Le 9 janvier 1890, les adhérents à l'œuvre de la Croix-Rouge à Genève se sont réunis en assemblée générale sous la présidence de M. le Dr Haltenhoff, membre du Comité central suisse, et ont définitivement constitué la Section genevoise de la Société centrale suisse de la Croix-Rouge, dont voici les statuts:

Article premier. — Il est constitué, sous le nom de Section Genevoise de la Société centrale Suisse de la Croix-Rouge, une société qui a son siège à Genève. Elle a pour but de préparer et d'organiser les secours volontaires aux militaires blessés ou malades, en cas de guerre.

A la troisième séance générale de la Conférence de Carlsruhe, le 24 septembre 1887, il a été reconnu que, en temps ordinaire, il est désirable que des Conférences internationales aient lieu tous les cinq ans.

Conformément à ce vœu, le Comité international de Genève a proposé au Comité central de l'Association italienne de la Croix-Rouge que la cinquième conférence internationale ait lieu en 1892, en Italie.

Chacun sait qu'à la suite de l'invasion du territoire de Manica, dans la colonie portugaise de Mozambique, par les agents de la British South African Company, un conflit diplomatique s'est élevé entre l'Angleterre et le Portugal. Il y a tout lieu d'espérer que l'affaire s'arrangera et se terminera sans effusion de sang; nous appelons, quant à nous, cette solution de tous nos vœux, mais on ne saurait se dissimuler que les esprits ont été très surexcités de part et d'autre. Pour donner satisfaction à l'opinion publique, le gouvernement portugais a envoyé des troupes à Manica, et la Croix-Rouge s'est associée à ce mouvement patriotique en adjoignant une ambulance à l'expédition, qui a quitté les bords du Tage au commencement de janvier.

Toutes les sociétés qui ont pour but de répandre dans le public la connaissance des soins à donner aux malades et aux blessés, et qui, en même temps, cherchent à développer chez les individus les sentiments d'humanité et de charité, nous intéressent, car nous sommes assurés qu'en cas de besoin les membres de ces sociétés seraient de précieux collaborateurs de la Croix-Rouge etlui lourniraierit une partie du personnel dont elle aurait besoin. C'est à ce tilre que nous signalons avec plaisir la fondation, à Francfort sur le Mein, d'une société de sauveteurs volontaires, due à l'initiative de M. H. Mappes, vice-consul du Brésil. Cette société se propose de procurer des secours dans lous les cas d'accidents qui peuvent se produire dans la ville et de pourvoir au transport des blessés et des malades. Elle cherclie à atteindre ce résultat en faisant donner des cours sur les premiers secours en cas d'accidents, en procurant le matèriel, soit de seconrs soit d'enseignernent, en organisant des services de garde de jour et de nuit, notainment lorsqu'une circonstance spéciale doit amener un grand concours de population. Les débuts de cette société sont de nature à l'encourager dans ses efforts. Elle avait organisé à l'exposition d'électricité, qui vient d'avoir lieu à Francfort, une garde sanitaire qui a rendu de très grands services.

Le Comité central de la Société prussienne de secours aux soldats blessés et malades vient de publier le mémoire de M. le Dr Haase, couronné, ainsi que nous l'avons annoncé, dans le concours ouvert en 1889 par ce Comité, sur la question de l'hospitalisation des blessés et des malades dans le voisinage immédiat des champs de bataille.

Parallèlement à l'œuvre de la Croix-Rouge, celle des Samaritains est en voie d'extension notable en Suisse à l'heure actuelle, particulièrement à Genève.

Peu après l'assemblée genevoise de la Croix-Rouge, les Samaritains tenaient la leur, dans un local tout voisin de celui où, le même jour et à la même heure, avait lieu la conférence de M. Moynier sur la Convention de Genève, dont nous avons parlé plus haut.

En présentant, le 29 avril dernier, à l'assemblée générale de la Croix-Rouge italienne, le résumé des travaux de cette société pendant l'exercice do 1890, le président, comte Della Somaglia, a pu exprimer sa satisfaction de ce que chaque année amène un accroissement notable de ses forces organiques, aussi bien que de ses ressources financières, et de ce que ces progrès dépassent toujours l'attente du Comité central.

