer en URSS des chercheurs qui travaillaient individuellement, ainsi que des structures plus flexibles, liées par exemple aux entreprises. Les NII sont en fait caractérisés par un certain degré d'autonomie, et par un leadership fort, assuré par leur directeur (cf. Graham, L. R., « Big Science in the Last Years of the Big Soviet Union », Osiris, 7,1992, pp. 5354 CrossRefGoogle ScholarPubMed).

17. Dans la littérature soviétique et soviétologique on parle à ce propos de « communautés informelles », ou encore de « collèges invisibles » (cf. Kneen, P., Soviet Scientists and the State, Londres, Macmillan, 1984, p. 4 CrossRefGoogle Scholar). A mon avis, l'utilisation du mot « informel » est particulièrement malheureuse si l'on pense au haut degré de formalisation de ces groupes.

18. Il est intéressant de voir comment, dans le processus de réformes qui est en train de se développer en Russie, les secteurs ou laboratoires (dans les instituts de sciences naturelles) ont tendance à affermir leur autonomie et à transformer les instituts en fédérations de secteurs autonomes, cf. Isakov, V. A., « Institut stal federaciej » (L'Institut est devenu une fédération), Vestnik An SSSR (Le messager de l'Académie des Sciences de l'URSS), 1990, 6, pp. 5456.Google Scholar

19. Comme dans le cas de ce chercheur âgé : « Il faut dire que [la publication de] mes livres pour une raison quelconque est très lente dans notre Institut […], plus lente que pour les autres […]. Pendant toute ma vie, je n'ai jamais eu de directeur scientifique ».

20. L'opposant : « Voilà l'histoire : Samin dirigeait le secteur d'histoire de la chimie […] mais il avait [organisé] en son sein un groupe thématique (problemnaja gruppa) de biochimie […] car Samin n'aimait pas Mirzojan (dirigeant du laboratoire d'histoire de la biologie) et voulait l'autonomie de son groupe […]. Ce groupe s'est formé et Samin en fut alors zavgruppoj (dirigeant du groupe), c'est en effet il y a seulement deux ans qu'il est devenu zavsektorom (dirigeant du laboratoire) » ; Le participant : « J'étais dans le secteur d'histoire de la biologie, zavsektorom Aleksandr Nikolaevic Samin. Ensuite on a organisé un sous-secteur d'histoire de la biochimie et de la biologie moléculaire — un groupe autonome — et Samin est devenu le dirigeant du secteur d'histoire de la chimie, et nous l'avons suivi dans son déménagement […]. Notre groupe a toujours existé de façon informelle, c'est-à-dire que dans un sens nous étions dans le secteur et dans un hiéautre sens nous n'étions pas dans le secteur (t. e. my byli vrode by v sektore i vrode by ne v sektore) ».

21. Les alliances étaient décernables, à l'époque soviétique, par une analyse détaillée de la composition de l'appareil éphémère qui assumait la responsabilité de l'édition d'un ouvrage, c'est-à-dire le rédacteur responsable et les critiques (recenzenty). Dans l'analyse faite sur les textes issus de l'Iiet, ces alliances reproduisaient, à quelques exceptions près, le clivage essentiel entre « scientifiques véritables » et « bureaucrates » et celui secondaire entre « communistes » et « non-communistes ».

22. Cette attitude est ainsi caractérisée par Pierre Bourdieu, avec bien peu de miséricorde : « C'est là un des fondements de l'impression d'“authenticité” que procurent les occupants des positions dominées, socialement assignés à une position professionnelle unique et souvent définie de manière rigide, et peu dotés de ce fait des dispositions nécessaires pour occuper successivement des positions différentes, d'autant que les dispositions imposées par ces conditions d'existence unitaire trouvent un renforcement dans les injonctions explicites de l'éthique, qui valorise les gens “tout d'une pièce”, “moi, je suis comme ça”, etc. », Bourdieu, Pierre, Homo Academicus, Paris, Éditions de Minuit, 1984, pp. 234235.Google Scholar

