C'est parce qu'on ne trouvait personne qui voulût prendre à bail le revenu du minerai de fer de ses forêts champenoises, que la comtesse de Flandre, d'Artois et de Bourgogne mit en 1372 « ses revenus en sa main » et « fit faire deux grosses forges qui forgent pour elle ». La comtesse et ses conseillers témoignaient là d'un souci de bonne gestion, sans doute plus largement partagé qu'on ne l'a cru par les entrepreneurs domaniaux exploitant les bois, les eaux et les ressources du sous-sol. On a très justement porté au crédit d'organismes centralisés comme les ordres religieux — particulièrement l'ordre cistercien — des projets rationnels de développement économique, dont la réalisation est attestée à la fois par les sources écrites et par les témoignages de l'archéologie. Or ces projets ne sont pas moins présents dans les préoccupations du clergé séculier et des seigneurs laïcs, même s'il faut atteindre un niveau élevé d'écriture et de continuité, et par conséquent de pouvoir, pour que les traces de la décision économique aient été conservées.