Parmi les innombrables congrès internationaux qui se sont tenus à Paris pendant la durée de l'exposition universelle de 1889, il en est un dont le souvenir nous semble devoir être consigné dans ce Bulletin, quoique les sociétés de la Croix-Rouge n'y aient pas pris une part directe et que l'on y ait traité diverses matières qui s'écartent un peu de leur programme. Nous voulons parler de celui qui a réuni des représentants des diverses œuvres d'assistance en temps de guerre. Voici en quels lermes la pensée de ce congrès a été exposée par son Comité d'organisation:

« Des conférences internationales, auxquelles prennent part les représentants des gouvernements signataires de la Conveńtion de Genève et les délégués des sociétés de secours légalement constitutuées, se réunissent à des intervalles réguliers (?) pour étudier les questions communes: c'est ainsi qu'ont été successivement fixés les principes de la Croix-Rouge, réglés les rapports des sociétés entre elles, résolus d'importants problèmes d'ordre scientifique et technique. Sans vouloir empiéter sur le rôle attribué, par les gouvernements et les sociétés intéressés, à ces conférences périodiques, on a pensé que l'exposition universelle de 1889 pourrait être l'occasion d'une réunion spéciale et utile. L'assistance en temps de guerre comprend des questions qui ne sont pas d'ordre strictement sanitaire : les victimes de la guerre moderne ne sont pas seulement les blessés et les malades militaires; bien d'autres souffrances sont causées par l'état de guerre et réclament un soulagement. On a pensé qu'il serait possible de profiter du mouvement d'hommes et d'idées créé par l'exposition de Paris, pour provoquer l'étude de ces questions. A cet effet, M. le ministre du commerce, commissaire général de l'exposition, nous a chargés d'organiser un congrès, où tous les hommes signalés par leur compétence charitable ou professionnelle seraient invités à venir échanger leurs idées, mettre en commun leur dévouement et leurs lumières, au grand profit de la science et de la confraternité humaine. »

La Société de la Croix-Rouge, placée en dehors de toute tendance politique, a exclusivement pour but de contribuer, par tous les moyens en son pouvoir, à l'assistance des blessés et des malades, sur les champs de bataille, dans les ambulances, dans les hôpitaux et sur les pontons maritimes, et cela toujours d'accord avec les autorités militaires.

Nous avons déjà eu, à plusieurs reprises, l'occasion d'entretenir nos lecteurs de l'organisation des infirmeries de gare entreprise par la Société française, et nous avons suivi avec eux les diverses phases par lesquelles a passé cette importante question. Les renseignements que nous avons publiés à cet égard, disséminés dans plusieurs numéros du Bulletin, nous paraissent complétés et résumés d'une manière intéressante par la notice qui suit, empruntée au Bulletin de la Société française et qui est due à la plume de M. le médecin-inspecteur Baizeau, ancien directeur du service de santé au ministère de la guerre, membre du Conseil de la Société française de secours aux blessés militaires.

La situation de la Société italienne s'est, pendant le cours de l'année 1888, notablement améliorée. Le nombre des sous-comités, qui était de 155, s'élève maintenant à 224; il a été formé 71 nouveaux sous-comités et seulement deux des comités déjà existants se sont dissous : ce sont ceux de Feltre et de Putignano. Le premier est en voie de reconstitution, et l'on peut compter sur le zèle du sous-comité régional de Bari pour réeorganiser le second. Les sous-comités nouvellement formés ont amené un contingent d'environ 2,000 membres, en sorte que le nombre des membres de la Société est actuellement de près de 19,000.

La Société hellénique de la Croix-Rouge, malgré ses faibles ressources, s'est activement occupée, dès sa fondation, à rassembler et à emmagasiner tous les matériaux qui pouvaient lui être nécessaires. Au fur et à mesure que ses ressources ont augmenté, elle s'est efforcée de préparer des ambulances d'une disposition spéciale. Trois de ces ambulances sont complètement organisées et prêtes à servir au moment voulu.

La Société japonaise de la Croix-Rouge, répondant, à l'invitation du Comité international, a célébré à Tokio, le 26 octobre 1888, la fête commémorative du vingt-cinquième anniversaire de la fondation de la Croix-Rouge.

Leurs Majestés le roi et la reine d'Italie, hauts protecteurs de la Société italienne de la Croix-Rouge, ayant témoigné récemment le désir de faire la connaissance personnelle des présidents des sous-comités de tout le royaume, ceux-ci furent convoqués à Rome, afin de pouvoir être présentés à leurs souverains.

Il résulte du rapport du Comité de la Société hellénique que celle-ci possède le matériel nécessaire pour installer à bref délai trois hôpitaux permanents et trois ambulances. Ges dernières ont été organisées de manière à s'adapter à la nature du terrain, aux voies de communications et, en général, aux conditions spéciales du pays où elles devront être employées. Il a été spécialement tenu compte du fait que la Société de la Croix-Rouge sera appelée à prêter son concours à l'armée, non pas sur le champ de bataille même, mais en s'en tenant aussi près que possible.

Le Comité central de Christiania a publié un rapport sur les travaux de la Société norwégienne, du 1er novembre 1887 au 31 octobre 1888. Il témoigne du grand intérêt que prend cette association aux diverses manifestations de la Croix-Rouge dans les autres pays. Le Comité se fait, avec raison, un devoir de tenir tous les membres au courant des principaux événements qui s'y rapportent. C'est ainsi que son exposé signale la publication du compte rendu de la conférence de Carlsruhe, dont plusieurs exemplaires ont été distribués aux principales sociétés médicales du pays ; le prix offert par l'impératrice Augusta et le concours pour l'aménagement intérieur des baraques d'ambulance ; l'exposition internationale de Bruxelles ; la célébration du 25me anniversaire de la fondation de la Croix-Rouge ; la publication de l'album du matériel de la Société française ; l'enquête sur l'activité maritime de la Croix-Rouge ; le règlement de guerre de la Société italienne, etc.