23. Ce membre renforce cette évaluation du « séminaire » par des citations d'auteurs considérés comme éminents : « Mon jugement sur les “séminaires” est que sans cela on ne peut pas véritablement [vivre] : la communication et l'échange sont nécessaires […]. Selon ***, l'on retrouve deux composantes dans le travail scientifique : le travail domestique, et le travail à l'extérieur […]. Comme le disait Vygotskij, la pensée scientifique est l'intériorisation de ce conflit, de ce dialogue externe […]. Les “séminaires” sont réellement utiles s'ils sont bien faits, pour toi ils sont d'une grande utilité si tu as l'occasion d'intervenir […]. Ils t'aident, ils te donnent de nouveaux points de vue, et ici il faut réagir à un exposé, et là c'est toi qui es attaqué […]. Moi, j'y vais en permanence, avec beaucoup de plaisir ». Dans ce récit, l'absence de toute évocation d'autres moyens de communication est particulièrement frappante.

24. Cf. à ce propos S. R. Mikulinskij, N. I. Rodnyj, « Nauka kak predmet special'nogo issledovanija (K formirovaniju ̓nauki o nauke ̓ — naukovedenija) » (La science comme objet d'une recherche spéciale [pour la formation d'une « science sur la science » — la naukovedenie]), Voprosy filosofii (Problèmes de philosophie), 5, 1966, pp. 25-38.

25. Cf. Kara-Murza, S. G., Problemy intensifikacii nauki: tehnologija naucnyh issledovanij (Problèmes d'intensification de la science : la technologie des recherches scientifiques), Moscou, Nauka, 1989, p. 62;Google Scholar Gustafson, T., « Why doesn't Soviet Science do Better than it does », dans Lubrano, L. L., Solomon, S. Gross, The Social Context of Soviet Science, Dawson, Westview Press-Folkestone, Boulder, 1980, pp. 3839,Google Scholar et, pour l'hostilité des scientifiques à rencontre de la naukovedenie, L. R. Graham, « Reason for Studying Soviet Science : The Example of Genetic Engineering », dans L. L. Lubrano, S. Gross Solomon, op. cit., p. 210, et Djumenton, G. G., Seti naucnyh kommunikacij i organizacija fundamental'nyh issledovanij (Les réseaux des communications scientifiques et l'organisation de la recherche fondamentale), Moscou, Nauka, 1987, p. 40.Google Scholar

26. Cf. E. Z. Mirskaja, op. cit., pp. 44-49.

27. Cf. S. R. Mikulinsku, « XXV s'ezd KPSS i problemy povyšenija effektivnosti naučnoj dejatel'nosti » (Le xxve congrès du PCUS et les problèmes d'élévation de l'efficacité de l'activité scientifique), dans Mikulinsku, S. R. et al. éds, Problemy dejatel'nosti učänogo i naucnyh kollektivov (Problèmes de l'activité des savants et des collectifs scientifiques), vol. VII, Moscou- Leningrad, IIET AN Sssr, 1979, p. 6.Google Scholar

28. Pour un développement de la catégorie kuhnienne de science normale comme hypernormale, c'est-à-dire opposée entièrement à toute possibilité de changement de paradigme, voir Lemaine, G., « Science normale et science hypernormale. Les stratégies de différenciation et les stratégies conservatrices dans les sciences », Revue française de sociologie, 1980, 4, pp. 499527.CrossRefGoogle Scholar

29. Cf. n. 11.

30. Jusqu'à l'époque de la perestroïka, et pendant toute la période soviétique, l'intelligentsia véritable se repliait souvent dans des séminaires domestiques (domašnyj seminar). Dans ce cas de figure le filtrage des membres était très sévère et leur activité tout à fait clandestine, cf. M. B. Adams, « Science, Ideology, and Structure : The Kol'tsov [sic] Institute », dans L. L. Lubrano, S. Gross Solomon, The Social Context…, op. cit., p. 185. Le rôle joué par les séminaires domestiques en tant que structure de résistance des chercheurs provenant de famille intelligentnyj n'a pas été suffisamment apprécié, par rapport par exemple au rôle joué par le samizdat, qui, de son côté, représentait peut-être la seule forme de publication comparable, par sa fonction, aux textes publiés en Occident.