Le 6 juin dernier, la Société saxonne de secours aux soldats blessés et malades a, dans son assemblée générale, célébré In 25me anniversaire de sa fondation. A l'occasiou de cette solennité, le comité a publié, en mêtne temps que le comple rendu habituel de sa gestion, un mémoire de circonstance retracant les travaux de la Société pendant les années 1864 à 1887. Comme ce mémoire est en grande partie la reproduction de celui qui a été inséré dans le Mémorial de la Croix-Rouge, nous ne pensons pas devoir relater de nouveau des faits que nous supposons suffisamment connus, et, passant au rapport du comité sur l'exercice qui embrasse les années 1888 à 1890, nous y puiseions quelques indications sur la marche de la Société et sur sa situation actuelle.

Le rapport de l'administration générale de la Société de la Croix-Rouge, sur son activité pendant l'année 1889, signale le fait que, grâce à une loi du 7 mai 1889, les rapports que doivent présenter les différents organes de la Société rentrent avec plus de régularité. Malheureusement quelques comités, qui ne remplissaient pas leurs devoirs, ont dû être dissous et leurs biens ont été remis à leurs municipalités respectives.

Quoique le Comité international n'entretienne des relations qu'avec les Comités centraux, il suit avec intérêt les travaux des sous-comités qui veulent bien lui communiquer leurs rapports imprimés.

Il est bon que, dans chaque pays, la direction supérieure de la Croix-Rouge n'absorbe pas toute l'activité sociale, et que, sans nuire à l'harmonie des services généraux, les sections jouissent d'une certaine latitude pour le déploiement de leur zèle. Or, l'Italie est un des pays où cela a été le mieux compris, si nous en jugeons par ce qui se passe en Sicile.

En parlant (p. 116) des travaux de la Société italienne en 1890, nous avons dit que des exercices pratiques du service de campagne devaient être faits dans plusieurs villes du royaume en 1891. Le rapport de l'an prochain nous apprendra sans doute dans quelle mesure ils auront été couronnés de succès, mais nous demandons la permission d'anticiper un peu sur les événements, et de communiquer dès aujourd'hui à nos lecteurs quelques détails sur l'un de ces essais, dont le programme nous a été envoyé. On verra ainsi, en attendant d'en connaître le résultat, avec quel soin il a été organisé.

Nous annoncions, il y a trois mois, qu'une section de la Croix-Rouge suisse venait de se constituer à Genève. C'était l'aurore d'un mouvement plus général, qui se propage de jour en jour dans les cantons voisins. Les Vaudois et les Neuchâtelois rivalisent de zèle dans ce moment avec les Genevois, pour rattraper le temps perdu et organiser notre œuvre chez eux.

Le Comité, de la Société mecklembourgeoise, en rendant compte de la marche de la Société depuis le 1er juillet 1888 jusqu'au 30 juin 1890, constate avec satisfaction que l'intérêt suscité par l'œuvre de la Croix-Rouge va sans cesse en augmentant, et que le développement des sociétés filiales est dû, en grande partie, à l'appui énergique que trouve le Comité auprès des membres.

En parlant, dans notre précédent Bulletin (p. 65), de l'expédition de Manica, nous disions que la Croix-Rouge portugaise avait publié à cette occasion une instruction sur les principes généraux de l'hygiène coloniale. Aujourd'hui nous devons compléter cette mention sommaire, en annonçant que l'ouvrage, écrit d'abord en langue portugaise, vient de paraître en français sous le titre de «Manuel d'hygiène militaire coloniale.» Il est devenu accessible de la sorte à un cercle de lecteurs beaucoup plus étendu, ce qui est précieux dans un temps où la politique coloniale des Etats européens les appelle à envoyer fréquemment des troupes dans leurs possessions d'outre mer. C'est à la Société portugaise de la Croix-Rouge qu'est due cette traduction.

M. le médecin d'état-major Dr Haase, du régiment des chemins de fer no 1, a publié dansla « Deutsche Militärärztliche Zeitschrift, » un travail sur les perfectionnements que, depuis la publication de son ouvrage sur « les chemins de fer à voie étroite au service des établissements sanitaires en campagne» (1889), il a apportés an transport des malades par le moyen des wagons de chemins de fer de campagne, ainsi que sur les expériences qu'il a faites à ce sujet.