Définissant sa conception de l'histoire et du devenir humain dans une introduction à u n récent ouvrage, Merle Curti, l'historien américain, écrit ce qui suit:
Une histoire du développement de la pensée américaine, cela implique d'abord une étude du développement, sur le sol américain, d'une certaine connaissance de l'univers physique, de la nature humaine, et des conditions sociales. Mais, depuis toujours, l'homme en quête de connaissances1 précises et à l'épreuve sur soi-même et sur le monde qui l'entoure, s'est heurté et se heurte encore dé toutes parts à des limitations de toute espèce. Faute de pouvoir connaître, force; lui est donc de spéculer. Spéculations et superstitions se transmettent de génération en génération par le folklore, et se présentent le plus souvent sous une forme fragmentaire, inorganique et chaotique. Mais il, arrive aussi qu'on les trouve organisées en de véritables systèmes théologiques ou philosophiques. Qu'il s'agisse de notions et de croyances informes, ou de systèmes idéologiques constitués, les uns comme les autres appartiennent à l'histoire intellectuelle d'un pays. Aux connaissances et aux représentations viennent se surajouter des valeurs, auxquelles hommes et femmes s'attachent et se tiennent, comme on dit. L'histoire de toutes ces connaissances, de toutes ces spéculations, de ces représentations et de ces valeurs, d'autre part, peut difficilement s'abstraire de l'histoire des institutions destinées à accroître les connaissances humaines et à faire avancer la pensée, ou à répandre les résultats die ces spéculations dans le public. C'est ainsi que l'histoire de l'évolution des institutions scolaires et universitaires en Amérique, celle des bibliothèques, de la presse, des laboratoires et des instituts ou centres de recherche sous-entend toute l'évolution de la pensée proprement dite.