31. Cf. Fortescue, S., The Communist Party and the Soviet Science, Londres, Macmillan, 1986, pp. 126129,CrossRefGoogle Scholar et P. Kneen, op. cit., pp. 69-70.

32. Cf. S. G. Kara-Murza, Problemy intensifikacii…, op. cit., p. 146.

33. Adjectif correspondant à intelligent (voir n. 11).

34. Cf. Mongili, A., « Les institutions scientifiques soviétiques à l'heure de la perestrojka », Cahiers du Monde russe et soviétique, 1992, vol. XXXIII, 2-3, pp. 223242.CrossRefGoogle Scholar

35. Cf. Rozov, M. A., « Filosofija bez soobščestva ? » (Une philosophie sans communauté ?), Voprosy filosofii, 1988, 8, pp. 2336.Google Scholar

36. Cette activité para-lexicographique peut éventuellement se traduire aussi dans des dictionnaires, cf. Terminy naukovedenija (Les termes de la naukovedenie), Académie des Sciences de l'URSS-Comité pour la terminologie scientifique, Moscou, Nauka, 1986..

37. Cf. L. L. Lubrano, Soviet Sociology of Science, Columbus, AAASS, 1976, pp. 79-80, et V. Shlapentokh, op. cit., pp. 204-205.

38. Le maintien de ces formes « vides » de reconnaissance neutre de la compétence, simulacres du système légal, est le témoin principal de la faiblesse de cette structure d'attribution des postes de direction. En fait, l'octroi des postes ne peut pas être rendu public, comme dans les sociétés pré-modernes traditionnelles, mais doit être camouflé par les formes du système légal propre à la bureaucratie moderne.

39. Partijnost', « esprit de [du] parti » et « fidélité au parti », est un mot assez intraduisible et dont la signification a changé suivant les différentes époques soviétiques. Dernièrement, il dénotait la loyauté aux dirigeants de l'État-parti en place de la part des dirigeants locaux, des hauts responsables de la science, de l'économie, de la culture et des communications.

40. Cf. à ce propos, Fortescue, S., « The Russian Academy of Sciences and the Soviet Academy of Sciences : Continuity or Disjunction ? », Minerva, 1992, 4, pp. 459478.CrossRefGoogle Scholar

41. Parmi la littérature sur le sujet, voir Abramova, N. T., Edinstvo naučnogo znanija (L'unité de la connaissance scientifique), Moscou, Nauka, 1988;Google Scholar Kedrov, B. M., Klassifikacija nauk (La classification des sciences), Moscou, Nauka, 1988;Google Scholar Mitrofanova, S. S., « Učenie o klassifikacii kak gumanitarnaja disciplina » (La doctrine de la classification comme discipline humaniste), dans kočergin, A. N., Fofanov, V. P., Problemy gumanitarnogo poznanija (Problèmes de la connaissance en sciences humaines), Novosibirsk, Nauka-Sibirskoe otdelenie, 1986, pp. 307318;Google Scholar Ogurcov, A. P., Disciplinarnaja struktura nauki. Eë genezis i obosnovanie (La structure disciplinaire de la science. Origine et fondement), Moscou, Nauka, 1988;Google Scholar Rozova, S. S., Klassifikacionnaja problema v sovremennoj nauke (Le problème de la classification dans la science contemporaine), Novosibirsk, Nauka-Sibirskoe otdelenie, 1986.Google Scholar