L'intérêt pour le développement de l'écriture, et en particulier le système alphabétique, est assez récent. Il a fallu attendre les travaux de E. Havelock et de J. Goody pour révéler l'existence d'un problème d'ordre conceptuel plutôt que simplement technique dans les premières productions écrites de la Grèce ancienne. Mais comment et où cette écriture intervient-elle ? Pour l'épigraphiste, la réponse est claire : les premiers documents, graffiti ou peintures sur vases, remontent certainement au milieu du VIIIe siècle, sans préjuger de ce qui a pu exister à une date encore plus haute (l'apparition de l'alphabet est plausible au moins dès le début de ce siècle). Les études récentes ont renouvelé un débat qui faisait rage depuis la parution en 1921 du remarquable travail de M. Parry, L'épithète traditionnelle chez Homère, sur l'oralité, totale ou partielle, d'un des trésors littéraires de l'humanité, composé à l'aube de la culture grecque : la poésie homérique. Épineuse question, que je me garderai d'affronter directement, tant elle a suscité de pages imprimées. Mais comment résister à la tentation de l'évoquer une fois encore, de façon détournée, en empruntant des chemins de traverse peu explorés, susceptibles de diriger un éclairage inattendu sur des questions trop rebattues ? Un texte de Platon, relatif au tyran Hipparque, fils de Pisistrate, et à son goût pour la poésie, en fournit le moyen.