Nous avons eu l'honneor, l'année dernière, de porter à votre connaissance que S. E. le ministre hongrois de l'intérieur s'était déclaré prêt à prendre des mesures, dans les limites fixées par les lois, pour protéger le titre et l'emblème de la Société de la Croix-Rouge, et que S. E. avait prié la direction soussignée de préparer l'ordonnance ministérielle qu'il faudrait édicter à ce sujet.

Le rapport du Comité de la Société mecklembourgeoise, sur son activité pendant les années 1886 à 1888, débute par la triste nouvelle de la mort de son président, S. E. le général-lieutenant von Holstein, arrivée le 19 novembre 1888. Le défunt s'était consacré de tout son cœur à l'œuvre de la Croix-Rouge et lui a rendu de signalés services, soit comme membre de l'ordre de St-Jean, soit en remplissant ses fonctions de président de la Société.

Voici dans quels termes le Messager du Japon a rendu compte, dans son numéro du 3 mai 1889, de la dernière assemblée de la Croix-Rouge japonaise:

La 3me réunion générale de la Société Seki-juska (Société de la neutralité des ambulances) a été tenue le 27 courant à 1 heure de l'après-midi, dans une des galeries destinées à la 3me exposition nationale, qui doit avoir lieu en 1890

S. M. l'Impératrice, qui avait daigné accepter la présidence de la réunion, est arrivée à l'heure qu'elle avait fixée. Sa Majesté a été reçue par les principaux membres, tous portant à la boutonnière l'insigne distinctif de la Société, qui étaient venns l'attendre sous la porte d'entrée principale.

La section berlinoise de l'Association des infirmiers volontaires avait convoqué, le 15 novembre dernier, à Berlin, une réunion, dans le but de gagner à l'Association les étudiants qui, pour un motif quelconque, ne porlent pas les armes. Plusieurs notabilités médicales qui s'intéressent au développement de l'œuvre de l'assistance volontaire, ainsi que deux ministres d'Etat, assistaient à cette réunion. M. le directeur Wichern, de Hambourg, président de l'Association, présenta un rapport, d'après lequel cette association, qui se met entièrement au service du Comité central allemand de la Croix-Rouge et qui, en cas de guerre, met ses membres à la disposition de celui-ci, compte actuellement 1,431 membres, dont 905 membres actifs. De ce nombre, 553 membres sont complètement formés. L'Association comprend 13 sociétés, qui se répartissent dans les diverses universités allemandes. Chaque université a sa propre société. Celle de Berlin compte 239 membres; elle a fait donner cinq cours, à chacun desquels ont assisté 20 à 25 personnes.

L'activité de la Société hongroise s'est, pendant l'année 1888, concentrée principalement sur trois objets: elle a entretenu des relations amicales avec le Comité international de Genève, elle a continué à faire les préparatifs nécessaires pour remplir les devoirs qui lui incomberaient en cas de mobilisation, et elle a consacré toute son attention aux travaux qui doivent être faits en temps de paix.

Il y a un quart de siècle, le 6 février 1864, un certain nombre d'hommes estimés et considérés se réunirent pour fonder, sur les bases posées par la conférence tenne à Genève en octobre 1863, une association dans le but de soigner et de secourir volontairement les soldats malades et blessés de l'armée nationale, dont une partie se trouvait précisément alors engagée dans la guerre contre le Danemark. De ces hommes, qui signèrent un appel publié le 15 février 1864 et par lequel la Société fit connaître son existence, un petit nombre seulement sont encore vivants ; il ne reste presque que S. A. le prince Henri XIII de Reuss, qui fut le premier président de la Société et S. E. le comte Otto de Stolberg-Wernigerode, qui en est le président actuel.

Il est un certain nombre d'associations se rattachant à la Croix-Rouge, qui, pendant la période de paix que nous traversons, font peu parler d'elles, mais qui se préparent avec persévérance et activité à remplir leur tâche si l'occasion s'en présentait. Beaucoup de ces associations n'ont pas pour but exclusif de prendre soin des blessés, mais s'occupent des pauvres, des malades, de l'enfance abandonnée, de l'instruction populaire et d'autres œuvres philanthropiques. On comprend qu'en temps de paix ces branches de leur activité prennent un développement prépondérant et que ce qui concerne spécialement les blessés ait relativement moins d'importance. Il en résulte que, souvent, les rapports de ces sociétés roulent en entier sur des sujets étrangers à la Croix-Rouge, et que, quoi qu'il s'agisse de sociétés très vivantes et florissantes, nous ne puissions rien. en dire dans le Bulletin sans sortir du cadre que nous nous sommes tracé.

Lorsque nous jetons un coup d'œil en arrière, sur les perfectionnements apportés depuis la dernière grande guerre à notre organisation sanitaire militaire, nous sommes frappés de la prompte et sùre initiative avec laquelle sa direction a mis à profit les importants progrès accomplis dans toutes les branches de l'assistance aux blessés, ainsi que dans la connaissance des causes des maladies. Les travaux les plus importants et les plus riches en résultats ont été effectués dans ce domaine, en prenant pour base et pour appui les nombreuses expériences faites à la guerre, lesquelles ont pu être mises à profit avec fruit, grâce aux volumineux rapports sanitaires officiels du ministère de la guerre, tous élaborés avec la même perfection, qu'il s'agisse de la description des grandes mesures d'organisation ou des détails scientifiques les plus minutieux.